Affaire Ranucci : une nouvelle piste ?
Condamné à mort et exécuté en 1976, Christian Ranucci a donné lieu à plusieurs ouvrages infirmant ou prouvant sa culpabilité... Dernier rebondissement en date : la présence de Michel Fourniret sur les lieux du crime de Marie-Dolorès Rambla en 1974.

Alors que le drame d’Outreau est le procès le plus médiatique de la justice, une autre affaire, beaucoup plus ancienne, vient d’être réveillée dans le cadre des enquêtes sur le tueur en série Michel Fourniret, l’affaire Christian Ranucci. Ce jeune Marseillais avait été condamné à mort, puis exécuté en 1976, pour le meurtre, deux années auparavant de Marie-Dolorès Rambla, une fillette de neuf ans. En dépit d’aveux donnés aux gendarmes, certains éléments (dont la présence du célèbre pull-over rouge, trouvé à proximité des lieux du crime, trop grand pour qu’il s’agisse de celui de Ranucci) ont laissé certains journalistes explorer la piste d’une innocence de Christian Ranucci (dont Gilles Perrault et son fameux livre Le pull-over rouge). On croyait l’affaire définitivement enterrée, quand Gérard Bouladou, responsable de l’investigation, répondit au livre de Perrault avec son livre L’affaire du pull-over rouge : Ranucci coupable ! en démontant les thèses de Perrault.
Mais un dernier rebondissement est arrivé hier à l’AFP (dépêche complète ici) : Michel Fourniret, tueur en série accusé d’avoir tué une quinzaine de fillettes ou de femmes entre 1987 et 2001, aurait séjourné l’année du meurtre de Marie-Dolorès Rambla dans la région de l’étang de Berre. A l’époque, il aurait eu comme véhicule une Peugeot 304... tout comme Christian Ranucci (dont la voiture avait été identifiée par plusieurs témoins). D’où un doute, à nouveau, sur la culpabilité de ce dernier.
Il existe en effet un précédent, avec l’affaire Patrick Dils, condamné pour le meurtre de deux garçonnets le 26
avril
La découverte du séjour de Fourniret dans la région marseillaise fait donc planer une crainte terrible : et si, à l’image de Dils ou Padé, Ranucci avait payé pour un autre ? La différence, par rapport à l’affaire Padé, est que les tests ADN n’existaient pas en 1976, alors qu’ils auraient pu (sous certaines réserves néanmoins) disculper ou inculper Ranucci. La différence aussi, par rapport à l’affaire Patrick Dils, est que la reconstitution était sujette à caution dans le cas Dils, alors que Bouladou défend la fiabilité de la reconstitution du meurtre de Marie-Dolorès Rambla.
Il n’empêche que cette nouvelle piste sème encore une fois le doute dans une affaire où Ranucci a été condamné à mort, bien que la famille Rambla, par l’intermédiaire de son avocat Cyrille Collard, ait demandé une peine de prison à perpétuité. Et il n’eut pas droit à la grâce présidentielle, malgré les mots du président Giscard d’Estaing, déclarant avoir "horreur de la peine de mort". Cherchez l’erreur : à la même époque, Patrick Henry, dont la culpabilité ne faisait aucun doute et qui plaidait coupable du meurtre de Philippe Bertrand, a échappé à la peine capitale. Ranucci, en dépit de doutes relancés par l’affaire Fourniret, et qui plaidait innocent, a été condamné à la guillotine. Pourvu qu’il ait été coupable...
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