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Un deuxième plan cancer se met en route

Le président de la République a, dans une lettre de mission qu’il a adressée le 15 octobre au Pr Jean-Pierre Grünfeld, lancé un deuxième plan cancer.

Le constat que le président fait de la progression de la maladie est légitimement alarmiste et pointe sur "le défi que cette maladie adresse à notre société". Son analyse des résultats du premier plan cancer (lancé par Jacques Chirac, il y a cinq ans) le conduit à un bilan globalement positif.

Pourtant, à la suite du rapport de la Cour des comptes en juin dernier, le bilan 2003-2007 de ce premier plan cancer semblait très contrasté. La Cour ne soulignait-elle pas qu’un tiers seulement des 70 mesures prévues dans le plan avaient été intégralement ou largement réalisées. Si un autre tiers l’a été partiellement, la Cour stigmatisait la non-application du dernier tiers, d’autant que ces carences concernent particulièrement la prévention des cancers professionnels et ceux qui sont liés à l’alcool. Enfin, les sages de cette haute Cour s’inquiétaient de "l’absence totale d’évaluation" qui, selon eux, conduisait à ne rien savoir de l’impact du plan en termes d’incidence, de taux de survie ou de mortalité.

Ainsi, le président Sarkozy demande aujourd’hui que la surveillance des risques soit renforcée et que "des données plus fines et plus rapidement accessibles sur les évolutions de l’épidémiologie" soient désormais disponibles. Il affiche ainsi une priorité de fait sur les actions de prévention. On ne peut, bien sûr que s’en réjouir. De même doit-on se réjouir de l’attention qu’il dit porter à la qualité des soins, à l’égalité de tous devant cette qualité, ainsi qu’à la dimension socio-psychologique de ce mal qui est loin de reculer, en France comme ailleurs.

On se réjouira enfin du constat qui est fait par le président Sarkozy, et qui le conduit à placer en première priorité pour ce nouveau plan, la RECHERCHE : "la qualité de la recherche menée sur notre territoire, depuis la recherche la plus fondamentale jusqu’à la recherche clinique conduite dans les établissements de santé, est une condition de la qualité des soins qui y seront prodigués dans les prochaines années".

Que ne s’est-il arrêté à ce point ? Pourquoi a-t-il éprouvé le besoin, avant même que le travail du Pr Grünfeld n’ait commencé, de lui souffler à l’oreille ses leitmotivs habituels sur la recherche ? À part les rapports tendancieux de Philippe Even et de Futuris avec l’ANRT, quelle est l’analyse objective et sérieuse qui permet de conclure comme il le fait que "la position de la France dans la recherche d’excellence au plan mondial s’est fragilisée au cours des dernières années" ? Et si tel est le cas, ne sont-ce pas les amis politiques de M. Sarkozy qui ont créé cette fragilité ?
Cette fragilité a-t-elle des chances d’être éliminée alors que le président, une fois de plus, tient pour quotité négligeable l’ensemble de la recherche en biologie, notamment fondamentale, qui est menée en dehors de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ? Il réaffirme, en effet : "Vous considérerez aussi la réorganisation en cours dans le secteur de la recherche en biologie et en santé, dont la coordination a été confiée à l’Inserm". C’est vrai que l’Inserm s’est doté d’un institut national thématique intitulé "cancer", qui, on peut le supposer (à défaut de le comprendre), doit améliorer "l’articulation entre l’Inserm et l’Institut du cancer (INCa)" qui est, soi-disant, décisive pour améliorer la performance de la recherche française.

C’est donc au détour d’une lettre de mission au but tout à fait louable qu’on apprend que le pouvoir politique, sourd aux émois de la communauté scientifique, s’obstine dans son erreur, sa faute, de réduire l’ensemble de la biologie au seul domaine biomédical. Pis encore, il laisse cette même communauté, au sein du CNRS, croire à l’existence d’un Institut national des sciences du vivant en son sein, alors l’organisation de cet immense domaine de la Science est verrouillée depuis la rédaction du programme de campagne électoral du candidat Sarkozy.
C’est entre les lignes de cette lettre de mission qu’on perçoit le mépris total dans lequel le pouvoir tient le CNRS, qui est pourtant fortement engagé dans toutes les thématiques de l’oncologie, depuis les recherches les plus fondamentales comme celles qui portent sur différents aspects de la génomique ou sur le cycle cellulaire, que sur des applications au service direct des malades, comme la mise au point d’anti-cancéreux majeurs tels que le Taxotère et le développement de nouvelles technologies en imagerie applicables au diagnostic des tumeurs.


