Riposte Laïque : la haine des musulmans au prétoire
Addenda : Pierre CASSEN, fondateur du site en ligne Riposte Laique, et Pascal HILOUT, chroniqueur sous le pseudonyme CYRANO, ont vu leur condamnation confirmée par la Cour d'Appel de Paris le 5 Juin dernier, les condamnations à verser aux diverses associations parties civiles s'élevant à 30.000 euros + la publication du jugement sur le site Riposte Laique
Retour sur le procès de Pascal HILOUT et Pierre CASSEN :
Le regard d’un socialiste sur le site Riposte Laïque
Pour moi, le vocable « Riposte Laïque » n’évoquait qu’une furtive opération « apéro-saucisson-pinard » ayant défrayé la chronique il y a quelques années, vaguement attribuée à des groupuscules « identitaires » ou à tout le moins de « laïcards » pur sucre, opération vite refoulée dans ma mémoire par le déferlement quotidien d’informations et le tohu-bohu médiatique.
Pour pousser plus loin la réflexion, il faut soit être intéressé par la problématique de l’immigration en France (ce qui est mon cas) soit être directement concerné (en habitant par exemple un quartier ou une ville à forte proportion d’immigrés) soit encore y trouver un intérêt professionnel ou tout simplement une curiosité intellectuelle (ce qui est mon cas, en tant que juriste).
Au-delà de cela, la tentation de l’indifférence (si bien chantée par Gilbert BECAUD) est grande, il est si simple en effet de détourner les yeux et de ne pas voir les maux de la société française actuelle (le fameux « repli sur soi »).
A cela s’ajoute bien évidemment les ravages du « politiquement correct », de la bien-pensance, porté par un discours dominant « antiraciste » et la vision idyllique d’une France « multiculturelle » « black-blanc-beur », à laquelle les plus jeunes générations ont dû s’abreuver depuis plusieurs décennies….
Ayant un intérêt pour le monde arabo-musulman et l’islam, ayant des amis musulmans, ayant pas mal visité les pays arabo-musulmans (notamment l’Egypte depuis 20 ans), ayant enfin un peu étudié pour des motifs professionnels l’islam et le Droit Musulman, c’est donc presque « naturellement » que mes pérégrinations sur Internet me conduisirent à visiter le site « Riposte Laïque » : après m’être abonné à la Newsletter, j’échangeais par courriels privés avec « Cyrano » puis avec Pierre CASSEN, le fondateur de ce site.
Certes, ayant toujours eu une sensibilité de Gauche et étant adhérent PS (et militant à mes heures) cette démarche peut sembler de prime abord déroutante…. Je découvrais toutefois (avec un certain bonheur mêlé de questionnements sur leur cheminement idéologique) que les initiateurs de RL étaient souvent des gens de Gauche, venant du monde politique ou syndical.
Toutefois, si le positionnement actuel, voire la complaisance affichée, envers le FN par Riposte Laïque peut faire repoussoir pour le socialiste que je suis, je veux croire que nous partageons néanmoins des valeurs communes : amour de la France et de la République, volonté farouche de préserver la laïcité (qui est quand même un concept « de Gauche » à l’origine), humanisme, progrès social, refus du communautarisme, etc….
Pierre CASSEN m’ayant fort aimablement transmis la copie du premier jugement rendu à son encontre, ainsi qu’à Pascal HILOUT, par la 17ème Chambre Correctionnelle du TGI de Paris le 23 Mars 2012, je me décidais donc, accompagné d’un ami, à me rendre au Palais de Justice le 5 Mars dernier, l’affaire revenant en Appel devant la Chambre 7 de la Cour d’Appel de Paris.
Je ne reviendrai que brièvement sur le déroulement du procès, déjà rapporté et commenté, pour me consacrer plutôt à l’essentiel ; rappelons simplement que lors du premier procès, Pascal et Pierre ont été condamnés pour infraction à la fameuse loi sur la presse du 29 juillet 1881, sur le fondement du « délit de provocation à la discrimination… à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur appartenance à…. une race ou une religion déterminée ».
La raison en était la publication en 2010, sur le site Riposte Laïque, de deux éditoriaux intitulés « OCCUPATION, bien sûr que les prières dans la rue, les voiles, le halal et les mosquées, sont des symboles d’occupation et de conquête ! » et également « pourra-t-on vaincre l’offensive islamiste par les seuls moyens démocratiques ? » dont les termes permirent au Tribunal de caractériser l’infraction et de recevoir favorablement les constitutions de partie civiles de plusieurs associations de défense des Droits de l’Homme (dont la Ligue des Droits de l’Homme à l’origine des poursuites, LICRA, MRAP….).
Lors du second procès de Mars dernier, le débat fut de nouveau posé en termes identiques : après un long rappel par le Tribunal du contexte du premier procès, actant la demande de relaxe formulée par nos deux compères, le juge rappela l’enjeu juridique de cette nouvelle instance : les termes employés dans les deux textes litigieux publiés sur le site RL, contenant également les mots « ce sera eux ou nous » (à propos des islamistes) ainsi que les vocables « envahisseurs » et « fanion d’une armée » (à propos des musulmans et du voile) constituent-ils un délit de provocation publique au visa de la loi sur la presse de Juillet 1881 ?
Pierre CASSEN fut appelé à la barre : rappelant d’abord avoir vendu depuis la commission des faits son site RL, puis « clivant » d’emblée le débat en affirmant ne rien renier de ses précédents propos, estimant n’avoir commis aucune faute et affirmant qu’il réécrirait aujourd’hui les mêmes textes…
Puis vint le tour de Pascal HILOUT, l’autre contributeur de RL en cause pour son texte signé « Cyrano » (en fait largement inspiré des propos de l’écrivain René MARCHAND) : celui-ci expliqua à la Cour son parcours de musulman apostat, soulignant ensuite la nature « élitiste » de l’islam, qualifié de « danger totalitaire » et invitant à aider les musulmans à s’émanciper de leur religion…
Aux questions des avocats des parties civiles, notamment Maitre TUBIANA lui demandant s’il était possible de pratiquer la religion musulmane en France, HILOUT répondit qu’un « Code de conduite de l’islam » serait nécessaire, en profitant pour pointer du doigt le fréquent refus d’intégration de certains musulmans, avec les fameux « territoires perdus de la République »…. avançant également pour illustrer son propos le chiffre de 90% de musulmans épousant d’autres musulmans, nourrissant ainsi le communautarisme…
C’était au tour ensuite des 4 témoins de la défense d’être appelés à la barre… d’abord une femme marocaine, évoquant son « effroi » devant la régression des libertés en France face à la montée de l’islam, ce phénomène la « renvoyant à ses origines de musulmane marocaine » et évoquant l’expansion de l’islam en France comme une « affaire de nombre »… la « soumission » à l’islam étant vécue par ses pratiquants comme une vertu….
Une iranienne vivant en France depuis 1985, nous expliqua que du point de vue des libertés des femmes, la France « n’était pas si loin » de l’Iran…. évoquant également l’agression dont elle fut victime en 2011 lors du Ramadan, pour avoir mangé un sandwich-jambon…
Puis vint Mr Alain DUBOS (contributeur à Riposte Laïque) nous relatant avec une vive et sincère émotion son parcours de « french doctor » dans les pays musulmans, notamment l’Afghanistan, qui lui permit de voir les effets pervers de l’islam sur la santé publique (femmes enceintes mortes pour défaut de soins, etc…) et faisant le parallèle avec des cas similaires actuellement en France (maris musulmans refusant que leurs épouses soient examinées par un médecin homme…).
Le dernier témoin, chauffeur de bus à la RATP, nous expliqua ses difficultés croissantes au travail du fait de l’intrusion grandissante de l’islam, avec de plus en plus de collègues « barbus » faisant notamment la prière sur les lieux de travail, ou faisant pression sur ceux de leurs coreligionnaires ne faisant pas le Ramadan…. Mais surtout, ce dernier témoin mis en exergue le « réflexe communautaire » des musulmans, avec les musulmans « modérés » adoptant en définitive les mêmes pratiques que les musulmans les plus radicaux…
Ensuite, nous eûmes droit aux plaidoiries des avocats des Associations….. Maitre TUBIANA avança d’emblée l’argument « béton » selon lequel la Cour n’avait pas à apprécier la « critique d’une Foi »…. En effet, si la critique de l’islam est licite selon lui, relevant de la liberté d’expression, à contrario (et je m’attendais à cet argument juridique quasi-imparable) « la critique d’une catégorie de population du fait qu’elle est musulmane » devient illicite…. Selon cet avocat, les propos de CASSEN et HILOUT visent à « interdire l’islam en France » et à « haïr d’autres citoyens du fait qu’ils sont musulmans », portant de ce fait atteinte à la paix civile…. TUBIANA demandant donc tout naturellement à la Cour la confirmation du premier jugement –
Le second avocat de la LICRA, exprimant de façon presque risible sa « colère » face à l’attitude de nos deux comparses, avançait notamment l’argument selon lequel les témoins, « bien qu’exposant de réelles souffrances, déviaient le débat »…. Extrayant également des textes litigieux de RL la phrase « il n’est pas possible de vivre avec eux » (les musulmans) pour affirmer que de tels propos tombent sous le coup de la loi…..
