Un Oracle étasunien (contre-universaliste, anti-monothéiste et polythéiste)
À l'heure où j'écris cet article, la majorité des masse-médias donnent – moitié par validité, moitié par velléité – gagnant le candidat démocrate Joe Biden à l'élection présidentielle étasunienne, ce 20 janvier 2021, après deux mois véreux jusqu'à la lie. Et pas qu'à cause de son adversaire « républicain » (entre guillemets, car son parti ne sait pas comment le prendre) …
Cet article, désolé de vous décevoir ? ne parlera pas de l'élection présidentielle étasunienne. Par contre, ce dont il parlera, peut expliquer les cahots étasuniens au niveau fondamental de l'imaginaire voire de la spiritualité collectifs, en Histoire des idées … Outre-atlantiquement parlant, s'entend. On change de continent, et bonne année civile-grégorienne mondialisée confinés chez vous.
Note : cet article est dans la veine d'un oracle néo-celtique, et d'un oracle archéo-oriental.
On change de continent
On change de continent, par la « magie » du discours dans cet article, mais ce sont avant tout des Européens hétéroclites (depuis la Renaissance gréco-romaine dans le judéo-christianisme médiéval, humaniste, avec son ère des Lumières, libéralisante … ) ce sont avant tout des Européens hétéroclites, qui partirent à l'abordage pirater tout ce qu'ils pouvaient ailleurs qu'en Europe.
Les Amériques – des conquistadores à la ruée vers l'or dans le far west – passèrent pour l'El Dorado. Et même si Donald Trump a eu l'audace d'annoncer que « the American dream is dead » (que « le rêve américain est mort ») sur fond de déclinisme de « fin d'Empire américain », on ne peut pas dire que cette passade pour un El Dorado ait encore bien perdu de son charme.
Et, par-devers l'indigénisme envers les Amérindiens détruits, les Amériques restent un El Dorado racialiste en vue de mettre des présidents « minoritaires » au pouvoir – dont amérindiens (c'est dire, si les logiques démocratiques répondent à autre chose qu'à l'utopisme moral).
Les USA, terres de contrastes. - Source
Des protestants et réformateurs chrétiens changent de continent
On le sait, parmi les colonisateurs européens, il n'y avait pas que des garants de l'ordre féodal courant.
En fait, les auteurs dits « des Lumières » – de l'âge baroque au XVIème siècle (Francis Bacon, René Descartes, Bernard Mandeville … ) à l'âge industriel au XIXème (Jeremy Bentham, Friedrich Hegel, Victor Hugo … ) en passant par l'âge absolu (Gottfried Leibniz, David Hume, François-Marie « Voltaire » Arouet … ) – les auteurs dits « des Lumières » se réapproprient totalement l'héritage à la manière de concerned citizen (citoyens [qui se sentent] impliqués) contemporains, adeptes de la cancel culture (culture suppressive) ou des this or that studies foisonnantes (études [éclectiques] sur ceci ou cela, par exemple les gender studies).
Non seulement ils se réapproprient l'héritage, mais en plus ils déploient de nouveaux champs d'investigation … à la manière des compagnies commerciales et pirateries plus ou moins corsaires, par les sept mers. Cette modernité mérite son nom, qui s'approprie ses modi vivendi, ses modes de vie. Et, pour tout dire, quand arrive le XXème siècle, paradoxalement « cette guerre a déjà eu lieu » : tout est déjà joué, et nous autres, vingt-et-uniémistes, ne faisons qu'en vivre la dérive, l'avachissement – en même temps que la mutation.
En tout cas, à l'époque, ce sont des chrétiens allumés, qui s'imaginaient rejouer la biblique sortie d’Égypte guidée par Moïse et la colonne de feu, quarante ans à tourner en rond dans le Sinaï, avant que de décimer les Cananéens pour s'approprier leurs terres (le pays de Canaan, la Judée-Galilée romaine, la Palestine islamique, l'Israël néo-hébraïque contemporaine).
Autant vous dire que les conditions étaient réunies, pour qu'émerge la figure du prêcheur charismatique, du télévangéliste maniaque, des présidents jurant sur la Bible, et de la devise étasunienne sur le dollar : « In God we trust » (« en Dieu nous croyons ») – surmontée de l'œil illuminateur triangulé … symbole composé à travers les millénaires, et passionnant les commérages autour des sociétés secrètes (manque de bol pour les secrétologues, aux USA, il est BCBG de laisser entendre faire partie d'un club ou l'autre … ).
