De la perte de valeurs dans nos sociétés
"Marseille est une ville où les préoccupations de sécurité existe", a indiqué M. Guéant, mais, ici aussi, "les forces de l'ordre marquent des points", a-t-il insisté lors de son déplacement à Marseilles le Lundi 5 Mars 2012.
Rêglement de comptes, augmentation de la criminalité, banlieues à problèmes, et débauche des jeunes de la classe moyenne. Dans les médias, en politique on entend tous les jours parler de crime généralisé, de nouvelles lois pour encadrer de nouveaux delits.
Cependant on ne trouve nulle part de réponse lorsqu'on en cherche les causes, afin de trouver des solutions à cette recrudescence sans fin de violence et de non respect.
Voici quelques pistes...

"Aux yeux des grecs, contraindre, commander au lieu de convaincre était des méthodes pré-politiques de traiter les hommes : c'est ce qui caractérisait la vie hors de la police, celle du foyer de la famille, donc le chef exerçait un pouvoir absolu, ou celle des empires barbares dont on comparait le régime despotique à l'organisation de la famille." Hannah Arendt, la Condition de l'Homme Moderne.
Le Moyen-Âge fut dans l'optique politique développée ici un oubli des valeurs grecques, un retour en arrière politique faisant abstraction que la meilleure façon de légitimer un pouvoir hiérarchique sur les hommes est encore de leur laisser croire qu'ils ont le choix. On comprend ici en partie la cause de la naissance de la démocratie pendant l'antiquité et sa ré-émergence peu après l'expansion des idées des Lumières au XVIIIe.
Cependant maintenant que l'idéal démocratique est devenu dominant dans les régimes du monde entier, on parle aujourd'hui de pertes de valeurs généralisées dans ces sociétés, pourquoi ?
On observe à ces lignes que les Grecs avaient préservé une structure dite "pré politique" au sein du foyer familial. Ainsi l'enfant dès sa naissance ne côtoyait qu'un pouvoir hiérarchique autoritaire, et ce n'était qu'ensuite, après avoir appris la discipline et le respect de la hiérarchie qu'il pouvait côtoyer le pouvoir politique hiérarchique de la parole : dialoguer, convaincre, persuader.
"L'homme est un nain sur les épaules d'un géant." Saint Thomas d'Aquin.
Chaque enfant nait dans un monde façonné à l'image de 10000 ans de combats politiques de l'histoire, l'avènement du pouvoir par la parole n'est que la conséquence de la connaissance des limites du pouvoir autoritaire. Ainsi l'enfant dans sa découverte de ce qui est nécessaire à sa vie dans la polis doit apprendre que le pouvoir de parole, de dialogue est un acquis et pour ceci doit nécessairement connaître dans un premier temps un pouvoir hiérarchique autoritaire.
La perte de valeurs dans les sociétés démocratiques actuelles tient sa clef de voûte et sa cause dans la perte de la place du père dont l'autorité était auparavant irréfutable.
Ceci engendre inéluctablement l'irrespect de la hiérarchie : les règles, la loi, les forces publiques qui est, dans les sociétés saines représentées à l'enfant pour la première fois par le père.
La déliquescence des valeurs n'est qu'appuyée par les efforts superficiels de l'état qui, pour tenter de remédier à ce problème, se réforme en entité supra-parentale
Un bateau qui coule n'est pas sauvé en vidant son eau avec un sot mais en bouchant les trous. Un problème ne se règle qu'en le prenant à sa source. La multiplication des lois, le durcissement des peines et l'implantation d'assistants sociaux à l'intérieur des familles est vain quand il faut s'attaquer à la source de la déliquescence sociale reignante : la déchéance de la place de l'autorité du père au sein du foyer familial.
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