Des ires intégristes au rire intégral
Plaidoyer pour de rire
Pamphlet à l’usage des Imams, Rabins, Archevêques, Evêques et contre la Pasteurisation
Je suis Charlie et je le prouve. L’assassinat de journalistes dont la liberté de ton, sur le mode laïc et anticlérical a toujours pour effet de démultiplier les ressources de la bêtise humaine chez ceux-là qu’elle prend pour objet de caricature – cette émotion est célébrée, aujourd’hui, comme un hymne à la liberté. Effectivement, c’est un espace de liberté, très représentatif de notre identité culturelle qui a été atteint. Elle se situe dans une veine libertaire : celle de l’irrévérence à l’égard des institutions, des morales établies et des politiques ; celle, aussi, de l’ironie tranchante d’un Montesquieu, de la dérision et de la critique sociale, héritée des Lumières ; une attitude que d’autres, bien avant, ont payé de bannissement ou de relégation au cachot royal. Cette inconduite fait honneur à l’intelligence pour autant que l’irrespect est une émancipation des canevas imposés, une gerbe aux pieds de toute fatuité installée dans une fonction. En cela, elle n’est jamais innocente mais vise à forcer le trait d’une réalité. A l’image du dernier dessin de Luz où le Prophète, au nom duquel une boucherie Allal vient d’être commise sur des êtres humains, fait repentance. Cet air penaud n’emprunte pas, pour le coup, à une férocité du trait. D’aucuns trouvent encore les ressources d’en faire procès au dessinateur. Il faut la mobilisation fantasmée des imams les plus obscurantistes et, à sa suite de tout un peuple, transi de pieuses imageries, pour y voir une « provocation ». Comme si les victimes, à peine refroidies, devaient s’excuser de provocations posthumes au prophète … Le seul tort de cette effigie, à la une de Charlie, est de ne pas exonérer la bêtise de ceux qui charcutent en son nom.
La caricature expliquée dans le texte
S’il faut l’explication de texte au dessin, ce prophète, d’une humanité un peu débonnaire, est une juste invective, un appel à une prise de conscience chez ceux qui s’en revendiquent. Après le crime l’ « amour », dans la syntaxe religieuse, n’exonère pas le crime commis. Tel est ce bonhomme en prophète, pleurant des larmes de crocodile. Ce trait d’exagération est la force de l’humour. Il y a là toute l’amertume d’un Luz qui a vu sa rédaction décimée. La dignité du trait est dans ce degré d’affliction, face à la bêtise humaine, que même un Prophète ne peut racheter : digne refus de céder aux logorrhées catachétiques ; réponse sobre et intelligente, en un trait de plume et d’esprit, à la bestialité humaine. Aux antipodes de tout message de haine, proclamé par les haineux. Pas de quoi fouetter un mécréant donc.
Comment expliquer, alors, la colère pieuse de certains musulmans, cette indignation bêtifiante, encore et encore, pour un dessin somme toute très en retrait de la barbarie de ces dernières semaines - voir les commentaires affligeants, dans toute leurs ressources théologiques, sur le mode de l’ « insulte au prophète », de la « provocation » intolérable (on n’attendait pas l’esprit de
« tolérance » à cet endroit-là …) et la cerise : ils doivent « comprendre qu’on aime le prophète » ? Le regard laïc sur le sacré fonde ce délire religieux au motif opportun d’ « intolérance » : façon d’exonérer son intolérance propre. Car ce n’est pas le prophète mais bien sa caricature fantasmée qui est prise à partie. Le plus caricatural, en vérité, est cette réflexe d’incompréhension que les imams sont incapables d’appréhender et encore moins de juguler. L’élément d’intentionnalité fonde ici le procès en sorcellerie laïque. « Les mauvaises intentions, c’est comme les billets de banques : n’en prêtent aux autres que ceux qui en ont ». Ainsi le religieux, cette âme recluse, peut-il dans ses exaltations bibliques, coraniques ou talmudiques se prendre à fustiger ce qu’il dénomme « intolérance », par commodité guerrière. Ce renversement de l’intolérant à sa victime est un classique du genre conspirationniste : le libre penseur en est réduit à s’auto-justifier de toutes sortes d’affronts qu’il n’a pas commis, sinon envers des représentations, mais dont on veut lui faire dire qu’elles ont atteint l’intimité religieuse … même si l’intention n’y était pas : le dessinateur ignorant, en somme, l’objet de ses offenses. D’ignorer l’esprit républicain, il est ainsi loisible aux Imams de se muer tour à tour en offensé et en Inquisiteur, au nom du Prophète. L’ignorance véritable est dans cette imposture et non point dans le dessin de Luz mesurant parfaitement, face à la religion de l’imbécilité la portée du trait ; il est aussi des fidèles non parfaitement imbéciles mais ces derniers temps, le paradis ne leur est pas promis ici bas. Luz, avec son dernier dessin à l’effigie du prophète a répondu trait pour trait et avec acuité à la sauvagerie prophétique : bien aimable dérision en vérité, dans le contexte d’une sauvagerie barbare sans même parler de l’humiliation qu’elle représente, dans son élément d’intentionnalité, à toute intelligence humaine, mécréante ou non. La dignité du trait est dans cette juste mesure qui suffit à situer, en deça, la bêtise vengeresse de deux imbéciles encagoulés. La pointe du crayon n’aura donc pas suffi, même pas en ces circonstances, à redresser les certitudes de ceux qu’elle prend pour objet. D’aimer Allah, Le Christ ou Jeovah il semble permis de renoncer à tout discernement du rire. Sans le « droit » au blasphème, c’est l’intelligence qui est profanée.
