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Des ires intégristes au rire intégral

Plaidoyer pour de rire

Pamphlet à l’usage des Imams, Rabins, Archevêques, Evêques et contre la Pasteurisation

 

Je suis Charlie et je le prouve. L’assassinat de journalistes dont la liberté de ton, sur le mode laïc et anticlérical a toujours pour effet de démultiplier les ressources de la bêtise humaine chez ceux-là qu’elle prend pour objet de caricature – cette émotion est célébrée, aujourd’hui, comme un hymne à la liberté. Effectivement, c’est un espace de liberté, très représentatif de notre identité culturelle qui a été atteint. Elle se situe dans une veine libertaire : celle de l’irrévérence à l’égard des institutions, des morales établies et des politiques ; celle, aussi, de l’ironie tranchante d’un Montesquieu, de la dérision et de la critique sociale, héritée des Lumières ; une attitude que d’autres, bien avant, ont payé de bannissement ou de relégation au cachot royal. Cette inconduite fait honneur à l’intelligence pour autant que l’irrespect est une émancipation des canevas imposés, une gerbe aux pieds de toute fatuité installée dans une fonction. En cela, elle n’est jamais innocente mais vise à forcer le trait d’une réalité. A l’image du dernier dessin de Luz où le Prophète, au nom duquel une boucherie Allal vient d’être commise sur des êtres humains, fait repentance. Cet air penaud n’emprunte pas, pour le coup, à une férocité du trait. D’aucuns trouvent encore les ressources d’en faire procès au dessinateur. Il faut la mobilisation fantasmée des imams les plus obscurantistes et, à sa suite de tout un peuple, transi de pieuses imageries, pour y voir une « provocation ». Comme si les victimes, à peine refroidies, devaient s’excuser de provocations posthumes au prophète … Le seul tort de cette effigie, à la une de Charlie, est de ne pas exonérer la bêtise de ceux qui charcutent en son nom.

 

La caricature expliquée dans le texte

S’il faut l’explication de texte au dessin, ce prophète, d’une humanité un peu débonnaire, est une juste invective, un appel à une prise de conscience chez ceux qui s’en revendiquent. Après le crime l’ « amour », dans la syntaxe religieuse, n’exonère pas le crime commis. Tel est ce bonhomme en prophète, pleurant des larmes de crocodile. Ce trait d’exagération est la force de l’humour. Il y a là toute l’amertume d’un Luz qui a vu sa rédaction décimée. La dignité du trait est dans ce degré d’affliction, face à la bêtise humaine, que même un Prophète ne peut racheter : digne refus de céder aux logorrhées catachétiques ; réponse sobre et intelligente, en un trait de plume et d’esprit, à la bestialité humaine. Aux antipodes de tout message de haine, proclamé par les haineux. Pas de quoi fouetter un mécréant donc.

Comment expliquer, alors, la colère pieuse de certains musulmans, cette indignation bêtifiante, encore et encore, pour un dessin somme toute très en retrait de la barbarie de ces dernières semaines - voir les commentaires affligeants, dans toute leurs ressources théologiques, sur le mode de l’ « insulte au prophète », de la « provocation » intolérable (on n’attendait pas l’esprit de
« tolérance » à cet endroit-là …) et la cerise : ils doivent « comprendre qu’on aime le prophète » ? Le regard laïc sur le sacré fonde ce délire religieux au motif opportun d’ « intolérance » : façon d’exonérer son intolérance propre. Car ce n’est pas le prophète mais bien sa caricature fantasmée qui est prise à partie. Le plus caricatural, en vérité, est cette réflexe d’incompréhension que les imams sont incapables d’appréhender et encore moins de juguler. L’élément d’intentionnalité fonde ici le procès en sorcellerie laïque. « Les mauvaises intentions, c’est comme les billets de banques : n’en prêtent aux autres que ceux qui en ont  ». Ainsi le religieux, cette âme recluse, peut-il dans ses exaltations bibliques, coraniques ou talmudiques se prendre à fustiger ce qu’il dénomme « intolérance », par commodité guerrière. Ce renversement de l’intolérant à sa victime est un classique du genre conspirationniste : le libre penseur en est réduit à s’auto-justifier de toutes sortes d’affronts qu’il n’a pas commis, sinon envers des représentations, mais dont on veut lui faire dire qu’elles ont atteint l’intimité religieuse … même si l’intention n’y était pas : le dessinateur ignorant, en somme, l’objet de ses offenses. D’ignorer l’esprit républicain, il est ainsi loisible aux Imams de se muer tour à tour en offensé et en Inquisiteur, au nom du Prophète. L’ignorance véritable est dans cette imposture et non point dans le dessin de Luz mesurant parfaitement, face à la religion de l’imbécilité la portée du trait ; il est aussi des fidèles non parfaitement imbéciles mais ces derniers temps, le paradis ne leur est pas promis ici bas. Luz, avec son dernier dessin à l’effigie du prophète a répondu trait pour trait et avec acuité à la sauvagerie prophétique : bien aimable dérision en vérité, dans le contexte d’une sauvagerie barbare sans même parler de l’humiliation qu’elle représente, dans son élément d’intentionnalité, à toute intelligence humaine, mécréante ou non. La dignité du trait est dans cette juste mesure qui suffit à situer, en deça, la bêtise vengeresse de deux imbéciles encagoulés. La pointe du crayon n’aura donc pas suffi, même pas en ces circonstances, à redresser les certitudes de ceux qu’elle prend pour objet. D’aimer Allah, Le Christ ou Jeovah il semble permis de renoncer à tout discernement du rire. Sans le « droit » au blasphème, c’est l’intelligence qui est profanée.

