E. Coli : la bactérie se répand-elle en Europe ?
Hier la bactérie faisait une 47ème victime en Allemagne On apprenait aussi que les graines qui seraient la cause des infections dans le sud-ouest de la France viennent d’Italie. Elles ont transité par un acheteur anglais, Thompson et Morgan, puis ont été vendues dans un Jardiland. Elles ont été mises en germination dans la région de Bordeaux.

La situation selon ce que la presse rapporte
L’AFP rapporte les propos de Nacho Parra, directeur de la jardinerie :
« Thompson et Morgan a acheté les graines en cause en Italie, a-t-il rapporté sur la base d’une "fiche de traçabilité". Mais il a fait part de ses "doutes que cette contamination soit venue de ces graines : le mode de culture peut tout changer, selon l’eau utilisée, il se peut qu’il y ait eu un problème d’arrosage", a-t-il dit.
Ces graines ont été germées au centre de loisirs pour la petite enfance de Bègles (Gironde) où elles ont été consommées durant une kermesse le 8 juin par au moins six personnes, sur dix ayant présenté des cas de diarrhée sanglante à Bordeaux au cours des derniers jours. »
Deux nouvelles personnes ont été hospitalisées hier 27 juin. Trois des malades sont infectés par O104 : H4, la même souche qu’en Allemagne, et présentent des diarrhées sanglantes et des complications rénales. Toutes n’auraient pas consommé des graines. Alors d’où vient l’infection ? Ont-elles été en contact avec les personnes atteintes, et si oui, quand ? Une transmission non alimentaire (par contact direct et manque d’hygiène) a-t-elle pu se produire ?
D’autre part est-on certain que les graines étaient contaminées ? Ou est-ce l’eau utilisée sur place qui aurait pu transmettre le germe ? Ou une personne ayant été en contact avec des malades du Nord de la France ou d’Allemagne ? Y a-t-il eu une enquête sur ces questions, et si oui quel en est le résultat ?
On apprend aussi que « L’antenne régionale de l’Institut de veille sanitaire va lancer cette semaine une enquête épidémiologique auprès des quelque 200 participants à cette kermesse ». Cette semaine, c’est-à-dire une dizaine de jours après l’apparition des premiers cas à Bordeaux. Pourquoi attendre si longtemps ? Comment les gens vont-ils se souvenir en détail de ce qu’ils ont mangé ?
Il y a une dizaine de jours dans le nord de la France, des enfants ont été atteints par une autre souche de la bactérie, rare elle aussi. Des steacks hachés vendus chez Lidl ont été mis en cause. Enfin, il y a un faisceau de présomption, et 5 des 7 enfants touchés en avaient consommé. Et les deux autres, comment ont-ils été contaminés ? On parle de boulettes de viande du même producteur pour l’un d’eux. Sur ces 7 enfants, à ce jour deux seulement ont pu regagner leur famille.
Le 23 juin 8 nouveaux enfants ont été hospitalisés en urgence dans la région de Lille. Ils souffrent de maux de ventre et de vomissements.
Hier un autre producteur de viande de Castelnaudary vient de retirer 12 tonnes de steacks hachés après un contrôle positif à l’Escherichia coli en usine.
Dans l’ensemble les informations servies au public restent très floues. Elles donnent l’impression que les responsables sanitaires ne savent pas trop où ils vont.
Et la bactérie ?
Maxiscience livre des résultats de recherches intéressants.
« Une étude publiée mercredi dernier dans le Lancet explique que la bactérie E. coli qui a tué des dizaines de personnes en Allemagne est un mélange génétique dont la dangerosité vient du fait qu’elle résulte de la combinaison de deux souches différentes. »
Il apparaît que la combinaison de deux bactéries proches sont en cause dans la gravité des atteintes, et que les antibiotiques prescrits, auxquelles la bactérie hémorragique est résistante, a aggravé la situation. Ils auraient en effet détruit d’autres bactéries qui auraient pu limiter naturellement la prolifération de Eceh et de Eaec :
« L’étude, publiée dans le Lancet, explique que la virulence de la bactérie est due à la combinaison de deux souches : l’Eceh (E.coli entéro hémorragique), d’une part, l’Eaec (E. coli entéroaggrégatif) d’autre part. La première largue des shiga-toxines, tandis que la seconde colle aux cellules épithéliales qui tapissent l'intestin. La principale différence avec le germe de 2001 est de taille. Cette fois, des gènes, présents au sein de la bactérie, la rendent résistante aux bêtalactamines, une classe d'antibiotiques à laquelle appartiennent les pénicillines et les céphalosporines.
L’utilisation de bétalactamines pourrait donc avoir aggravé la situation en supprimant des germes rivaux, expliquent les scientifiques de l'étude. »
On a déjà vu les souches hémorragiques à l’oeuvre par le passé. Ce n’est donc pas nouveau. Ce qui intrigue dans cet épisode c’est la dissémination des bactéries, qui présentent toutefois de légères différences entre l’Allemagne et celle du nord de la France. Assiste-t-on à des épisodes « normaux » de prolifération passagère ? Auquel cas la simultanéité des infections et les différentes origines géographiques seraient dues au hasard. Ou bien les bactéries suivent-elles des parcours plus propices aux mutations, favorisées par le nombre croissant des échanges, et sont-elles en route pour opérer une mutation à plus grande échelle consécutive aux croisement de souches et à l’usage habituels d’antibiotiques ? S’agit-il simplement de manquement dans la chaîne de l’hygiène alimentaire ?
Comme je m’en suis déjà expliqué je ne suis pas enclin à chercher des pistes dans la direction d’une contamination volontaire et malveillante. Rien jamais ne peut être exclus, mais les raisons biologiques « naturelles » sont déjà nombreuses et il faudra comprendre quelles sont les circonstances qui permettent ces mutations et leur dissémination.
15 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON