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Vers la resarkozysation de l’UMP ?

Nouveau tournant pour l’UMP ce week-end.



Les 268 000 adhérents de l’UMP vont voter ce samedi 29 novembre 2014 pour choisir leur nouveau président après la démission de Jean-François Copé, élu après le vote très contesté du 18 novembre 2012. Trois candidats sont dans la course : Hervé Mariton, le premier déclaré, Bruno Le Maire et le dernier déclaré, Nicolas Sarkozy dont le retour constitue une des nouvelles données du paysage politique à mi-mandat de François Hollande.

Cette campagne interne s’est déroulée dans l’indifférence des fillonistes, dans le silence de Jean-François Copé. Même François Baroin, élu sénateur le 28 septembre 2014, était plus occupé à se faire élire le 26 novembre 2014 président de l’Association des maires de France pour trois ans, qu’à s’impliquer à l’UMP.

Un second tour pourrait éventuellement départager les deux finalistes si aucun ne dépassait 50% mais malgré l’impossibilité de sonder les seuls adhérents de l’UMP, les observateurs considèrent que la victoire de Nicolas Sarkozy est acquise et que la seule inconnue est le nombre de votes : le 28 novembre 2004 (il y a exactement dix ans), il avait réuni au Bourget 85,1% des adhérents face à Nicolas Dupont-Aignan (9,1%) et à Christine Boutin (5,8%), et il tablerait aujourd’hui sur un minimum de 70%.


Les mêmes thèmes pour des candidats différents

Il ne faut pas se tromper : les trois candidats ont exposé une vision à peu près commune du projet pour le pays, à quelques détails près. Et c’est une drôle de coïncidence que la date du vote se déroule au même moment que le congrès du FN qui consacrera une nouvelle fois Marine Le Pen dans les fonctions de chef et de candidate à vie à l’élection présidentielle. Car les trois candidats à la présidence de l’UMP ont tous souligné l’importance de stopper l’immigration, de se recentrer sur des thèmes sécuritaires et identitaires, même si cela pouvait mettre en danger la construction européenne, et, paradoxalement, montrent en économie une vision très libérale, de déréglementation, de démantèlement d’un modèle social qui n’a jamais pu jusqu’à aujourd’hui se réformer dans le consensus à cause d’intérêts purement électoralistes.

Ces thèmes (réduire l’immigration et libéraliser fortement l’économie) ne sont d’ailleurs pas seulement véhiculés par les seuls candidats à cette élection interne. François Fillon, qui est le seul à l’UMP, depuis un an et demi, à bâtir un véritable projet présidentiel, ne cesse de les décliner, au point que certains pensent qu’il veut attaquer Nicolas Sarkozy sur sa droite, vu qu’Alain Juppé l’attaque sur sa gauche.

C’est cela, la véritable ambiguïté de l’UMP : à la fois libérale pour l’économie et autoritaire pour l’immigration. Et ce parti qui se prétend encore un rassemblement de la droite et du centre ne doit plus contenir beaucoup de centristes car chaque fois que le mot même de "centriste" est prononcé, il reçoit des huées d’autant plus étonnantes que des personnalités comme Jean-Pierre Raffarin se revendiquent encore centristes et membres de l’UMP (après son échec au Plateau, on se demande encore bien pourquoi il reste fidèle à un parti dont les militants ne cessent d’insulter les centristes).


Bruno Le Maire

Les candidats ne s’y sont pas tromper : Bruno Le Maire, sans doute le candidat le plus pondéré et réfléchi, n’a cessé, durant ces dernières semaines, à parler de la "droite" à chaque bout de phrase, comprenant que s’il ne caressait pas les militants dans le sens du poil, il aurait peu de chance d’obtenir un score honorable (il vise cependant l’élection). Ancien ministre, jeune (45 ans) et très ambitieux, connaissant déjà le sommet du pouvoir (directeur de cabinet à Matignon), fort en thème (normalien, énarque), Bruno Le Maire s’est ainsi conformé à l’appareil militant en parlant de sa fermeté à l’égard des flux migratoires et même, en diagnostiquant un fossé idéologique avec les centristes de l’UDI lors d’un débat avec Chantal Jouanno, sénatrice UDI de Paris, sur BFM le 23 novembre 2014, ce qui ne l’empêche pas à préconiser une alliance électorale UMP/UDI.