L’avocat de SOS RACISME fut lui moins convaincant, se bornant à dire que RL était « monomaniaque » contre l’islam…. Et rappelant que la liberté d’expression avait des limites, notamment l’incitation à la haine raciale (oubliant au passage que l’islam est une religion et non une race…).
L’avocat du MRAP parlait lui de « provocation à la haine » et de « pensée factieuse »… et avançait des jurisprudences équivalentes (notamment un jugement de 2010 portant sur le « complot juif » assimilable selon lui aux « envahisseurs musulmans » de RL….).
Enfin, l’avocat du CCIF (Collectif contre l’islamophobie) après avoir rappelé lui aussi les limites légales à la liberté d’expression, se lança dans une diatribe lyrique envers nos deux accusés, leur reprochant pêle-mêle leur « vision du Monde dominée par leur phobie », leur « islamophobie », leur stigmatisation d’un groupe de personnes à raison de son appartenance religieuse, à coup de « complot » et de « grand remplacement », le tout fondé sur une « sous-littérature » se développant depuis 20 ans… appelant enfin à rebaptiser le site RL en « Riposte anti-Laïque ».
Puis, l’Avocat Général dans ses réquisitions, invita elle aussi la Cour à ne pas juger des faits de société, à ne pas porter d’appréciation sur l’islam… posant également les limites de la liberté d’expression ainsi que la définition de la laïcité donnée par le Conseil Constitutionnel, elle considéra que les propos litigieux contenus dans les deux textes de RL visaient l’ensemble de la communauté musulmane de France et n’opéraient pas une distinction suffisamment précise entre les musulmans dans leur ensemble désireux de s’intégrer en France et les islamistes aux visées expansionnistes et totalitaires.
Ensuite, ce fut au tour des plaidoiries des avocats de la défense : Maitre SEBAG, soulignant d’abord le fait que les conflits dans le Monde étaient « majoritairement musulmans », dénonça ensuite la « bien-pensance » la « dissimulation de la réalité » et le « déni de la réalité des parties civiles »… et demanda donc à la Cour la relaxe de ses clients.
Le second avocat, Maitre SCIPILLITI, constata d’abord que le constat fait par RL sur l’islam était en réalité celui fait par la société française…. Avançant un récent sondage IPSOS selon lequel 8 français sur 10 pensent que les musulmans veulent imposer leur mode de vie, il « convoqua » à la barre à l’appui de sa thèse de grands noms d’écrivains et d’essayistes impliqués dans ces questions (MARCHAND, Luc FERRY, ONFRAY, Malika SOREL, KEPEL, CAMUS, CALDWELL).
Enfin, le dernier avocat, reprenant le même argumentaire, souligna que le site RL avait un « but de vigilance », précisant que RL ne parlait pas que d’islam (mais aussi de politique, etc…) il invita la Cour à ne pas se faire la complice d’une idéologie : l’islam, et sollicita la relaxe pure et simple –
Enfin, la parole fut redonnée à Pascal et Pierre : CASSEN souligna que jamais Riposte Laïque n’avait commis d’actes violents envers les musulmans, mais que c’était au contraire le quotidien des français qui était violent… il dénonça également le « harcèlement judiciaire » dont Riposte Laïque était l’objet, relevant selon lui d’une volonté délibérée de « tuer économiquement RL ».
