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Accueil du site > Actualités > Santé > Bref ! J’ai déremboursé la chirurgie...

Bref ! J’ai déremboursé la chirurgie...

Le reste à charge augmente pour les patients en chirurgie ? C'est vrai.

La responsabilité en incombe aux chirurgiens, comme le prétend la sécu ? C'est faux.

Démonstration chiffrée.

Bref, j’ai déremboursé la chirurgie…

 ( La version VIDEO du texte qui suit derrière le lien )

 
Propos libres de Frédéric Van ROEKEGHEM, directeur de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie :

« Quand je dérembourse brutalement les médicaments non vitaux, je ne dis pas que je dérembourse les médicaments non vitaux, je dis que je vais continuer à rembourser les médicaments vitaux.

Mais personne n’est dupe : le déremboursement met de plus en plus de produits à la charge du patient ou de sa complémentaire. Alors, j’ai tout le monde contre moi :

  • Les associations de patients
  • Les syndicats de salariés
  • Les médecins

Quand je dérembourse les médicaments j’ai le mauvais rôle, je suis le mal aimé, le casseur de sécu.

Alors, pour dérembourser la chirurgie, j’ai trouvé mieux : Le déremboursement rampant.

Au lieu de baisser brutalement le tarif de remboursement des opérations, il suffit de bloquer ce prix pendant des dizaines d’années et de laisser agir l’inflation. Pour compenser, on donne aux chirurgiens la possibilité de facturer des dépassements à la charge du patient ou de sa complémentaire.

Pendant 25 ans, mes prédécesseurs ont été de très bon dérembourseurs :

  • 29 mai 1980 signature de la 3° convention médicale, la pose d’une prothèse de hanche est à 309€, le quotidien le Monde est vendu 0,38€
  • en 2005, le prix du monde est à 1,20€, il a plus que triplé. Le prix de la PTH s’est effondré : avec moins de 50% d’évolution, il stagne à 460€.

Sur 25 ans le prix du quotidien le Monde a augmenté 4 fois plus vite que la PTH.

Malheureusement, quand j’ai été nommé en 2005, les chirurgiens râlaient si fort que j’ai du concéder un rattrapage de 25%. Heureusement les chirurgiens m’ont fait confiance pour pratiquer en 2 paliers :

  • J’ai augmenté de 12,5 % au premier palier…
  • Mais j’ai diminué de 6,5 % au deuxième palier !

En définitive avec un prix à 490€, j’ai réussi à ramener l’augmentation réelle à 6%. Il n’y a que les chirurgiens qui l’ont remarqué.

De 2005 à aujourd’hui le prix du quotidien le Monde est passé de 1,20€ à 1,50€, 25% d’augmentation. Pour la chirurgie je n’ai accordé aucune augmentation, et j’ai prévu qu’il en serait ainsi jusqu’en 2016.

Quand je dérembourse la chirurgie, je ne dis pas que je dérembourse la chirurgie je dis que les chirurgiens augmentent leur dépassements.

J’ai juste à souffler de temps en temps sur les braises pour entretenir le mécontentement du à ces dépassements.

Et les médias amplifieront sans chercher à comprendre…

  • A longueur d’année la qualité de la chirurgie est évaluée.
  • Mais heureusement pour moi personne n’évalue le coût de cette qualité aux normes de 2011.
  • Et donc personne, et surtout pas l’IGAS, n’évalue mes tarifs de remboursement qui datent de 1980.

Tous, hypnotisés par les dépassements, ils me laissent dérembourser en paix.

Les chirurgiens passent pour des voleurs, et ils ont tout le monde contre eux.

En chirurgie, je dérembourse, mais c’est le chirurgien qui passe pour le casseur de sécu !

Et moi, le dérembourseur rampant, je passe pour le Zorro de la santé solidaire.

Le déremboursement rampant, c’est vraiment royal !

Bref ! J’ai déremboursé la chirurgie...

Après les présidentielles, si je reste encore un peu, j’arriverai vraiment à mettre la chirurgie au niveau des lunettes ou des dents. Il y aura un vrai marché pour les complémentaires santé. « 

________________________________________________

PS : En réalité Frédéric Van ROEKEGHEM, directeur de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie n'a jamais tenu ces propos.

Le Dr Xavier GOUYOU BEAUCHAMPS, secrétaire général de l’Union des Chirurgiens de France et du syndicat Le BLOC l’a fait à sa place. Tous les faits et chiffres cités sont rigoureusement exacts et s'appuient sur une documentation dont on aura un aperçu dans la version VIDEO de ce texte.


