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De Lahore à Paris, plus de 8000 kilomètres d’aventures

Deux aventuriers de Lahore (Pakistan)

Connaissez-vous Lahore ( (ourdou : لاہور) ) ? Cette mégapole de 7 millions d’habitants se situe au Pakistan située sur la rivière Ravi, dans le Nord-Est. C’est à
8 891 km exactement du Faubourg Saint Denis (Paris) en évitant les autoroutes à Péages.

Avec une telle distance en voiture, il en faut de la gnac et de la foi en ses rêves pour venir jusqu’en France. Plus de 8000 km... Un jour, comme certains membres de leur biraderi (clan familial), deux lascars du Pakistan ont décidé de tenter le diable et de quitter leur pays.
 
Deux aventuriers de Lahore (Pakistan)

Pour vous donner une comparaison, je vous donne un mètre-étalon pour comparer : moi. Petit graphiste bourgeois, j’avais économisé 32000 francs, en 2002, pendant une année pour partir vivre au Japon. Je prenais l’avion russe Aéroflot depuis Paris, et hop en 14 heures, après une escale d’une heure à Moscou où j’ai goûté au thé russe avec volupté, j’arrive à Tôkyo. Un mois après de longue quête du travail, je remplissais mon contrat social japonais : travail, travail (heu, oui, là-bas on bosse comme des malades) et famille et cela pendant 6 ans.
En rentrant en France, beaucoup s’impressionne de mon aventure et de mes prises de risques...

Une aventure... Tu veux rire Popaul !
 
De Lahore à Hoshab
Revenons à mes potes du Penjab. Ils sont partis avec les économies de plusieurs années de travail... par économie j’entends celles mises de côté par l’ensemble de leur famille laborieuse, soit l’équivalent de 15000 francs.

Ils n’ont pas pris la voie des airs. Non, ils ont fait ça à l’ancienne... Façon voyage à la Jules Vernes. Ils sont parties, un soir, comme ça, à 4 dans le tacot. Ils ne sont pas parti sans rien préparer au préalable. Ils avaient déjà tracé les grandes étapes de leur voyage.

Ils avaient pensé mettre 15 jours pour venir en France, ils ont mis 5 mois à peu près !

Depuis Lahore, ils ont tracé leur route à travers tout le Pakistan. Ils se sont arrêtés à Hoshab pour laisser leur deux autres potes qui ont pris une autre route.
Ils sont passés par l’Iran.
 
De Yazd à Athènes
A Yazd, située sur le plateau central iranien, entre le désert du Dasht-e Kavir au nord et celui du Dasht-e Lut au sud,, on leur a piqué la bagnole. La galère commence. Ils n’ont pas les moyens d’acheter une voiture.
 
Ils vont donc se faire con-voiturer, prendre bus et train jusqu’à la frontière turc. Heureusement pour eux, un oncle habite là-bas et va les loger pendant trois mois et leur trouver du travail pour gagner de l’argent pour reprendre leur voyage. Pendant ses trois mois et demi, ils vont se remettent à revivre et reprendre confiance en eux. Le voyage à travers l’Iran a constitué leur premier isolement vertigineux.
 
Et puis, un matin, ils repartent. En train, il traverse la Turquie depuis Erzurum, une ville d’Anatolie orientale, jusqu’à Izmir. Puis façon Ulysse et ses troyens, ont pris le bateau jusqu’à Athènes.

A partir de là, un vent d’optimisme les transporte, le plus dur a été fait mais ils sont épuisés et fatigués. Ils ne veulent plus continués en voiture, en bus ou en train. Ils décident de prendre l’avion, direction Paris.
 
A Paris
En France, j’imagine que ce fut aussi une autre paire de manche, du coriace administratif, des papiers et un paquet de préjugé à subir. Welcome in France ! Ils ne m’ont pas raconté la suite et je ne veux pas le savoir. Ils sont réussi à obtenir la nationalité, il y a de cela 2 ans. Il travaille maintenant à Paris, dans le quartier du Faubourg Saint Denis.

Lorsque je leur ai posé la question de savoir si ce long voyage en valait la peine, ils m’ont avoué ne pas avoir regretté leur voyage mais par-contre qu’il regrettait la vie en Turquie, qu’ils trouvaient plus heureuses.

Moi, quand je les ai pris en photo, j’avais l’impression d’avoir devant moi deux vrais icônes de l’esprit aventurier. Des gars, qui risquent vraiment leur vie pour vivre le rêve Français. Ah ils me font bien rigolé ces jeunots français qui pour l’été rêvent de faire un trekking ou trek dans le Massif Central à pince.

Devant tant de volonté pour habiter chez nous, je ne peux qu’être ému par leur force et volonté pour réaliser leur rêve : celui d’élire un nouveau domicile loin de leur contrée.

Photo : Serge-Henri Bouvet
http://sergebouvet.com/?p=34

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1 réactions à cet article    


  • AniKoreh AniKoreh 27 août 2010 23:33

    Bien merci pour ce témoignage, Monsieur Bouvet. Vous êtes un vrai humaniste.


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