Zoroastre : Une Antériorité bien Dérangeante
L'objet de ce mot est principalement de proposer à la lecture quelques illustrations sur les principales manières dont cette antériorité (dans la théologie et l'eschatologie) a été appréciée ou, plus souvent, masquée.
L'objet de ce mot n'est donc pas de discuter une antériorité qui me semble établie : l'analyse des textes de l'Avesta originel placent les écrits de Zoroastre comme très largement antérieurs au Pentateuque de Esdras, et l'archéologie montre que l'avancée du concept monothéiste des Israélites n'a été que progressive à partir du temps des Exils.
Cet article fait suite à d'autres sur Zoroastre : liens en (13)
Ruine de la Chapelle de Languidou – Finistère - France
>>> Voici une introduction que je fais faire à Pléthon :
Philosophe Byzantin, Gémiste PLETHON disait qu'il est toujours à craindre "qu'on ne se trompe en prenant pour de sages législateurs ou pour des philosophes quelques sophistes ou quelques poètes habiles à s'emparer de l'esprit ignorant du vulgaire."
Il poursuit : "(...) les plus charlatans de tous, feignent d'opérer certains miracles et semblent accomplir de grandes choses par un pouvoir divin, mais en réalité, moyens et résultats, tout n'est qu'imposture : cependant ils frappent les esprits faibles et incapables d'examen ; puis leurs mensonges grossis par des discours et des écrits venus plus tard en égarent beaucoup d'autres ; enfin ces doctrines reçoivent de l'habitude de les entendre répéter dès l'enfance, une autorité qui fait le plus grand mal aux Etats en accréditant mille principes absurdes qui ont pour la conduite de la vie humaine les plus graves conséquences. Au contraire, les raisonnements bien déduits enseignent clairement la vérité sur les objets soumis à l'examen, et s'offrant d'eux-mêmes à la discussion d'une critique attentive, ils conduisent les derniers venus aussi bien que les premiers à une science personnelle et non pas empruntée (...)" (1)
Cette dernière phrase s'applique à merveille aux principes nouveaux et simples prônés par Zoroastre. Bien qu'il faille reconnaître que, dans un environnement de tout temps riche de multiples civilisations, il est bien difficile pour quiconque de ne pas s'approprier tel ou tel élément d'enseignement proposé par d'autres.
"Quant à nous, voici les guides que nous choisissons parmi les législateurs et les sages : c'est d'abord le plus ancien dont le nom nous soit parvenu, Zoroastre, qui a révélé, avec le plus grand éclat, aux Mèdes, aux Perses et à la plupart des anciens peuples de l'Asie, la vérité sur les choses divines et sur la plupart des autres grandes questions." (1) Après Zoroastre, Pléthon mentionnait aussi les Brahmanes de l'Inde, Platon, Plotin, etc
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A ce point, je ne résiste pas au plaisir de placer ici l'affirmation du Théologien Pierre JURIEU, parlant des ''Chrétiens d'avant le Déluge''... Affirmation que je choisis de prendre pour un trait d'humour qui a déja traversé les siècles, et qui a encore un bel avenir :
"Et cela nous donne occasion de faire une réflexion importante ; c'est que les anciens Chrétiens étaient de bonnes gens, et bien crédules, de recevoir comme bonnes, des pièces d'une fausseté si évidente, & remplies d'autant de fables ridicules." (5)
Après ce trait d'humour inhabituel pour un Théologien, voici donc à présent illustrées différentes manières d'affronter une antériorité dérangeante :
Ange de la Tendresse – Calvaire monumental de Tronoën – Finistère - France
>>> Les Chrétiens qui s'approprient le passé d'avant Jésus-Christ
L'exemple le plus construit me semble être celui d'Eusèbe de CESAREE.
