• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Santé > Coronavirus, l’enjeu humain d’une semaine de délai

Coronavirus, l’enjeu humain d’une semaine de délai

Combien de morts supplémentaires coûterait à la France une semaine de délai avant la mise en place d’une stratégie de confinement à l’italienne  ? Une étude médicale américaine du précédent chinois permet de l’évaluer.

Les résultats sont impressionnants. Car l’estimation moyenne en cas de retard d’une semaine est de l’ordre de 20 000 morts supplémentaires.

Emmanuel Macron est aujourd’hui seul. Devant sa responsabilité et devant l’Histoire.

Voici un article très instructif du Journal of the American Medical Association, qui contient notamment ce graphique assez parlant du nombre de nouvelles contaminations survenues / respectivement détectées en Chine.

Lien vers l’image originale en vraie grandeur

L’intérêt majeur est de permettre une évaluation du nombre de décès « au mieux » en France du fait de l’épidémie de Covid-19, c’est-à-dire au cas où Emmanuel Macron annoncerait dès ce soir une politique de confinement similaire à celle de l’Italie acceptant un coût économique lourd afin de réussir à stopper l’épidémie. Et aussi d’estimer par rapport à ce « moins pire des cas » le coût d’une semaine supplémentaire.

Les résultats des calculs sont pour le moins impressionnants :

  • Nombre de décès en France dans l’hypothèse « au mieux » = 1 500 à 6 400, scénario moyen 3 900
  • Coût d’une semaine de délai = 6 000 à 38 000, scénario moyen 20 000. Ceci sans tenir compte de l’engorgement inévitable des unités de soins intensifs qui ne pourra qu’aggraver les dégâts

Démonstration

Le graphique de l’article permet notamment de clarifier deux points

  • Le nombre quotidien de nouvelles contaminations a commencé presque immédiatement à plafonner après la décision chinoise le 23 janvier de placer l’agglomération de Wuhan en quarantaine avec confinement et de fermer 15 autres villes de la même province du Hubei. L’effet de plafonnement des nouvelles contaminations démarre à J + 1 jour soit le 24 janvier
  • Le nombre quotidien de nouveaux cas détectés a plafonné le 4 février, soit 11 jours après le plafonnement du nombre quotidien de nouvelles contaminations, c’est-à-dire finalement J + 12 jours après les décisions de confinement généralisé

Ces deux points permettent d’évaluer deux scénarios différents, (1) celui où le Président de la République annoncerait ce soir la mise en place d’une politique de confinement maximal de la population française à l’exception des seuls services indispensables à la continuité de la vie du pays tels alimentation et pharmacie, et (2) celui où cette politique ne serait mise en place que une semaine plus tard

Politique à l’italienne dès ce soir 12 mars

Si Emmanuel Macron devait annoncer ce soir 12 mars une décision de confinement généralisé en France similaire à celle de l’Italie lundi dernier, il faudrait s’attendre à ce que le nombre de nouveaux cas détectés commence à plafonner à J + 12 jours comme dans l’expérience chinoise, c’est-à-dire vers le 24 mars.

En imaginant une progression des contaminations détectées similaire à l’exemple chinois dans l’intervalle soit +18% par jour en moyenne, on arriverait à cette date du 24 mars aux alentours de 20 000 contaminations détectées – mais 51 000 dans un scénario moins favorable avec une augmentation de +27% par jour comme en France dans la moyenne des trois derniers jours, et 84 000 dans un scénario pessimiste avec une augmentation de +32% comme dans la moyenne des six derniers jours. C’est seulement à ce moment que la pente de l’augmentation des contaminations commencerait à baisser et que le nombre des contaminations entrerait progressivement dans une phase asymptotique, c’est-à-dire vers sa valeur finale.