Des Africains changent de continent, et américanisent le vaudou
S'il avait suffi que des chrétiens désordonnés changent de continent, pour qu'advienne la mentalité étasunienne actuelle, cela se saurait. Or, il n'a pas suffi que des chrétiens désordonnées changent de continent, pour qu'advienne la mentalité étasunienne actuelle.
Bien sûr, on le sait – d'autant plus avec les troubles du floydisme et du traorisme l'année dernière, – il y a des Afro-Américains. Ces Afro-Américains sont avant tout des descendants d'esclaves. Mais que l'on ne sorte pas trop vite les violons : les empires et royaumes subsahariens pré-modernes, s'activaient assez bien à s'entre-esclavagiser entre Noirs continentaux, ainsi qu'à commercer leurs esclaves aux musulmans.
C'est logiquement, que ces dirigeants noirs vendirent des esclaves aux colonisateurs euro-américains, d'ailleurs surtout implantés sur les côtes. D'aucuns ont beau rêver de panafricanisme de nos jours, il faudra d'abord que les Africains continentaux se départissent d'une légitime méfiance et crainte les uns envers les autres, toujours perceptible dans les États ethniques (exactement comme, durant l'Antiquité et jusqu'au Haut Moyen-Âge, les Blancs s'entre-esclavagisaient, etc. et toutes les races tout autour de la Terre. (Mais, pour jeter encore moins la pierre, il faut voir comme les États euro-américains semblent saisis par des ethnies sociétaires fonctionnant en chambrettes, de moins en moins libérales car de plus en plus timides et lâches.)
Mais, concernant les premiers Afro-Américains esclavagisés, qu'ont-ils fait ? … En important bon gré mal gré leur culture, ils ont américanisé le vaudou. C'est-à-dire qu'on ne doit pas que la capoeira brésilienne, le rap étasunien et la mode rastafari jamaïcaine, aux Afro-Américains : ces derniers ont exercé une influence culturelle – donc spirituelle – depuis les champs de coton, sur les Euro-Américains/les Blancs. Et sarcastiquement sur les sudistes moteurs du Ku Klux Klan, car cette influence est la plus prégnante dans les États très esclavagistes du Sud ! Qu'ils le veuillent ou non, d'une manière ou d'une autre, les klanistes sont des « zoulous », et les esclaves avaient toujours-déjà eu leur revanche naturelle.
Dans la culture populaire, cette influence est visible dans des œuvres telles que the Preacher (dont le héros, un révérend, a une terrible famille dans le bayou louisiannais) ou bien True Detective (dont les enquêteurs, vivent une fameuse scène auprès d'un évangéliste). Mais avant tout, on retiendra la figure de Marie Laveau proche de la Nouvelle Orléans. Son vaudou est syncrétique avec le christianisme, et l'on connaît les grandes scènes de possessions dans cette religion polythéiste, comparables aux spasmophilies et glossolalies évangélistes protestantes chez les chrétiens. En fait, le christianisme doit littéralement au vaudou une telle mutation spectaculaire, qui sembla donner comme un contenu aux évocations bibliques, quant à certains pouvoirs apostoliques (bien entendu, la vérité, c'est que les monothéistes, depuis toujours, sont des formes de sorciers messaliques et messianiques déniant leurs sorcelleries particulières, comme leurs territorialisations d'ailleurs – cf. 1, 2, 3).
Les Américains natifs/Amérindiens, où ceux qui n'ont pas changé de continent mais qui ont servi de terreau
La fille de Marie Laveau … Marie Laveau II … a intégré à son vaudou chrétien, des rituels locaux, c'est-à-dire américains natifs/amérindiens. Évidemment, tout cela ne se passe pas – sur tout le continent – d'autres personnages, avec les accouplements inter-raciaux humains qui s'ensuivent. Nous sommes tous de la même espèce, fallait-il le préciser* ? Et, « par souci des minorités », le dernier jeu vidéo réaliste simulant le far west, Red Dead Redemption 2, a introduit le personnage noir-amérindien du prénommé Charles (donc baptisé chrétien, avec un tel nom pour l'époque : prononcez à l'anglaise Tchawrlz).
Tout cela conflua et fit des tresses culturelles – donc spirituelles, – malgré l'ethnocide amérindien, plus ou moins par rabattage des peuples ancestraux dans des réserves (au mépris des terres de leurs ancêtres … tout comme en Europe actuellement, on méprise nos ancêtres … ) et plus ou moins par import de maladies européennes insupportables (pas seulement l'alcoolisme et la fusillade … ). Ceci dit, ne rêvons pas trop : les Amérindiens aussi, pratiquaient l'esclavage. Disons ironiquement que personne n'est blanc dans ces affaires … Business is business, business as usual in humankind (les affaires sont les affaires, les affaires coutumières dans l'humanité) – bref : exit le rousseauisme du bon sauvage, inspirant encore le romantisme de François René de Chateaubriand ; d'ailleurs ça continue de nos jours.
