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Accueil du site > Actualités > Société > Etes vous égo-logiste ?

Etes vous égo-logiste ?

Cette expression, chère à Joèl de Rosnay définit celui qui préfère le JE ou nous, et illustre bien la tendance sociale du moment.

Tout comme on oppose le yin et le yang, on peut aujourd’hui opposer les fervents du « tout à l’égo » à ceux qui lui préfèrent les valeurs de solidarité et de partage.

Faut-il faire confiance à celui qui décide tout tout seul, convaincu d’avoir toujours raison, ou à ceux qui préfèrent ce qu’on appelle aujourd’hui « l’intelligence plurielle ».

Wikipédia, l’encyclopédie citoyenne illustre parfaitement cette intelligence collective, donnant à chacun la possibilité de renseigner, ou de se renseigner.

Cette opposition a été parfaitement illustrée lors de la dernière élection présidentielle ou l’on a vu la victoire du « Je » sur le « Nous ».

Rappelez vous les discours du Prez : « J’irais chercher le pouvoir d’achat avec les dents ».

« Je défendrais les droits de l’homme partout où ils sont méconnus et menacés » lien (on a vu de quelle façon il ne l’a pas fait avec Kadhafi, ou avec la dictature chinoise).

Le « Je » étais toujours présent dans ses discours, alors que de l’autre côté, c’est le « nous » qui était privilégié.

La crise écologiste va emprunter bientôt le pas sur la crise économique, et tout laisse croire que le « chacun pour soi » et « que le meilleur gagne » vont l’emporter.

En France le Grenelle est un lamentable échec, accumulant les effets d’annonces, sans de réelles applications, ou avec de si misérables avancées qu’elles seront sans effet notoire.

Ces Grenelles successifs sont la marque évidente du choix politique qui privilégie l’apparence, et prend la vérité avec des pincettes et une certaine distance, tout comme le récent documentaire présenté par Yan Arthus Bertrand : Home.

Ce film est la preuve que la défense de l’environnement est toujours présentée par le petit bout de la lorgnette, et que les sujets qui fâchent sont soigneusement évités.

Pas un mot dans ce film sur le danger nucléaire qui nous menace depuis un demi-siècle, et dont les conséquences sur notre planète sont de plus en plus préoccupantes.

Ce film est soutenu par de magnifiques images bien sur, destinées à nous émouvoir et censées nous donner envie de défendre notre planète « home », mais ces mêmes images sont portées par un discours émaillé de contre-vérités.

En effet, le spectateur attentif aura bien noté que le réalisateur utilise le futur, alors qu’il aurait tout aussi bien pu utiliser le présent.

Il évoque, par exemple, la quantité phénoménale de méthane piégée sous le pergélisol et dans le permafrost et qui pourrait s’échapper un jour, accélérant dramatiquement le réchauffement planétaire. lien

Sauf qu’il oublie de dire que ce méthane s’échappe actuellement à gros bouillons, tel qu’il a été observé par plusieurs missions scientifiques récentes.

La lente et inexorable montée des eaux a commencé à chasser les habitants de leur lieu de vie, et dans les pays riches la parade est déjà prête.

Il existe de par le monde des zones totalement sous contrôle, avec ses barrières de sécurité, ses vigiles, ses caméras de surveillance, ses moyens de défense, prêtes à repousser avec la plus grande fermeté les assauts prévisibles des futurs délogés climatiques.

Les entreprises sont de plus en plus nombreuses pour proposer ce genre de service, et les caméras de surveillance se multiplient. lien

Cette opposition du « Je » et du « Nous » se retrouve aussi entre les fervents partisans de la croissance, convaincus que seule celle-ci pourra redonner du pouvoir d’achat, avec ceux qu’on appelle aujourd’hui « les décroissants », ceux-ci préférant jouer la carte de la solidarité et du partage, refusant de continuer à consommer toujours plus, aux dépens des peuples affamés et asservis.

Pourtant il est visible que cette solution décroissante est la seule qui permettrait de contrer la récession.

Les écarts de salaires qui vont aujourd’hui de 1 à 400, ne devrait pas dépasser un écart de 1 à 7, ce qui était d’ailleurs inscrit dans le programme commun défunt des années 70.

Le choix est aussi entre le « partage du travail », ou le « travailler plus », (y compris le dimanche), même si çà doit générer plus de chômage.

Toujours donc l’opposition entre le je et le nous.

Ce choix de société est décisif sur ce qui nous attend pour les années à venir, et il est à craindre que le bon choix ne sera pas fait.

Car comme disait un vieil ami africain :

« Une pirogue n’est jamais trop grande pour chavirer ».


