Cette chimie qui nous tue à petit feu
On ne la voit pas. On ne la sent pas et pourtant, insidieuse, elle est partout, dans notre environnement, mais aussi dans nos organismes, avec comme horizon, au-delà des risques de cancer, un risque d’altération génétique. Depuis le début du XXe siècle, l’utilisation de produits chimiques a explosé. A ce jour, on estime à cent mille le nombre de substances utilisées dans des domaines aussi divers que l’agriculture, la cosmétologie, les produits ménagers...

La campagne de tests sanguins menée par le WWF en 2005 a confirmé la présence de pas moins de 55 agents chimiques dans les organismes des ministres européens de l’environnement.
Parallèlement, aux Etats-Unis, une agence fédérale, le CDC (Center for Disease Control) a révélé que 5% des adultes vivant aux USA présentent dans leur urine, outre une multitude de produits chimiques, des niveaux préoccupants de cadmium, substance toxique notoire.
Ainsi, la pollution chimique pourrait être à l’origine, au cours des vingt dernières années, de l’augmentation substantielle des cancers (+63%) et de son pendant, la chute de la fertilité (-50%). Les endocrinologues français poussent un cri d’alarme face à la multiplication des naissances avec des malformations génitales. Ils tiennent à rappeler les conséquences de l’accumulation, notamment dans les tissus graisseux, des substances chimiques de la vie fœtale à la vie adulte.
C’est dans ce contexte que le Parlement européen vient d’adopter la directive REACH. Derrière le sigle se trouve un texte qui vise à instaurer un système d’évaluation de la toxicité et d’autorisation d’utilisation de certaines substances chimiques.
Sous l’influence de l’industrie chimique, qui n’a pas hésité à “investir” dix millions de dollars en lobbying, le texte final peut apparaître comme une version light. Il représente pourtant une première avancée dans le sens d’un progrès sanitaire. Dans la situation économique actuelle, particulièrement concurrentielle, où la compétitivité est souvent acquise au détriment de l’environnement, il faut, reconnaissons-le, un certain courage politique pour adopter des mesures contre un secteur qui emploie cinq millions de personnes en Europe.
Et puis, un premier pas est naturellement appelé à être suivi d’un deuxième. Rendre public le sujet, sensibiliser les populations, cela doit permettre demain de donner à REACH un acte II.
Le saturnisme a contribué à la disparition de la civilisation romaine. Les proportions et la dangerosité de la contamination chimique d’aujourd’hui, ses conséquences en termes de fertilité et de cancers, qui sont une forme d’altération génétique, sont une menace à terme pour l’espèce humaine.
Il appartient à tout un chacun de prendre sa part de responsabilité comme décideur, consommateur, parent et/ou citoyen, pour ne pas que l’homme devienne, dans l’indifférence générale, le plus commun des OGM.
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