Eusèbe de Césarée s'appuie sur une affirmation de la Bible, pour ensuite développer une exégèse :
"Car Dieu dit, raconte Moïse, faisons l'homme à notre image et ressemblance" (...) Le Verbe divin existait donc avant l'univers et s'est manifesté à certains, sinon à tous (...)." (2)
"Si le nom récent de Chrétien n'est connu que depuis peu parmi toutes les nations, notre genre de vie, nos mœurs inspirés par les principes de la religion, n'ont rien de récent et n'ont pas été inventées par nous : dès les premiers temps de l'humanité, pour ainsi dire, elles furent adoptées d'instinct par les hommes pieux d'autrefois." (...) "Le peuple juif n'est certes pas un peuple nouveau, tous lui accordent l'honneur de l'antiquité : ses livres et ses écrits nous apprennent que dès les âges anciens quelques hommes, clairsemés et peu nombreux, il est vrai, ne laissaient pas d'être éminents en piété, en justice et dans toutes les autres vertus. Plusieurs d'entre eux ont vécu avant le déluge ; d'autres ont existé plus tard, tels les fils et les descendants de Noé, tel Abraham que les fils des Hébreux se glorifient d'avoir pour chef et pour premier père. Tous ceux dont la justice est ainsi attestée, depuis Abraham en remontant jusqu'au premier homme, on peut sans sortir de la vérité les appeler des chrétiens ; ils l'ont été en fait, sans en porter le nom." (3)
Notons en passant qu'Eusèbe démontre par ailleurs que Abraham a été le contemporain de Zoroastre. (4) De la sorte, Zoroastre se trouve aussi ''christianisé''.
>>> Les Chrétiens qui veulent se démarquer des Israélites
Le théologien JURIEU l'affirme : "Je trouve très vraisemblable que l’Église qui vivait avant le déluge connaissait le mystère de la Trinité des personnes en Dieu (...) On trouve même ce mystère de la Trinité dans les oracles de Zoroastre. (...) Cette Religion des premiers hommes avait incomparablement plus de rapport avec la nôtre qu'avec celle des Israélites." (5)
>>> Ceux qui simplement constatent les similitudes avec Zoroastre
Brigitte TAMBRUN-KRASKER du CNRS rapporte les questionnements du philosophe du XVI s. Agostino STEUCO : "Steuco donne bien d’autres exemples de cette similitude entre Zoroastre et les mages, Hermès Trismégiste, les Oracles sibyllins, et le christianisme." (10)
La Sibylle Érythrée - Détail de la "Poutre de Gloire" de l'église de Lampaul-Guimiliau, qui traverse la Nef. Cette Poutre présente, côté chœur, les douze Sibylles (prêtresses d'Apollon), qui avaient annoncé la venue d'un Sauveur.
>>> Ceux qui s'interrogent sur la Sibylle, sans pouvoir la rejeter
Les Sibylles sont des prêtresses du Dieu Grec Apollon, et sont spécialistes en divination. Platon (5° siècle avant JC) ne parlait que de la Sibylle Érythrée (Ionie), laquelle aurait vécu bien longtemps avant les Prophètes Hébreux. Plus tard, apparaissent d'autres Sibylles, dans la sphère des ''terres grecques'' de l'époque : Troie, Samos, Ephèse, Delphes, Sicile, Libye, Égypte, Perse,... Ces autres Sibylles semblent être des déclinaisons locales de la première.
La Sibylle Érythrée annonçait la venue d'un Sauveur (à l'époque, il n'y avait que celui de Zoroastre qui soit à peu près compatible du point de vue des dates). Les Chrétiens intégrèrent cette prophétie à leur propre littérature et à leurs représentations. Le Concile de Trente (1568) abandonna tardivement les textes & représentations des Sibylles ... qui sont néanmoins restées présentes dans certaines traditions.
C'est ainsi qu'à l'église de Lampaul-Guimiliau (Finistère), la ''Poutre de Gloire'' supportant la Croix présente, côté coeur, les douze Sibylles.
La Sibylle Érythrée vivait assurément il y a fort longtemps :
Louis MORERI rapporte que "la Sibylle Érythrée vivait, dit-on, du temps de la Guerre de Troie'' et plusieurs de ses vers ''condamnaient la multiplicité des Dieux" et ''disaient qu'il n'y en avait qu'un.'' (6) note : La guerre de Troie est datée approximativement du XII s. av. JC.
Le Père CROISET cite '' S. Augustin, qui rapporte cette prédiction, ajoute que la Sibylle Erythrée vivait au temps de la fameuse guerre de Troie, c'est-à-dire douze cent ans avant la naissance du Sauveur du Monde.'' (7)
L'historien Louis COUSIN, censeur royal, explique : "La Sibylle Érythrée qui selon son propre témoignage vivait au sixième siècle depuis le déluge, fut Prêtresse d'Apollon (...). (...) elle fut remplie de l'esprit Divin et prédit l'avènement du Sauveur (...)." (8)
Rappelons que la chronologie biblique (James Ussher) place le Déluge vers l'an 2350 ans avant JC. La Sibylle aurait donc vécu au 18e s. avant JC selon cette méthodologie.
