Au nom du père, le fils...
« Tel père, tel fils », dit un vieux proverbe, proverbe qu’il faudrait peut-être remettre en question si l’on veut bien se pencher sur les personnalités de certains fils, bien éloignées de celles des pères.
Il est en effet intéressant de regarder de plus près les rapports complexes entre certains hommes publics et leurs pères.
S’il faut en croire la psychanalyste Geneviève Delaisi de Parseval, les enfants sans père deviennent des adultes fascinés par l’autorité, citant pour preuve Marx, Lénine, Hitler, Roosevelt, et « comme ils sont privés du syndrome d’Œdipe, cette liberté génère une souffrance que certains vont vouloir transcender en devenant eux-mêmes une figure archétypale de l’autorité ».
On pourrait par exemple s’interroger sur les conséquences qu’ont eues pour Hitler son enfance déplorable puisque l’une des premières mesures prises, une fois au pouvoir, aura été de rayer de la carte le village de son enfance, Dollersheim, comme s’il avait voulu en effacer à jamais toute trace. lien
Pour comprendre en partie le comportement de l’ex dictateur, il faut savoir qu’il avait un père dont les historiens évoquent un autoritarisme brutal, lié probablement à un alcoolisme invétéré. lien
Sauf que les choses seraient un tout petit peu plus compliqué : il serait le fruit d’une union coupable : son père ne serait pas le fils de Hohan Georg, ni de Johan Nepomuk, mais d’un certain Frankenberger, riche commerçant juif, s’il faut en croire les « Mémoires » rédigées par l’avocat et ex-dirigeant nazi Hans Frank, dit le « boucher de Cracovie », lequel aurait donné ce témoignage avant d’être exécuté. lien
À la suite d’une tentative de chantage, exercée contre Hitler par un parent émigré, l’informant qu’il avait du sang juif dans les veines, le dictateur avait chargé Frank d’enquêter très discrètement, prouvant ainsi qu’il avait pris la menace au sérieux.
Sa grand-mère, placée chez un riche commerçant juif de Graz, aurait été enceinte des œuvres du fils de la maison, et en conséquence, Hitler aurait du sang juif, alors qu’il s’est employé tout au long de sa vie à les pourchasser et les détruire. lien
Mais oublions ce sinistre personnage, d’autant que cette hypothèse de filiation est contestée par certains, et tournons nous vers nos deux derniers présidents de la république, qui sont parfaitement révélateur de l’influence qu’ont eu, pour chacun d’eux, de biens étranges géniteurs.
En effet, au-delà des « enfants sans père » décrits par Geneviève Delaisi de Parseval, attardons nous à ceux qui ont été peu estimés, voire méprisés, par leurs pères.
Le sujet a fait l’objet d’un livre qui vient tout juste de paraitre : « même les politiques ont un père » (éditeur Stock), signé par une journaliste du « Point » Émilie Lanez.
Commençons par l’ex-président français.
Ce petit homme, c’est ainsi que le considérait son père, ne fait-il pas tout pour effacer des brimades subies dans son enfance, lorsque par exemple, ravalé, selon le protocole, au 3ème rang de la manifestation « je suis Charlie », il va faire tout ce qui est en son pouvoir pour se hisser au premier rang, avec peut-être la complicité du chef du protocole, qui était le même pendant son mandat, tout comme celle du préfet, qui d’un regard tacite, lui permettront de figurer quelques temps, en tête du cortège, avant d’être repositionné, toute honte bue, au 3ème rang.
N’est-ce pas ce père qui le méprisait au point de le qualifier du sobriquet de « dadu », plutôt que de l’appeler par son vrai prénom, qui est le responsable de la volonté de Nicolas Sarközi de devenir un jour Président de la République, une façon de se venger de toutes ces humiliations subies en parvenant au sommet de l’état ?
Lorsque Pal Sarközi évoque ses enfants, en énumérant leur prénom, il donne leur taille et leurs revenus annuels, mais il ne mentionne ni la taille, ni même le prénom de Nicolas, ce qui a fait dire à ce dernier, en 2008 : « à part d’un père, je n’ai manqué de rien ». lien
C’est, comme le fait remarquer l’auteure de « même les politiques ont un père », sans doute ce qui explique sa voracité en politique. lien
À rapprocher de Winston Churchill, que son père, Randolph, ne cessait de traiter d’imbécile, de stupide, alors que Winston, lui vouait une admiration sans limite, allant jusqu’à apprendre par cœur les discours de ce chancelier de l’échiquier.
Après Sarközi, allons du coté de Hollande, dont le père Georges ne laissera personne indifférent.
Militant d’extrême droite, il tentera à 2 reprises sa chance politique sans succès, alors que l’on trouvait sur sa liste des anciens de l’OAS, mais s’il avait cessé ses tentatives, il continua de pester régulièrement, prophétisant « l’invasion communiste », prédisant le « naufrage français »…
Il ne supportait pas l’idée en conséquence que son fils entre en politique, et encore moins au Parti Socialiste. lien
Alors aujourd’hui bien sur, le père fait profil bas, assurant qu’il a « toujours de bons contacts avec François » récitant manifestement la leçon, mais s’il faut en croire Serge Raffy, rédacteur en chef du nouvel observateur, le père imposait à ses deux fils des « diktats aussi martiaux qu’incompréhensible ».
Dans son livre : « François Hollande, Le Président » (éditeur Fayard) Serge Raffy évoque, au sujet du père de François : « un chef de famille autoritaire et ombrageux », qui avait eu une réelle proximité avec le candidat nationaliste à l’élection présidentielle de 1965, l’avocat Jean-Louis Tixier Vignancourt, dont le président de campagne n’était autre que Jean-Marie Le Pen. lien
Une telle jeunesse forge le caractère, et explique peut-être le tempérament du nouveau président, qui, « contrairement à son apparence joviale et sympathique, est un homme verrouillé. C’est quelqu’un qui est dans la pudeur (…) c’est un homme qui se dissimule beaucoup (…) derrière son apparente bonhomie, le nouveau locataire de l’Elysée cache une ténacité hors du commun », dixit le biographe Serge Raffy lien
Nous voilà prévenus…
Alors faudrait-il donc plutôt choisir à la tête du pays un homme qui ait eu une enfance normale ? Qui ait eu un père, un vrai père ? …peut être, mais il risque d’être difficile de dégotter un candidat, puisque, celui-ci ayant eu une enfance heureuse, il ne sera pas tenté par jouer des coudes, avec la volonté d'atteindre le poste suprême…
Faudrait-il plutôt changer de république, et mettre à la tête de l’état un homme qui aurait la seule destinée d’appliquer le programme qui l’a fait élire ?
Et comme dit mon vieil ami africain : « l’héritier du léopard hérite aussi de ses taches ».
L’image illustrant l’article vient de www.chblog.com
Merci aux internautes de leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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