 

Le rire fraternité langagière

Cette articulation de la mâchoire, le rire intégral, vaut bien une ire d’intégriste, un psaume ou une palinodie aux murs des lamentations. Rire est un sujet au moins aussi sérieux que le risque d’éboulement d’un mur sur des chapeaux. S’ils l’avaient melon, au moins, ils pourraient en germer des idées nouvelles. Au lieu qu’ils ressassent une Torah de 2000 ans d’âge, un Coran cuvée VIIème siècle quand les apostoliques font dans la « nouveauté » d’un Testament …

Le rire cette fraternité langagière est notre Texte. Aussi est-il urgent de moquer, continument, les religions au figuré : dans leur représentation la plus réelle, ensoutanée, enturbannée enchapeautée, embarbusée ou de près rasée ; il le faut absolument, comme un acte de salubrité publique. Pour que ceux qui n’y croient pas - aujourd’hui agressés dans leur identité propre - aient eux aussi légitimement, droit de citer dans un monde en proie à la piété biblique, coranique, talmudique et autres spiritueux de l’âme en papiers parcheminés : impies, mécréants, infidèles, athées posons la question : la foi du religieux – denrée respectable chez certains, sans le tissu ni la pilosité ostentatoire – peut-elle avoir l’ascendant sur la figuration religieuse ? Cette dissociation, en effet, libère d’une bêtise : adorer les saints. Ici commence le rire. Mais certains ont foi en leurs icônes et reliques. Avec, au mieux, cet esprit de « modération » de ne pas tuer par ce motif. Je m’explique : point ne suffit de dire que la foi ne peut tolérer une tuerie de cette espèce, au motif redondant qu’une foi « non partagée » n’est pas blanc-seing pour tuer : béaba d’humanité. L’ « amour du prochain » : va pour cette définition de « croire » si vous voulez. Au point d’aimer même celui qui souffre du mal de ne pas croire : purulences de l’âme, affliction d’athée ; je veux bien, même, faire l’écrouelle si cela vous fait la main divine. Mais notez bien : ce don de soi n’oblige pas à la guérison de l’âme. Car si c’est pour attraper des afflictions, je me préfère ainsi qu’en apostat de la raison.

A un degré de conscience supérieure, il est salutaire que certains se reconnaissent aussi dans la caricature que je viens de dire, pour mesurer en quoi ils peuvent insupporter. L’esprit de contradiction est au laïc ce que le sacré est au religieux : une issue heureuse, pris dans la dureté du monde tel qu’il nous est donné d’y vivre. A ceci près que la laïcité, exclusive de tout projet messianique, est davantage prédisposée à admettre la critique : elle conjugue la liberté dans les rapports sociaux, là où la religion tolère à peine, bien souvent, que l’on prenne des libertés avec elle, comme par négation de son identité propre : le sacré. Cette laïcité, les politiques, au fronton des cortèges, en sont le visage impavide.

 

Au fronton des cortèges des visages impavides

Ceux-là, à la ville, courent titres, honneurs, médailles et strapontins ; ils font compromis de tout, se lient de fausses « amitiés », copinent au gré de leurs intérêts, s’esclaffent de fausses impertinences, font fi en paroles de leurs ambitions, se font louer pour le désintérêt de leurs actions. Au nom du bien commun dont ils font renom. Ils en sont à croire, sincèrement, aux amitiés de circonstance comme une fête qui se perpétue. Avec en apothéose, un fauteuil ou un titre pour les moins bien lotis ; un marocain, un mandat pour les plus méritants. Un jour du 11 janvier, la rue fut leur instance … Défilé de têtes à claques d’énarques et affidés. J’en connais, assez bouffis d’honneurs pour autoproclamer, devant un parterre de subordonnés, sur un ton qui n’admet pas de réplique : « Vous me connaissez, je ne suis pas flagorneur ». Et chacun, alors, envisage l’homoncule dans son insupportable aplomb à se définir au contraire de sa réalité. A celui-là, le luxe d’une position sociale ne suffit pas : il veut encore la distinction morale pour des titres acquis à force de petits compromis ; chacun, à cet instant, se souvient qui il est : un subordonné et par ce simple motif, applaudit. Petit satisfecit pour une bravoure langagière …

Ce ruban de crânes chauves, de fiers mentons surplombés de lunettes à verres grossissants, notre liberté ? La liberté scrutée au JO ; la liberté si ce n’était Delacroix dont le sein est plus généreux que la Merkel ; la liberté dont la stature humilie ce président révoqué, nabot sur talonnettes faufilé en devanture de la manifestation. Par l’effet de trois millions d’hommes et de femmes en contre-jour, ils se figurent la liberté en marche, quand un peuple marche pour sa liberté. Le peuple à leurs talons, ce mythe à propulsion de leurs effets de scène n’est pas voué, toujours, au rôle de préposé, de cause utile à leurs calculs. La liberté exige Messieurs, Mesdames, votre émancipation.

Bref, ne pas se laisser abuser. Car enfin, le précité célébrant la morale du curé dans son discours de Latran, Monsieur Netanyaou faisant le sort que l’on sait aux palestiniens pour des motifs notoirement messianique (la « Terre promise »), les Imams et autres grands rabbins rangés dans une même indignation spirituelle, tout cela fait-il sens ? Sans mauvais « esprit » puisque c’est de lui dont on parle. Les voilà qui diagnostiquent la liberté, la prennent en défense au bénéfice d’une tuerie. Comme une fille de mauvaise vie qu’ils s’offrent à coucher sans demander.

 

La liberté en révolte, par défaut de réalité

J’en viens ici au sens de mon propos sur cet hymne ressassé pour « la » liberté. La manifestation du 11 fut surtout une libre clameur, une colère sourde, en revers de l’indignation. Autocélébration nationale dont se ressasse aujourd’hui tout ce que la France compte de plumitifs bien-pensants, aussi prompts à réagir qu’à ne rien distinguer. Sublimation du réel, que cette liberté au défi, frappée d’indignité, le plus souvent, dans les rapports sociaux. Charlie Hebdo en est pour une part dépositaire devant chacun, pris dans les conflictualités du quotidien : tenir sa fonction pour gagner sa vie. Lieu d’une parole émancipée, Charlie figure l’horizon impossible d’un peuple en révolte, comme le miroir inversé de sa réalité. Il s’en éprend, aujourd’hui, pour autant que sa liberté à lui est enfermée dans de bien plus sévères limites à l’horizon bornée d’un chef ou de son adjoint. On ne célèbre que les absents. Je veux dire que tout « hommage » est un déni collectif, le couronnement d’un bonheur par illusion de réalité. Ainsi de la grand-messe laïque, jusqu’à l’écœurement des logorrhées médiatiques. Sans parler du carré des indignés officiels, nouveau sujet de ridicule aux pamphlétaires. D’en trop méconnaître le prix, ceux-là n’avaient d’autre choix que de prêter « hommage » à la libre-pensée : maigre procession devant une image pieuse. Ainsi le peuple dut-il subir, encore, le défouloir politique au fronton du cortège. Avant quelque sursaut sécuritaire. Cette ode à plus de liberté, les journalistes loquaces, émus aux larmes d’une « France réconciliée » n’y ont, comme à l’accoutumé, rien compris S’il est bien vrai que « La charge symbolique actuelle est tout ce contre quoi Charlie a toujours travaillé » (Luz), les journalistes travaillent aujourd’hui à défaire ce à quoi Charb et sa bande se sont attelés. Le monde toujours leur sera peuplé de « symboles » indivisibles et ils furent unanimes à louer l’imposture dont ils ne réalisent pas seulement qu’elle existe et qu’ils ont part à y gagner. De cette aspiration non consciente à plus de liberté, ils seront la dernière entrave. N’en déplaise aux notables, sociaux et sociaux-libéraux, communiants d’un jour de cette religion impratiquée : la liberté non proclamée, celle qui, descendue dans le réel, peut faire vaciller un petit chef, inquiéter les sentences d’une directrice des ressources humaines, celle-là même qui rendrait toute direction agissant de connivence, comptable de ses actes aux yeux et au sus de tous. Il y a plus de courage chez un petit agent de bureau, chez un syndicaliste, à résister à un de cette espèce, à révoquer breloques, médailles et copinages que chez tout notable décoré, déclinant ses amours « libertaires », par effet de style. C’est bien cela que tout un peuple a dit en lettres capitales avec en exergue, la liberté de caricature. Au nom de l’irrévérence et sous le joug d’une société néo libérale, saturée d’injustices sociales et austéritaires. La liberté ce serait moins de commandeurs pour moins d’irrévérences.