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11 réactions à cet article    


  • K K 28 octobre 2011 12:52

    Sauf qu’établir le quotidien le monde comme échelle de l’inflation est une manipulation. Si on prend par exemple le prix du Mo de mémoires, on obtient un résultat inverse de ce que vous dites. L’idéal aurait été d’utiliser les chiffres de l’INSEE.

    Sinon, pour votre message, je suis plutôt d’accord avec vous. Il y a bien un déremboursement, mais loin de l’échelle que vous indiquez.


    • Le BLOC Le BLOC 28 octobre 2011 14:09

      Le premier tableau (celui ou un doigt empêche la Prothèse Totale de Hanche de progresser) est une comparaison de la courbe de l’indice INSEE et de celle de la PTH entre 1980 et 2004. Elle est également très parlante. Pour la PTH le terme de courbe est manifestement exagéré.

      Malgré l’évolution des techniques, la chirurgie reste un métier d’artisan. J’ai donc cherché à la  comparer à un autre métier d’artisan. J’aurai volontiers pris la baguette de pain pétrie et cuite par un artisan boulanger mais la boulangerie industrielle d’une part et la grande distribution d’autre part  faussent les repères de prix.

      Des produits  comme de la mémoire informatique ou une imprimante laser ne sont pas des produits artisanaux, et leur prix n’obéit pas aux mêmes contraintes.

      Choisir le quotidien le  Monde comme traceur ne me parait pas être une manipulation : Comme la chirurgie, et malgré l’évolution des techniques,  le Monde reste un journal d’artisan écrit par de vrais journalistes et non pas un journal industriel, simple relai de dépêches d’agence. Il a en plus l’immense avantage d’avoir son prix  écrit dessus au jour le jour. Enfin comme il ne se mange pas, à la différence de la baguette, on peut le retrouver des années après sous forme papier ou numérique. Je n’ai pas trouvé meilleur traceur.

      Cordialement.

      Xavier GOUYOU BEAUCHAMPS


      • Karash 29 octobre 2011 20:44

        Bonjour,

        La comparaison du commentateur précédent avec la mémoire, si elle est ( volontairement) un peu exagérée, soulève quand même une bonne question :
        Avec l’amortissement de la technologie, le prix des prothèses n’aurait-il pas du diminuer ?

        On peut imaginer plusieurs réponses :
        La technologie des prothèses évolue, donc le prix également
        Le prix d’une prothèse ne représente qu’une petite partie du coup total de la pose.

        On peut reprocher à ce montage de ne pas nous indiquer de lien vers une démonstration plus robuste, avec notamment l’évolution du coup des prothèses, du coup du personnel, des assurances, ou la somme de tous ces couts et comparer à la hausse des dépassements d’honoraires.

        Néanmoins, on peut dire que c’est un bon début ;)

        Cordialement,


      • Le BLOC Le BLOC 6 novembre 2011 07:23

        Le prix indiqué est uniquement celui du travail médical, c’est-à-dire la prise en charge du patient de la veille de l’intervention au 15° jour post-opératoire, incluant bien sûr l’intervention elle-même. Mais pas le prix de la prothèse qui a une facturation à part, avec un tarif qui est fixé par l’assurance maladie selon le type d’implant.

        Le coût du personnel a suivi celui de la courbe des salaires,  (un peu plus, avec une augmentation de la qualification  des aides )

        Une autre vidéo vous donne l’évolution comparée du prix des assurances (qui s’envole) derrière ce lien  : prothèse de hanche et dépassements

        Cordialement

        XGB


      • mbdx33 mbdx33 28 octobre 2011 15:53

        Ce que vous décrivez n’est pas étonnant, même si vous avez raison de le faire.

        On y voit clairement le mécanisme actuel du « déremboursement », il y a d’autres secteurs malheureusement où ce la se produit. Votre perte de niveau de vie (que je ne remet pas en cause, je ne me permettrai pas) est aussi celle de millions de salariés.

        Un exemple les conventions collectives dans les entreprises établissaient des échelles de salaires minimum avec des systèmes de points (valeur du point fois x montant du smic horaire x nombre heures mensuelles = salaire minimum du poste).

