Coupe du monde de la prostitution
L’Allemagne accueillera, du 9 juin au 9 juillet 2006, la Coupe du monde de football. Les amateurs de buts seront bien servis. Les amateurs de prostituées aussi.

Les "rencontres" se dérouleront dansdouze grandes villes allemandes. Pour l’occasion, 40 000 prostituées devaient être importées des pays de l’Est essentiellement. Entre bières, brailleries et maisons closes, les réjouissances devraient être de haut niveau pour les mâles gorgés de testostérone. 36 millions de spectateurs environ - majoritairement des hommes - sont attendus.
Franz Beckenbauer, Président du Comité organisateur, déclarait récemment : " A présent, nous devons relever un autre défi, celui d’organiser une compétition où les équipes, les officiels, et surtout, les supporters du monde entier se sentent comme chez eux". L’objectif devrait être pleinement atteint. Vous pouvez oublier bobone à la maison, on vous en prêtera une le temps de votre séjour.
Après les Pays-Bas et l’Australie, l’Allemagne a reconnu officiellement la prostitution par une loi du 1er janvier 2002 qui a supprimé la "notion d’activité contraire aux bonnes mœurs" et assimile les prostituées à des "travailleuses indépendantes ou salariées ayant un contrat de travail". Pourtant les quartiers réservés ne pourront contenir les milliers de touristes sportifs/sexuels prévus. En prévision de cet afflux, l’industrie du sexe allemande a érigé un gigantesque complexe prostitutionnel à la mesure du « boom commercial » durant la Coupe du Monde.
« Le football et le sexe vont de pair », déclare l’avocat du nouveau mégabordel de 3000 m², pouvant accueillir 650 clients masculins, construit à côté du principal stade de la Coupe du monde à Berlin . Sur des zones clôturées de la taille d’un terrain de football, on a construit des « cabanes du sexe » ressemblant à des toilettes, appelées « cabines de prestation ». Capotes, douches et parking sont à la disposition des acheteurs, avec un souci particulier de protéger leur « anonymat ».
On croit rêver. Sommes-nous dans un pays du tiers-monde, en Thaïlande, dans une quelconque destination touristique sexuelle ? Pas du tout, nous sommes dans la patrie de Goethe, au cœur de l’Europe des Lumières, dans l’un des plus importants pays de l’UE, gouverné de surcroît par une femme, Angela Merkel. Mais peu importe, on nous rassure, il y aurait bien deux formes de prostitution : la volontaire et la forcée. Le président de la FIFA M. Blatter a d’ailleurs invité les supporters à ne recourir qu’aux services des "volontaires".
Il suffisait d’y penser, dans l’esclavage aussi il y a des volontaires. On devrait également penser à le légaliser. A ce jour, seule la Suède a demandé très officiellement l’interdiction de la prostitution en Allemagne.
Cette question sous-tend la question de la marchandisation de la personne humaine. Aujourd’hui la légalisation de la prostitution, et demain, dans la même logique, pourquoi ne pas faire de même sur la vente d’enfants ou d’organes ?
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