En attendant les notables charlatans se voient Charlie. Ils n’éprouvent plus, seulement, le sentiment de leur caricature : le pouvoir est un abandon du discernement de soi. Précisément : Charlie les rappelle à eux-mêmes. Le rire est cette liberté qui ne discourt ni du devoir de tolérance à l’égard des religions, ni sur la tolérance entre les religieux. L’athée rompt la farandole. Au « dialogue » des religions, il préfère le trombone ou l’accordéon. Nous réclamons, devant toutes, le droit à cette esclaffade. Comme une salve de bonne humeur sur un mur de lamentations. La liberté s’autorise à rire un point c’est tout. Par exemple, je ris en liberté de ces imbéciles au-devant des cortèges. « Imbécile », me direz-vous n’est pas un mot « tolérable » adressé à celui qui me représente. Je ne m’étais pas posé la question et il ne m’a pas demandé. Priez-le, à son tour, de se représenter ma mauvaise habitude de rire sans sa procuration. Pour un peu vous me qualifieriez d’intolérant. Je ris par devoir d’intolérance. Le voir là, mine grave, tout à son personnage, comme à l’heure de l’inauguration d’une biscuiterie ou d’un édifice religieux est un spectacle irrésistible. A fendre de rire sous sa gangue de pierre, l’homme statufié. Ou le prophète. Si le rire est une déformation du visage, il trahit moins que cette image que l’on se figure Dieu ou ses envoyés. Je le sais, il me l’a susurré à l’oreille droite d’où je capte ses mots d’esprit. Et voici ce qu’il me dit, ce jour du 11.

 

L’Islam modéré, préfiguration d’une idiotie radicale

Islam modéré, triste constat : l’œcuménisme fait terreau du sang versé par les victimes ; l’intégrisme puise tout entier dans une bêtise immanente, même « modérée », dans sa bêtise. Par ce motif, poursuivre les religieux devant le tribunal du rire. Ainsi la religion, l’instituée de religion, avec ses ordres ses mitres et ses kippas est un sujet, entre autres, d’assouplissement du rictus facial. Celui qui affecte les Ayatollahs, les ensoutanés, les muftis et autres rabbins à l’humour moribond. Le rire : surtout au lendemain d’attentat, quand les œcuméniques en pleurs se tiennent la barbe. Et à quelques fétiches de leur confection : du fait main et sur mesure. Quoi ? Je blasphème, le « droit au blasphème » et la tirade qui s’en suit … Plaisanterie. Cette manie de mettre du droit partout pour empêcher de respirer. Le blasphème n’a rien à voir avec la prescription réglementaire. C’est un soupir de l’âme étreint de bêtise humaine, un jour d’attentats. Et j’ai encore le droit de soupirer, non ? La confection musulmane disais-je, subit de plein fouet la crise attentatoire au petit commerce des âmes. Le secteur est en crise et l’athée ne va pas s’interdire d’en péter de rire. Et d’ailleurs, qu’il se rassure le dévot du Prophète : l’esprit d’entreprise rapièce tout. Vaudou, Shiva, Boudas et autres Ayatollahs de la même industrie. Quelques pleurs dans la machine et la repentance est faite ; les rouages de la mécanique sont à présent huilés. Il en sortira vite une nouvelle bêtise en fumerolles, envolées célestes au-dessus du dôme sacré : gémissements de troupeaux.

Islam modéré ? Dans le concert modérateur, faire entendre l’irréligiosité en mode majeur. Le bénitier modérateur ne célèbre qu’une noyade : celle de l’esprit critique. Nous servons l’eau à la source. En bouteille et sans la consigne pour l’au-delà. Il faut aux censeurs, tolérer, enfin, que d’autres aient ce courage qui leur fait défaut. Il leur faut comprendre que l’on peut ne pas agir que par devoir de pondération, comme un subterfuge inutile à la déraison. Pas la biblique de déraison : la déraison d’ennui d’un épandage d’Amour ; celle que suscite la bêtise enluminée, aux prémices d’une charia ou de l’Inquisition. Cet amour-là n’achève pas la bêtise et si le terrain est fertile, vous aurez une ignominie à la floraison. Celle, par exemple, qui a livré au massacre des confrères de plume au motif de Mahomet. Malentendu d’Amour.

Aussi nous attendons de Charlie qu’il demeure acerbe et injuste trait pour trait, comme le sort qu’on lui a fait : la caricature ne peut être un Islam modéré ; cette liberté domestique signerait sa fin. Il est urgent de s’en préserver, hier comme aujourd’hui. Moquer même l’imbécile offusqué d’être moqué. Quelle persévérance ! Quelle âpreté au combat pour un peu d’intelligence ! Démarche salutaire, encore une fois, mais assez dépourvue de perspectives pour autant, il est vrai, qu’une caricature demeure un trait d’humour.

 

De la modération en politique

En politique aussi la modération est une idiotie radicale. Libérons les consciences des reformulations élitistes, nonobstant la voie républicaine à l’élitisme. M. Macron, Mme Lagarde, tristes étendards pour la révolte : la Finance arguant du peuple. Ces gens-là ne respectent rien. Pas même l’espace du ridicule. Les voilà, à présent, qui défendent le droit de les ridiculiser comme liberté pour eux-mêmes, de se voir ridicules. On ne les avait pas attendus. Le ridicule non plus. Pour un peu, notre liberté serait la leur de se dessiner sous des traits choisis : éléphants de parti revenus chaque année boire à la marre républicaine, jusqu’à l’assèchement des votes ; raton UMP et sa guenuche grimpés à la cocagne du Front national pour y voler l’oriflamme ; jeune chenilles dans leurs sillages, en devenir d’une éclosion politique ; vieux batracien aux chants d’amours à la saison électorale : chacun se voudrait librement caricaturé. Imposture. Notre liberté est son antidote, simple exagération d’un trait de vérité. Mais ne pas se tromper de fiole. Nous ne buvons pas à l’eau de ce gouvernement. Son rosé ne tâche pas ; il évapore et la couleur et le tissu du pantin socialiste. Comme on dit la gauche « extrême » pour ne pas voir l’éradication de la gauche au centre de toute modération. Nonobstant les coups de menton de Monsieur Valls, raide comme un tango en appui sur sa jambe droite. Changer d’appui aux membres inférieurs. La conviction suivra. Ce que les socialistes aiment dans l’idée d’un changement possible, c’est l’idée du possible. Il nous reste leur impossible. Et eux Le Pen pour nous traiter de « populistes » comme on dit dans « Le Monde », journal aussi respectable qu’une ambition inscrite au calendrier préparatoire de Sciences Po. Le Monde ? La peur du rouge au juste milieu d’un plan binaire. Rose bonbons est une couleur qui alanguit la cervelle à son hémisphère gauche.

 

Du respect quand même

Mais que reste-t-il, alors, à respecter puisqu’il faut bien, à la fin, un peu d’édulcorant dans son vin rouge - ou de « modération » dans l’idiome journalistique ? Alors voilà : il faut sérieusement préserver cet esprit de dérision comme seule liberté déraisonnable. Cela vaut bien une chaire de laïcité. Nous invitons le très Saint-Père et les Imams à adopter un peu de cette déraison-là. Tel est notre tribu à l’immanence, si l’humour peut se conjuguer avec l’esprit de religiosité. Telle est notre part irréductible de liberté. A chacun son intouchable, à chacun ses déraisons.

Respectez les.

Anatole


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28 réactions à cet article    


  • Jean-Paul Foscarvel Jean-Paul Foscarvel 28 février 2015 12:47

    Le XX° siècle aura été celui des révolutions.

    En art, en politique, en science physique, un bouleversement des idées intuitives s’est accompli.

    Les certitudes ont été levées, donnant place à un monde que l’on pourrait dire relativiste.

    Au XX° siècle, les deux totalitarismes, le nazisme et le stalinisme, ont tenté de figer une vision du monde. Ils ont heureusement été balayés.

    Le XXI°siècle, d’une part continue le bouleversement, par une vision de l’Univers devenue très complexe, et l’évolution de la biologie qui est au bord de sa relativisation (le caractère beaucoup moins mécaniste du génome, qui est en cours d’apparition).

    Par contre, le même phénomène de totalitarisation est aussi en cours, en économie avec l’hyper-libéralisme qui nie les conséquences de ses actions, et en religion avec la montée des intégrismes.

    A mon sens, ces deux mouvements entrainent ce que j’appellerais le financiaro-fascisme (à la Macron, qui insulte les parlementaires socialistes, ou à la Merkel qui veut la mise à mort de la Grèce), et l’islamo-fascisme (je tiens à rappeler que j’avais déjà employé l’expression avant l’exacerbé du menton, ici).

    Nous devons nous dégager de l’un et de l’autre. D’ailleurs, le financement de l’un par l’autre et de l’autre par l’un est une preuve que les deux (j’allais écrire les dieux !) se tiennent. Et les deux remplacent le principe de la réalité par celui de l’autoréférencement.

    Les deux ont le point commun central de décréter comme vrai les théories issues de leurs discours. Ainsi le soleil tourne autour de la terre et l’humanité autour du marché. Pour ces gens, la vérité n’a plus lieu d’être en dehors de leur discours.

    Si nous voulons retrouver le sens de notre vie, il faudra nous débarrasser de l’un et de l’autre.

    PS 1. Bien entendu la posture de Hollande révèle de l’incohérence la plus totale, en dénonçant l’islamisme radical tout en conservant de bonnes relations avec l’Arabie Saoudite et le Qatar et en gardant comme objectif le renversement du régime syrien ; et en continuant son asservissement aux financiers, notamment contre la Grèce.

    PS 2. Les religions, comme vérité révélées, ne sont pas soumises à la raison, et chaque ultra-religieux peut grâce à sa révélation intérieure, décréter qu’il est le bien incarné, et que lui, et lui seul, sait la vérité, ce qui lui donne le droit de mépriser ceux restés dans l’ignorance. Ilest donc invraissemblable de discuter avec un fanatique, car étant touché par la grâce, il ne peut l’être par aucune argumentation de quelque type que ce soit. En ce sens, c’est une plaie de l’humanité qui peut finir par la détruire. Il est beaucoup plus sain de penser que nous sommes, en tant qu’entité humaine, entièrement responsables de nos actes.


    • philouie 28 février 2015 12:59

      Où en est l’enquête sur les attentats criminels de Paris ?
      Qui sont les commanditaires ?
      les services secrets français ont-ils participé au crime ?
      y-a-t-il des complicités politiques ?
      La presse aux ordres des marchands d’armes est-elle complice ?
      Va-t-on laisser encore longtemps la France gouvernée par des assassins et prendre ses ordres à l’étranger ?
       


      • philouie 28 février 2015 13:03

        Elle se situe dans une veine libertaire : celle de l’irrévérence à l’égard des institutions, des morales établies et des politiques ;

        A quoi ça sert de se moquer des curés quand ce sont des anti-curé au pouvoir ?

        Cette blague, Charlie c’est du conformisme potache.
        Charlie c’est de la serpillère de marchands.
        Charlie c’est un organe de la propagande sioniste.
         
        Charlie c’est de la merde, quoi.


        • philouie 28 février 2015 13:06

          Rire des autres sans les respecter, c’est de la négation de l’autre.
           
          Charlie ?
           
          De la pensée génocidaire en marche.
           
          Charlie c’est de la merde.


          • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed MADJOUR 28 février 2015 13:42

            @philouie

            Je fais opposition à la plaidoirie de l’auteur en dénonçant les Imams, Rabins, Archevêques, Evêques et Papus, tous des conformistes et des complaisants qui n’ont pas le courage de murmurer un mot contre la pourriture politique.

            J’ai toujours aimé la caricature vivante et humaine de Charlie Chaplin…

            ... sans que j’ai à le prouver et sans que j’aie à improviser un défilé de rue avec les guignols ni dans la Casbah, ni dans la Bastille ! Quand les valeurs s’en vont, les colombes deviennent des corbeaux.

            Papus du Vatican lui-même s’en remet à la Multitude et lui demande de le bénir en ...inversant les rôles ! Quand aux imams que l’auteur implore à la fin de sa dissertation, ont-ils eux-mêmes assez de raison pour comprendre les origines de la déraison et peuvent-ils oser sans se donner à la dérision ?



          • el cogno 28 février 2015 13:49

            @philouie

            Et tuer pour un dessin ce n’est pas la négation de l’autre ?

            Vous n’imposerez pas vote morale ni votre volonté !!

            Vous me filez la nausée, alors pour le respect, vous êtes mal barré !


          • philouie 28 février 2015 13:53

            @el cogno
            Parce que vous savez vous, qui a organisé les attentats ?
            Vous croyez ce que l’état vous dit, sans même vous en méfier ?
            vous ne savez pas que « quand on veut tuer son chien on l’accuse de la rage ».
            Les assassins ici ne sont pas des musulmans.
            Les assassins sont des marchands d’arme qui nous conduisent vers la guerre.
            ouvrez les yeux.


          • philouie 28 février 2015 13:57

            @Mohammed MADJOUR
            La multitude.
            L’homme est une multitude avant que d’être un individu.

            Que les papes, les imams et les rabbins maintiennent le peuple dans la dépendance aux pouvoirs marchands, c’est une certitude.
            mais cela doit être l’occasion de rappeler que l’Islam est une religion sans clergé ni intermédiaire.


          • el cogno 28 février 2015 14:21

            @philouie

            La ferme avec tes procès d’intention, je lis pas Charlie, j’ai jamais lu, j’aime pas, j’ai pas de télé donc je ne sais pas ce que raconte le gvt et je m’en fous, tout comme de vos théories à deux francs.


          • philouie 28 février 2015 14:39

            @el cogno
             
            et bien pourquoi tu ramènes ta fraise ?
            Je te signale que c’est toi, ici, qui me fait, à moi, un procès d’intention.
             
            Regarde ma situation : on a tué des gens en mon nom, dans une sinistre farce et on veut, en plus, m’en faire porter la culpabilité ou la responsabilité ?
             
            Mais on va où, là ?

            Cherchons les assassins et discutons après.
             
            Moi je suis désolé, je ne vois pas pourquoi je céderai au chantage du terrorisme et pourquoi je devrais fermer ma gueule au prétexte que les terroristes, soi-disant, me ressemblent.
             
            Pourquoi il n’y a pas d’enquête ?
             
            La séparation des pouvoirs, ça n’existe plus, en France ?
             


          • Adrien 28 février 2015 20:16

            @Mohammed MADJOUR

            Réponse tout simplement inintelligible : je crois que vous êtes le seul à vous comprendre.

            Que vient faire Charlie Chaplin (que je ne renie pas bien au contraire ..) là au milieu ?

            J’ « implore les Imams » ? Ah bon. Je vous implore surtout de ne pas me prêter des intentions pareilles ! :)


          • philouie 28 février 2015 14:10

            Pour rappel, aux ignorants qui veulent voir dans Charlie des rebelles :
             
            Leur avocat et membre, Richard Malka est aussi l’avocat de Clearstream, de Valls et de Sarkosy.
             
            Une clique à lui tout seul.
             
            Charlie hebdo a été assassiné par des gens à qui il suçait la bite.


            • philouie 28 février 2015 14:14

              La liberté.
              La liberté
              LA LIBERTE
               
              est dépendance du ventre aux marchands.
               
              Charlie ne libère pas.
               
              Charlie esclavagise en promouvant l’homme éternellement insatisfait qui ne trouve de satisfaction que dans la consommation.
               
              Charlie, c’est la liberté du drogué.


              • el cogno 28 février 2015 14:22

                @philouie

                Remplaces « Charlie » par « Religion », ça marche très bien aussi.


              • philouie 28 février 2015 14:48

                @el cogno
                 
                non, mon enfant.
                 
                Dans la religion, il y a Abraham et son couteau et il y a l’épée du Christ.C’est l’épée de la loi.
                 
                Et cette épée tranche et sépare l’enfant de la mère.
                 
                Pour qu’il ne reste plus à téter.
                 
                Charlie, lui, refuse cette épée : il ne veut pas de limite à sa liberté.
                 
                fusse d’ailleurs, au détriment de celles des autres.
                 
                et ça, ça fabrique du consommateur en masse.
                 
                du consommateur qui consomme la terre.


              • Adrien 28 février 2015 16:56

                Ce n’est pas à vous de fixer les bornes de la liberté des autres au nom de quelque manuel divin. Vous avez le droit de psalmodier vos billevesée autant que vous le souhaitez. La liberté de Charlie et la mienne c’est d’en rire.

                Et « ça ça fabrique du consommateur en masse » : il y a plus de consommateurs de Bible, Torah et de Coran qu’il n’y en aura jamais de Charlie. C’est vous le consommateur en masse de spiritueux de l’âme. Opium du peuple.

                « du consommateur qui consomme la terre » : incompréhensible. Les intégristes sont d’une bêtise consommée. Attention aux germes !


              • philouie 28 février 2015 17:03

                @Adrien
                où est-ce que vous avez vu que je voulais vous empêcher de rire ?
                vous sortez d’où ce délire ?
                Amusez vous tant que vous pouvez, ce n’est pas le problème.
                 
                JE DEMANDE JUSTE A NE PAS ETRE INSULTE.
                JE DEMANDE JUSTE QU’ON NE ME COLLE PAS SUR LE DOS DES CRIMES QUE JE N’AI COMMIS.

                JE SUIS UN ETRE HUMAIN.


              • Adrien 28 février 2015 17:24

                Vous êtes un être humain ... et alors, même en lettre capitales, ça ne suffit pas à donner raison à vos sorties ? On est assez nombreux dans ce cas notamment sur ce site.

                Un être humain par exemple ça tolère de rire de lui même. C’est ce qui le distingue de l’animalité qui peut faire massacrer des non croyants.

                Ca c’est de l’inhumanité. relisez mon pamphlet si vous l’avez jamais lu : cela s’adresse à toutes les religions et pas seulement à la vôtre.

                Je ne vous « colle rien sur le dos ». Moi on ne m’a pas seulement insulté. On a tué des gens pour lesquels j’avais plutôt de la sympathie pour leur liberté de ton. je ne demande rien moi non plus. Seulement le droit de rire sans qu’on vienne me sermonner avec le respect. Les athées sont des gens respectables qu’on entend moins que les religieux de tous poils. Mais ils emmerdent moins les autres.

                 Ils ont fait par bien des aspects, la République et ces derniers temps on les massacre au fusil mitrailleur. J’espère que ce n’est pas « irrespectueux » de le rappeler un peu.

                Ne pas se tromper de victime dans cette affaire.


              • Adrien 28 février 2015 16:46

                réaction du dénommé Philouie plutôt affligeante de bêtise et de vulgarité :

                - Théorie complotiste :« les services secrets » auraient participé au crime comme si la barbarie meurtrière de 3 illuminés ne s’était pas suffit à elle-même ; « prendre ses ordres à l’étranger » : idem ...

                - Des anti-curés au pouvoir : beaucoup de socialistes sont chrétiens ce qui est leur droit donc je ne sache pas que les anti-curés soient au pouvoir et au demeurant je n’ai rien contre les croyants ordinaires s’ils n’assassinent pas à coups de fusils mitrailleurs et s’ils me laissent penser ce que j’ai le droit de penser. 

                - « Rire des autres sans les respecter » : le respect n’est pas dans l’interdit du rire : ça c’est l’irrespect de la liberté de conscience. Par exemple vous, vous pourriez prêter à rire. C’est bête à pleurer mais votre tirade est un sujet qui prête à rire. Et je vais pas me l’interdire au prétexte que je lui dois le respect à votre tirade anti-sioniste.

                - « De la serpillère de marchand » : je crois que vous êtes le seul à vous comprendre. Un coup de serpillère sur votre gribouillis oui

                - « De la propagande sioniste » : on assassine 11 personnes au motif invoqué de l’irrespect d’Allah, c’est bien fait en somme puisque c’est un journal « sioniste ». Caricature du Prophète = sioniste. Raccourci bêtifiant, pensée binaire.

                - « De la pensée génocidaire » : pardon mais ça ne veut rien dire et personne d’autre que vous même ne comprend. Votre propos est surtout un génocide de l’intelligence. 

                - Charlie c’est de la m...e : ça c’est un argument irréfutable et construit. Votre propos, je le crains, est de la même teneur que le mot que vous employez. Malodorant également.


                • philouie 28 février 2015 16:53

                  @Adrien
                   
                  oui, se faire traiter de vulgaire par un défenseur de Charlie c’est plutôt jouissif.
                   
                  Pour le reste, continuez à bêler.
                   
                  Le vrai rebelle, celui qui renverse les tables, ici, c’est moi.


                • Adrien 28 février 2015 17:10

                  - La seule vulgarité est celle de votre « pensée » et de vos propos bêtifiants.

                  - On est content de savoir que vous pouvez « jouir » de votre propre bêtise. L’onanisme n’est pas interdit par le divin je crois. Mais c’est un orgasme qui ne vous conduira pas jusqu’à l’intelligence du propos mais c’est un début.

                  - « Bêler » est un hymne de troupeau. Je ne crois pas que gros du troupeau lise Charlie. Donc, je ne veux pas vous décevoir, mais le troupeau c’est vous.

                  - Nous avons donc « un rebelle qui renverse les tables » : faites attention qu’elles ne vous tombent pas sur l’orteil, ce n’est pas remboursé par la sécurité sociale.


                  • Adrien 28 février 2015 20:21

                    C’est étrange que pour une caricature aussi mauvaise et « inefficace », on est autant de réactions. c’est à croire qu’elle vise juste.

                    Faut-il s’en remettre aux réactions suscitées dans le monde musulman pour juger de la qualité des caricatures de Charlie Hebdo ?

                    PS : le premier dessinateur venu est d’autant moins que ... Voltaire est un écrivain du 18ème siècle et n’a jamais dessiné de sa vie ! C’est un début pour comprendre et la littérature et le genre pamphlétaire ...


                    • Adrien 28 février 2015 20:35

                      lire : le premier dessinateur venu est d’autant moins Voltaire que ....


                      • Adrien 28 février 2015 23:37

                        @Alex

                        Sur la définition de la caricature on peut s’entendre. Quoique vous donnez une vertu bien pédagogique et intellectuelle à ce genre qui n’est pas à confondre avec une étude de texte. Pour moi c’est surtout un pied de nez à toute fatuité trop bien installée. Après on peut disserter à l’infini sur la portée du dessin qui, s’il est réussi, doit avoir cet effet immédiat : le rire. Je pense que Charlie n’est pas celui qui démérite le plus en la matière.

                        Votre point de vue sur la notion de caricature « réussie pour les chrétiens coptes » est un bien mauvais procès, une imposture intellectuelle scandaleuse : si on vous suit jusqu’au bout on en vient à rendre coupable Charlie des meurtres commis en raison d’un simple dessin. Quelle que soit la portée que lui donne des imbéciles, le problème est leur imbécilité avant le dessin. Le dessin s’il réveille cette imbécilité n’en est pas la cause première. On ne va pas demander à tous les caricaturistes du monde de s’auto-censurer parce qu’ils déplaisent aux bourreaux ou bien la Fatwa aura gagné. C’est ce que vous prêchez. Vous enterrez Charb une deuxième fois.

                        Pourquoi voulez-vous que Charlie soit Voltaire ? Voltaire le « discret et habile » était aussi un courtisan des grands de ce monde et avait su, par ce motif, s’attirer les faveurs de tous les monarques européens et ses entrées à la Cour. C’est pourquoi sans doute ses caricatures plus consensuelles étaient mieux tolérées.

                        je veux dire qu’on ne raisonne pas au XXIème siècle avec les artifices littéraires du XVIII siècle, en proie à la Charia et autres âneries bibliques. Voltaire perruqué n’a jamais eu à en découdre avec ceux-là. La littérature est contingentée par l’époque comme toute production intellectuelle au demeurant. Voltaire représente - avec un immense talent - une autre époque et voilà tout.