Or le 4 février, lorsque la pente du nombre des contaminations a commencé à y baisser, la Chine avait détecté 24 000 contaminations, et son asymptote l’amène aux environs de 81 000 au final, soit environ 3,3 fois plus. Une phase asymptotique comparable amènerait donc la France aux environs de 66 000 contaminations au final – mais respectivement 170 000 et 280 000 au final avec l’hypothèse modérément pessimiste, et l’hypothèse plus pessimiste sur la croissance des douze prochains jours

A supposer qu’un effort héroïque de l’ensemble des services de santé français permette de prendre en charge l’ensemble des malades avec un niveau optimal de soins malgré l’augmentation explosive de leur nombre – c’est-à-dire sans le crève-cœur pour les médecins d’avoir à choisir parmi ceux qu’on aurait une bonne chance de sauver ceux pour qui on n’essaiera même pas parce qu’on n’en a plus les moyens – le taux de 2,3% de décès issu de l’expérience chinoise mènerait au final à environ 1 500 décès dans le scénario le plus optimiste – et respectivement 3 900 et 6 400 décès avec l’hypothèse moyenne et avec la plus pessimiste

Politique à l’italienne pas avant une semaine le 19 mars

Si la décision prise par la Chine le 23 janvier et par l’Italie le 9 mars n’était pas prise pour la France ce soir mais une semaine plus tard, alors en supposant dans l’intervalle une croissance quotidienne de +27% par jour comme en France durant les trois derniers jours, l’ensemble des chiffres serait multiplié par environ 5. Dans le cas d’une croissance quotidienne de +32% comme durant les six derniers jours, les chiffres seraient multipliés environ par 7.

L’enjeu humain d’une semaine de délai à ce stade, c’est-à-dire le nombre de morts supplémentaires au final à attendre si la priorité absolue était donnée à la lutte contre Covid-19 une semaine plus tard que ce soir 12 mars, peut donc être estimé dans un scénario relativement favorable sur la progression de l’épidémie entre 12 et 19 mars à (5 - 1) = 4 fois les chiffres précités. Et à (7 - 1) = 6 fois les chiffres précités dans un scénario relativement défavorable.

Soit en combinant les hypothèses optimistes un minimum de 1 500 * 4 = 6 000 vies. Et en combinant les hypothèses pessimistes un maximum de 6 400 * 6 = 38 000 vies. On obtiendra en combinant les hypothèses intermédiaires une évaluation moyenne de 3 900 * 5 = 20 000 vies.

Ceci sans compter l’augmentation du taux de mortalité dû à un débordement alors inévitable des capacités des unités de soins intensifs.

Rappelons que selon le retour d’expérience chinois 6% des malades du coronavirus ont besoin de soins intensifs, que la France ne compte que 5 500 lits de soins intensifs environ, qui sont déjà en tension et qu’un malade du coronavirus mobilisera au moins trois semaines. Il est assez facile de se rendre compte qu’un report de la politique italienne d’une semaine, avec même dans le scénario le plus optimiste un total de 66 000 * 5 = 330 000 contaminations, serait reçu par les unités de soins intensifs comme un tsunami. Elles ne pourraient que passer en « médecine de catastrophe » en ne soignant qu’une partie des malades qu’elles auraient pu prendre en charge en temps normal. D’où une montée en flèche du taux de mortalité au-delà du 2,3% observé en Chine - l’Italie est par exemple aujourd’hui au-delà de 6%.

La décision d’Emmanuel Macron

La convocation impromptue d’un conseil de défense en milieu de journée ce 12 mars peut donner quelque espoir que le président pourrait avoir décidé d’un changement de direction et soit en train d’ordonner de le mettre en musique, avant de réviser son annonce de ce soir en fonction.

Il est certain que l’option "italienne" a déjà été envisagée. L’ancien premier ministre italien Matteo Renzi appelait ce matin la France à "ne pas perdre de temps". Et Emmanuel Macron s’est nécessairement déjà rendu compte que les événements pourraient lui forcer la main, si la situation dans la région Grand Est aujourd’hui la plus touchée devenait d’ici quelque temps aussi hors de contrôle qu’elle l’était en Lombardie le week-end dernier.

Même si le président ne devait pas décider ce soir de mobiliser le pays dans la bataille contre le virus, il y a fort à parier qu’il réévaluera chaque jour cette décision.

Et il ne maintiendra sa décision à ce jour de tenter de "ne pas mettre sous cloche" le pays que s’il continue à penser qu’il y a une bonne chance de pouvoir vraiment l’éviter, pas simplement la décaler d’une semaine ou de dix jours et s’y trouver contraint en définitive, mais avec des pertes humaines incomparablement supérieures.