Le rire fraternité langagière
Cette articulation de la mâchoire, le rire intégral, vaut bien une ire d’intégriste, un psaume ou une palinodie aux murs des lamentations. Rire est un sujet au moins aussi sérieux que le risque d’éboulement d’un mur sur des chapeaux. S’ils l’avaient melon, au moins, ils pourraient en germer des idées nouvelles. Au lieu qu’ils ressassent une Torah de 2000 ans d’âge, un Coran cuvée VIIème siècle quand les apostoliques font dans la « nouveauté » d’un Testament …
Le rire cette fraternité langagière est notre Texte. Aussi est-il urgent de moquer, continument, les religions au figuré : dans leur représentation la plus réelle, ensoutanée, enturbannée enchapeautée, embarbusée ou de près rasée ; il le faut absolument, comme un acte de salubrité publique. Pour que ceux qui n’y croient pas - aujourd’hui agressés dans leur identité propre - aient eux aussi légitimement, droit de citer dans un monde en proie à la piété biblique, coranique, talmudique et autres spiritueux de l’âme en papiers parcheminés : impies, mécréants, infidèles, athées posons la question : la foi du religieux – denrée respectable chez certains, sans le tissu ni la pilosité ostentatoire – peut-elle avoir l’ascendant sur la figuration religieuse ? Cette dissociation, en effet, libère d’une bêtise : adorer les saints. Ici commence le rire. Mais certains ont foi en leurs icônes et reliques. Avec, au mieux, cet esprit de « modération » de ne pas tuer par ce motif. Je m’explique : point ne suffit de dire que la foi ne peut tolérer une tuerie de cette espèce, au motif redondant qu’une foi « non partagée » n’est pas blanc-seing pour tuer : béaba d’humanité. L’ « amour du prochain » : va pour cette définition de « croire » si vous voulez. Au point d’aimer même celui qui souffre du mal de ne pas croire : purulences de l’âme, affliction d’athée ; je veux bien, même, faire l’écrouelle si cela vous fait la main divine. Mais notez bien : ce don de soi n’oblige pas à la guérison de l’âme. Car si c’est pour attraper des afflictions, je me préfère ainsi qu’en apostat de la raison.
A un degré de conscience supérieure, il est salutaire que certains se reconnaissent aussi dans la caricature que je viens de dire, pour mesurer en quoi ils peuvent insupporter. L’esprit de contradiction est au laïc ce que le sacré est au religieux : une issue heureuse, pris dans la dureté du monde tel qu’il nous est donné d’y vivre. A ceci près que la laïcité, exclusive de tout projet messianique, est davantage prédisposée à admettre la critique : elle conjugue la liberté dans les rapports sociaux, là où la religion tolère à peine, bien souvent, que l’on prenne des libertés avec elle, comme par négation de son identité propre : le sacré. Cette laïcité, les politiques, au fronton des cortèges, en sont le visage impavide.