Pourtant, si ce passage à la ligne Buisson sans Buisson paraît obligé, il n’en est pas un facteur de différenciation avec les autres candidats, si bien que Bruno Le Maire n’a pas eu peur d’insister sur le projet de Nicolas Sarkozy de fusion de l’UMP dans un grand rassemblement avec les centristes, rassemblement dont les centristes ne veulent d’ailleurs pas, eux qui viennent de mettre à leur tête Jean-Christophe Lagarde, non seulement partisan d’une forte autonomie du centre mais aussi d’une candidature centriste capable d’être présente au second tour en 2017.

On imagine sans mal l’intérêt de Nicolas Sarkozy de changer de sigle, en reléguant l’UMP aux oubliettes et aux futures affaires judiciaires. Pourtant, Bruno Le Maire a bien compris que les militants se sont approprié de l’UMP, pouvaient être attachés au nom, et il se fait ainsi le défenseur de l’UMP, et accuse son principal concurrent d’en être le futur fossoyeur. Sa force de frappe en interne est très grande : il a réuni douze mille parrainages de militants ainsi que cinquante-neuf parlementaires, et sa campagne sur le terrain, dans les fédérations, y compris pendant la période estivale, a d’autant plus porté qu’il est le dernier rempart contre le retour de Nicolas Sarkozy. Quel que soit son score ce week-end, Bruno Le Maire va devenir un leader qui comptera, ayant montrant son courage politique alors qu’on lui avait reproché, ainsi qu’à Nathalie Kosciusko-Morizet, sa neutralité lors du conflit entre François Fillon et Jean-François Copé.


Hervé Mariton

La candidature d’Hervé Mariton (56 ans) est un peu différente. Très marqué dans son rôle d’opposant à la loi Taubira, au risque d’apparaître le "catho de droite", il aura du mal à montrer ses capacités pourtant réelles à être généraliste, à présenter une vision cohérente de l’avenir. Hervé Mariton est plus scientifique que juriste, fort en thème aussi (X Mines et IEP Paris), parlant excellemment bien le russe (bilingue), il sait appréhender les nombreux sujets où la connaissance technique devient indispensable, que ce soit sur la bioéthique ou sur l’énergie, etc. Certains estiment qu’il tablerait sur 10% des votes des militants.

Cet ancien ministre (très bref) apparaît surtout comme un aiguillon, comme il l’avait été lorsqu’il militait au sein du Parti républicain, et qu’il s’était présenté contre François Bayrou à la présidence de l’UDF en 1998 (il avait remporté justement 10% des votes). Ayant toujours prôné la courtoisie et la politesse dans le débat politique (politique et politesse viennent du même mot grec), Hervé Mariton n’en est pas pour autant un "centriste". Il a encore réaffirmé sur LCP le 27 novembre 2014 (à "Questions d’info") qu’il était favorable au droit du sang.


Nicolas Sarkozy

Le troisième candidat a bénéficié, évidemment, d’une couverture médiatique nettement plus importante que ses rivaux, et il faut dire qu’il ne s’est pas reposé ces deux derniers mois en multipliant ses meetings partout en France. Nicolas Sarkozy (59 ans) n’a pas changé ; il a, au contraire, continué dans son discours de campagne 2012. L’ancien Président a aussi multiplié les propos démagogiques, de manière assez tendue et énervée, a même multiplié les propos inexacts (le journal "Libération" en a fait un petit récapitulatif le 24 novembre 2014).

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Tout son discours justifie celui du FN, puisqu’il semble en être une pâle copie. Discours quasiment anti-européen, prêt à rompre avec Schengen alors que la Grande-Bretagne qui n’est pas membre de l’Espace de Schengen a autant de problèmes de réfugiés que la France (à Calais, ce sont justement des migrants qui veulent juste traverser la France et pas s’y installer), prêt à poursuivre la ligne Buisson sans les perspectives historiques que Patrick Buisson pouvait lui présenter.

Par ailleurs, l’annonce du retour dans la fosse politique de Nicolas Sarkozy n’a pas été salué par la plupart des citoyens sondés, en particulier les sympathisants de l’UMP, qui peuvent penser qu’il aurait mieux fallu tourner définitivement la page après 2012. Mais il faut bien se rappeler que sympathisants ou électeurs de l’UMP ne signifient pas adhérents qui, eux, pour la plupart, sont entrés à l’UMP uniquement pour soutenir Nicolas Sarkozy depuis 2004.