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7 réactions à cet article    


  • Nycolas 6 juin 2009 15:57

    Olivier (si vous permettez que je vous appelle ainsi)

    J’aime beaucoup votre endurance dans votre lutte contre l’énergie nucléaire, et j’apprécie votre présence sur Agoravox.

    Cet article me semble intéressant, néanmoins je ne suis pas sûr qu’il soit aussi simple de découvrir, par la force du bon sens collectif, ce qui serait vraiment bon pour nous. Déjà parce que tous les discours sont instrumentalisés, et que nous sommes souvent fort mal informés, et qu’il es donc difficile d’être lucides face à tous les problèmes qui se présentent.

    Wikipédia, par exemple, est un exemple parfait de ce qui peut se faire mieux et de pire à la fois, en matière de « dictature du nous ». C’est ainsi qu’hier, je découvrais la page wikipédia consacrée au réchauffement climatique, qui fait uniquement la part belle aux démonstrations contestables et contestées du GIEC, en ajoutant que les théories qui s’opposent aux conclusions du GIEC sont minoritaires, en soulignant que ce dernier accorde une probabilité de 90% que le réchauffement climatique ait une origine humaine.

    Outre le fait que ceci est faux, et que ce genre de chiffre est proprement ridicule, il s’agit pour moi de l’exemplaire réussite du noyautage de l’opinion publique, se répercutant d’autorité sur wikipédia.

    C’est un problème... Car pour que ce vous dites se réalise, il faudrait que nous ayons réellement accès aux informations impartiales qui surviennent des deux côtés.

    Concernant la décroissance, certes elle se présente comme une alternative mathématiquement imparable à la logique débile et démente de la croissance à l’infini dans un monde fini.

    Mais en même temps, elle est juste une sorte de capitalisme inversé, ce qui prouve que dès que nous voulons inventer des alternatives, nous utilisons les briques de légo de nos ennemis, au lieu de créer les notres. En clair, nous jouons avec leurs règles du jeu.

    Plus profondément que cela, les problèmes fondamentaux ne sont pas assez souvent abordés. Le réchauffement climatique supposément d’origine humaine occulte les problèmes qui eux ont dors et déjà une importance catastrophique : la pression que l’homme met sur son environnement, par son occupation du terrain et de l’habitat, par la surpêche, par le déversement massif de produits toxiques dans les eaux à des fins relativement futiles pourtant (la croissance toujours), la déforestation et ainsi de suite...

    Plus que décroitre, il faudrait envisager carrément une nouvelle façon de vivre, en réalisant que nous ne sommes pas et ne serons jamais les gestionnaires de la nature, car nous ne sommes qu’une de ses parties...


    • olivier cabanel olivier cabanel 6 juin 2009 17:32

      Nycolas,
      bien sur, appelez moi Olivier, pas de problème...
      pour revenir à votre commentaire que je partage en grande partie, je vous renvoie au livre de Paul Ariès, que j’ai découvert l’an dernier, lors d’un salon de l’écologie en Nord Isère.
      son livre, paru aux éditions Golias, décrira bien mieux que moi le concept de décroissance, y compris sur les thêmes que vous soulevez.
      Small is beautiful, vous connaissez le slogan, et il s’applique mieux que tout autre à cette autre façon d’envisager nos rapports avec la planète.
      on ne peut pas continuer à s’aveugler, foncer sur cette « autoroute du progrès » à 200 à l’heure, voyant pourtant le mur qui est devant nous, mais continuant dans cette logique suicidaire qui veut que nous consommions tout, même si celà va manquer à d’autres, même si celà déséquilibre la vie sur cette planète.
      comme vous l’avez dit très justement, nous ne sommes que les locataires de cette planète (et non pas les propriétaires) et nous devrions penser à laisser au moins l’endroit aussi propre que nous l’avons trouvé, lorsque nous nous en irons à notre tour.
      nous devrions arrêter le gigantisme, arrêter de nous créer sans cesse de nouveaux besoins, consommer sur place les produits fabriqués, donner un autre sens à notre vie que cette course folle sans avenir.


    • Ecométa Ecométa 10 juin 2009 10:02

      @ Olivier

      Vous dites que dans le film Home « le réalisateur utilise le futur, alors qu’il aurait tout aussi bien pu utiliser le présent »  ; c’est parfaitement exact !

      « Le temps est dialectique » disait Plotin (III è siècle ap. J.- C). Autrement dit, la temporalité humaine, avec un passé qui permet d’expliquer le présent, un présent qui prépare l’avenir mais ne devrait jamais le justifier comme nous le faisons actuellement, et exclusivement ; cette temporalité humaine participe de l’intelligence humaine ! Le problème c’est que la temporalité humaine, donc l’intelligence humaine telle qu’elle devrait être, capable d’introspection afin de ne pas répéter sans cesse les mêmes erreurs ; cette intelligence simplement humaine est savamment, délibérément, même académiquement niée ! Ce qui domine c’est le temps du rationalisme technique et scientifique : le temps de la raison rationalo technoscientiste !  Comment réfléchir à la réalité, aux réalités quelles qu’elles soient, qui se passent uniquement au temps présent, si nous sommes toujours dans la prospective, dans la fuite en avant rationalo économico technoscientiste !

