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Accueil du site > Actualités > Société > Crise du logement : et la responsabilité gouvernementale ?

Crise du logement : et la responsabilité gouvernementale ?

Qui rappelle le scandale de la baisse du budget alloué au problème ?

Le mal-logement était hier à la Une de tous les médias, grâce à la publication du rapport 2010 de la fondation abbé Pierre (à télécharger en pdf ici), ainsi résumé par Libération  : "100 000 personnes sans domicile fixe, 3,5 millions de mal-logés et 6,6 millions dans une situation de « réelle fragilité » face au logement, cumulant souvent les impayés ou les retards dans le remboursement d’emprunt. Au total, dix millions de personnes sont touchées par la crise du logement". Nous avons écouté France Info, regardé le 20 h de France 2 et Soir 3, lu Libération et Le Monde. Tonalité générale : le problème du logement a été aggravé par la crise. Pernicieux : cette idée de "la-faute-à-la-crise" véhicule une forme de fatalisme et exonère ainsi le gouvernement de sa responsabilité. Et nous avons espéré en vain que les médias rappellent l’évolution du budget alloué au logement. Un petit tour dans les archives de plumedepresse nous ramène vers un billet du 17 décembre dernier, titré Mal-logement : quand l’Etat aggrave la crise et citant la fondation Terra Nova : "Le budget « logement » est en baisse de près de 20% sur la période 2008-2011. Face à ces trois crises, le gouvernement a décidé non pas de renforcer la politique du logement, mais au contraire de l’affaiblir. L’analyse des choix effectués lors du budget 2010 est sans appel : diminution des aides à la construction de logements sociaux, stagnation pour les ménages des aides au logement. L’aide à la construction de logements sociaux s’effondre de 800 M€ en 2008 à 480 M€ en 2010. La subvention par logement social baisse de 60%, pour atteindre 1000 €, soit 3% du plan de financement d’un logement social. Par ailleurs, les aides au logement pour les ménages stagnent alors que l’urgence sociale se fait sentir. En bref, c’est à un véritable désengagement de l’Etat que l’on assiste." Comment les médias font-ils donc leur travail, évoquant cette tragédie humaine en omettant totalement de préciser que, loin de s’atteler à la résoudre, la Sarkozie s’en lave les mains ? Juste une phrase dans Le Monde : "l’organisation souligne que "l’aggravation progressive de la crise du logement aboutit à un vrai problème de société" dont les autorités ne semblent pas avoir mesuré l’ampleur". Pas mesuré l’ampleur, c’est tout ?
 
Le préposé à ce dossier se nomme Benoist Apparu, secrétaire d’Etat au Logement, que fait intervenir Le Figaro : "les statistiques publiques sont insuffisantes pour mesurer le mal logement, a-t-il estimé, soulignant la nécessité de disposer de "sources statistiques de meilleure qualité" avec des "définitions normalisées, consensuelles, des différents critères du mal logement". Le ministre a donc décidé de confier une mission à ce sujet au Conseil national pour l’information et la statistique (CNIS). "Sur cette base sera confiée à l’Observatoire national de la pauvreté (ONPES), que nous allons reconfigurer, le suivi annuel de ces indicateurs", a-t-il déclaré. Soulignant par ailleurs qu’"il n’y a plus une crise générale du logement, mais bien des crises du logement ciblées sur certains territoires", il a affirmé que la réorientation des subventions et des objectifs de l’Etat pour le logement social vers les zones les plus tendues consistait "une priorité absolue". "Je trouve scandaleux la rétention de logements vacants dans des villes où sévit la crise du logement", a-t-il dit, rappelant qu’il s’était engagé à mettre à l’étude l’extension du champ de la taxe sur les logements vacants. Pour autant, il a estimé que la réquisition de logements vacants était une mesure "inefficace" et "contreproductive".