Au fronton des cortèges des visages impavides
Ceux-là, à la ville, courent titres, honneurs, médailles et strapontins ; ils font compromis de tout, se lient de fausses « amitiés », copinent au gré de leurs intérêts, s’esclaffent de fausses impertinences, font fi en paroles de leurs ambitions, se font louer pour le désintérêt de leurs actions. Au nom du bien commun dont ils font renom. Ils en sont à croire, sincèrement, aux amitiés de circonstance comme une fête qui se perpétue. Avec en apothéose, un fauteuil ou un titre pour les moins bien lotis ; un marocain, un mandat pour les plus méritants. Un jour du 11 janvier, la rue fut leur instance … Défilé de têtes à claques d’énarques et affidés. J’en connais, assez bouffis d’honneurs pour autoproclamer, devant un parterre de subordonnés, sur un ton qui n’admet pas de réplique : « Vous me connaissez, je ne suis pas flagorneur ». Et chacun, alors, envisage l’homoncule dans son insupportable aplomb à se définir au contraire de sa réalité. A celui-là, le luxe d’une position sociale ne suffit pas : il veut encore la distinction morale pour des titres acquis à force de petits compromis ; chacun, à cet instant, se souvient qui il est : un subordonné et par ce simple motif, applaudit. Petit satisfecit pour une bravoure langagière …
Ce ruban de crânes chauves, de fiers mentons surplombés de lunettes à verres grossissants, notre liberté ? La liberté scrutée au JO ; la liberté si ce n’était Delacroix dont le sein est plus généreux que la Merkel ; la liberté dont la stature humilie ce président révoqué, nabot sur talonnettes faufilé en devanture de la manifestation. Par l’effet de trois millions d’hommes et de femmes en contre-jour, ils se figurent la liberté en marche, quand un peuple marche pour sa liberté. Le peuple à leurs talons, ce mythe à propulsion de leurs effets de scène n’est pas voué, toujours, au rôle de préposé, de cause utile à leurs calculs. La liberté exige Messieurs, Mesdames, votre émancipation.
Bref, ne pas se laisser abuser. Car enfin, le précité célébrant la morale du curé dans son discours de Latran, Monsieur Netanyaou faisant le sort que l’on sait aux palestiniens pour des motifs notoirement messianique (la « Terre promise »), les Imams et autres grands rabbins rangés dans une même indignation spirituelle, tout cela fait-il sens ? Sans mauvais « esprit » puisque c’est de lui dont on parle. Les voilà qui diagnostiquent la liberté, la prennent en défense au bénéfice d’une tuerie. Comme une fille de mauvaise vie qu’ils s’offrent à coucher sans demander.
La liberté en révolte, par défaut de réalité
J’en viens ici au sens de mon propos sur cet hymne ressassé pour « la » liberté. La manifestation du 11 fut surtout une libre clameur, une colère sourde, en revers de l’indignation. Autocélébration nationale dont se ressasse aujourd’hui tout ce que la France compte de plumitifs bien-pensants, aussi prompts à réagir qu’à ne rien distinguer. Sublimation du réel, que cette liberté au défi, frappée d’indignité, le plus souvent, dans les rapports sociaux. Charlie Hebdo en est pour une part dépositaire devant chacun, pris dans les conflictualités du quotidien : tenir sa fonction pour gagner sa vie. Lieu d’une parole émancipée, Charlie figure l’horizon impossible d’un peuple en révolte, comme le miroir inversé de sa réalité. Il s’en éprend, aujourd’hui, pour autant que sa liberté à lui est enfermée dans de bien plus sévères limites à l’horizon bornée d’un chef ou de son adjoint. On ne célèbre que les absents. Je veux dire que tout « hommage » est un déni collectif, le couronnement d’un bonheur par illusion de réalité. Ainsi de la grand-messe laïque, jusqu’à l’écœurement des logorrhées médiatiques. Sans parler du carré des indignés officiels, nouveau sujet de ridicule aux pamphlétaires. D’en trop méconnaître le prix, ceux-là n’avaient d’autre choix que de prêter « hommage » à la libre-pensée : maigre procession devant une image pieuse. Ainsi le peuple dut-il subir, encore, le défouloir politique au fronton du cortège. Avant quelque sursaut sécuritaire. Cette ode à plus de liberté, les journalistes loquaces, émus aux larmes d’une « France réconciliée » n’y ont, comme à l’accoutumé, rien compris S’il est bien vrai que « La charge symbolique actuelle est tout ce contre quoi Charlie a toujours travaillé » (Luz), les journalistes travaillent aujourd’hui à défaire ce à quoi Charb et sa bande se sont attelés. Le monde toujours leur sera peuplé de « symboles » indivisibles et ils furent unanimes à louer l’imposture dont ils ne réalisent pas seulement qu’elle existe et qu’ils ont part à y gagner. De cette aspiration non consciente à plus de liberté, ils seront la dernière entrave. N’en déplaise aux notables, sociaux et sociaux-libéraux, communiants d’un jour de cette religion impratiquée : la liberté non proclamée, celle qui, descendue dans le réel, peut faire vaciller un petit chef, inquiéter les sentences d’une directrice des ressources humaines, celle-là même qui rendrait toute direction agissant de connivence, comptable de ses actes aux yeux et au sus de tous. Il y a plus de courage chez un petit agent de bureau, chez un syndicaliste, à résister à un de cette espèce, à révoquer breloques, médailles et copinages que chez tout notable décoré, déclinant ses amours « libertaires », par effet de style. C’est bien cela que tout un peuple a dit en lettres capitales avec en exergue, la liberté de caricature. Au nom de l’irrévérence et sous le joug d’une société néo libérale, saturée d’injustices sociales et austéritaires. La liberté ce serait moins de commandeurs pour moins d’irrévérences.