      L’humanité, écrivait Gorge Bernard Shaw, serait depuis longtemps heureuse si tout le génie que les hommes mettent à réparer leurs bêtises, ils l’employaient à ne pas les commettre. Si seulement ceci était vrai et que nous réparions réellement nos erreurs ! Assez visiblement et le plus souvent les hommes persistent dans l’erreur et même dans l’horreur, à ce sujet et si nécessaire, l’histoire de l’humanité est là pour en témoigner, et, pas que l’histoire ancienne, même et surtout l’histoire la plus récente, qui, à quelques détails près, semble bien devoir se répéter !

      @ Nycolas

      « Il faudrait envisager carrément une nouvelle façon de vivre »

      Totalement indépassable, c’est la logique qui fait la raison, qui, elle mêmes fait le savoir qui fait la culture et la société dans laquelle nous vivons ; à logique, raison, savoir et culture paranoïaques et schizophréniques : société forcément paranoïaque et schizophrénique !

      Les difficultés auxquelles nous sommes confrontées, bien sûr celles environnementales, qui, visiblement intéressent beaucoup, mais surtout celles sociétales, politique, économique, sociale, même démocratique et républicaine, qui, visiblement, comme par fatalisme, intéressent beaucoup moins ; ces difficultés sont de nature bien plus fondamentales que ce que pensent les gens assez généralement ! En tout cas, beaucoup plus que ce que pensent ces dirigeants de toute sorte qui entendent nous diriger ! Comment pourrait-il en être autrement puisque logique dichotomique, en fait opposition culture / nature oblige, culture exclusivement scientifique s’entend, et même « scientiste » ; nous avons développé un savoir en totale négation de la « Nature » et des « états de nature », dont la nature humaine soi disant trop irrationnelle !

      Epiphénoménologique dans ses approche (culture de la chose pour la chose), paroxysmique dans ses applications (nous forçons et abusons tout) ; tout simplement technoscientiste en diable, ce monde est savamment, délibérément et même académiquement malade : il souffre tout simplement de sa logique, de sa raison, de son savoir et de sa culture !

      Une autre logique, une autre raison, un autre savoir et une autre culture ; tout ceci s’impose ! Une autre logique que cette logique dichotomique simpliste sans nul soute vieille résurgence de l’antédiluvienne lutte entre le bien et le mal, voire du plus récent manichéisme. Une autre raison que celle rationaliste paroxysme de rationalité et pus réellement rationalité. Un autre savoir que celui de l’exclusive scientiste. Une autre culture que celle de l’individualisme paroxysme d’individualité et plus réellement individualité !

      Il n’y a que dans notre petite cervelle d’‘humain rationaliste, désireux de se rendre maître et possesseur de la « Nature » et des « états de nature » comme la nature humaine, que les choses s’opposent à l’antagonisme. Tout, pas une chose, pas un atome, pas une molécule, pas un système, pas un seul individu, rien, absolument rien n’existe par lui-même et pour lui-même : dans la réa lité tout participe, collabore et s’entretient ! Si au lieu de raisonner en termes d’opposition, et conformément à la réalité, nous raisonnions en termes de complémentarité : nul doute que tout serait radicalement différent !

      Il serait temps de nous mettre en conformité avec les acquits intellectuels du 20 è siècle qui limite la connaissance, tant dans le domaine du raisonnement (théorème d’incomplétude de Gödel et Chaitin, théorème d’incertitude d’Heisenberg)) que dans celui de l’action (Théorème d’impossibilité d’Arrow). Temps également de nous mettre en conformité de savoir avec les conclusions hautement philosophiques de la physique quantique dont sont largement issus ces acquits intellectuels. Le monde physique, celui de l’univers, mais également celui métaphysique des humains, n’est pas composé d’éléments simples comme veut nous le faire croire le rationalisme classique, des éléments manipulables sans trop de conséquences ; ce monde, ces mondes, d’après la physique quantique, sont composés d’éléments en interaction complexe et dynamique : ils sont composés de systèmes et constituent des écosystèmes ou métasystèmes !