                        Il vous faut une grande naïveté de vouloir le ressusciter face aux Ayatollahs des temps modernes. Cela démontre chez vous une méconnaissance complète du rapport de la connaissance à l’histoire sociale d’un pays.

                        La qualité de Voltaire n’est pas en cause ici. Ni celle des croyants qui souvent (pas toujours) valent mieux que leurs représentants.


                        • Adrien 1er mars 2015 20:11

                          @Alex

                          Je suppose qu’il s’agit d’un argument définitif. Encore envie de rire après cela ? « Je veux bien tolérer le rire mais, tout de même il y a des limites mon cher Monsieur ». Lesquelles ? Celles que vous avez décidé vous-même ? Alors voilà ... Je ne connais pas le dessin dont vous parlez. Je crains que vous soyez un athée un peu ... rigide sur ses principes.

                          Vous savez moi les étoiles et le créateur des étoiles j’y crois pas trop. Quant à les avoir où vous dites ou représenter les mêmes étoiles dans l’orifice anal de quelques divinités ou de leurs envoyés je dirais, à titre personnel, que cela fait partie du genre outrancier de Charlie. Contrairement à ce que vous avez l’air de croire tout ne me fait pas rire chez Charlie (même si cette outrance, en effet, je le confesse, pourrait me faire marrer - désolé de vous décevoir - et je crains de n’être pas le seul ici-bas, sans vouloir vous faire de peine, tout athée que vous êtes). Et voilà pourquoi :

                          Je situe l’esprit religieux, le vrai, celui de certaines personnes que je côtoie au-dessus de la caricature. Vous défendez une image sacrée. Le sacré ce n’est pas l’image ce sont les valeurs qu’elle porte et, surtout, ce qu’on en fait au quotidien. Ainsi, par exemple, caricaturer des images pieuses ce n’est jamais que donner une mauvaise image à des représentations que vous prenez au 1er degré avec un sérieux impérial. Pardon donc de n’être pas impérial. Il est impérieux de rire de votre sérieux sur le sujet. Et pour vous d’apprendre à le faire, y compris avec des étoiles déplacées de l’endroit où elles se trouvent dans l’univers.

                          Franchement et sans vouloir vous faire offense je m’en fous un peu que vous viviez avec des musulmans. Cela me fait une belle jambe comme ma tante sous son Niqab (cette image vous aura-t-elle offensée aussi ?). Ce n’était pourtant qu’une Image ....

                          Voilà, à présent, que vous me ressortez cette tarte à la crème d’ « affaire Calas ». Eh bien allons y, puisque vous croyez bon de m’en faire leçon.

                          Figurez-vous que c’est précisément par respect de la liberté de la presse que je m’interdis de délivrer un permis de publier en fonction de mon propre satisfecit, de juger si telle caricature est « respectueuse » (accord pour publication) ; celle-ci est d’une liberté « abusive », alors non .... Il n’est point nécessaire de souscrire au ton ni au sens d’une image pour se convaincre qu’on a le droit, dans un espace démocratique et républicain, de la publier. Je place ce principe au-delà de mon adhésion ou non à la caricature, comme l’expression de ma subjectivité propre dont je ne fais pas un absolu universel. Ainsi, il m’arrive de voir des caricatures qui heurtent mes convictions politiques, philosophiques ... et je veux bien en rire par crainte de devenir aussi con qu’un cagoulé avec un fusil d’assaut entre les mains. Je connais des gens de foi qui réagissent à l’identique ou qui savent hausser les épaules s’ils trouvent que les étoiles doivent rester dans l’Univers où le créateur les a placées.

                          Le problème avec des gens comme vous ; c’est que vous inventez une juste mesure qui est le début de la censure. Or il n’y a pas de censure « mesurée », en matière de caricature : une caricature doit être reçue pour ce qu’elle est pas pour le degré d’adhésion qu’elle suscite chez vous ou chez d’autres, ni chez moi.

                          Au risque de vous surprendre, l’école (je suis enseignant à mes heures) n’a pas à enseigner le ridicule des religions ni à les dénigrer. Vous vous trompez de laïcité : la nôtre admet à comparaître toutes les religions, dans le respect des convictions individuelles et sans prosélytisme. La laïcité, c’est le droit au traitement égalitaire de toutes convictions philosophiques et religieuses qui ne rompent pas le pacte républicain.

                          Ainsi, de tous religieux habité de l’esprit de tolérance. Tolérez que Charlie fasse de mauvaises caricatures si vous les trouvez mauvaises. Cela suffira amplement à ma cause républicaine.

                           


                        • Adrien 2 mars 2015 09:51

                          @Alex

                          Non, relisez moi, mon principal argument ne consiste pas à vous qualifier de rigide. Et cependant vous l’êtes quand vous dites que les dessins n’ « ont pas fait sourire l’athée que je suis » : comme si votre réaction propre constituait un argument définitif contre une caricature parce que, même un athée, vous ne parvenez pas à en rire. Il y a aussi des athées qui se marrent en lisant Charlie. Je veux même croire qu’il y a des cathos et j’en connais ! Donc aucune force probante de ce côté-là. Oui, vous citer en exemple procède d’une certaine rigidité d’esprit, par occultation d’autres réactions envisageables (je ne vous conteste pas le droit de ne pas rire comme, je le suppose vous ne me contestez pas celui de me marrer …).

                          1 - Pour ce qui est de votre charge sur mon déficit de courage intellectuel : je pourrais tout comme vous, me citer en exemple et vous dire que ce n’est pas, en règle générale, la dernière qualité qu’on me reconnaît et que je l’ai souvent payé : affirmation péremptoire qui ne démontre rien … Ainsi, donc, je ne suis définitivement pas courageux puisque « je ne distribue pas CH dans les banlieues  » (il y a beaucoup de choses définitives dans ce que vous affirmez). Equation du 1er degré, très facile à comprendre mais encore une fois, de peu d’effet sur la démonstration : d’abord je suis un lecteur de Charlie et j’espère ne jamais passer pour « courageux  » ni pour un héros pour cela sinon nous aurons cessé de vivre en République. C’est un acte de « courage » que je ne souhaite pour personne.

                          Ensuite je passe aux aveux : non je ne distribue pas CH ni dans les banlieues ni dans le XVIème arrondissement de Paris au demeurant, ni à mon travail ni à ma tante Elise catho intégriste. Et si vous allez par là je ne distribue pas non plus l’Huma à la sortie des usines, je salue des tas de gens que je n’inviterai pas à dîner par respect pour les usages sociaux et je fais pire : j’emprunte parfois le Figaro à des amis pour voir un peu ce que les gens qui pensent au contraire de moi peuvent bien y écrire … Comme tout un chacun. Cela, je suppose, me fait sombrer dans la dernière des turpitudes à vos yeux. Je réclame l’indulgence devant le Tribunal, votre honneur qui vous érigez en juge des « grands trouillards ». Car il y a pire : si pour vous convaincre je dois risquer la décapitation devant quelques Mosquée, j’avoue ma lâcheté … Et après ?

                          2 - Que certains musulmans de votre fréquentation « se foutent de notre espace républicain » bon d’accord et après ? Qu’ils n’ « apprécient pas » mon propos … bon et alors ? Qu’ils me qualifient de « nasranis » (c’est une marque de spaghettis ?) ou de mangeur de camembert mécréant grand bien leur fasse. Il faut que tout un chacun coexiste avec son capital d’intelligence s’il en a un peu à revendiquer.

                          3 - Le comble du non sens est dans l’argument qui consiste à dire qu’ « on ne verra plus certaines caricatures dans CH après ce qui s’est passé : en effet c’est à craindre.  Mais alors ce sera bien affligeant. Cela signifiera que d’une certaine façon la barbarie aura gagné contre des faiseurs d’image. De gagner votre « pari », vous n’aurez pas davantage raison : vous démontrez seulement que la barbarie marque des points et vous encouragez l’auto-censure en disant que s’ils ne deviennent pas des caricaturistes respectables, ils devront changer de métier.

                          A ce sujet et pour revenir à Voltaire dont vous êtes décidément un inconditionnel (je n’ai rien contre le port de la Perruque : c’était une image pour indiquer qu’à chaque époque son mode de caricature - cf. votre avant-dernier post), il y a simplement plusieurs genres de caricatures. La veine de CH ne vous plaît pas ? Passez chemin et trouvez autre caricature à votre pied puisque vous avez l’orteil du Prophète sensible.

                          Moi en tous cas, je ne me prends pas pour le Messie pour « faire entrer ces principes dans les têtes en privilégiant avant tout l’efficacité ». Je ne fais pas croisade non plus pour chasser le musulman. Je respecte tout le monde si tout le monde respecte mon droit de m’esclaffer devant un journal qui place les étoiles où bon lui semble – sauf votre respect votre Honneur. Les grands principes c’est pas non plus ma tasse de thé. je les rappelle un peu, faut pas m’en vouloir, quand on vient assassiner sur le pas de ma porte des gens que je trouve plutôt sympas et libre de ton. C’est un point qu’on a en commun. Faut pas vous fâcher pour ça.

                          Pour finir vos lettres capitales et autres « smileys » dans le texte ne donnent pas plus de force à vos irritations : apprenez à être contredit sans vous énerver, c’est un travail sur soi qui ne vous mènera pas au ciel mais vous rapprochera un peu du « sens critique » que je pratique au quotidien et que vous invoquez en pure perte, à l’appui de vos procès en lèse-caricature.

                          Bien à vous

                          Adrien


                        • Dany romantique 1er mars 2015 10:22

                          Adrien votre article est en tout point remarquable ; rien n’est omis jusqu’à la dénonciation de la récupération fétide, déplacée, des anti-islamiques notoires de profession, les Nethanyaou et Porochenko criminels de guerre ayant du sang sur les mains qui poisse encore.

                          Il faut faire le « tri sélectif » des imposteurs qui ont « profité » d’un moment sacré du peuple français, intelligent, laïque et pluraliste. Laissez tomber ces cons qui vous agressent, il y a un manque de neurones à l’origine compensé par l’aigreur rabougrie. C’est ainsi des commentaires « défouloirs » de ceux qui ne savent ni écrire, ni décrire, ni réfléchir. Et encore vous n’avez pas trop ( je trouve) de radicaux islamistes à l’assaut ; ces mecs dégoulinant d’impudeur ont été, c’est le pire, beaucoup plus révoltés par la mobilisation du peuple français, ( ressentie comme un crime de lèse majesté) que par la barbarie elle même perpétrée au nom d’Allah. Ils nous inviteraient donc à mettre le frein à main, se cacher pour rire de la bêtise humaine, à « tempérer » au nom du sacré ? Qui déciderait donc de ce qui est sacré ? Le sens de l’humour s’oppose au sens de la tragédie et ça fait du bien.Par opposition essentialiste, le rire lui ne réclame jamais la mort. A méditer avec effet retard.
                          Grouille déjà -sur le charnier encore chaud- la réaction biologique d’une pourriture rampante des dépositaires de l’intolérance. Celle ci confondue en « regroupement familial incestueux » des représentants de la divinité céleste, s’amalgamant en anti-Charlie. Du coup,« on refait le match ». Certes l’appellation « je suis Charlie » a été par trop caricaturale d’ou le malaise en polémique. On aurait peut-être pu faire l’économie d’un let motif mal traduit dans l’émotion du moment. On peut comprendre que la grande messe fourre tout du 11/1 n’ait pas atteint -du fait de l’infiltration d’imposteurs notoires- la pureté escomptée. Mais, ce n’est pas une raison pour se tromper de procès. De ce point de vue votre papier remet les pendules à l’heure. 
                          L’intolérance de la religion « du sacré », érigée en mode péremptoire emprisonnant les simples citoyens, propagée par des illuminés (les trois confréries du « Livre » au balcon de l’Elysée) restera un combat de tous les jours à mener, au nom de la République.    

                          • Adrien 1er mars 2015 11:39

                            @Dany romantique,

                            Merci tout simplement pour votre commentaire indulgent car jusqu’ici c’était à désespérer d’un peu d’esprit républicain : de le proclamer, je me retrouve à attiser des guerres de religion dont je n’ai que faire, illustration renouvelée de la bêtise intégriste et de l’intolérance religieuse !

                            La plus haute tolérance à l’égard des religions est, à mon sens, le droit à l’indifférence de ses pratiques rituelles. Je ne conteste ce droit à personne, vous l’aurez noté et même je respecte certains proches habités d’une foi qui fait honneur à leur religion pour autant que leurs actes sont en conformité avec les préceptes affichés.

                            Je ne réclame que pour moi-même et ceux qui peuvent penser comme moi que le droit à la même indifférence. Mais on peut aussi se parler, dans une république laïque !

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