Pour en revenir à nos moutons religieux, de même qu'il y a plusieurs christianismes, il y a plusieurs vaudous originaires d'Afrique de l'Ouest (même dans l'islamisme, notamment au Maroc, avec le vaudou gnaoua – voir aussi l'usage islamique général de la théurgie) … et, donc, il y a plusieurs religions nord-américaines.
Seulement, qu'on se comprenne bien : le mot vaudou-même, est un mot attribué par les Européens qui découvrirent ce culte païen/animiste. Paganisme ou animisme, cela désigne d'ailleurs la même chose : soit par des chrétiens dans le passé européen, soit par des sociétés chrétiennes devenant naturalistes à la période coloniale – pour désigner les peuples non-chrétiens, musulmans compris …
Bref, le mot vaudou n'était pas spécialement utilisé par ses pratiquants, bien qu'il se soit popularisé même parmi eux. Eh bien de même, parmi la multiplicité de peuples amérindiens, un terme est récurrent pour désigner le grand esprit, c'est le grand manitou, ou le manitou, qui peut d'ailleurs désigner parfois le chamane. Aussi, on me permettra de simplifier – à moi, pauvre Européen post-colonial que je suis, – en désignant par manitou, l'ensemble des pratiques religieuses nord-américaines.
Note aux indigénistes : Je sais, je suis un méchant, vilain, pas beau Blanc, hou ! honte à moi, qui perpétue l'usage colonial … exactement comme tous les peuples de la Terre ont désigné d'autres peuples selon des critères particuliers, indépendants des peuples en question, comme par exemple « les Visages pâles ».
Aussi bien, je suis un Visage pâle (locution amérindienne) qui va parler de manitou (pour désigner toutes les religions nord-américaines).
Quand je vous disais que les humains entre eux n'ont aucune limite, au sujet de l'esclavagisme ! – comprenne qui veut bien …
Mais, en fait, on désigne bien par une catégorie unique les différentes religions, telle que christianisme, alors qu'il y en a plusieurs se réclamant de ce voyou de Jésus.
Au reste, l'article Wikipédia a bien fini par normaliser le terme en vaudouisme. Je pourrais même parler de manitouisme si je voulais, et c'est même ce que je vais faire dans la suite.
Sinon, ça va ?
Le christo-vaudo-manitouisme, une boule de ressentiments
Résumons : avant de vous perdre un peu dans les digressions, l'article en était à parler de la convergence du christianisme désordonné d'Européens se prenant pour de nouveaux Hébreux, du vaudouisme malheureux d'Africains déportés, avec le manitouisme stressé d'Amérindiens éperdus.
Quel rapport ? … Il y en a un d'importance**. Cela concerne la figure archétypique du dieu ou de l'esprit gaffeur, évoqué en anthropologie générale sous le nom de trickster.
Vaudouisme et manitouisme sont des polythéismes. On aura beau y trouver une divinité suprême (Mawu dans le vaudouisme, Manitou ou un équivalent – Tabal-Dak, Ysun, Waka Tanka – dans le manitouisme) il y a aussitôt tout un panthéon qui se déploie. C'est un peu la même chose que chez les Grecs ou les Romains avec Zeus ou Jupiter, et ce n'est pas le style civilisationnel qui fera une différence – d'ailleurs, certains empires subsahariens ou amérindiens, même en Amérique du Nord chez les Anciens Californiens, n'ont rien à envier aux Gréco-Romains.
Dans le christianisme, seul le catholicisme et l'orthodoxie ont une parenté avec le polythéisme, à démultiplier les saints et les reliques – en quoi ils ressemblent à l'islamisme populaire, plus que le protestantisme d'ailleurs. Mais ce sont bien des protestants, chrétiens désordonnés disions-nous – en ce sens aussi, qu'ils se sont désolidarisés des hiérarchies européennes – qui ont colonisé l'Amérique du Nord. Cela prédispose au puritanisme (même si, contrairement au lieu commun, les États-Unis ne sont pas tout-uniment puritains).
Or, ils ne sont certes pas tout-uniment puritains, d'abord parce que leur grande découverte européenne coïncide avec la fièvre de l'or … et ensuite, spirituellement, parce que les cultures noires et amérindiennes les ont irisés. Des personnes métissées au moins culturellement (blanches-noires-amérindiennes) telles que Marie Laveau (mère et fille) ont produit un entertainment remontant progressivement jusque dans les sphères WASP (White Anglo-Saxon Protestant).