      Je propose une logique « écosystémique », une raison « écologique », un savoir « écométasystémique », et une culture de l’écosociété !
      http://metaecosystemie.blogspot.com


    • marcel 6 juin 2009 18:05

      @olivier :

      "Cette opposition du « Je » et du « Nous » se retrouve aussi entre les fervents partisans de la croissance, convaincus que seule celle-ci pourra redonner du pouvoir d’achat, avec ceux qu’on appelle aujourd’hui « les décroissants », ceux-ci préférant jouer la carte de la solidarité et du partage, refusant de continuer à consommer toujours plus, aux dépens des peuples affamés et asservis.« 

      La décroissance consommatoire nécéssaire par ailleurs, ne suffira pas à enrayer le processus destructif en cours  ; elle doit s’accompagner de la décroissance démographique .
      Que les pays dits développés ne sont pas à l’abri de reproches en tous genres (destructeurs ,consommateurs fanatiques ) ,c’est un fait , mais les fameux peuples affamés et asservis ne sont pas des parangons de vertus écologiques : ils sont aussi de fameux destructeurs de biosphères (défrichage de forêts ,surpêcheurs pour tenter de nourrir leurs trop grandes familles ).
      De faibles consommateurs mais très nombreux peuvent s’avérer aussi dévastateurs que de
      gros consommateurs en nombre plus réduit .

      Je te propose le »small population is beautiful" .


      • olivier cabanel olivier cabanel 6 juin 2009 18:33

        Marcel,
        peut-être pas une décroissance démographique, mais un statu-quo suffirait peut-être.
        il existe encore des poches de populations, certaines tribus en Amazonie, pour lesquelles je crois pouvoir dire que leur nombre est stable... je ne parle pas de ceux qui sont chassés de leur territoire par la déforestation, car ceux là sont bien sur menacés...
        la terre n’est pas extensible, et c’est une donnée qui semble si banale que l’évoquer est une lapalissade,
        pourtant, il semble que nous l’ayons oublié depuis longtemps,
        la démographie galopante que connait notre civilisation ne peut que déboucher sur des crises, des conflits...
        bien sur, le terrain est glissant, et je ne suis pas en train d’écrire qu’il faudrait des règles et des lois qui obligent les citoyens à limiter le nombre de naissance,
        ce serait inacceptable,
        mais pourquoi ne pas y réfléchir, et se dire qu’il n’est pas raisonnable d’enfanter à tour de bras, sans penser aux conséquences.
        l’état français, et bien d’autres à encouragé les « familles nombreuses », en leur octroyant des aides, mais sans penser au lendemain qui déchantent.
        c’est pour cette raison que le concept même de croissance est idiot, et sans avenir.
        je profite de ce commentaire pour signaler aux lecteurs d’une erreur que j’ai commis, et dont je me suis aperçu juste après avoir validé l’article !!!
        il faut remplacer le « futur » par le « conditionnel » (relatif au film home)
        désolé.


      • marcel 7 juin 2009 15:12

        @olivier :

        Pour un partisan de la théorie de la décroissance (acroissance) professée actuellement par P.Aries ,ton commentaire est assez raisonnable et lucide : tu y tiens compte du problème démographique ,ce que ne fait pas Aries (à moins que je ne l’ai mal lu) malheureusement

        Il est effectivement assez rude de limiter par la contrainte la taille de la famille de chaque individu mais cette coercition temporaire a l’avantage d’être responsable et de poursuivre un but positif (assurer à chacun une vie décente et un espace vital suffisant) ,alors que le comportement nataliste ou le natalisme par invasion migratoire de peuples pauvres et natalistes est totalement criminel tant pour l’envahi que pour l’envahisseur (comportement croissantiste absurde et menant tôt ou tard au désastre :dame nature décidera du moment et de l’heure )
        de la raclée fionale .

        Tu fais bien d’évoquer les tribus amazoniennes dont la forêt qu’ils entretiennent intelligemment et de façon réellement durable, est saccagée par des débiles profonds et à
        la cupidité insatiable .


        • olivier cabanel olivier cabanel 7 juin 2009 22:06

          Marcel,
          si , bien sur, Aries évoque aussi les aspects néfastes de la croissance, en temps que l’accélération de la démographie, tout comme serge Latouche, ou Hervé Kempf (dans son dernier ouvrage)
          des l’instant ou le déséquilibre pénalise d’abord les plus pauvres.
          en 1960 l’écart entre les 20% les plus riches et les 20% les plus pauvres était de 1 à 30, il est aujourd’hui de 1 à 80.
          54 pays sont en 2007 plus pauvres qu’en 1990, 21 connaissent une malnutritrion plus importante, et on compte en france plus d’un million d’enfant pauvres,
          en tout cas je ne peux que me réjouir du bon score des écolo lors du scrutin européen, qui semble signifier que la prise de conscience s’élargit sur les problèmes que j’ai évoqué dans l’article.

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