La prédiction qui est ici attribuée à la Sibylle est clairement d'inspiration apocalyptique, et évoque, entre autres, le passage des âmes par la flamme, le triomphe du bien sur le mal, l'arrivée du Sauveur, et la fin du monde. Tout cela, on l'a vu, est Zoroastrien.
COUSIN souligne que certains ''doutent de la vérité de cette prédiction'' et ''s'imaginent que ces vers ont été faits par quelqu'un de notre religion (...) puis faussement attribués à la Sibylle.'' Cependant, ''Tout le monde demeure d'accord que Cicéron l'a lue, l'a traduite en latin, & l'a inféré sans ses ouvrages.'' (9)
note : Cicéron et Virgile vécurent au 1er siècle avant JC.
>>> Il y a aussi ceux qui chercheraient à Transmuter le plomb en or
Les travaux de Brigitte TAMBRUN-KRASKER livrent les clefs des techniques utilisées dans le passé pour ''ficeler'' ensemble des éléments disparates et ainsi leur insuffler un sens qui semble satisfaisant : Le fait qu' Abraham soit réputé Chaldéen est central dans l'exemple suivant : "(...) la sagesse des Chaldéens serait passée aux Hébreux, puis des Hébreux aux Égyptiens, des Égyptiens aux Grecs, et des Grecs aux Romains. Il suffit alors de montrer que la théologie des Chaldéens reconnaît un principe unique, et la Trinité, puis que la cosmogonie et la démonologie des Chaldéens est la même que celle des chrétiens. La preuve se fait alors par les Oracles des Chaldéens et par les Oracles sibyllins qui seront d’ailleurs imprimés un peu plus tard dans un même volume par Opsopoeus (Paris, 1589), car la sibylle d’Érythrée serait chaldéenne, et même sœur du mage Bérose." (10)
>>> Zoroastre serait-il un être imaginaire ?
Brigitte TAMBRUN-KRASKER (CNRS) mentionne aussi Pierre-Daniel HUET (érudit du 17e s.), lequel "explique que ce que les plus anciens peuples du monde ont de plus ancien et vénérable, à savoir leurs dieux et leurs héros, n’est autre chose que Moïse. Zoroastre est donc le même que Moïse. Huet le prouve par les arguments suivants : les noms de leurs pères se ressemblent. Ils ont tous deux ri après leur naissance ; ils ont écrit tous les deux cinq livres sur l’origine du monde ; ils ont combattu l’idolâtrie ; leurs rois ont voulu les faire mourir ; Dieu les a conservés en utilisant des moucherons empoisonnés contre ceux qui les persécutaient, etc."
Tous deux ont aussi révélé la Loi à leur descente de la Montagne... et tant d'autres choses. HUET étant un érudit renommé, je suis allé à la source et ai sélectionné des extraits de ses ''Démonstrations Évangéliques'' (extraits proposés en Annexe 1). En conclusion de sa fort longue démonstration, Huet affirme : "J'ai prouvé clairement que Zoroastre n'est autre que Moïse ; que toute la religion des Perses est puisée dans les livres de Moïse : il en résulte que j'ai établi jusqu'à l'évidence l'antiquité de Moïse."
Pierre-Daniel HUET – 1630 – 1721 était un esprit brillant, tout à l'opposé de l'érudit besogneux. Il fut évêque, membre de l'Académie Française, sous-précepteur du Dauphin de France (secondant le précepteur Bossuet). A la lecture de sa démonstration, j'ai ressenti que sa longue démonstration détaillée ne tient en fait que par les affirmations énoncées. Et cette accumulation évoque chez moi l'idée que cette forme de 'démonstration' est en elle-même une sorte de grand miroir en pied qui, point par point, nous renvoie une image inversée du discours tenu. Cette image, qui n'existe que dans mon esprit, pourrait correspondre à un discours incompatible avec ses hautes fonctions.