Cela au point que, au fond, les combats de Martin Luther King ou Malcolm X, eurent quelque chose de dissonant : respectivement parce qu'ils furent trop monothéiste (universalisme chrétien) et trop africaniste (suprémacisme noir) : l'esprit étasunien était déjà plus original et singulier, depuis les XVIIIème et XIXème siècle. Martin Luther King et Malcolm X, comme en retard sur leur propre territoire …
Le fantasme néo-hébraïque (chrétien désordonné) entrait dans une frayeur à la fois dégoûtée mais fascinée, par les polythéismes vaudou et manitou. À partir de là, ces polythéismes – avec respectivement des divinités telles que Kalfu (dieu du chaos) ou le Coyote (dieu du ratage) – allaient faciliter le désordre/le désordonnement/la désordination chrétienne étasunienne … tandis que tous les dieux et esprits vaudous et manitous allaient pouvoir les influencer (on ne se débarrasse jamais du génie du lieu : il n'y a que lui, pour évoluer avec les temps géologiques).
Les films d'horreur étasuniens convoquant régulièrement des esprits ancestraux de tribus disparues, dans des contextes enrichis de grigris noirs, ainsi que leurs séries telles que la fameuse Supernatural … sont là pour le synthétiser. Le christianisme américain, certes diversifié ès protestantismes (sans parler des catholiques et des orthodoxes américains) est un christianisme du même ressort que les christianismes hispaniques, quoique nordique dans son genre (il y a d'ailleurs actuellement un pape sud-américain au Vatican, François « Ier » comme en effet-retour européen … ce qui est dire que le jésuitisme pontifical s'est enrichi de bien des influences, depuis l'époque où François-Marie « Voltaire » Arouet, satyrisait les jésuites d'El Dorado, dans Candide !).
Le principe de ce christo-vaudo-manitouisme est simple : ayant eu à morfler dans son élément vaudou (par déportation depuis l'Afrique), il devint chaotique et revanchard ; mais, ayant eu à rager dans son élément manitou (par soumission aux Amériques), il devint erratique et rageur (et c'est d'ailleurs sans compter sur tout l'esprit de vengeance sud-américain, porté dans les socialismes révolutionnaires et son catholicisme social). Bref, ce christianisme original (comme sont originaux tous les christianismes de la Terre, par exemple copte, en Égypte) … ce christianisme est une boule de ressentiments, qui s'effraie de lui-même tout en s'adorant par fascination.
Frénétique, il emporte actuellement ce qu'il est convenu de nommer « l'Occident » dans son sillage, dans une folle tempête vengeresse, jusque là où il n'a pas lieu d'être. Au hasard, au Japon ! … La mentalité de ce christianisme, quoique laïc et multiracial, ne fait que s'en prendre à son ombre portée, en « estrèmdrwatisant » les Euro-Américains/les Blancs. C'est une erreur, d'autant plus qu'il y a plusieurs extrêmes-droites (1, 2) dont est capable de ressortir l'indigénisme d'ailleurs.
Épilogue
Peut-être que seul le dernier dieu pourrait nous sauver, comme pensait Martin Heidegger – s'il faut seulement vouloir être sauvé ! car ne pas vouloir être sauvé ne revient ni à mourir dans l'immédiat, ni une disparition, même si on le craindrait (quand on espère être sauvé).
Il ne faudrait jamais craindre la perte, l'absence, le deuil et la mort, ceci à la manière d'un André Malraux pour qui le XXIème siècle serait spirituel, tendanciellement polythéiste. En souffrir, hélas. Mais craindre ? … Finalement, que le christianisme américain soit ainsi erratique, devrait nous apprendre à rire, vus les aléas étasuniens. Nous apprendre à rire, un peu comme Trump.
* Il paraît même, que les Amérindiens du Québec partageraient du sang avec des Européens venus par le Pôle Nord, voilà encore quelques millénaires à peine, après les grandes migrations sibériennes par le détroit de Béring sur le continent américain (il faut voir les Samis) ; sans parler des vikings ni des baleiniers basques féodaux héritant de leurs techniques, influençant jusqu'aux Amérindiens algonquins du Canada …
** Et c'est le même rapport, qui put attirer des vikings au Canada, avec la figure du gaffeur dieu Loki.
N'oublions pas les « Latinos » ...
qui ne sont d'une autre race que pour les Nord-Américains d'ailleurs, pas pour les Européens !
... puisqu'on parlait d'un Sud-Américain comme François « Ier » :
Source
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