On a connu en Afrique à cause des conflits et des catastrophes, les migrations des populations. On a connu des réfugiés politiques qui fuient soit des dictateurs, soit des guerres. On a connu ceux qui, frappés par des calamités naturelles, fuient leurs pays pour trouver la sécurité tant humanitaire qu’alimentaire. Cette fois-ci en Afrique et au Cameroun en particulier, on observe un nouvel exode : l’exode sanitaire.
Paul Biya et les dignitaires de sa cour
se font soigner en Occident au grand dam de leurs populations qui crèvent
faute d’hôpitaux, de personnel, et de médicaments. Le spectacle que vit la
gérontocratie au pouvoir au Cameroun est ahurissant : depuis plus de quarante
ans il n’y a pas eu autant d’évacués sanitaires par rapport à ces trois
dernières années. En l’espace de deux mois trois dignitaires nationaux sont
mort en Europe : Justin Ndioro ministre, Andze Tsoungui membre du Conseil
supérieur de la magistrature, enfin Paul Yakana général d’armée.... D’après des
informations classées confidentielles transmises au quai d’Orsay par
l’assistance publique des hôpitaux de Paris, l’Etat du Cameroun doit au trésor
public français la rondouillette somme de 130 milliards de francs Cfa qui
représente les frais d’hospitalisation des dignitaires et hauts fonctionnaires
camerounais. Un nouveau racisme anti-Camerounais vient de voir le jour :
on naît, grandit, travaille et vit au Cameroun, mais on choisit de mourir en
Europe avec l’argent des contribuables !
Blanc bonnet, bonnet blanc
Le Cameroun a reproduit dans le
discours une pratique de développement social fondée sur la redistribution de
la croissance que prônent les tenants de l’économie de marché et les
institutions de Bretton Woods, la Banque mondiale et le FMI. Selon ces
institutions, « la croissance économique est la mère du bien-être social,
car elle finit par bénéficier à toute la société ».C’est l’une des
feuilles de route de l’initiative Ppte - Pays pauvres très endettés -. Or, il est
désormais établi que la redistribution des effets de la croissance procède du
haut vers le bas et profite d’abord aux couches riches et moyennes de la
société ; les avantages qu’en retirent les pauvres sont minimes. Les
surréalistes des organisations internationales avaient compris qu’il n’était
pas possible de changer le monde sans changer la vie. Les maîtres rêveurs sont
toutefois restés isolés dans la pratique quotidienne de la bonne gouvernance
qu’ils exigent de nos Etats. Et lorsqu’ils tentent de s’allier au gouvernement
pour diffuser leurs conceptions de la révolution et de la vie dans un pays
sinistré économiquement comme le Cameroun, ils échouent parce que les
apparatchiks du réseau international en viennent rapidement à défendre l’une
des plus grandes escroqueries de toute l’histoire de l’humanité, à savoir
l’institution de l’initiative Ppte dans une société sans foi ni loi. Oui,
décidément, le surréalisme est soluble dans la froide idéologie économique. Il
n’y a jamais eu depuis plus de trente ans autant de fuite de capitaux. Autant
de gabegie. Autant d’injustice. Au nez et à la barbe des gardiens du monde et
de la démocratie. Ce que les mentors de la bonne gouvernance donnent de la main
droite, ils le reprennent de la main gauche, en favorisant et incitant de surcroît
les dictateurs et les prébendiers à se tapir en Europe.
Déni
culturel et patriotique
Une autre question serait de savoir si
la culture ancestrale camerounaise a pu être obnubilée par le surréalisme de
l’économie de marché au point d’enterrer les valeurs qui sont siennes, celles
qui font son authenticité et sa richesse. Si la Chine et l’Inde sont devenus
des dragons économiques mondiaux c’est parce qu’ils ont d’abord centré leur
révolution sur leurs cultures, qui se sont transformées en pouvoir patriotique,
politique et économique. Ceci leur a permis de s’en servir dans leur lutte pour
la liberté et l’égalité vis-à-vis de l’Occident. Autrement, comment un chef peut-il transmettre une valeur quand il extravertit son pouvoir ? Comment
peut-on croire en notre pouvoir ancestral et en nous-mêmes quand à la moindre
secousse le chef va se soigner à l’étranger ? Dans l’Afrique des mânes
c’est une des pires malédictions que de mourir hors de son pays... Alors
comment le pouvoir en place dont les dignitaires fuient le pays en commençant
par leur chef peut -il transmettre les valeurs patriotiques et révolutionnaires
à la jeune génération ? Les surréalistes de l’Europe n’adhèrent pas à la
nouvelle lecture de l’Histoire, ils donnent une définition superflue de la révolution
en cautionnant ces prédateurs qui viennent se blottir avec les fortunes de
leurs états respectifs chez eux. A ce point les épigones démocratiques et leurs
explications exclusivement matérialistes sont une fausse métaphysique, une
idolâtrie. La révolution authentique est une transformation culturelle qui a
pour point de départ une idée renouvelée de l’homme. Il n’y a pas de révolution
sans révolution dans la culture, c’est-à-dire dans la façon dont les hommes
comprennent la vie et posent le problème de la vie.
Forfaitures
politiques de l’opposition
Suite au laxisme et à la complaisance
des politiciens institutionnels dits de l’opposition, loin de combattre le
gouvernement, ils ont parfois été complices des mauvais choix économiques du
pouvoir. Car comment expliquer au citoyen lambda que feue l’épouse du chairman du
SDF se fait évacuer en Suisse par l’Etat ; que, à une autre époque, feu Ayissi
Mvodo, lui-même opposant, se faisait évacuer en France par le gouvernement qu’il
combattait ? Ces petits coups de mains anodins entraînent une illisibilité
politique, voire une confusion de genres. Les dirigeants camerounais se
distinguent par la gabegie, la concussion, le clientélisme et le pillage des
richesses de leur pays. La mauvaise gouvernance a conduit ce pays à la
faillite. Un pays fortement endetté qui n’arrive pas à faire face à ses
obligations : création des emplois, couverture sanitaire, paiement des
salaires, protection alimentaire etc. Cela se traduit par la dégradation des
infrastructures sanitaires et scolaires, par la recrudescence des maladies
endémiques, par la paupérisation de la population, le chômage accru,
l’accroissement de la mortalité, le manque d’accès à l’électricité et à l’eau
potable, etc. En bref, c’est la faillite des dirigeants camerounais et la
complicité des Occidentaux à apporter le bien-être social aux populations qui
est à la base de l’immigration croissante des populations. La communauté
internationale doit faire pression sur les dirigeants camerounais en les
contraignant à une bonne distribution des richesses nationales. Et les
programmes à mettre en place doivent tenir compte des spécificités de notre
pays et des réalités locales. Exiger à ces dirigeants d’adopter des budgets
réalistes car une grande part de ces budgets vont à l’entretien des dirigeants
et de leurs cours ; et seulement une portion insignifiante pour le
développement. Comment développer un Etat aussi longtemps que le budget alloué
à l’éducation ne dépasse pas les 8 % et celui de la recherche ne dépasse pas
les 2 %. Par contre au Brésil, le budget de l’éducation et la recherche est le
plus élevé ?