Une France suicidaire ? Le grand tabou national, sous la « culture de mort » qui gouverne
L’été 2013 semble tomber sur la France comme un cheveux sur la soupe. Cette dernière resterait sur l’estomac et le cœur lourds d’un peuple divisé ayant été « sur alimenté » en « sujets de société » alors que la situation économique et sociale se dégradait toujours plus. Des vacances ?
L’Histoire retiendra qu’en début de période estivale le pape François recevant 29 sénateurs et 16 députés français, invita les dirigeants à "apporter aux lois l'indispensable qualité qui élève et anoblit la personne humaine" en donnant à ces lois « un esprit, une âme, qui ne reflètent pas uniquement les modes et les idées du moment". Chacun garde en mémoire les propos de Jean Paul 2 appelant peu avant son décès à « maintenir la dimension sacrée de la vie de chacun ». L’été meurtrier ? A l’image de tous ces derniers mois.
Alors que le brave peuple soumis à tant d’inductions ou éléments de langage manipulatoires ne songe plus qu’à prendre quelques vacances, la recherche sur l’embryon reviendra donc en débat à l’assemblée nationale. L’essentiel serait à aborder en vase clos, sans les citoyens ? Inutile d’insister sur la « gpa » et la « pma » qui auront vues les enfants être finalement les grands ignorés dans ce qui les concernait pourtant, en premier lieu. La théorie de la confusion des « genres » sera donc imposée aux enfants à la rentrée scolaire. La Gay Pride 2013 aura vue ses organisateurs exiger désormais que les couples « trans » puissent adopter des enfants, en parallèle du « mariage pour tous » ayant déjà validé la « castration » d’un père ou d’une mère infligée à certains enfants. En grandissant, au travers d’un thérapie, ces enfants tenteront un jour de renouer le lien brisé avec le ventre maternel qui les porta.
Toute une année tourna ainsi autour du mariage décomposé avec « kit d’adoption » modulable, parallèlement à l’apparition des premières « salles de shoot », la création éventuelle d’un nouveau statut pour la prostitution, la thématique de la « fin de vie », bien sûr. Entre la fin et la finalité de la démocratie, d’un peuple et de son Histoire, des repères de chacun, de la filiation et des valeurs ancestrales, la France aura rarement été bousculée avec une telle violence et au même moment, dans tous ses fondements.
Le « programme » idéologique reste celui de la déstructuration de tous les repères, et pour oser le mot qui fâche, de la déchristianisation. L’être humain, le vivant, tout deviendrait négociable, interchangeable. L’identité masculine ou féminine, fondatrice de la civilisation, aurait à disparaître ? A chaque trouble psychologique ou désir identitaire fantasmatique, bientôt un nouveau type d’état civil de genre ? Avec la possibilité de passer de l’un à l’autre ? Le droit pour tous et n’importe qui d’acheter des bébés selon n’importe quel mode de « fabrication » ? A nouveau il serait interdit d’interdire. Comme souvent dans les périodes de crise, des forces obscures semblent à l’œuvre cherchant à tuer l’essentiel au bénéfice du secondaire, de l’artifice, du sans lendemain. La mort ?
En tout début d’été le chef de l’exécutif aura ainsi annoncé que la question de la fin de vie fera l'objet d'un projet de loi avant la fin de l’année. Face aux vagues et sur le sable doré, le peuple saura que son horizon post estival retrouvera donc des thématiques de vie et de mort, de mort surtout. Un plan Marshall pour la pauvreté de masse à propos de laquelle toutes les organisations caritatives appellent à l’aide ? Non, comme jadis en URSS, l’heure semble être venue d’imposer d’abord une nouvelle idéologie obligatoire, celle de l’athéisme et de la marchandisation progressive de tout et de tous. Et d’abord, de la Vie même. L’urgence s’inscrirait dans un formatage progressif des pensées. Il y aurait « état nazi » dans euthanasie ?
