Valls avance et il recule...
La valse est une danse originale, (démo) qui avance de 2 pas et qui recule d’un, un peu comme le premier ministre, qui semble s’en inspirer, sauf que pour l’instant il se contente d’un pas en avant et d’un pas en arrière, faisant finalement du surplace dans un univers contradictoire.

Alain Juppé avait tiré le premier, constatant les contradictions du 1er ministre avec les promesses hollandaises, et le manque de soutien de son propre parti. lien
Mais Manuel Valls a d’autres contradictions, par exemple sur le terrain des entreprises : il leur déclare sa flamme, ce qui lui vaut une standing ovation et une poignée de main de Pierre Gattaz, lors de l’université d’été du MEDEF, au mois d’aout 2014, en déclarant : « ce sont les entreprises qui génèrent des richesses qui doivent profiter à tous. J’aime l’entreprise ». lien
Il remet ça fin septembre 2014, lors d’un voyage en Allemagne, devant une assemblée d’industriels allemands, le congrès annuel de la BDI (fédération des industriels allemands), à l’occasion duquel il va réitérer son amour pour l’entreprise, en prenant la précaution de le dire dans la langue du pays, précisant que « ces mots ne varient pas en fonction de l’auditoire ». lien
Là aussi, il aura droit à une standing ovation…
Et pourtant, quelques temps après, il recule en menaçant les patrons de ne plus les aimer, s’ils ne jouent pas mieux le jeu proposé, en déclarant : « je le dis notamment aux dirigeants du patronat, un certain nombre de propositions, de provocations de propos, ne sont pas à la hauteur de cette responsabilité ». lien
Le pacte de solidarité, on le sait, est avant tout un cadeau non négligeable fait aux entreprises, estimé à 41 milliards, mais en contrepartie, il est demandé aux patrons de créer des emplois.
C’était donc un allègement des charges, en échange d’embauches qui devaient permettre de gagner 0,5% de croissance et créer 200 000 emplois à l’horizon 2017.
Est-ce tirer des plans sur la comète, ou une illusion destinée à montrer l’incapacité du gouvernement à résoudre le problème ?
Pour être tout à fait complet, suite à la claque des municipales, un volet avait été ajouté, à hauteur de 5 milliards d’euros, pour calmer le « petit peuple », et pour améliorer le sort des ménages les plus modestes… d’ici 2017. lien
Le patron des patrons, chef du Medef, Pierre Gattaz en l’occurrence, ne l’entend pas de cette oreille, et tant que ses carnets de commande ne se remplissent pas, il se refuse à embaucher…tant que la croissance ne permet pas aux consommateurs de consommer…et il réclame encore plus de cadeaux.
Le patron des petites et moyennes entreprises, Jean-François Roubaud, lui emboite le pas en déclarant le 3 janvier 2014 : « encore faut-il que les carnets de commande se remplissent ». lien
Mais voilà, les consommateurs ont les poches vides, et nombre d’entre eux sont au chômage.
Ils voudraient bien consommer, et donc remplir le carnet de commande de Pierre Gattaz, et de Jean-François Roubaud mais ils en sont incapables.
C’est un peu le syndrome du serpent qui se mort la queue, puisque sans consommation pas de croissance, et sans pouvoir d’achat pas de consommation.
Emmanuel Macron profitera de l’occasion pour planter un poignard dans le dos de Pierre Gattaz et par contre coup dans celui de son premier ministre, en affirmant : « très peu d’accords de branche ont été signés. C’est un échec et c’est aussi le sien ». lien
En effet, on peut aujourd’hui affirmer qu’aucun des objectifs prônés ne sera atteint.
Limiter les déficits publics, faire gagner de la compétitivité aux entreprises, et redonner du pouvoir d’achat au ménages n’ont pas été rendus possibles parce que justement contradictoires.
En réalité, la baisse des cotisations sociales ne permet qu’une baisse très limitées des coûts de production, sans pour autant permettre des marges de manœuvre aux entreprises.
Comme l’explique l’économiste Olivier Passet, la déflation salariale devient une déflation tout court, accroissant le coût de l’endettement. lien
La politique d’austérité bloque toute possibilité de réduction des déficits car en voulant gagner 1 point de déficit, on tue la croissance de plus d’un point, réduisant proportionnellement les rentrées fiscales, et plus on voudra réduire le déficit, plus on engagera d’austérité, empêchant paradoxalement la réduction du déficit. lien
Quant au « pacte de solidarité », lequel se voulait comme un gage aux ménages modestes en échange du « pacte de responsabilité », il faut le ranger dans le domaine de la simple communication, et il semblait plus être une réponse à la débâcle des municipales afin de tacher d'assurer aux français dépités qu’il ne les avait pas oublié…
Il reposait sur 3 piliers, l’éducation et la formation de la jeunesse, la sécurité sociale, et le pouvoir d’achat avec la promesse d’une réduction d’impôts, et une baisse des cotisations payées par les salariés. lien
C’était annoncé à la fin mars 2014, et depuis, les français ont pu en constater la vacuité.
Le bilan du mi-mandat est accablant. lien
Mais Emmanuel Valls ne limite pas ses contradictions au thème des entreprises et des travailleurs, il se renie aussi sur celui de la « déchéance de la nationalité ».
Après avoir déclaré, suite à l’affaire Nemmouche, auteur supposé de la tuerie de Bruxelles : « nous pouvons déchoir de la nationalité ceux qui s’attaquent aux intérêts fondamentaux de notre pays. Il n’y a pas de tabou ». lien
Sauf que du temps ou Sarközi était au pouvoir, Valls l’avait accusé de faire un amalgame entre l’insécurité et « l’étranger », mais aujourd’hui, il accepte sans scrupules cette déchéance de nationalité pour des cas où elle ne s’applique pas, estimant à tort que la loi le permettait.
Autre contradiction, sur la question du « partenariat public privé » lancé en septembre dernier, lors de l’inauguration du viaduc de la Dordogne, on ne peut que s’étonner de cet esprit contradictoire qui semble être la marque de fabrique du 1er Ministre, car après avoir déclaré en 2011, alors qu’il présidait le conseil de surveillance du CHSF (Centre Hospitalier Sud Francilien) : « il faut sortir du partenariat public privé, un choix que j’ai dénoncé dès le début, et qui, au bout du compte revient plus cher à la collectivité », il pense aujourd’hui exactement le contraire en déclarant : « le pays a besoin d’investissements publics et privés, de partenariats entre les entreprises, les collectivités territoriales, l’Etat. Partenariats pour bâtir des projets ensemble (…) et ces investissements nous allons les poursuivre notamment dans les contrats de plan Etat/régions ». lien
Manuel Valls n’est pas avare en autres contradictions et le 11 décembre à la tribune de la Fondation Jean Jaurès il affirmait vergogne qu’il « plaçait la lutte contre les inégalités au cœur de son action », qualifiant « d’impasse stratégique une lutte contre les inégalités qui se réduirait à la redistribution fiscale, proposant un nouveau concept : la pré-distribution basé sur l’égalité des chances (…) plutôt que d’attendre de l’état qu’il corrige les inégalités, il devrait les anticiper », ce qui fait dire au philosophe Dany-Robert Dufour invité à l’émission « la grande table » sur l’antenne de France Culture « : « il s’agit d’une tentative de Manuel Valls pour masquer un abandon du discours traditionnel de la gauche », Axel Poniatowski, présent lui aussi ce jour là, ajoutant : « tout ça est assez grotesque, il distribue ce que l’on a pas ». lien (curseur à 11’30’’)
Et puis, s’il faut en croire Federico Cingano, économiste à la Banque d’Italie, et détaché à l’OCDE (organisation de coopération et de développement économiques) auteur d’un rapport édifiant « tendances de l’inégalité des revenus et son impact sur la croissance » : « dans chaque pays ou les inégalités entre les riches et les pauvres augmentent, la croissance recule ». lien
Or les réformes actuelles poursuivies par le gouvernement auront pour effet de baisser les salaires, et donc de creuser encore un peu plus les inégalités.
Dans un autre domaine, celui de l’énergie, alors que le discours officiel assure que la transition énergétique est en marche, afin de permettre à terme le remplacement des énergies fossiles et polluantes, dont le nucléaire fait partie, Manuel Valls n’a pas hésité pourtant à faire la promotion de cette énergie, déclarant que « la filière nucléaire est plus que jamais une grande filière d’avenir »…(lien) mettant du coup en porte à faux le Président de la République, qui avait promis de réduire la part du nucléaire. lien
Mais devant les atermoiements de ce dernier, qui après avoir promis de fermer Fessenheim dès son élection, l’a ensuite repoussé à la fin de son mandat.
D’ailleurs, s’il faut en croire Ségolène Royal, cette fermeture serait encore repoussée plus tard, dès que l’EPR de Flamanville serait opérationnel…centrale nucléaire qui n’en finit pas d’accuser des retards, et qui a multiplié sa facture par 3. lien
Comme dit mon vieil ami africain : « un ami c’est une route, un ennemi, c’est un mur ».
L’image illustrant l’article vient de purfi.com
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
Articles anciens
Nicolas Hollande ou François Sarközi
La France avance avec une canne
La droite en rêvait, Hollande l’a fait
Le changement, c’est pas tout de suite
Qui Hollande trompe-t-il vraiment
37 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON