Dieudonné condamné à deux mois de prison ferme en Belgique : une peine sévère mais juste

En octobre dernier, le procureur du Roi de Liège, en Belgique, avait requis une peine de six mois de prison ferme et une amende de 5 000 euros, entre autres, contre Dieudonné pour "incitation à la haine", "tenue de propos antisémites et discriminatoires", "diffusion d'idées à caractère raciste", "négationnisme" et "révisionnisme" pour un spectacle qui s'était déroulé en 2012.
Le jugement, rendu ce mercredi, est beaucoup plus clément : l'humoriste controversé a été condamné à deux mois de prison ferme et à une amende de 9 000 euros. Une peine sévère mais juste. L'inventeur du geste de la "quenelle" – souvent interprété comme un salut nazi à l'envers – a également été condamné à plusieurs reprises pour ses propos antisémites en France.
Récemment, Dieudonné avait fait part de son souhait d'organiser un "spectacle en hommage aux victimes des attentats". Dans un courrier rédigé par ses deux avocats et adressé à Fleur Pellerin, la ministre de la Culture, il avait demandé que celui-ci soit organisé sous son haut patronage. Rien que ça !
Dans cette lettre au contenu assez surréaliste, ses avocats indiquaient que leur client "a été très touché par les événements du 13 novembre dernier" et qu'il "est en train d'organiser un spectacle vivant de grand ampleur, visant à regrouper tous les artistes de bonne volonté et les familles des victimes". Ils précisaient que Dieudonné souhaitait que "cet événement soit la démonstration de ce que le rassemblement et la paix entre les hommes se font d'abord par la culture et l'art" et "qu'il met tout en oeuvre pour pouvoir remonter sur scène à cette occasion avec son ami de toujours, Élie Semoun".
Le 11 janvier dernier, Dieudonné participait à la "Marche républicaine" organisée à Paris après les attentats de « Charlie Hebdo ». De retour chez lui, il s'était fendu d'un post particulièrement odieux sur sa page Facebook, avant de le retirer rapidement. Il concluait par ces mots : "Je me sens Charlie Coulibaly". Quelques mois plus tard, il est condamné à deux mois de prison avec sursis pour "apologie du terrorisme" par le tribunal correctionnel de Paris. Ce qui est loin d'être anodin. Le polémiste a fait appel de sa condamnation.
La France vient de traverser une terrible tragédie qui a coûté la vie à 130 victimes innocentes et blessé, parfois gravement, des centaines d'autres personnes. Toutes les initiatives qui visent à renforcer le sentiment d'union nationale doivent être encouragées. Celles qui rendent hommage aux victimes de la barbarie également.
Néanmoins, l'idée de Dieudonné - proche de l'essayiste d'extrême droite Alain Soral, habitué également des prétoires, et des milieux négationnistes et révisionnistes - d'organiser "un spectacle en hommage aux victimes des attentats" est indécente. On est en droit de se poser des questions sur cette soudaine envie de se racheter une virginité, cette envie soudaine à se faire passer pour une blanche colombe. Et de s'assurer d'une belle publicité au passage...
Plus personne n'est plus dupe. Le fonds de commerce de Dieudonné, c'est la provocation et la haine. Il n'a aucune plus aucune limite dans ce domaine. La justice belge vient encore une fois de le démontrer en le condamnant sévèrement. Tout comme la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) qui a considéré que le spectacle où il avait fait monter sur scène le négationniste notoire Robert Faurisson, en 2008, était une "démonstration de haine et d'antisémitisme".
D'ailleurs, à y regarder de plus près, le fait que ses avocats aient mentionné dans leur courrier, adressé à la ministre de la Culture, "qu'il met tout en oeuvre pour pouvoir remonter sur scène à cette occasion avec son ami de toujours, Élie Semoun" doit nous interpeller et nous mener à une réflexion beaucoup plus approfondie. Dieudonné a un "ami juif". Donc il n'est pas antisémite. CQFD. Imparable...
La ficelle est un peu trop grosse et elle est bien connue de tous. D'autres avant lui se sont aventuré sur ce terrain hasardeux : Nadine Morano et sa meilleure amie "plus noire qu'une Arabe" ou encore Christine Boutin qui a "des amis homos". La liste est loin d'être exhaustive...
Invité sur RTL samedi dernier, Élie Semoun s'est dit "gêné" face à Dieudonné, avec qui il a débuté et formé un duo dans les années 90. "Lui, il voudrait qu'on fasse la paix et qu'on lance un message de paix, mais on va attendre un peu", a-t-il déclaré. Il est prêt à lui "redonner une chance" mais il attend de "voir ce qu'il a dans le ventre, parce qu'il a été trop loin". Dieudonné a été loin, en effet. Beaucoup trop loin dans l'ignominie et la provocation pour croire une seule seconde qu'il puisse être en mesure de changer. Et d'effacer une ardoise déjà bien trop lourde...
La justice belge nous rappelle que Dieudonné est le porte-parole d'une idéologie nauséabonde et néfaste qui se drape dans ses oripeaux d'humoriste pour la propager, en particulier auprès des jeunes. Il fera certainement appel de sa condamnation, comme il en a l'habitude. Nier l'existence des chambres à gaz ou qualifier Adolf Hitler de "joyeux fanfaron" n'est pas acceptable. Puisse cette condamnation lui servir de leçon. Ce qui semble, hélas, assez improbable. Les peines de prison ferme ne sont pas exécutées en Belgique lorsqu'elles sont inférieures à six mois.
Un vieux proverbe anglais dit : "Le loup peut perdre ses dents mais jamais sa nature"...
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