Pardon d’être vulgaire, mais "priorité absolue", mon cul ! Contrairement à ce qu’il affirme de façon totalement gratuite et avec une mauvaise foi incroyable, lorsque 10 millions de personnes sont mal logées, la réquisition qu’il balaie d’un revers de la main s’impose ! "Ce que je dis c’est que les budgets de l’Etat ne vont pas exploser donc il faut trouver de l’argent ailleurs et notamment par la vente (de logements). L’idée de 1% par an me va tout à fait", explique-t-il à l’AFP. Toujours la même rengaine : les caisses sont vides. Quid de cette idée de vente des trlogements ? "Faux, "ce sont des idées simplistes", réplique le président de l’Union sociale pour l’habitat (USH), qui regroupe les sociétés d’HLM, le sénateur (PS, NdA) Thierry Repentin, dénonçant un "désengagement de l’Etat et une logique de privatisation" du logement social. Il estime qu’en dix ans, la part de financement des collectivités locales a été multipliée par quatre (de 2 à 8%) et dans le même temps la part de subventions de l’Etat a été divisée par deux (de 6% à 3%)." Rappelons au passage l’hypocrite justification sarkozyste de la réforme des collectivités locales, censées être trop dépensières ! "Cette politique ne marche pas", renchérit Michel Fréchet, président de la Confédération générale du Logement, association de défense des locataires, soulignant le peu de logements vendus. De fait, sur 40.000 logements mis en vente en 2008, seuls 6.000 logements ont été vendus et encore moins (3.600) en 2009, notamment en raison de la crise, du manque de moyens des locataires et des banques moins prêteuses." Nous n’enlevons pas un mot à notre conclusion du 17 décembre : l’on trouve des milliards pour renflouer les banques ou maintenir le bouclier fiscal et l’exonération des droits de succession pour les plus riches, mais on laisse prospérer des armées de mal-logés, à la rue, dans des hôtels miteux, des habitations insalubres ou entassés par familles entières dans quelques mètres carrés. Un vrai choix politique de droite, proprement indéfendable. Mais ça tombe bien pour nos gouvernants : personne ne les interpelle là-dessus ! Le problème du mal-logement est-il dramatique, urgent et prioritaire ? Nul n’oserait le contester. On enrage donc de s’apercevoir que cette scandaleuse baisse du financement alloué par l’Etat au logement, notamment social, soit passée aussi inaperçue dans nos grands médias.

 

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11 réactions à cet article    


  • Lapa Lapa 3 février 2010 10:52

    article en double.
    bug ?? je n’ai encore rien bu !


    • Lisa SION 2 Lisa SION 2 3 février 2010 12:12

      Ces nombreuses règlementations et lois telles Robien ne deviennent lisibles que par les autorités et les professionnels de l’immobilier. C’est ainsi qu’ils se retrouvent, notaires, mairies, marchands de biens, et banques, propriétaires du centre de nos villes et villages et principaux acteurs dans l’émergence de cités pavillonnaires en carton.

      L’émission complément d’enquêtes relataient hier d’un certain Jacques Meyer, propriétaire de trois cent immeubles dans le centre ville d’Orléans lui dégageant un revenu annuel de quinze millions d’euros. Avec l’histoire du devenu célèbre squatt de la place des Vosges, l’on ne se cache plus que l’on en appelle à la loi et aux médias pour dénoncer ces squatteurs, et cela au profit de la défense des ces propriétaires responsables indirectement de cette crise du logement.

      L’Etat a artificiellement et légalement soutenu les entraves responsables de la raréfaction du marché, et profite, donc au meilleur moment de cette hausse, pour mettre en vente aux enchères son patrimoine immobilier parisien historique.


      • Lisa SION 2 Lisa SION 2 3 février 2010 12:14

        Bonjour, il y a un bug quand l’on cherche à insérer un lien...Je vous recommande cette émission sur les problèmes de logement en notre beau pays.

        http://television.telerama.fr/tele/...


      • Voris 3 février 2010 14:23

        Cet article ne nous apprend pas grand chose mais disons que c’est une piqûre de rappel. Il s’agit d’un agrégat de news parues dans la presse généraliste qui ne connait pas bien le domaine de la politique du logement. C’est d’ailleurs pour cela que les journaux se contente de reproduire les phrases publiées en gras dans le rapport de la fondation Abbé Pierre.