En attendant les notables charlatans se voient Charlie. Ils n’éprouvent plus, seulement, le sentiment de leur caricature : le pouvoir est un abandon du discernement de soi. Précisément : Charlie les rappelle à eux-mêmes. Le rire est cette liberté qui ne discourt ni du devoir de tolérance à l’égard des religions, ni sur la tolérance entre les religieux. L’athée rompt la farandole. Au « dialogue » des religions, il préfère le trombone ou l’accordéon. Nous réclamons, devant toutes, le droit à cette esclaffade. Comme une salve de bonne humeur sur un mur de lamentations. La liberté s’autorise à rire un point c’est tout. Par exemple, je ris en liberté de ces imbéciles au-devant des cortèges. « Imbécile », me direz-vous n’est pas un mot « tolérable » adressé à celui qui me représente. Je ne m’étais pas posé la question et il ne m’a pas demandé. Priez-le, à son tour, de se représenter ma mauvaise habitude de rire sans sa procuration. Pour un peu vous me qualifieriez d’intolérant. Je ris par devoir d’intolérance. Le voir là, mine grave, tout à son personnage, comme à l’heure de l’inauguration d’une biscuiterie ou d’un édifice religieux est un spectacle irrésistible. A fendre de rire sous sa gangue de pierre, l’homme statufié. Ou le prophète. Si le rire est une déformation du visage, il trahit moins que cette image que l’on se figure Dieu ou ses envoyés. Je le sais, il me l’a susurré à l’oreille droite d’où je capte ses mots d’esprit. Et voici ce qu’il me dit, ce jour du 11.
L’Islam modéré, préfiguration d’une idiotie radicale
Islam modéré, triste constat : l’œcuménisme fait terreau du sang versé par les victimes ; l’intégrisme puise tout entier dans une bêtise immanente, même « modérée », dans sa bêtise. Par ce motif, poursuivre les religieux devant le tribunal du rire. Ainsi la religion, l’instituée de religion, avec ses ordres ses mitres et ses kippas est un sujet, entre autres, d’assouplissement du rictus facial. Celui qui affecte les Ayatollahs, les ensoutanés, les muftis et autres rabbins à l’humour moribond. Le rire : surtout au lendemain d’attentat, quand les œcuméniques en pleurs se tiennent la barbe. Et à quelques fétiches de leur confection : du fait main et sur mesure. Quoi ? Je blasphème, le « droit au blasphème » et la tirade qui s’en suit … Plaisanterie. Cette manie de mettre du droit partout pour empêcher de respirer. Le blasphème n’a rien à voir avec la prescription réglementaire. C’est un soupir de l’âme étreint de bêtise humaine, un jour d’attentats. Et j’ai encore le droit de soupirer, non ? La confection musulmane disais-je, subit de plein fouet la crise attentatoire au petit commerce des âmes. Le secteur est en crise et l’athée ne va pas s’interdire d’en péter de rire. Et d’ailleurs, qu’il se rassure le dévot du Prophète : l’esprit d’entreprise rapièce tout. Vaudou, Shiva, Boudas et autres Ayatollahs de la même industrie. Quelques pleurs dans la machine et la repentance est faite ; les rouages de la mécanique sont à présent huilés. Il en sortira vite une nouvelle bêtise en fumerolles, envolées célestes au-dessus du dôme sacré : gémissements de troupeaux.
