Le monde de la Pub se fout de votre santé !
Le ministre de la santé, Xavier Bertrand, mène un
combat contre l’obésité et la « malbouffe » en proposant une démarche
éthique aux annonceurs publicitaires. Il est cependant à craindre que son
action soit entravée, du fait des lobbies hyper puissants du monde publicitaire.
Pour autant, ce type de démarche correspond à une démarche de responsabilité,
dépassant le concept restrictif de la société capitaliste, qui veut qu’une
entreprise adopte une attitude responsable au-delà de la stricte recherche de bénéfices.
On se demande pourquoi il y a encore tant de réticences face à de telles démarches
citoyennes. Alors, si vous pensez, après avoir lu ce qui suit, que cela vaut la
peine de s’impliquer, n’hésitez pas à diffuser cet article, ou à le faire lire à
des amis.
Xavier Bertrand, ministre de la santé, a présenté
un texte en conseil des ministres le 12 octobre 2005, qui impose aux annonceurs
du secteur alimentaire d’accompagner toutes leurs publicités d’un message
sanitaire, afin de mettre en garde les consommateurs sur les risques d’obésité.
Concrètement, les annonceurs auront l’obligation
de rappeler les effets néfastes du grignotage et de préconiser l’exercice
physique. A défaut de s’y plier, le gouvernement prévoit l’instauration d’une
taxe en contrepartie, s’élevant à 1,5% de leurs investissements dans les
campagnes publicitaires. Cette mesure, qui ne concernait au départ que la
télévision, la radio et les actions de promotion, serait en fait étendue à
l’ensemble des médias -presse, cinéma, affichage et Internet.
Le texte, qui sera examiné dans le cadre du débat
sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale, avant la fin de
l’année, pourrait faire l’objet de nombreuses discussions révélant les
contradictions et les ambiguïtés de nos représentants politiques. Certains
députés, comme le socialiste Jean-Marie Le Guen, avaient ainsi proposé, en 2004,
une taxe de 5%. D’autres, en revanche, pourraient vouloir infléchir le
dispositif. Les annonceurs - et les médias - font en effet valoir que les
accords Sarkozy sur la baisse des prix dans la grande distribution les ont
obligés à diminuer leurs budgets publicitaires. C’est en fait l’ensemble du
marché de la communication dans son ensemble qui entend faire pression sur les
parlementaires, pour négocier le retrait de ce dispositif, ou tout au moins
l’alléger.
Ainsi, l’Association nationale des industries
alimentaires (ANIA) a aussitôt dénoncé le dispositif. Son président, Jean-René
Buisson [E1]
, a déclaré que « l’une des conséquences immédiates de ce nouveau texte
serait un nouvel alourdissement important des charges pesant sur notre secteur.
L’instauration de cette taxe de 1,5% sur les dépenses médias de nos
entreprises, le lancement de nouvelles campagnes de publicité dévalorisant nos
produits alimentaires, orchestrées par l’INPES et le ministère de la santé, et
la pression sur la baisse des prix, ne peuvent conduire les consommateurs qu’à
se détourner de nos produits, et engendrer ainsi, une situation de déséquilibre
par rapport à nos concurrents internationaux ». Et les industriels de
l’industrie alimentaire de s’interroger sur « la finalité des actions
menées actuellement par les pouvoirs publics et sur leur volonté pourtant
affichée de favoriser le développement de la première industrie
française ».
A lire ces déclarations, on comprend le fossé qui
sépare le simple consommateur, auquel on impose une augmentation de sa
participation à l’équilibre de la sécurité sociale, et les industriels qui ne
pensent qu’à augmenter leurs bénéfices, sans assumer un tant soit peu les
conséquences sanitaires de la vente de leurs produits. Or, comme l’indique Joël
de Rosnay dans un livre récent - Une vie
en plus - la qualité de l’alimentation a une grande incidence sur la
qualité de notre vie et de notre santé.
Alors, soyons citoyens, saluons l’initiative de
Xavier Bertrand et soutenons-le ... Merci de votre soutien !
[E1]Il est à noter que la nouvelle présidente du Medef, Laurence Parisot, a justement choisi J.R. Buisson pour prendre la vice-présidence de la CNAM en lieu et place de Guillaume Sarkozy. Or la CNAM est censée être enquise des problèmes de santé publique.
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