        Puisqu’on est dans les news :

        L’Etat va racheter 3 000 logements vacants en Ile-de-France cette année, en partenariat avec les organismes HLM, pour faire face à la pénurie de logements sociaux, a annoncé mercredi 3 février le secrétaire d’Etat au logement Benoist Apparu au cours d’une conférence de presse.


        • Voris 4 février 2010 09:42

          C’est pourquoi, j’ai soumis à la modération un article très précis sur la façon dont le gouvernement nous embrouille, éléments techniques à l’appui (mais expliqué de façon claire et intelligible).


        • ChatquiChouine ChatquiChouine 4 février 2010 08:19

          Et si la valorisation du parc immobilier des entreprises, banques ou autres compagnies d’ assurances était indexée sur le taux d’occupation de ce dernier ?

           Le maintien artificiel des prix de ventes élevés d’appartements vides pour éviter une chute des prix de l’ immobilier pourrait être compensé par une ouverture d’un marché locatif a des prix abordables sous peine de voir les résultats de ces entreprises sérieusement affectés.

          Une idée à creuser peut-être...


          • M.Junior M.Junior 4 février 2010 10:44

            Urgence Logement, ce ne sont pas les solutions économiques qui manquent ni les calendriers opérationnels.

            Oui cher journaliste, seule la volonté est moteur de progrès et le gouvernement, indépendamment de sa communication, a une volonté autre que celle de répondre aux besoins des non ou mal-logés !


            • savouret 4 février 2010 21:04

              cet article permet de rappeller l ’impact néfaste de la politique du gouvernement sur l ’aggravation de la crise du logement.

              Il est de toute manière évident qu’une politique du logement conditionné essentiellement par des orientations libérales contribue inéluctablement à exacerber les problèmes rencontrés par les citoyens dans ce domaine,, a fortiori pour les plus modestes d ’entre eux.

              en effet,il ne faut pas oublier que cette crise du logement affecte principalement les fractions les plus défavorisées des couches populaires,elle reflète donc la prégance des disparités sociales et favorise aussi leur intensification , sachant que de toute manière la politique économique et sociale déterminée par sarkozy va depuis son élection dans le sens d ’un accroissement de la fracture sociale.

              Néanmoins, bien que je partage entièrement les critiques émises par l’auteur sur la politique nationale du logement menée actuellement, je pense qu’il convient de ne pas éluder la responsabilité des collectivités locales dans l ’explication de la situation délètére mise en évidence par la fondation l’abé pierre .

              ainsi, de nombreux maires, essentiellement de droite, refusent systématiquement de se conformer à la loi sru qui stipule que toute commune de plus de 3500 habitants est contrainte de poséder 20 pour cents de logement sociaux sur son territoire.

              il est donc nécessaire de ne pas se focaliser entièrement sur les dirigeants nationaux dans l ’explication de la crise du logement.

              pour approfondir un peu plus la réflexion sur la genése de celle ci,il me semble également qu’il convient d ’admettre ,qu’elle resulte aussi quelque part de nos choix individuels, puis que dans de nombreuses communes, une part importante de la population s ’avére de manière recurrente hostile à la construction de logements sociaux.

              Cette attitude reflète l’association faite abusivement entre ce type de logements et l’implantation d ’une population percue comme marginale et dangereuse, sachant que cette représentation défavorable de l’habitat social est renforcée par certains discours médiatiques ou politiques.

              Plus globalement, ceci traduit la volonté des classes moyennes et des groupes les plus favorisés des couches populaires ,de se « prémunir » contre la présence des catégories sociales jugées inférieures .l’on peut y percevoir le reflet d ’un individualisme croissant dans nos sociétés qui contribue à accentuer la crise du logement.

              pour etre exhaustif, il convient aussi d ’évoquer l ’inflluence de l’évolution structurelle de la taille des ménages..celle ci ne cesse en effet de decroitre, en raison de l ’essor des séparations et des familles monoparentales qui en résulte,ou encore du vieillissement de la population, ce qui nécessite un accroissement considérable du parc locatif.

              enfin, l’on ne peut oculter la responsabilité indubitable, de certains acteurs économiques et financiers qui se sont adonnés à une spéculation éhontée pendant une dizaine d ’années,ce qui a engendré une explosion des loyers, sachant que leur quete sans limite du profit au détriment de la population a bien entendu été favorisée par l ’incurie des responsables politiques à différentes échelles.

              en définitive, tout en insistant sur les répercussions négatives de la politique pour appréhender la crise du logement, il me emble qu’il est nécessaire de mettre en exergue sa complexité, et la fait quelques acteurs qui en sont responsables sont multiples.
              plus globalement , je crois qu’il est important de percevoir que cette crise du logement reflète les effets pervers d ’un système économique et social faconné par l’idéologie néolibérale, et qu’elle traduit aussi l ’exacerbation de l’individualisme dans notre société et l’affaiblissement des solidarités qui en est concomitant.


              • Olivier Bonnet Olivier Bonnet 5 février 2010 07:51

                Merci pour ce commentaire très complet !


              • sisyphe sisyphe 7 février 2010 11:13

                Au milieu de toute la désinformation parue à propos du logement, excellent article, qui remet les pendules à l’heure, en citant les chiffres, indiscutables, du désengagement volontaire de l’état en ce qui concerne la politique du logement, laissant le champ de plus en plus libre au privé, à la spéculation, plongeant des millions de français dans une spirale infernale pour pouvoir, simplement, se loger décemment.

                Un des pans de la démolition du pays, du renforcement des inégalités, de la précarisation progressive de tout un peuple, au bénéfice de quelques mafias...

                Je remets ici un lien, déjà posté par ailleurs, d’ une analyse pertinente du problème :

                Logement social, une pénurie entretenue

                Avec la fin de la trêve hivernale des expulsions, le 15 mars, la question du logement est revenue au cœur du débat public. Face à ceux qui réclament une intervention de l’Etat pour garantir ce bien de première nécessité, les conservateurs d’hier et d’aujourd’hui préfèrent laisser jouer le marché. Locataires aidés ou petits propriétaires endettés ? De la Restauration au récent projet de loi de la ministre du logement, Mme Christine Boutin, c’est la tension qui structure l’histoire de l’habitat social en France.

                Par Olivier Vilain

                « Rendre possible l’accès à la propriété pour tous », notamment par le développement du crédit hypothécaire. C’est la réponse proposée, en septembre 2006, par M. Nicolas Sarkozy, à une crise du logement qui est loin de se résumer aux cent cinquante mille sans-logis complaisamment filmés chaque hiver. Loyers et traites représentent près de 25 % de la dépense des ménages, contre 12,5 % à la fin des années 1980. Un couple de salariés modestes avec deux enfants, gagnant chacun 1 500 euros par mois, doit dépenser près d’un quart de ses revenus pour se loger dans le parc social et jusqu’au double dans le parc privé (1). «  Le discours dominant identifie la crise du logement à la baisse des prix de l’immobilier. Il n’y a rien de plus faux : la vraie crise a lieu lorsque les prix sont à la hausse  », grince un fonctionnaire du ministère du logement. Sous une forme ou une autre (exiguïté, logement indécent, divers impayés...) dix millions cent mille Français en 2008, contre neuf millions trois cent mille en 2007, sont touchés.

                Cette situation ne résulte pas de la simple confrontation entre l’offre et la demande. Comme le soulignait le sociologue Pierre Bourdieu, « l’Etat contribue de manière déterminante à faire le marché immobilier, notamment à travers le contrôle qu’il exerce sur le marché du sol et les formes de l’aide qu’il apporte à l’achat ou à la location (2)  ».

                Or les pouvoirs publics ont laissé s’effondrer la production d’habitations, générant une pénurie évaluée à un million de logements, dont quatre cent mille pour la seule Ile-de-France. Il y sort de terre rarement plus de quarante mille constructions par an depuis 1992, soit autant qu’en Bretagne, une région pourtant quatre fois moins peuplée. En outre, les démolitions de logements sociaux ne cessent de se multiplier, aggravant encore le déséquilibre.

                La suite ici...

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