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7 réactions à cet article    


  • Vilain petit canard Vilain petit canard 27 octobre 2008 13:40

    Vous avez l’air de découvrir l’incompétence et l’inculture de notre Président hors du champ politicien. Pour lui, le CNRS est un repaire de vieux soixante-huitards qui ne foutent rien (et qui ne trouvent rien d’applicable directement pour l’industrie, crime capital s’il en est), il doit confondre avec les IUFM. Ce que vous racontez là, pour lui, c’est du chinois. Je retiens que la prévention est enfin reconnue, mais il ne fallait pas s’attendre à des miracles...


    • Patrick Gaudray Patrick Gaudray 27 octobre 2008 14:01

      Rassurez-vous, je suis naïf,mais pas à ce point !
      Si, personnellement, je ne "découvre" rien, je constate que mes amis et collègues ne réagissent pas beaucoup à ce qui se passe en Sarkozie, pour ce qui me concerne sur le plan de la recherche. Alors, une description factuelle et un peu de fausse-naïveté m’aident à ne pas manifester trop fort la colère que je ressens devant l’immense gâchis que notre pouvoir est en train de réaliser.
      Merci de m’avoir permis de préciser ces points


    • Vilain petit canard Vilain petit canard 27 octobre 2008 14:15

      Mais c’est moi qui vous remercie pour votre position et votre réponse !


    • gaiaol 27 octobre 2008 14:59


      je constate que mes amis et collègues ne réagissent pas beaucoup à ce qui se passe en Sarkozie, pour ce qui me concerne sur le plan de la recherche.

      pas seulement sur le plan de la recherche hélas. toute la france semble en léthargie concernant de nombreux domaines, meem les plus cruciaux...

      et en premier lieu, l’égalité de soins anti cancer homogènes partout en france, qui était l’objectif majeur du plan et qui est loin d’être atteint. d’ailleurs, le taxotère et les nouvelles technolgies dont vous parlez, ne sont pas, respectivement, administré et appliquées pareillement dans les hopitaux de france.

      bon courage à vous. mais les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient...


      • Luc DUSSART Luc DUSSART 27 octobre 2008 15:27

        Effectivement, il est à craindre qu’on se lance dans une nouvelle usine à gaz, ou pire encore et plus probable une centrale nucléaire, histoire de financer quelques copains.
        Vous pouvez indique la référence URL de cette lettre de mission ? 
        Merci.


        • Patrick Gaudray Patrick Gaudray 27 octobre 2008 18:53

          Voici une adresse de lien vers la fameuse lettre de mission :

          http://essentielles.files.wordpress.com/2008/10/151110_professeur_grunfeld. pdf

          Sinon, le site de l’INCa contient certainement des informations sur le sujet.
          Bonne lecture ...


        • Bobby Bobby 27 octobre 2008 23:34

          Bonsoir,

          Les raisons s’apparition du cancer sont probablement à rechercher tout d’abord dans notre alimentation, ensuite dans les stress du mode de vie... Voici un avis qui me paraît pertinent !

          Les déclarations d’André Gernez (reportage coupé en six morceaux) me paressent également fort intéressantes... si toutefois, l’information est correcte, une des affirmation m’a laissé pantois ! celle du ministre de la santé de l’époque... liant sa prise de décision (de non suivit) de la campagne préventive du cancer à cause de l’alongement de l’espérence prévisible de vie de la population (6 à 7 ans) et au coût que cela engendrerait...

          En serions-nous donc réduits à la merci principale des considérations financières en la matière ? et serait-ce encore le cas aujourd’hui ?

          L’apparition dans notre alimentation de pesticides de plus en plus nombreux, d’autres produits plus ou moins dangereux pour notre santé... régis par des règles mercantiles (codex alimentarius) me font penser que décidément, l’espèce humaine toute entière, est, à l’instar de l’empire romain d’autrefois, bien loin dans le processius de sa propre décadence.

          Bien peu optimistement vôtre


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