Le CCNE (le Comité consultatif d'éthique) fut déjà saisi par le chef de l'Etat en décembre 2012 après la remise du rapport du professeur Didier Sicard, qui n’écartait plus la possibilité du « suicide assisté ». La loi Leonetti de 2005, ayant en son temps reçue l’aval de toute l’assemblée, trouva pourtant la sagesse requise en la matière. Mais non, le « progrès » serait d’avoir toujours plus le droit de vie et de mort sur son prochain, d’autant plus quand il se trouve dans la fragilité, la maladie, la vieillesse.
Dans son avis rendu public ce début d’été 2013, le CCNE recommande de ne pas légaliser l'assistance au suicide ni l'euthanasie, exprimant sur ce plan ses « réserves majeures ». A juste titre ce Conseil "recommande de ne pas modifier la loi actuelle, laquelle opère une distinction essentielle entre 'laisser mourir' et 'faire mourir' ». Selon lui toute évolution "vers une autorisation de l'aide active à mourir" recouvre "un risque" de ne plus être soigné » comme il se doit. La « légalisation de l'assistance au suicide » doit être absolument écartée. Même si un débat demeure sur le degrés et type de sédation à autoriser, le bon sens voudrait en rester à la Loi Léonetti. Elle ne serait même pas encore vraiment appliquée. Hélas, le « progrès » reste donc pour certains d’accroître le droit de tuer, le droit de juger de « l’intérêt » de certaines vies. La souffrance deviendrait illégale ? Elle participe pourtant fondamentalement de la vie et de la maturation de chacun.
Alors que la France cumule tous les signes de dépression collective (outre la minorité sur-protégée ou les rentiers voyoucrates des faux paradis monétaires) le menu de rentrée resservira de vieux plats idéologiques à même de « cliver » suffisamment pour détourner l’attention des français du chaos social. Un quelque chose de fondamental pour la civilisation qui se meurt à petits feux au pays supposé des droits de l’Homme ?
Vacances ? Les plus de 120000 SDF, les 10 millions de citoyens cantonnés au seuil de pauvreté, les 3 ou 5 millions d’exclus du droit constitutionnel à un emploi, tous sauront bien y renoncer quelques années encore. A moins que certains ne se suicident ?
Un grand tabou national demeure en effet, celui du suicide. De l’individuel au collectif, il semble caractériser la France de 2013.
Les chiffres les plus récents de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) datant de 2010, dénombraient donc en moyenne 10500 suicides annuels. Des études plus superficielles de 2012 évoquent le chiffre de 12000. Cela classe la France parmi les nations les plus suicidaires d’Europe. Le suicide devrait relever des problèmes majeurs de santé publique. Alors que le nombre de décès par suicide baissait depuis 1987 (après le pic de 12525 morts en 1986), les années 2008 et 2009 marquèrent un grand redémarrage à la hausse : 10127 en 2007, 10353 en 2008. Les 35-65 ans, les actifs supposés, sont les plus concernés. Le drame ne cesse de se répandre. Cela ne mériterait donc pas le statut de cause nationale, ni même, celui de « sujet de société » ? Il n’y aurait rien à y gagner électoralement.
Un tabou national ? Un étonnant décalage de deux années demeure entre la collecte des chiffres et leur publication, à contrario de la plupart des pays européens. Un flou plus grand encore persiste s’agissant des tentatives de suicide. Thérèse Hannier, présidente de l’UNPS (l'Union nationale pour la prévention du suicide) affirme son intuition « d’une très nette augmentation ». Le nombre de suicides s'élève en effet, proportionnellement au chômage et à l’aggravation de la crise. 2013 marquerait une véritable hécatombe. Vacances ? En tout cas, au niveau de la publication et de l’information sur cette tragédie, en croissance surtout l’hiver et, l’été.
Les rapports de l'Institut national d'études démographiques et de la Direction de la recherche du Ministère de la santé, basés sur des relevés de 2009, évaluent les tentatives à environ 220.000 cas. Les études antérieures en annonçaient 150.000. Les chiffres parlent d’eux même.
D’ailleurs, le psychiatre et professeur de médecine légale Michel Debout, ex-membre du Conseil économique et social, travaillant sur le sujet depuis quarante ans, ayant créé et présidé quatorze années durant l’UNPS, ne cessa de tirer la sonnette d’alarme. Selon lui, la corrélation entre chômage et suicide est évidente, tragiquement évidente. Il s’interrogeait il y a peu dans la presse spécialisée assurant « qu’on peut craindre le pire pour 2012 et 2013, particulièrement chez les 40-55 ans, alors pourquoi ne met-on pas en place un soutien médical et psychologique aux chômeurs et aux plus précaires ? ». Cette question de bon sens se heurte à une fin de non recevoir. La vie de certains compterait déjà moins que celle de certains autres ? Une sorte d’euthanasie sociale ?
Toujours selon le Pr Debout, chef du service de médecine légale au CHU de Saint-Étienne "ces suicides sont le reflet de la situation de crise avec les menaces sur l'emploi, la pauvreté, le surendettement, et un nombre croissant de personnes ayant du mal à faire face aux réalités de la vie". Les derniers relevés du champ de bataille recouvrent donc annuellement 3 ou 4 fois plus de victimes de la « mortalité sociale » comparativement aux décès constatés sur les voies routières. Bien sûr, la gravité est égale pour tous ces phénomènes de société. Une tragédie reste une tragédie. Néanmoins, que penser de cet évitement manifeste face au suicide ?
Pour tout ce qu’elles remettent en question, et déjà l’information elle-même, retenons que les plus de 10500 personnes mettant fin à leur vie chaque année en France, souffrent d’abord d’être ignorées et passées sous silence, niées. Ce drame caché dérange bien des institutions et acteurs de la société. L’actualité regorge aussi de voisins de pallier ignorés de tous, jusqu’à valider un jour leur décès par une odeur de cadavre dans un couloir. Le délitement du lien familial caractérise un autre fait de société. A trop "tuer le père" on y perd souvent tous ses repères. Tout le monde est responsable. Le Vivre ensemble est moribond. Les familles éclatent toujours plus en plein vol, le mariage décomposé promu n’étant pas fait pour améliorer les choses. L’été sera meurtrier.
Voir le pays « des droits de l’Homme » ne plus laisser suffisamment croire à des centaines de milliers de ses citoyens qu’ils bénéficient encore du droit premier de vivre ? Voilà qui interroge. Parler de « cas individuels » face à un drame situé à une telle échelle de grandeur ? Evoquer encore une « communauté nationale » quand un flot permanent de citoyens se retrouve acculé à se tuer ? En choisissant de mourir, affirmer une dernière fois son existence ? Prétendre encore disposer d’un des meilleurs systèmes sociaux ? La société toute entière devient passible de l’accusation de non assistance à personnes en danger, de mort. Les familles en premier lieu.
Certains élus ayant osés parler « d’assistés » ou de "parasites" s’agissant notamment des 90 % (selon les enquêtes du Pole Emploi) de chômeurs mettant toute leur énergie pour pallier à leurs besoins vitaux, auraient de quoi rougir de honte le restant de leur vie pour les offenses qu’elles infligent à des millions de citoyens éprouvés. Bien sûr, « cliver » sur les plus fragiles est toujours plus facile.
Finalement, tout un modèle de société se trouve mis en cause, ou mis en échec, face au fléau du suicide, devenu collectif. Que les plus hautes autorités créent des débats alimentant plus ou moins une « culture de mort » ne recouvre pas l’attitude responsable attendue. Faudra t’il ajouter aux frontons de nos mairies le principe de Vie ?
Durant la dernière campagne présidentielle, quel candidat eut le courage d’évoquer le drame national qui nous occupe ? Le pouvoir actuel s’engageait à signer 150000 contrats « d’avenir ». Pour peu que l’on comptabilise les victimes de la « mortalité sociale », ce recrutement aidé (en soi provisoire, inefficient) perd soudain beaucoup de sa superbe. Depuis plus d’un an, il eut été plus noble et digne de s’attaquer aux vrais problèmes, plutôt de satisfaire certaines communautés de soutien électoral, ou inonder le peuple de thématiques idéologiques.