Alain Juppé

Ce n’est pas un hasard si la seule personnalité politique de l’UMP qui a gagné en popularité est justement la seule qui refuse de glisser sur ce terrain mouvant de l’idéologie FN : Alain Juppé a, au contraire de ses compagnons, rappelé l’importance de l’immigration et de son rôle essentiel dans les années à venir. Qu’Alain Juppé soit soutenu explicitement par l’ancien Président Jacques Chirac n’est pas non plus une surprise sur le plan évidemment personnel mais aussi idéologique. Haï par le FN, Jacques Chirac a montré en mai 2002 qu’il était capable d’être un rempart solide pour la République.

Comme secrétaire général du RPR de 1988 à 1995, Alain Juppé a été celui qui a scrupuleusement appliqué le refus de toute alliance avec le FN. Lui aussi est haï et détesté par le FN, et depuis plus de trente ans. Je me souviens par exemple d’un meeting pendant la campagne des élections municipales de mars 1983 où Jean-Marie Le Pen, déjà adepte des jeux de mots douteux, s’amusait à évoquer ce « Juppé » qui est assez « culotté », Alain Juppé étant à l’époque le peu connu adjoint aux finances du maire de Paris, et Jean-Marie Le Pen également assez peu connu car François Mitterrand n’avait pas encore donné la consigne aux chaînes publiques de télévision de l’inviter fréquemment.


Et la primaire ?

Toute la question est de savoir ce que le futur président de l’UMP fera de ce parti pour les prochaines années. L’étape majeure restera l’organisation d’une primaire ouverte à la manière de la primaire socialiste d’octobre 2011. Et cela se bouscule déjà parmi les candidats : François Fillon, Alain Juppé, peut-être Nicolas Sarkozy, mais aussi Xavier Bertrand, etc. …et même Christian Estrosi (dans le cas où son mentor ne se présenterait pas !).

S’il est probable que celui qui sortira vainqueur d’une telle primaire sera le plus apte à gagner l’élection présidentielle de 2017, rien ne garantit qu’il sera le meilleur Président de la République possible pour l’ensemble des Français. François Hollande l’a déjà prouvé !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (28 novembre 2014)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
La France est-elle libérale ?
La lepénisation des esprits.
L’UMP.
François Hollande.
Nicolas Sarkozy.
Bruno Le Maire.
François Fillon.
Alain Juppé.
Jean-François Copé.
Jacques Chirac.
François Baroin.

yartiUMP2014B02


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8 réactions à cet article    


  • zygzornifle zygzornifle 28 novembre 2014 16:00

    Bientôt ils vont tous japper d’une seule et même voix derrière leur Sarko .....


    • Piotrek Piotrek 28 novembre 2014 16:34

      La droite considère qu’elle était :
      - était trop généreuse avec les pauvres
      - ménageait trop les fonctionnaires
      - a fait l’erreur de tolérer les 35 heures
      - qu’elle n’était pas assez avec les patrons.
      - que l’ISF doit surement nuire à la croissance

      La droite a décidé que c’est ça les vrais problèmes qui ont mené à la crise et qu’il faut embrasser une bonne fois pour toute l’Hyper-droite décomplexée pour nous sortir de l’ornière...

      Tiens... elle est passé où la crise bancaire ?

      L’Hyper-droite, celle qui exauce les phantasmes de ceux qui ont causé le problème


      • Lonzine 28 novembre 2014 16:36

        J’ai un mauvais pressentiment, d’autant que le vote se passe par internet....


        • zygzornifle zygzornifle 29 novembre 2014 08:50

          Pas d’inquiétude c’est Paul Bismuth qui est chargé de la surveillance.......


        • confiture 28 novembre 2014 18:09

          on a eu la rerakotoarisonisation d’ago on a survecu smiley


          • Le p’tit Charles 29 novembre 2014 08:00

            Carnaval ce week end a l’Union-Merdique-Parisienne..les gens s’y pressent avec chacun son PQ à glisser dans les toilettes pour désigner le gagnant de la plus grosse merde de ce parti...qui recevra son poids en matière fécale pour son élection a la tête des pingouins.. !



              • izarn izarn 29 novembre 2014 14:19

                Sarko n’est-il pas le plus mauvais candidat pour battre Marine Le Pen en 2017 ?
                Si j’étais au FN, j’applaudirais le retour de naboléon.

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