Emmanuel Macron est aujourd’hui seul, devant sa responsabilité et devant l’Histoire.

Le Général de Gaulle l’avait dit : « Toujours le chef est seul en face du mauvais destin  »

Toujours_le_chef_est_seul.jpg


Moyenne des avis sur cet article :  3/5   (10 votes)




Réagissez à l'article

13 réactions à cet article    


  • BA 12 mars 2020 18:42

    Jeudi 12 mars 2020 :


    Pour la première fois, le gouvernement français refuse de faire le point quotidien concernant le nombre des morts du coronavirus, ainsi que le nombre des personnes contaminées.


    Pour ne pas provoquer de panique en France, le gouvernement a ordonné au professeur Jérôme Salomon, Directeur général de la Santé, de ne pas faire son point quotidien sur les morts et les personnes contaminées par le coronavirus.


    « il n’y aura pas, ce soir, de point quotidien au ministère de la Santé, comme c’était le cas jusqu’ici. Santé publique France n’a pas non plus actualisé son bilan quotidien. »


    https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/direct-coronavirus-les-etats-unis-ferment-leurs-frontieres-aux-europeens_3862735.html


    • Et hop ! Et hop ! 13 mars 2020 12:48

      @BA : «  Pour ne pas provoquer de panique en France, le gouvernement... »

      Une panique peur être beaucoup plus dangereuse et faire beaucoup plus de morts qu’une épidémie en désorganisant la société, les services publics, le ravitaillement.


    • cétacose2 12 mars 2020 20:44

      Tout est bien orchestré . Le conovirus va éliminer tous les vieux et ainsi le problème des retraites sera provisoirement réglé ; et en plus les maisons de retraites seront transformées en centres d’accueil et de loisirs pour migrants....


      • troletbuse troletbuse 13 mars 2020 10:16

        Devinette :

        Savez vous pourquoi les écoles ne seront fermées que lundi et pas aujourd’hui ?

        Parce qu’aujourd’hui, on est un vendredi 13. Alors on ne risque rien avec le coronavirus.  smiley


        • Gérard Dahan Gérard Dahan 13 mars 2020 13:18

          C’est une extrapolation intéressante, mais je ne suis pas sur que la transmission des chiffres chinois puisse être appliquée aux conditions françaises.
          Cela demanderait que les systèmes de détection soient comparables ainsi que les systèmes de santé... Par ailleurs, 2 mois plus tard que la décision chinoise, la connaissance du virus est-elle identique ?


          • SamAgora95 SamAgora95 13 mars 2020 13:58

            Allez mettre le nez dehors, il n y a rien ! 

            Leur virus c’est du pipo !

            Des hôpitaux surchargés pour 10 patients de plus, hallucinant de bêtises !

            Rassemblement de plus de 100 personnes interdits, mais on laisse encore les gents... pardon les gueux prendre les transports en commun !

            On peut vraiment nous faire avaler n’importe quoi !

            C’est un simple épisode grippale ! qu’on essaie de transformer en contagion apocalyptique ! Pourtant les données en provenance d’Asie sont clairs ! Cette épisode est insignifiant et s’essouffle rapidement en faisant un minimum de victime.

            Il est donc moins virulent que la grippe saisonnière.


            • pemile pemile 13 mars 2020 14:09

              @SamAgora95 « Allez mettre le nez dehors, il n y a rien ! Leur virus c’est du pipo ! »

              C’est des malins les fans de Dieudo ! smiley


            • SamAgora95 SamAgora95 13 mars 2020 14:38

              @pemile

              Pour ceux qui ont besoin des points sur le ’i’ , allez mettre le nez dehors signifie :

               1 / Sortez (physiquement) et voyer si les gents sont paniqués, si vous voyez de gents tousser à tous les coins de rue, etc... comme dans une vraie pandémie.

              2 / Allez faire un tour dans les hôpitaux et voyez par vous même si ils ressemblent à des campements militaires de soins d’urgence.

              3 / Demandez aux personnes de votre entourage s’ils souffrent ou connaissent quelqu’un qui a chopé ce fameux virus.