        En laissant le MEDEF (anciennnement CNPF) geler les négociations annuelles paritaires sur la fixation des valeurs de point, les gouvernements les ont laissé faire complaisamment . Bilan : Depuis les années 80, les échelles de salaires dans les entreprises se sont réduites puisqu’elles ne sont plus indéxées sur le smic.

        La négociation ne se fait plus par branche au niveau national, mais entreprise par entreprise. ce qui est une abérration, puisque contraire aux fondements des conventions collectives ( qui fixent par extension du code du travail les modalités du travail dans un secteur d’activité donné).

        Depuis 2000, le passage à 35 heures n’a rien arrangé, négociation d’entreprise, gel de salaire, productivité accrue, ...

        On est bien sur un phénomène de paupérisation de ceux qui travaillent et produisent de la richesse, au profit de ceux qui spéculent.

        Et les politiques qui se sont succédés ont savamment entretenu la division afin d’échapper à leurs responsabilités.


        • Le BLOC Le BLOC 6 novembre 2011 07:27

          Ce qui se passe sur le tarif de remboursement des interventions n’est effectivement pas un cas isolé,  et ce triste privilège est largement partagé dans d’autre secteurs d’activité.

          Cordialement

          XGB


        • louviellas louviellas 28 octobre 2011 16:52

          @ mbdx33

          "Un exemple les conventions collectives dans les entreprises établissaient des échelles de salaires minimum avec des systèmes de points (valeur du point fois x montant du smic horaire x nombre heures mensuelles = salaire minimum du poste)."

          Un système de calcul plus simple avait été adopté dans un grand nombre d’entreprises du secteur tertiaire, où le salaire de base était calculé ainsi :
          (valeur du point x coefficient d’embauche = SMIC).

          Pour ne parler que de ce que je connais de ces entreprises, l’embauche qui se faisait à 100 points en 1970 en équivalent SMIC se fait aujourd’hui à 175 points, ce qui était 40 ans auparavant le coefficient d’emploi d’un cadre chef de division.

          Cherchez l’erreur et ne butez pas sur le terme paupérisation.


          • mbdx33 mbdx33 28 octobre 2011 18:14

            @louveillas

            Ce que vous dites est exact mais c’était conventionnel puisque les salaires ne devaient pas être en dessous du smic donc oui pour le salaire minima :

            (valeur du point x coefficient d’embauche = SMIC)

            pour le reste de l’echelle c’était :

            (valeur du point x montant du smic horaire x nombre heures mensuelles = salaire minimum du poste)

            ou valeur du point x coef = salaire

            pour votre comparaison :

            (valeur du point x coefficient d’embauche = SMIC)

            en 70 coef 100 * 3.27 = 327€ soit 2145 francs

            2011 coef 175 * 9 = 1575€ soit 10333 francs

            (des smicards à 1500€ par mois je n’en connais pas le smic c’est 9 x 151.67 = 1365 € bruts)

            donc le coeff correspondant serait 151/152.

            Je vous laisse chercher le prix du monde 1970 et faire la différence. C’est bien de paupérisation dont on peut parler.


          • Le BLOC Le BLOC 6 novembre 2011 07:30

            Prix du monde le 22 juillet 1969, premiers pas sur la lune : 0,50F

            xgb


          • foufouille foufouille 28 octobre 2011 18:20

            sauf que un chirurgien est paye 6000 en public et 10000 dans le prive


            • Le BLOC Le BLOC 6 novembre 2011 19:01

              Ce n’est pas si simple…

              J’avais fait un comparatif en 2004 derrière ce lien entre revenu libéraux et hospitalier . (autre lien)

              Les données seraient bien sûr à réactualiser. Le revenu des chirurgiens secteur 1 à tarif sécu,( il en reste moins de 20 % ) repose uniquement sur le tarif de remboursement sécu.

              Par ailleurs quelques chiffres à méditer, tirés du rapport parlementaire de deux chirurgiens hospitaliers, Jacques Domergue et Henri Guidicelli : « La productivité chirurgicale est très inégale dans les deux secteurs d’activité. L’activité opératoire moyenne d’un chirurgien public est de 24 000 Kc par mois alors que l’activité moyenne d’un chirurgien privé est de 60 000 Kc. Certes on peut imaginer qu’il ne s’agit pas tout à fait du même type de chirurgie mais le Kc opératoire moyen en public n’est que de 10% supérieur au Kc moyen du secteur privé. » (page 37 de ce rapport )

              Cordialement

              XGB

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