De nos jours, les faits de l'Archéologie et les récits (ou absence de récits) des historiens de l'antiquité, me confortent dans l'idée que Moïse est un personnage construit pour des raisons théologiques. Le fait qu'il y aurait autant de similarités (Huet m'en apprend ici plus d'une) suggère fortement que beaucoup de détails sur Zoroastre sont parvenus aux Israélites, via les Mages, du temps des Exils.
L'affirmation de l'existence historique de Moïse et de Abraham est plus que discutable. Il n'en demeure pas moins qu'à mon sens, la probable initiative du roi Josias doive être saluée.
>>> Et que dire des usurpateurs d'identité ?
Le texte de Huet n'est pas isolé. Voltaire cite Hide :
"Hide rapporte Pag. 27 & 28, que les anciens Perses ont cru qu'un vieux livre qui contenait leur religion réformée, était tombé du ciel entre les mains d'Abraham dans le territoire de Balk, du temps de Nembrod, (...) "
"Ensuite (Pag. 82 & suivantes) il fait le roman d'Abraham qui ayant vaincu le grand roi de Perse, & quatre autres puissant rois, avec trois cent gardeurs de brebis, abolit en Perse l'antique religion du sabisme. Voilà donc Abraham auteur d'une nouvelle religion des Perses, & c'est lui qu'il faut regarder comme le vrai Zerdust, le vrai Zoroastre (...)." (11)
>>> Le Silence ?
Cette méthode est plus récente. Avec la quantité phénoménale d'informations à traiter, et malgré le Numérique, le meilleur moyen de mettre l'Apport et l'Antériorité de Zoroastre à la trappe, c'est peut-être de faire comme si elle n'existait pas.
Cela nuit à la construction de notre conscience éclairée. Comme disait le Pape Jean Paul II, "la vérité ne peut pas contredire la vérité " (12). Par là, il invitait les Croyants à regarder en face la réalité historique ou scientifique, sans craindre de devoir remettre leur foi en cause.
JPCiron
§§§§§§§§§§§§§§§§§ NOTES §§§§§§§§§§§§§§§§
..... (1) - Traité des Lois – Livre I – Chapitre II : Des meilleurs guides pour la recherche du vrai - Gémiste PLETHON – Philosophe Byzantin (1355 – 1452)
..... (2) - Histoire Ecclésiastique – Livre 1 Chap. II - Eusèbe de Césarée, évêque en Palestine – vers 265 – 340
..... (3) - Histoire Ecclésiastique – Livre 1 Chap. IV - Eusèbe de Césarée – évêque en Palestine – vers 265 – 340
..... (4) - Préparation Évangélique – Livre X - Chapitre IX - Eusèbe de Césarée – évêque en Palestine – vers 265 – 340
..... (5) - Histoire Critique des Cultes bon et mauvais, qui ont été dans l'Eglise depuis Adam jusqu'à Jesus-Christ – Théologien Pierre JURIEU – 1704
..... (6) - Dictionnaire Historique – Tome 4 - Louis MORERI - Docteur en Théologie – 1749
..... (7) - Exercices de Piété - Père Jean CROISET - Tome 18, p. 12 – 1804
..... (8) - Histoire de l’Église - Louis COUSIN - Ch. XVIII - Prédiction de la Passion faite par la Sibylle Érythrée. p. 737 – 1675
..... (9) - Histoire de l’Église - Louis COUSIN – Ch. XIX – Que cette prédiction n'a point été supposée par les Chrétiens. Que Cicéron et Virgile ont parlé de cette Sibylle. p. 739. -1675
..... (10) - Les Oracles chaldaïques entre idéologie et critique (XVe/XVIIe s.) - Brigitte TAMBRUN-KRASKER – CNRS - Colloque international “ Oracles chaldaïques II ”, 2010
..... (11) - Un Chrétien contre six Juifs – Niaiseries sur Zoroastre - Voltaire – 1776
..... (12) – Message du Saint-Père Jean-Paul II aux Membres de l'Assemblée Plénière de l'Académie Pontificale des Sciences – 22 octobre 1996.
..... (13) - Articles de JPCiron relatifs au Zoroastrisme :
Zoroastre : son Pays et sa Vie
https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/zoroastre-son-pays-et-sa-vie-210393
Zoroastre : sa Révolution Théologique
https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/zoroastre-sa-revolution-210455
Zoroastre : De la Création au Royaume de Dieu ( son Credo et son Eschatologie)
https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/zoroastre-son-credo-et-son-210639
Zoroastre : les Mages et les Mazdéens (On les confond souvent – ils proposent pourtant des religions bien différentes.)
https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/zoroastre-les-mages-et-les-211383
Zoroastre et les Achéménides
https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/zoroastre-et-les-achemenides-211206
§§§§§§§§§§§§§§§ ANNEXE §§§§§§§§§§§§§§
DEMONSTRATION EVANGELIQUE de Pierre-Daniel HUET – 1630 – 1721. Évêque, érudit, membre de l'Académie Française, sous-précepteur du Dauphin de France (secondant le précepteur Bossuet). Version intégrale publiée en 1843. La page de couverture indique : ''Ouvrage également nécessaire à ceux qui qui ne croient pas, à ceux qui doutent et à ceux qui croient" Nous sommes donc concernés.
Source : E-Book Google Gratuit – ( Pages 146 à 158 ) https://play.google.com/store/books/details?id=_pw6qkwaqe0C&rdid=book-_pw6qkwaqe0C&rdot=1 )
(extraits)
Chapitre V – p. 146 > 158
I – L'ancienne religion des Perses a sa source dans les livres de Moïse.
L'ancienne religion des Perses est tirée des livres de Moïse ; une partie de cette religion est encore conservée par la plupart des habitants de la Perse, c'est celle de quelques Arabes et de ces Perses qui se sont réfugiés en Inde (...). Comme dès les premiers temps de l’Église, le christianisme a pénétré dans l'Inde et s'est étendu dans presque tout l'Orient, et qu'il a rappelé la doctrine de Moïse dans les endroits où elle s'était perdue, qu'il l'a renouvelée dans sa pureté primitive, dans les endroits où elle se se trouvait défigurée par des additions fabuleuses, il faut ici reprendre la doctrine des Perses à une époque antérieure à la venue de Jésus-Christ. En effet, si aujourd'hui ils reconnaissent un seul Dieu éternel ; s'ils racontent l'histoire de la création du monde de la même manière que Moïse ; s'ils admettent que Dieu s'est reposé après chaque jour ; qu'il a créé les premiers hommes et l'univers ensuite pour les hommes ; que le premier homme s'appelait Adam et la première femme Eve ; s'ils parlent du combat de Lucifer et des embûches qu'il tend sans cesse aux hommes ; s'ils connaissaient le déluge et la restauration du genre humain ; s'ils nomment Noé un second Adam, il est évident qu'ils sont redevables de toute cette doctrine en partie au Christianisme, quoique, à bien des égards, ils l'aient défigurée.
Les Perses enseignent que (...) Zoroastre est né de l'inspection des astres ; (...) que le roi qui régnait alors, dans la crainte de se voir détrôner un jour par un enfant nouveau-né, avait donné ordre qu'on massacrât toutes les femmes enceintes ; que les parents de cet enfant l'avaient perdu et le cherchèrent avec beaucoup d'anxiété ; (...) ils recommandent le pardon et l'oubli des injures : assurément toute cette doctrine leur vient de l'Evangile.
II – Zoroastre est la même personne que Moïse
(...) l'histoire de Zoroastre et les préceptes qu'il a laissé, et que leurs ancêtres leur ont transmis bien avant la naissance de Jésus-Christ, leur vient également d'ailleurs, ce n'est pas chez eux que ces doctrines ont commencé ; Ils vénèrent Zoroastre comme leur législateur, le réformateur de leur doctrine et de leur religion, comme celui qui leur a donné de sages règles de conduite. On n'est pas d'accord sur l'origine de ce personnage ; l'opinion des savants est très variée. (...). Moi, j'ai une autre opinion, je ne manque pas de bonnes raisons d'affirmer que c'est Moïse. On n'est pas d'accord sur l'époque où aurait vécu Zoroastre ; on lui en a assigné de si différentes, que ce fait suffit pour prouver qu'on ne sait rien de vrai à cet égard. (...).
De toutes ces opinions si diverses, je conclus que Zoroastre n'est qu'un être imaginaire ; que si c'est la même personne que Moïse, il est tellement défiguré et rendu méconnaissable, qu'on ne peut rien déterminer.
(...) Au reste, personne n'a dit vrai, ni ceux qui veulent qu'il n'y ait eu qu'un seul Zoroastre, mais le font vivre trop tôt ou trop tard, ni ceux qui en admettent plusieurs. Ils se sont tous trompés, parce qu'ils n'ont pas su que Zoroastre était la même personne que Moïse. (...)
Zoroastre a ri en venant au monde ; c'est Moïse paraissant beau à sa mère au moment de sa naissance ; l'arabe traduit ce passage par ces mots : Riant avec beauté (...).
Zoroastre eut pour maître Azonace : déja nous avons vu qu'Azonace était un des noms de Moïse (...).
Les Perses appellent Zoroastre Zardust . (...) Les Perses traduisent Zardust par ces mots, ami du feu, et disent que ce nom lui vient de ce que sa mère, lorsqu'elle le portait encore dans son sein, vit le ciel en feu et répandant au loin une clarté rougeâtre. On explique ce nom de Zoroastre par une autre raison, c'est que Zoroastre lui-même a vu Dieu au milieu des flammes, et qu'il a apporté le feu du ciel sur la terre. Il est facile de faire à Moïse toutes ces applications ; il a vu Dieu au milieu d'un buisson tout en feu, il a eu des entretiens avec lui sur le mont Horeb, au milieu des éclairs et du tonnerre, et sa figure était brillante, toute éblouissante chaque fois qu'il descendait.
Zoroastre (...) se plongea dans un vase qui contenait de l'argent fondu, d'après l'ordre d'un roi de Perse, qui voulait savoir par cette expérience s'il était agréable à Dieu, et qu'il en sortit sain et sauf. On lit dans les Annales d'Alexandrie (...) que Nemrod (...) voyant du feu sortir de la terre, il s'en approcha et l'adora ; que depuis ce temps il fonda le culte du feu, en établit pour chef Andeschane, et que ce dernier parla au Diable au milieu du feu. (...) quelques écrivains ont cru voir Zoroastre dans Nemrod. Saïd dit qu'il était son contemporain (...). Ce feu qu'il voit et qu'il adore, ce diable qui lui parle au milieu du feu, tout cela est certainement emprunté à l'histoire de Moïse, et prouve que Zoroastre n'est pas autre personne que lui.
Il y en a qui ont cru que le nom de Zoroastre était Mog, d'où l'on aurait fait Magus. Magus aurait donné son nom aux Mages, dont la doctrine était appelée magagistie, ou magichagistie (...) le mot est formé de deux mots grecs (signifiant) religion des mages. (...) il est probable que ces noms de Mog et Mage vienne du nom de Moïse. (...) J'ai dit que le nom de mage a été donné aux disciples de Mage ; ce nom est aussi celui des disciples de Zoroastre. (...)
Pline, dans l'énumération qu'il fait des plus célèbres magiciens, compte Moïse et Zoroastre (liv. XXX,c. 1). Laërce dit que les Juifs étaient disciples des mages ; serait-ce parce qu'ils étaient originaires de Chaldée, ou bien parce qu'ils avaient eu pour législateur Moïse qui passait pour un mage célèbre ? (...)
Les Perses disent que Dieu a révélé à Zoroastre les mystères de la création ; qu'il a eu le don de prédire l'avenir et la connaissance de plusieurs sciences qu'il ne pouvait dévoiler. S. Justin dit qu'il a parlé de l'origine du monde, et qu'il a écrit sur l'astrologie ; Suidas lui attribue cinq livres sur cette science. Moïse a aussi écrit cinq livres où il rapporte la création du monde et fait plusieurs prophéties ; outre les lois qu'il nous a laissées (..).
(...) Zoroastre avaient reconnu deux principes de toutes choses, la lumière et les ténèbres, ou Dieu et le diable ; que Zoroastre avait corrigé cette doctrine, en enseignant que Dieu était plus ancien que le lumière et les ténèbres, qu'il n'y en avait qu'un, et qu'il était le créateur de la lumière, des ténèbres, et du monde formé par la combinaison de ces deux éléments. (...)
(...) Zoroastre (...) a prédit aux Perses la venue du Messie, et que c'est cette prédiction qui a amené les mages auprès du berceau de Jésus-Christ (...).