Seuls la Finlande, les pays Baltes, la Hongrie et la Slovénie sont donc confrontés à un chaos mortifère plus dense encore. Dans l'hexagone, près d'un décès sur 50 fait suite à un suicide. Un décès sur 50 ? ! Les hommes représentent 75% des cas, soit 7739 décès masculins, face à 2725 décès féminins, selon la dernière évaluation..
Alors que l’âge auquel on situe la classe des « seniors », celle des 45 et 54 ans, ne cesse d’être abaissé, gardons que cette tranche de la population reste la plus suicidaire. La France théoriquement la plus active deviendrait la plus mortifère ? Les personnes âgées marquent par un accroissement relatif à ce type de fin de vie tragique. Notre société « moderne » gagnerait à respecter autant ses anciens que les sociétés dites « primitives ». Quoi qu’il en soit, un pays qui se prive ou piétine ses forces vives ne saurait être qu’en sursis. Cette France du suicide rassemble une population que l’on définit volontiers comme « dans la force de l’âge ». La désespérante frappe autant la maturité que la post adolescence. Comme l'Histoire l'a démontrée en 1929, avec alors, une hausse très significative des suicides constatés sur deux ou trois ans après le démarrage de la crise, la menace d’un séisme humain est aujourd’hui bien réelle. Vacances ? La mort n’en prendrait jamais.
Le suicide de masse doit participer au plus tôt d’une cause nationale d’urgence. Le principe premier de vie se nourrit de la vérité. Le maintien dans le secret fonde ce type de passage à l’acte. La France traverse « sa » crise. La réconciliation nationale passera par la prise en compte première des plus fragiles, les millions de victimes d’une guerre économique à rallonge.
Pour peu que l’on se souvienne des records avérés de pessimisme frappant notre pays comparativement au monde entier, se plaçant même en tête de la négativité loin devant des pays théoriquement plus « pauvres » ou en voie de développement, difficile de ne pas admettre que la France marque par une "maladie" sociétale qui lui est propre. La recherche sur l’embryon ? Puis faciliter le tripatouillage des cellules souches ? Pour la Noël l’euthanasie adoptée avec la bûche rituelle ? L’homme et la femme auraient d’ici là à mourir en tant que tels au « profit » de la théorie généralisée des genres ? Le suicide assisté de la civilisation ?
En réponse à cette désespérance collective, tout semble pourtant fait pour accroître la « culture de mort » ambiante. La promotion d’un monde sans Dieu autre que l’Homme, voire, d’une religion laïque obligatoire s’apparentant essentiellement à l’athéisme érigé en symbole de modernité supposée, tout converge vers un seul schéma de pensée, unique. La valeur de l’Humain n’est vraiment pas cotée en Bourse.
Loin de s’inscrire seulement en traduction de cette « culture de mort », le suicide de masse raisonne d’abord comme un hurlement muet que la société s’envoie à elle-même. Nous nous réfugions trop souvent dans une profonde et lâche surdité volontaire, un aveuglement de confort, jusqu’au sommet de l’état. A travers un suicide de masse, la société se meurt elle-même.
Affronter et solutionner une telle tragédie sanitaire et sociale, Humaine, plutôt que de divertir régulièrement le peuple avec des « sujets de société » relève de l’éthique de gouvernance dont aucun Pouvoir ne gagnera jamais à s’écarter, dans l’intérêt de la noble mission possible du Politique. Aucune priorité ne saurait prévaloir sur la défense et préservation de la Vie.
Une France suicidaire ?
Le grand tabou national des interruptions volontaires de vie passera l’été, les chimères estivales auront vite fondues comme neige au soleil pour la rentrée. Avec la question de la fin de vie, l’euthanasie, les premiers enfants légalement « castrés » d’un père ou d’une mère, un jour futur des enfants adoptés par des parents de genre indéfini…la rentrée 2013 devrait encore abonder dans le sens d’une « culture de mort ».
La mort étant morte depuis toujours, il serait temps que le peuple exige que l’on serve enfin, la Vie.
Guillaume Boucard
11 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON