ARRCO/AGIRC la menace qui pèse sur les retraites !
Alors qu’une fois de plus les médias grands publics ne prêtent aucune attention à la négociation en cours sur l’avenir des retraites complémentaires du privé, des révisions sévères sont en préparation. De son côté le gouvernement suit attentivement le sujet, puisqu’il va mettre en œuvre dès 2013 sa propre réforme des retraites du régime général et s’en inspirera sans aucun doute, c’est ce que Jérôme Cahuzac, ministre en charge du budget a déclaré hier : « Une désindexation des retraites complémentaires par les partenaires sociaux serait un élément d’appréciation très important pour le gouvernement ».
Histoire et définitions en rappel.
Lorsqu’un salarié part à la retraite il touche en fait deux retraites : la retraite du régime général de la sécurité sociale qui relève du gouvernement (plus particulièrement de la Cnav) et une retraite complémentaire qui elle relève des négociations et des décisions des partenaires sociaux (Patronat et syndicats des salariés)
Les retraites complémentaires relèvent de L’Association pour le régime de retraite complémentaire des salariés (ARRCO) et de L’Association générale des institutions complémentaires des cadres (AGIRC). Le mot complémentaire est impropre, car celles-ci représentent de 60 à 70 % du total de la retraite. Elles ont un conseil d’administration composé à part égal de représentants d’organisations patronales et de représentants des syndicats. Leur gestion est dite « paritaire ».
L’ARRCO représente 18 500 000 salariés qui y cotisent, elle verse une retraite à 11 300 000 retraités. L’AGIRC concerne 3 940 000 cotisants et verse une retraite à 2 398 000 retraités.
Ces régimes sont menacés parce que fortement déficitaires et avec un déficit qui s’amplifie : 1,38 milliards d’euros en 2009 et 3,8 milliard en 2010 (2,1 milliards d’euros pour l’ARRCO et 1,68 milliards d’euros pour l’AGIRC). On parle désormais de 4,5 milliards d’euros pour les deux régimes. Leurs statuts leur interdit tout déficit, elles puisent donc dans leurs réserves (constituées à la belle époque des « trente glorieuses »). Les prévisions faites sur la fin attendue des réserves viennent de se resserrer : 2017 pour l’Agirc et 2020 pour l’Arrco, autant dire demain. Pourtant ces réserves étaient importantes : 6 milliards pour l’Agirc et 42 milliards pour l’Arcco.
Le déficit.
C’est l’évolution démographique qui pèse sur l’équilibre de ces caisses.16 millions de retraités en 2010, 18 millions en 2020 et 22 millions en 2050. Le ratio actifs/retraités s’affaisse : 1,8 en 2010, 1,5 en 2020 et 1,2 en 2030. Il était de 4 en 1960. La situation est donc grave. C’est le Conseil d’Orientation des retraites (COR) qui nous renseigne sur ces données.
Les réserves, si importantes soient-elles vont être asséchées par une situation économique qui se dégrade fortement et vient renforcer l’effet démographique lui-même peu favorable. Avec un taux de chômage à 10 % en 2013, dont personne ne pense qu’il pourra significativement baisser à l’échéance 2015, c’est bien autour de l’échéance 2020 que l’heure de vérité va sonner pour l’Arrco et en 2017 pour l’Agirc.
Les négociations en cours.
Depuis novembre 2012 des négociations se sont ouvertes entre les partenaires sociaux afin de trouver une solution dès aujourd’hui. Les propositions mises sur la table, en particulier par le MEDEF (Mouvement des Entreprises Françaises), tournent autour de : l’âge de départ, la valeur du point, elles sont contestées par les syndicaux qui eux revendiquent une hausse des cotisations.
Toutes réformes sur les retraites mettent du temps à agir. Les simulations sur ordinateurs tournent. Hypothèse, on recule l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans, cela rapporterait moins de 5 milliards à l’Agirc/Arrco par an. Le gel de la valeur du point pendant un an, rapporterait seulement 1,4 milliard d’euros. L’amélioration de ces deux régimes serait significative, mais probablement pas suffisante si la situation économique ne venait pas à changer.
Les partenaires sociaux ne sont pas sur la même ligne. Certains sont favorables à des mesures d’urgence, dans l’attente d’une réforme plus vaste. C’est le cas de FO. Le Medef est plus radical : « Les partenaires sociaux seraient irresponsables s'ils décidaient de ne rien faire. Il faut à tout le moins prendre des mesures conservatoires ».
Aujourd’hui la discussion se fait autour des propositions du Medef, à savoir :
- La désindexation des retraites sur l’inflation, moins 1,5 point au niveau de l’inflation en 2013 et moins 1 point de 2014 à 2017. Un baisse du pouvoir d’achat des retraités historique !
- une baisse du taux de réversion pour les conjoints survivants de 60 à 56%
- un relèvement de l’âge de la retraite pour l’Arrco de 55 à 60 ans sans décote
- les pensions feraient l’objet d’un abattement de 10 % à partir du moment qu’elles seraient données avant l’âge de départ à la retraite à taux pleins (porté de 65 ans à 67 ans), ceci jusqu’à ce que le retraité atteigne cet âge.
Cette dernière mesure consiste indirectement à faire passer l’âge légal de départ à la retraite à 67 ans
Alors que la plupart des syndicats revendiquent une hausse des cotisations, seule la CFDT s’y oppose fermement. La CGT, elle exige de repousser toute décision après la réforme du régime général par le gouvernement annoncé pour le cours de l’année 2013.
L’année 2013 s’annonce celle de tous les dangers que ce soit pour le régime général ou pour les régimes complémentaires.
Sur le même sujet
http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/retraites-les-penalites-s-127803
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/retraites-complementaires-danger-126398
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