Xavier Darcos, ministre du travail et de la lutte des classes, a toutes les qualités.
Il a un talent fou.
Il lance des passerelles.
Il sait tout faire.
Il a voulu être
fossoyeur au ministère de l’Education nationale, et à son nouveau poste, il renouvelle son fond, comme il le montre dans une interview parue dans le
Figaro le 14/12/2009, où il assure à la famille derrière la dépouille encore fumante que «
Les 35 heures pour tous sont enterrées ».
Médecin du travail malgré lui, il dit que la réforme des 35h, « perverse », « pas non plus adaptée à la compétition internationale », « a généré du stress pour les salariés qui doivent faire en 35 heures ce qu’ils faisaient avant en 39 ». C’est de la faute des 35h, pas des employeurs.
Lunetier, il corrige notre regard : la réforme des 35 heures donnait une
« vision archaïque, post-soixante-huitarde » de la société, ce qui en rajoute sur la vision dantesque et
afflelou de
Nicolas, qui accusait mai 68 d’avoir
« liquidé l’école de Jules Ferry », « introduit le cynisme dans la société et dans la politique » et « abaissé le niveau moral de la politique » «
imposé le relativisme intellectuel et moral ». Tiens ! Déjà l’ordre moral. Et encore et toujours la faute à 68, date à laquelle commençait à entrer dans la carrière quand ses ainés n’y étaient plus, partis dans la rue ou perdus dans leurs souvenirs, le jeune
Xavier Darcos comme
professeur agrégé de lettres. Classiques, bien entendu.
Créateur de bonheurs, il affirme que la «
...défiscalisation et l’exonération des charges sur les heures supplémentaires de la loi Tepa ont donné aux salariés qui le souhaitent la possibilité de travailler plus ».
Comme il avait des aptitudes de
démolisseur, il aurait bien voulu lui-même
casser le Code du Travail, à propos duquel il se glorifie qu’il «
ne compte plus que 34 articles, au lieu de 73, sur la durée du travail. »
Sur ce scoop, Médiapart a dû se faire griller.
Il dit plein de trucs, Xavier. Comme Nicolas. Mais il oublie de dire que 5000 salariés perdent leur emploi chaque jour et vont visiter les files d’attente d’un
Pôle emploi lexiqué et de plus en plus
privatisé. La boucle est ainsi bouclée : ceux-là même qui dans le système fabriquent les malades en sont les médecins.
Personnage complexe et attachant, Xavier est homme public, ce qui nous autorise à l’aimer pour ce qu’il est et ce qu’il suggère dans les faits, sur ce qu’il aurait aimé être.
Il aime bien la belle sape Xavier. Elégant sur lui, l’habit, cependant, il veut le même pour tous. Il aurait pu être
tailleur-créateur. Ce qui explique qu’il soit partisan de
l’uniforme à l’école. Débatteur avant l’heure sur l’identité nationale, il dit que c’est un
« facteur d’intégration ».
Ou serrurier, pour poser des cadenas sur des portes ouvertes.
Il aurait pu être clown. Il avait de belles dispositions, mais ce n’était gagné d’avance, tant la concurrence est rude.
Mais ne souriez pas trop. On me dit qu’il faut se méfier de deux choses par les temps qui courent : sûrement de Xavier Darcos et peut-être aussi des commentaires sur les billets blogs de Médiapart.
Blogueurs de tous endroits, méfions nous plus encore de Xavier. Parce que s’il renouvelle son intention (à l’instar de ce qu’il a voulu faire
à l’Education Nationale ) de fliquer internet pour repérer les vilains blogs, nous pourrions en souffrir.