Quant à HILOUT, il ajouta à son propos que les musulmans « modérés » assuraient en quelque sorte la « logistique » des plus extrémistes… mais qu’en définitive l’ensemble des musulmans devraient subir une « chimiothérapie » pour les guérir de leur dogme religieux…
La Cour déclara pour conclure l’affaire mise en délibéré au 5 Juin prochain – Au terme de ce procès, je quittais le Palais de Justice de PARIS avec un sentiment de malaise…. malaise car d’une part, pour le réformiste partisan du dialogue et du compromis que je suis, les positions des deux parties opposées m’avaient semblées tellement tranchées, tellement irréconciliables…. malaise également, car les partisans de Riposte Laïque présents lors des débats, CASSEN et HILOUT également, m’avaient semblés à la fin de l’audience comme trop confiants en eux-mêmes, comme persuadés que ce procès en Appel serait gagné, que le poids de leurs arguments emporteraient la décision de la Cour…
Pour ma part, je rentrais chez moi intimement persuadé du contraire, à n’en pas douter la Cour suivrait les arguments des parties civiles et confirmerait le premier jugement : mon ressenti fut d’ailleurs rapidement confirmé à l’occasion de la diffusion le 6 Mars sur le site RL d’un compte-rendu de l’audience, qui finissait en ces termes sonnant comme un aveu d’échec : « ce n’est pas pour autant que cela suffira pour être acquitté » (1)
Alors, parvenu à ce stade, ayant relu avec attention mes notes prises durant l’audience, le précédent jugement, les deux éditoriaux en cause, la loi de 1881 sur la liberté de la presse… je me suis posé deux questions :
-Pourquoi en sommes-nous arrivés à cette crispation envers l’islam ?
-Faut-il stigmatiser l’ensemble des musulmans de France ?
-Le premier point mériterait un long développement argumenté, et là-dessus je partage largement la teneur des deux éditoriaux de RL : bien évidemment que l’islam est une religion de conquête, une religion prosélyte ! Sur le plan du dogme, ce n’est pas seulement une religion (système de pratiques et de croyances) mais plus exactement un système politico-religieux qui entend régir tous les éléments de la vie, aussi bien privée que publique, du croyant…
L’islam, si on l’applique à la lettre, c’est une théocratie…. Et c’est donc tout le contraire de notre conception de la vie en société, à savoir une démocratie sociale, républicaine et laïque ! il suffit de lire les recommandations de l’OCI (la conférence des Etats islamiques) admettant nos Droits de l’Homme… qu’à la condition qu’ils soient conformes à la Charia…. !
Dans ces conditions, face à une religion conquérante et exigeante envers ses propres adeptes, notamment au travers des interdits alimentaires (alcool, viande halal…) ou des prescriptions vestimentaires (voile islamique et toutes ses déclinaisons… jusqu’au « birkini » à la piscine !) il ne faut pas s’étonner que les français (de souche ? mais, à entendre lors du procès l’avocat du CCIF, il paraitrait que cette notion de « français de souche » n’aurait « aucune consistance ») s’en émeuvent…
En ces temps troublés de crise économique et de chômage de masse, la crise est désormais aussi morale et identitaire…. Dès lors, la défiance (pour ne pas dire le rejet) des français envers l’islam (qui est une religion « exogène », d’installation récente en France) est patente…. Lors d’un sondage récent, 74% de nos concitoyens jugent que l’islam est une religion intolérante (2)
Au demeurant toutefois, il convient de dire que ce débat ne se limite pas à l’islam, on peut aisément élargir le spectre aux thèmes de l’intégration et de l’immigration : sur ces deux points, tous les indicateurs sont au rouge, notre « modèle républicain d’intégration » est défaillant et de nombreux analystes viennent mettre en exergue cette situation préoccupante, notamment Malika SOREL, ancien membre du Haut Conseil à l’Intégration Certes, il est interdit en France d’effectuer des statistiques sur des critères ethniques, raciaux ou religieux, mais les chiffres de l’immigration (de travail ou familiale) sont eux publiés régulièrement par l’INSEE, lequel avance le chiffre de 11% d’immigrés en France (sur une population totale de 66 Millions d’Habitants)
Alors bien évidemment, toute cette nouvelle population immigrée, ou nouvellement naturalisée, n’est pas de confession musulmane… Force est de constater néanmoins que l’islam a fait irruption dans le débat public depuis quelques années : depuis l’affaire du voile islamique dans un collège de Creil en 1989, le mouvement est allé crescendo : polémique autour du hidjab (avec notamment l’affaire de la crèche Baby Loup) du niqab (avec l’interdiction du voile intégral dans l’espace public) de la viande halal, de la construction de mosquées… le tout sur fond de radicalisation politique depuis le 11 Septembre 2001, poursuite du conflit israélo-palestinien, pour aboutir à l’affaire Merah…
Résultat des courses, à tort ou à raison, l’islam fait peur… malgré que François Hollande ait réitéré à plusieurs reprises son point de vue, à savoir que « l’islam est compatible avec la démocratie » les français s’interrogent… dans le même temps, le « combat antiraciste » et contre « l’islamophobie » fait rage : l’époque où un Coluche pouvait brocarder dans ses sketchs « les noirs et les arabes » ou un Desproges s’interroger dans ses spectacles « on me dit que des juifs se sont glissés dans la salle » a-t-elle encore droit de cité ?
