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Comme une légère distorsion

En direct de ma Segpa

Le rythme de l'enfant.

Notre bon gouvernement, pour lancer sans doute sa réforme sur les rythmes scolaires tout en usant de démagogie vis à vis du corps enseignant, un précieux réservoir de voix qu'il faut savoir parfois flatter, a rallongé de deux jours les vacances de la Toussaint. Le joli cadeau que voilà !

Mais, ce qu'un politicien vous donne d'une main, il le reprend toujours de l'autre. C'est une règle qui ne suppose aucune exception. Le larcin est d'ailleurs souvent plus douloureux que le cadeau. Nous en allons faire la démonstration.

Ainsi, dans ma modeste Segpa, ce mercredi est une journée consacrée au rattrapage du cadeau socialiste. Nous allons vivre un évènement temporel comme seule l'éducation nationale, toujours en mal de repères spatio-temporels peut en avoir le secret. Après notre mercredi matin, juste le temps de la pause méridienne, nous aurons le privilège de vivre un vendredi après-midi.

Il faut bien récupérer ce qui a été perdu nous dirons les stakhanovistes et les chantres de la bien pensance. Nul ne doute de cette nécessité incontournable dans notre noble institution où, comme chacun a pu l'expérimenter maintes fois, jamais une absence de professeur ne reste sans remplacement ….

Or donc, nous allons vivre une journée de huit heures de cours. Pour les travailleurs du quotidien, la chose n'est pas banale, elle est même leur lot quotidien. Pour les élèves de lycée, c'est hélas le rythme infernal qu'on leur impose alors que bien peu d'enseignant n'accepterait pareille épreuve (à l'exception de ceux qui ne cherchent que des journées libres), d'autant qu'une fois terminée, elle est agrémentée de travail personnel supplémentaire.

Pour les plus jeunes, dans nos collèges, c'est une belle hérésie d'autant qu'elle nous est imposée au nom d'une réforme qui affirme vouloir réduire la journée de l'enfant, trop longue dans ce pays. Nombreux sont les spécialistes de la chrono-biologie qui prétendent qu'au delà de 6 heures quotidiennes (limite déjà contestable) , l'enfant n'est pas en mesure de se concentrer.

Alors, aujourd'hui, ils vont supporter huit heures d'efforts pour apprécier sans doute plus tard, l'allègement qui tarde bien à se mettre en place. Taisez-vous, vous n'avez rien à dire ! Naturellement, nous avons pensé à alléger le programme, à proposer des activités différentes pour ne pas assommer nos chers élèves car nous sommes dans l'enseignement spécialisé et que nous avons aussi ce confort de faire autrement.

Mais je constate que dans cette injonction stupide, il y a bien des aspects oubliés. Chaque collège rattrapant ce temps offert à sa convenance, la vie de la cité n'intègre nullement ce programme roboratif que je n'hésite pas à qualifier d'indigeste. Les associations continuent de fonctionner, les clubs sportifs ont maintenu leurs entraînements, les rendez-vous d'orthodentistes ne peuvent se décaler et les familles doivent affronter une nouvelle organisation au pied levé.

L'école n'en a rien à fiche. Elle se fige dans sa superbe importance et j'ai entendu des membres de l'encadrement dire de manière péremptoire : « Nous n'accepterons aucune absence pour aucun motif que ce soit ! » C'est indécent, c'est mensonger, c'est grotesque. Il y a une vie en dehors de l'école, elle a autant d'importance sinon plus pour l'équilibre de l'enfant.

Cette anecdote démontre la rupture de plus en plus considérable qui existe entre le monde de l'éducation et la vie réelle. Mis à part les professionnels du tourisme, notre institution ne tient compte de personne pour libérer les élèves pour une journée pédagogique qui devrait se faire pendant les congés des élèves, pour un examen qui devrait prendre le même chemin, pour un mouvement d'humeur qui pose vraiment le débat du statut des enseignants.

Le gouvernement commence de la pire des manières le grand chantier promis sur l'école qui ressemble de plus en plus à un rafraîchissement des murs avec quelques petits replâtrages. Il y a lieu de reprendre tout du sol au plafond en commençant par les fondations ; le lien qui devrait unir l'école à la nation. Cette journée est pour moi la parfaite illustration que la rupture est consommée.

Inconsidérément leur

 vidéo comme ça !


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8 réactions à cet article    


  • jef88 jef88 7 mars 2013 10:34

    belle conclusion..... rien à ajouter !


    • C'est Nabum C’est Nabum 7 mars 2013 12:30

      jeff


      Notre chef d’établissement qui disait aux élèves qu’elle n’accepterait aucune absence pour quelque motif que ce soit à cette après-midi supplémentaire est partie bien avant tout le monde hier et ce midi encore une fois, elle a pris la poudre d’escampette en avance

      Je crois en l’exemplarité des enseignants et plus encore du personnel de direction. Quand par de tels gestes on montre que nous ne sommes plus à la hauteur d’une exigence morale, tout est fichu.

    • ZEN ZEN 7 mars 2013 11:06

      Il y a lieu de reprendre tout du sol au plafond en commençant par les fondations ; le lien qui devrait unir l’école à la nation

      La structure, maintes fois ravalée et étayée de toutes parts, présente encore bien.
      Mais le moindre séisme pourrait la mettre à terre.
      Il faut réinjecter du béton dans les fondamentaux, retrouver le sens de l’instruction, qui ne peut aller sans travail et donc sans (bonnes) contraintes.
      Je sais, je vieillis et prononce là des mots indécents... smiley


      • C'est Nabum C’est Nabum 7 mars 2013 12:32

        ZEN


        Je me désespère de l’image que l’on ne cesse de donner à la société.

        Il faudrait d’bord une exigence forte de la part des enseignants eux-mêmes avant que de modifier ou sauver ce qui peut l’être encore

        Nous n’avons désormais plus rien à espérer du pouvoir

      • bakerstreet bakerstreet 7 mars 2013 21:14

        Hum..
        .Reste que les enseignants, et les syndicats, ont toutes latitudes pour lever un mouvement de contestation nationale de ce calendrier, totalement inepte et contreperformant, et qui nous fait la risée du monde.
        Trente jours scolarisés de perdues à peu près sur trente ans.
        On voit que la timide tentative de reprendre une seule demi journée par semaine, ne semble par faire l’affaire de tout le monde !
        Que reste t’il de l’école républicaine ?
        Rien que ce petit constat d’humeur vous expose aux pires déflagrations !

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