Islam modéré ? Dans le concert modérateur, faire entendre l’irréligiosité en mode majeur. Le bénitier modérateur ne célèbre qu’une noyade : celle de l’esprit critique. Nous servons l’eau à la source. En bouteille et sans la consigne pour l’au-delà. Il faut aux censeurs, tolérer, enfin, que d’autres aient ce courage qui leur fait défaut. Il leur faut comprendre que l’on peut ne pas agir que par devoir de pondération, comme un subterfuge inutile à la déraison. Pas la biblique de déraison : la déraison d’ennui d’un épandage d’Amour ; celle que suscite la bêtise enluminée, aux prémices d’une charia ou de l’Inquisition. Cet amour-là n’achève pas la bêtise et si le terrain est fertile, vous aurez une ignominie à la floraison. Celle, par exemple, qui a livré au massacre des confrères de plume au motif de Mahomet. Malentendu d’Amour.
Aussi nous attendons de Charlie qu’il demeure acerbe et injuste trait pour trait, comme le sort qu’on lui a fait : la caricature ne peut être un Islam modéré ; cette liberté domestique signerait sa fin. Il est urgent de s’en préserver, hier comme aujourd’hui. Moquer même l’imbécile offusqué d’être moqué. Quelle persévérance ! Quelle âpreté au combat pour un peu d’intelligence ! Démarche salutaire, encore une fois, mais assez dépourvue de perspectives pour autant, il est vrai, qu’une caricature demeure un trait d’humour.
De la modération en politique
En politique aussi la modération est une idiotie radicale. Libérons les consciences des reformulations élitistes, nonobstant la voie républicaine à l’élitisme. M. Macron, Mme Lagarde, tristes étendards pour la révolte : la Finance arguant du peuple. Ces gens-là ne respectent rien. Pas même l’espace du ridicule. Les voilà, à présent, qui défendent le droit de les ridiculiser comme liberté pour eux-mêmes, de se voir ridicules. On ne les avait pas attendus. Le ridicule non plus. Pour un peu, notre liberté serait la leur de se dessiner sous des traits choisis : éléphants de parti revenus chaque année boire à la marre républicaine, jusqu’à l’assèchement des votes ; raton UMP et sa guenuche grimpés à la cocagne du Front national pour y voler l’oriflamme ; jeune chenilles dans leurs sillages, en devenir d’une éclosion politique ; vieux batracien aux chants d’amours à la saison électorale : chacun se voudrait librement caricaturé. Imposture. Notre liberté est son antidote, simple exagération d’un trait de vérité. Mais ne pas se tromper de fiole. Nous ne buvons pas à l’eau de ce gouvernement. Son rosé ne tâche pas ; il évapore et la couleur et le tissu du pantin socialiste. Comme on dit la gauche « extrême » pour ne pas voir l’éradication de la gauche au centre de toute modération. Nonobstant les coups de menton de Monsieur Valls, raide comme un tango en appui sur sa jambe droite. Changer d’appui aux membres inférieurs. La conviction suivra. Ce que les socialistes aiment dans l’idée d’un changement possible, c’est l’idée du possible. Il nous reste leur impossible. Et eux Le Pen pour nous traiter de « populistes » comme on dit dans « Le Monde », journal aussi respectable qu’une ambition inscrite au calendrier préparatoire de Sciences Po. Le Monde ? La peur du rouge au juste milieu d’un plan binaire. Rose bonbons est une couleur qui alanguit la cervelle à son hémisphère gauche.
Du respect quand même
Mais que reste-t-il, alors, à respecter puisqu’il faut bien, à la fin, un peu d’édulcorant dans son vin rouge - ou de « modération » dans l’idiome journalistique ? Alors voilà : il faut sérieusement préserver cet esprit de dérision comme seule liberté déraisonnable. Cela vaut bien une chaire de laïcité. Nous invitons le très Saint-Père et les Imams à adopter un peu de cette déraison-là. Tel est notre tribu à l’immanence, si l’humour peut se conjuguer avec l’esprit de religiosité. Telle est notre part irréductible de liberté. A chacun son intouchable, à chacun ses déraisons.
Respectez les.
Anatole
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