Nous connaissons tous la fameuse réflexion du Général de Gaulle, rapportée par Alain Peyrefitte à propos des musulmans algériens : "Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées !"
Certes, ces propos ont été tenus en privé à l’époque, mais aujourd’hui le Général de Gaulle pourrait-il toujours les tenir sans être aussitôt qualifié de raciste et d’islamophobe ?
Souvenons-nous du récent procès fait à l’écrivain Michel HOUELLEBECQ, trainé devant les tribunaux pour avoir dit « j’ai lu le Coran, je suis effondré, effondré… l’islam est la religion la plus con…. »
D’ailleurs, il faut dire que le terme même « islamophobie » (peur ou détestation de la religion islamique, selon la définition donnée par le Haut Conseil à l’Intégration) ne repose sur aucun fondement juridique (à l’inverse de l’antisémitisme, par exemple) et dès lors il convient de remettre son usage en perspective et de se garder de ceux qui l’agitent comme un épouvantail :
Actuellement, se voir affubler du qualificatif « islamophobe » c’est comme être marqué du sceau de l’infamie ! Là-dessus, la démographe Michèle TRIBALAT a parfaitement raison de nous alerter sur l’usage toxique du mot « islamophobie », qui est en fait une arme visant notre liberté d’expression et aspirant à réintroduire le délit de blasphème en Droit français (3)
A final, l’on arrive à une sorte de cristallisation de l’opinion des français au sujet de l’islam : d’une part, les français majoritairement non-musulmans qui s’interrogent sur la compatibilité de cette religion avec nos valeurs laïques et démocratiques, et d’autre part nos concitoyens musulmans, revendiquant l’exercice légitime de leur culte, qui se sentent stigmatisés voire rejetés…
- Le second point découle en fait du premier, car si les français expriment une inquiétude envers l’islam, faut-il pour autant en faire supporter le fardeau de la faute aux citoyens français de confession musulmane ?
Tout d’abord, il convient de faire de nouveau appel aux statistiques : selon les études récentes, environ 1/3 des musulmans de France se déclarent pratiquants, pourcentage qui monte à 41% dans un sondage IFOP…. Et l’on relève que les plus pratiquants sont souvent les plus jeunes, exprimant en cela une affirmation identitaire, notamment via l’islam, face à la relégation sociale.
Faut-il pour autant faire d’eux des « envahisseurs » ?
Sans tomber dans l’excès, je dois dire toutefois que j’ai été à plusieurs reprises confronté personnellement à une « opposition frontale » de la part de français de confession musulmane, essentiellement sur les réseaux sociaux que je fréquente : les français convertis à l’islam sont d’ailleurs souvent les plus virulents, et le dialogue se résume la plupart du temps à un dialogue de sourds, un dialogue à sens unique, pour aboutir au final à une impasse…. Ces individus brandissent le Coran en tant que « loi divine » dont il faudrait appliquer les préceptes au plus vite, la « soumission à Allah » est le dogme absolu, le terme « musulman laïc » est un oxymore, « l’islam de France » prôné par l’imam Hassen Chalghoumi est une imposture…. Les chrétiens sont des « kouffars », bien entendu la Bible a été falsifiée et Jésus-Christ n’est pas mort sur la croix !!
Néanmoins, je demeure persuadé que de nombreux musulmans, notamment parmi les jeunes générations, ne s’identifient pas aux radicaux que j’évoquais précédemment : certes, ils ne boivent pas d’alcool, font le Ramadan…. Mais ayant grandi au creuset notamment de l’école républicaine, ils cherchent légitimement à s’insérer dans notre société, à s’émanciper, à travailler, à profiter des modernités de notre société occidentale….
N’oublions pas que la Constitution Française reconnait non seulement la liberté de religion (croire ou ne pas croire) mais aussi la liberté de culte (pratiquer sa religion) : dès lors, au nom de quels principes refuserions-nous aux musulmans français de pratiquer l’islam ?
Certes, on peut considérer qu’un « islam de France » est une gageure, mais je pense pour ma part qu’il s’agit d’un défi majeur qu’il convient de relever impérativement : refuser de le voir revient à stigmatiser, à s’aliéner une partie des musulmans : ceux qui ne pratiquent pas ou peu, ceux qui se disent « libéraux » ou « laïcs » (je ne nie certes pas les ambiguïtés de ces termes) : c’est courir le risque de les jeter dans les bras des islamistes les plus radicaux…
Je fais mienne une classification des musulmans de France avec lesquels nous pouvons escompter une cohabitation, sans concession sur nos lois républicaines, mais pacifique : 1-les musulmans non pratiquants (ils sont nombreux, et aspirent à s’intégrer) 2-les musulmans dont la pratique est sélective (ils ignorent les versets violents du Coran et croient sincèrement que l’islam n’est que tolérance et générosité) 3-les musulmans réformistes (ceux qui souhaitent que l’islam abandonne son idéologie politique dominatrice et violente) 4-les opposants (ceux qui dénoncent sans ménagement la nature totalitaire de l’islam, ce sont notamment des femmes courageuses telles que Taslima Nasreen , Wafa Sultan…)
Nous n’avons pas le droit, dans notre propre intérêt, de les décevoir…
C’est la raison pour laquelle des termes tels que « dans l’esprit des musulmans, chaque mosquée construite est un symbole de conquête du pays » ou bien encore « … ce qui conduit à laisser aux envahisseurs toute latitude pour mener à son terme leur projet de conquête », extraits des deux textes litigieux de Riposte Laïque, sont à mon sens stigmatisant envers les 4 catégories précitées…
En Conclusion : en définitive, si ma sympathie naturelle va vers Pascal et Pierre, je dirais qu’ils ont moralement raison mais juridiquement tort….
Moralement raison, car le danger est réel, et pour paraphraser une phrase très juste du Père Henri BOULAD (prêtre jésuite égyptien) « l’islamisme est dans l’islam comme le poussin est dans l’oeuf »
Juridiquement tort, car les mots « envahisseurs » ou « symboles d’occupation et de conquête », « fanion d’une armée » (le voile de femmes) utilisés sans discernement, reviennent à stigmatiser l’ensemble des musulmans de France, alors que nombre d’entre eux ne demandent qu’à vivre paisiblement leur Foi sur le sol français, dans le respect notre « Pacte Républicain ».
Nous pourrions faire le parallèle avec la condamnation récente, sur le même fondement juridique, en première instance de l’écrivain Renaud CAMUS, chantre du « Grand Remplacement », ayant utilisé les termes « colonisateurs » ou « bras armé de la conquête » lors des Assises internationales surl’islamisation en 2010 (4)
C’est la raison pour laquelle je crois sincèrement que la Cour d’Appel de Paris, lors de sa future audience, confirmera les termes du jugement de première instance, en condamnant Pierre CASSEN et Pascal HILOUT sur le fondement de l’article 48 de la Loi du 29 Juillet 1881.
Enfin, au-delà de la question cruciale de la place de l’islam (et donc des citoyens ou étrangers de confession musulmane) sur le territoire de la République Française, ce procès est symptomatique de la « grande dérive des laïcards » (voir l’article de Damien PERROTIN (5) publié sur Agoravox le 13 Juillet 2009) ou comment, au nom d’un ennemi commun déclaré (l’islam) des gens initialement « de Gauche » (anciens syndicalistes CGT, militants trotskystes…) en viennent à relayer les thèses nauséabondes du Front National….
(1) Riposte Laïque du 6 mars 2014 « procès Pascal et Pierre, 4 témoignages qui ont anéanti les imposteurs de l’antiracisme »
(2) Nouvel Observateur du 24 janvier 2013 « 74% des français jugent que
l’islam est une religion intolérante »
(3) Figaro.fr du 4 avril 2014 « les français sont-ils vraiment islamophobes et
racistes : les réponses de Michèle TRIBALAT »
(4) Le Monde du 10 avril 2014 « l’écrivain Renaud CAMUS condamné pour
provocation à la haine contre les musulmans »
(5) Agoravox du 13 juillet 2009 « la grande dérive des laïcards » D.PERROTIN
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