Toute cette histoire s'applique aisément à Moïse, qui a appris à ses contemporains et laissé par écrit pour les siècles à venir que le monde avait été créé par le Seigneur qui a créé toutes choses, et qui commence son récit en parlant de la lumière et des ténèbres. (...) Moïse a prédit la venue du Messie (...) ; il est possible que les mages qui vinrent adorer Jésus-Christ, et qui avaient des indications particulières, aient appris par les livres de Moïse le pays et l'époque où le Messie devait naître. (...)
On dit que Zoroastre, fuyant en Perse, fit geler un fleuve qui lui barrait le passage. Cette fable fait allusion au passage miraculeux des Hébreux à travers la mer Rouge.
Moïse fait jaillir de l'eau d'un rocher en frappant dessus avec sa baguette ; les Perses ont dénaturé ce fait en disant que Zoroastre consacra au dieu Mithra une caverne d'où jaillissait une source d'eau.
(...) Zoroastre avait tant d'amour pour la sagesse et la vertu, que, pour éviter la société des méchants, il s'était retiré sur une montagne qui s’enflamma par le feu du ciel (...). Le discours des Perses modernes est à peu près semblable. Ils disent que Zoroastre (...) cherchant un jour à se retirer dans un endroit solitaire, il fut enlevé au ciel ; qu'il y vit Dieu au milieu des flammes ; ce n'était pas avec les yeux de son corps qu'il l'avait vu, ils en eussent été trop éblouis, mais par l'intermédiaire d'un ange ; qu'il reçut de la main de Dieu un livre de loi appelé Zundavastaw, et qu'il avait rapporté le feu du ciel sur terre. Les Perses avaient sans doute appris que Moïse faisait paître un jour ses troupeaux près du mont Horeb, en Arabie, y vit un buisson en feu, et reconnaissant que le Seigneur y était, il se cacha le visage parce qu’il n'osait regarder Dieu. Ils savaient que Dieu lui avait parlé sur cette montagne face à face, au milieu des flammes ; que Moïse avait reçu sa loi au milieu des éclairs et du tonnerre (...).
(...) d'autres disent (que Zoroastre) disparut de la terre, ce qui a fait croire aux Perses (...) qu'il avait été enlevé au ciel ; on a prétendu qu'il était caché dans un cercueil que le hasard a fait découvrir près de Bagdad ; et que les anges l'en avaient enlevé. Qui ne reconnaîtra dans tous ces récits une allusion à l'incertitude sur l'endroit de la sépulture de Moïse ?
Zoroastre a vécu vingt ans avec un fromage si bien conservé qu'il ne sentait pas la moisissure. Cette fable fait allusion à la manne qui nourrit les Israélites dans le désert ; au jeune de Moïse durant les quarante jours et les quarante nuits qu'il passa dans la montagne, et à ce qui est rapporté des habits des Israélites qui ne s'usèrent pas pendant quarante ans.
Les lois de Zoroastre et de Moïse ont plusieurs points de ressemblance. Zoroastre défend de convoiter injustement le bien d'autrui ; les lois de Moïse font la même défense.
Zoroastre demande qu'on soit zélé pour sa loi. Moïse fait la même recommandation.
Zoroastre fait la distinction entre nourritures pures et impures, comme Moïse ; (...)
Tous les deux ont prescrit le pardon des injures.
Zoroastre défend à son grand-prêtre d'avoir commerce avec sa femme quand elle est dans son temps accoutumé ; Moïse étend cette défense à tous les Israélites. Tous deux veulent que les femmes s'éloignent de la société des hommes durant le temps de leurs infirmités.
Les Perses ne mangent pas la chair du porc. Elle est aussi défendue aux Israélites.
Les Perses ne peuvent avoir de statues, pas plus que les Hébreux.
(...) Zoroastre a prescrit (...) d'entretenir perpétuellement le feu qu'il a apporté du ciel
(...). Or ce culte du feu n'a pas commencé chez les Perses, il vient de Chaldée ou d'ailleurs. (...) Moïse avait aussi ordonné d'entretenir le feu perpétuel.
(...)
Ce qui prouve que les Perses ont attribué à Zoroastre plusieurs traits de la vie de Moïse (...).
J'ai prouvé clairement que Zoroastre n'est autre que Moïse ; que toute la religion des Perses est puisée dans les livres de Moïse : il en résulte que j'ai établi jusqu'à l'évidence l'antiquité de Moïse.
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La "Poutre de Gloire" - église de Lampaul-Guimiliau – Finistère - France
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