              Faites ça ! et vous vous rendrez compte que nous sommes dans une contagion imaginaire fabriquée de toute pièce.


            • JC_Lavau JC_Lavau 13 mars 2020 18:08

              @SamAgora95. Baratin standard des esprits anti-analytiques et anti-instruits : « Ma sensorialité immédiate sait tout sans avoir rien appris ! A mort ceux qui se sont informés davantage que moi ! ».


            • BA 13 mars 2020 15:03

              Un article très important :


              Coronavirus : la France n’a pas encore pris la mesure du danger.


              Journalistes français en Italie : « Pour que la France prenne enfin la mesure du danger. »


              Journalistes en Italie pour des médias français et francophones, nous couvrons depuis le début la crise épidémique du coronavirus dans la péninsule. Nous avons pu constater la progression fulgurante de la maladie et avons recueilli les témoignages du personnel de santé italien. Beaucoup nous font part de la situation tragique dans les hôpitaux, les services de thérapie intensive saturés, le triage des patients, ceux – les plus faibles – que l’on sacrifie faute de respirateurs artificiels suffisants.


              Par conséquent, nous considérons qu’il est de notre responsabilité d’adresser un message aux autorités publiques françaises et européennes pour qu’elles prennent enfin la mesure du danger.


              Tous, nous observons en effet un décalage spectaculaire entre la situation à laquelle nous assistons quotidiennement dans la péninsule et le manque de préparation de l’opinion publique française à un scénario, admis par l’énorme majorité des experts scientifiques, de propagation importante, si ce n’est massive, du coronavirus.


              Hors d’Italie aussi, il n’y a plus de temps à perdre. Nous estimons qu’il est de notre devoir de sensibiliser la population française.


              Souvent, les retours qui nous arrivent de France montrent qu’une grande partie de nos compatriotes n’a pas changé ses habitudes. Ils pensent qu’ils ne sont pas menacés, surtout lorsqu’ils sont jeunes.


              Or, l’Italie commence à avoir des cas critiques relevant de la réanimation dans la tranche d’âge 40-45 ans. Le cas le plus éclatant est celui de Mattia, 38 ans, sportif et pourtant à peine sorti de dix-huit jours de thérapie intensive. Il est le premier cas de Codogno, fin février, au cœur de la zone rouge dans le sud de la Lombardie.


              Par ailleurs, certains Français n’ont pas conscience qu’en cas de pathologie grave, autre que le coronavirus, ils ne seront pas pris en charge correctement faute de places, comme c’est le cas en Italie depuis plusieurs jours. Soulignons aussi que le système sanitaire impacté aujourd’hui est celui du Nord, soit le meilleur d’Italie, un des meilleurs en Europe.


              La France doit tirer les leçons de l’expérience italienne.


              https://www.liberation.fr/planete/2020/03/12/journalistes-francais-en-italie-pour-que-la-france-prenne-enfin-la-mesure-du-danger_1781450


              • SamAgora95 SamAgora95 13 mars 2020 15:37

                @BA
                10 000 cas pour 600 décès, la plupart des personnes âgées diagnostiquées après le décès des suites d’une longue maladie. 

                En somme rien ne diffère cet épisode d’une épidémie de grippe.

                Effectivement là où la France ne doit surtout pas suivre l’exemple Italien, c’est de mettre les gents en quarantaine pour une simple contagion grippale, et participer ainsi à la panique générale et à des angoissent inutiles.


              • troletbuse troletbuse 15 mars 2020 18:10

                A minuit, l’Allemagne ferme ses frontières avec la Suisse, l’Autriche et la FRANCE. Micron doit faire une drôle de gueule, lui qui ne connaît que les frontières de l’europe et de l’ile de Guyane. Espérons que la grosse Bertha va le refouler si il veut aller la voir afin de discuter de la fermeture des frontières européennes comme il l’avait dit lors de son bla-bla de jeudi soir.  smiley


                • caillou14 rita 16 mars 2020 06:58

                  Brigitte que fait on ?

                  Mal barrée la France avec un boulet pareil ?

                  Même les « experts » sont pas d’accord ?

                   smiley

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité