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Images, censure et têtes blondes

Je reviens sur une problématique estival et par-delà, exprimer mon point de vue quant à la censure – ou l’auto-censure – dont fait l’objet de plus en plus d’images et à laquelle nous sommes régulièrement confrontés.

La couverture du Times Magazine du 29 juillet proposait le portrait d’une jeune femme afghane, au nez et aux oreilles tranchés par les Talibans pour la punir d’avoir fui le domicile de son époux. Dans l’éditorial, Richard Stengel (managing editor) explique s’être posé la question de savoir si cette photographie de Jodi Bieber était publiable ? Si elle n’allait pas heurter le public, et plus particulièrement les enfants ?

Une tendance lourde existe aujourd’hui, dictée par la prudence : celle de censurer à tout prix de crainte de choquer nos chères têtes blondes, brunes ou rousses. Et cela à un prix : celui de voir l’information ne pas être révélée !

Pour quelles raisons les personnes adultes doivent ainsi se soumettre à ce dictat ? Il n’est pas question de remettre en cause la protection des enfants mais bien de s’interroger sur cette banalisation de l’autocensure. Si les enfants doivent être protégés, les adultes doivent être informés et, plus encore, certaines situations doivent être dénoncées et portées à l’attention du public, plus encore si il est question de la souffrance de certaines populations.

Nombreux sont pourtant les parents inquiets de voir leurs progénitures être exposées à la violence par l’entremise d’images, comme celles diffusées par les journaux télévisés. Certains s’en offusquent au point d’exiger de ne plus en voir ou, à tout le moins, demandent aux rédactions d’avertir le public de la diffusion d’images « choquantes » afin d’éloigner les enfants.

Ceux-ci devraient donc être tenus écartés de toute réalité, vivre en déconnexion du monde dans lequel pourtant ils évoluent. En fait, il s’agit simplement de postposer le moment où la vérité sera dévoilée : non, l’univers n’est pas un conte de fée !

Il ne s’agit pas de plaider pour une exposition illimitée à la violence gratuite. La violence gratuite est condamnable et celle-ci peut-être montrée à un moment précis dans le but précis de la désavouer. Ce qui compte avant tout est d’accompagner cette confrontation, d’expliquer les raisons pour lesquelles il est impératif de sanctionner toute brutalité et d’exposer le contexte dans lequel elle est apparue. Le rôle des parents est ici essentiel et face à cette tâche, certains préfèrent peut-être démissionner et exiger, dans une sorte de paresse, voir tout contenu tendancieux disparaître : ainsi, ils auront l’esprit libéré de tout sentiment de culpabilité et seront obligé à aucun effort.

Ne pas dénoncer les crimes des Talibans, la souffrance de jeunes femmes meurtries à jamais dans leur chair, détruites sur le plan psychologique consiste à collaborer activement avec les tortionnaires. Garder le silence est tout aussi coupable que fermer les yeux face aux atrocités. La réalité est dure et l’image n’est rien en comparaison avec la douleur de la victime.

Aujourd’hui, nous assistons donc à une fuite en avant. L’enjeu est pourtant de taille : ne pas s’éloigner de la réalité de notre monde. Car à force de refuser de prendre le risque de choquer les enfants, on maintient les adultes dans un état d’ignorance. Certains peuvent s’en réjouir - cela évite toute mauvaise conscience et remise en question, cela permet de ne pas devoir expliquer et donc, à un moment où à un autre, de prendre position, de trouver des mots. Pire ! De plus en plus d’adultes exigent à leur tour d’être épargnés de ces images ! Celles-ci les empêchent en effet de dormir, clament-ils ! Leurs vies sont déjà suffisamment pénibles, scandent-ils en chœur, au point de ne plus pouvoir supporter le malheur des autres ! Il en en effet bien connu que fermer les yeux guérit les maux …

Parallèlement à cette tendance, dévoiler l’image d’un enfant devient de plus en plus problématique. A l’heure où la presse ne cesse de faire ses choux gras en relayant des informations sur des cas de pédophilie – avérés ou non, nombres de gens voient dorénavant d’un mauvais œil la publication de certaines photographies pouvant être « interprétées ». Placardé un enfant dénudé dans une campagne publicitaire est dorénavant frappé d’interdit. Et cela touche également la création artistique et donc, ipso facto, la liberté d’expression. Des artistes ont ainsi vu leurs œuvres écartées de crainte de voir quelques citoyens venir se plaindre d’être exposés à des images « suggestives » et de souligner l’impact néfaste qu’elles peuvent avoir sur un certain public. On en arrive à un puritanisme destructeur face auquel les responsables en charge de sélectionner les œuvres agissent d’une manière proactive, guidé par une soit disante sagesse. Les « bien-pensants » imposent leurs lois, au nom de leur morale « rigoureuse et bienfaitrice ». Nous voilà revenu en des temps anciens où la moindre parcelle de chair devait être dissimulée. Le progrès n’est pas dans la « pornographication » du monde mais pas davantage dans le repli frileux sur une morale emplie d’une pseudo religiosité ou de prudence. Le progrès se situe au contraire à l’opposé, dans une faculté d’explication et de dénonciation accrue.

N’oublions pas que le premier milieu de violence pour les enfants est la famille et les proches qui la compose. Les agressions sur les mineurs sont avant tout l’œuvre des parents, de grands frères ou d’oncles. Les prédateurs sont davantage à chercher dans les chaumières que sur la voie publique ou dans les galeries d’art.
 

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4 réactions à cet article    


  • slipenfer 25 septembre 2010 07:39

    Article vraiment pas éclairé et partisan,on pourrait allez plus loin
    et montrer des scènes de pédophilies,de torture,de viol aux enfants aussi.
    et en quoi les photos seraient supérieur aux mots pour informer ?

    protection de l’ enfance


    • Francis, agnotologue JL 25 septembre 2010 10:35

      D’accord avec Slipenfer. Je lis : « N’oublions pas que le premier milieu de violence pour les enfants est la famille et les proches qui la compose. »

      Comparaison n’est pas raison, et celle-ci est particulièrement débile. Il conviendrait de développer, mais je doute que cela intéresse quelqu’un et de mon coté, j’ai mieux à faire.


      • HELIOS HELIOS 25 septembre 2010 16:28

        je vous propose de regrader les informations espagnoles...
        A chaque crime ou delit, la-bas, on donne le nom complet des personnes impliquées.
        Avez vous entendu une seule le fois le nom d’un delinquant aux infos ?,
        Vous voyez bien que la censure (et/ou l’autocensure) ont bien cour ici, en France..

        et ne racontons pas que c’est pour preserver la presomption d’innocence....


        • La sentinelle La sentinelle 26 septembre 2010 03:08

          SAlut

          « et ne racontons pas que c’est pour preserver la presomption d’innocence... »

          Evidemment que oui, c’est le principe de base, mais vous ne devez pas tendre suffisamment l’oreille , parce que plus d’une fois, les noms des inculpés sont diffusés en long en large et en travers et à qui veut bien l’entendre.

          La présomption d’innocence est bafouée régulièrement, sans que cela ne gêne l’opinion publique.

          Il suffit simplement d’une rumeur pour étaler les noms sur la place publique, sans même que cela gêne ceux qui sont même en charge de la préserver.

          Rappelez vous , un certain ministre de l’intérieur déclarant « La police française vient d’arrêter Yvan Colonna, l’assassin du préfet Erignac »

          Qui se preoccupe de la présomption d’innocence d’Eric Woerth, de FM Banier, ou de DSK pour ne citer que des »affaires" recentes.

          Pour Banier

          Déclaration de L’Oreal ;

          « Il a été mis un terme à ces contrats car, à lui seul, le bruit médiatique qui s’est développé autour de François-Marie Banier
          rendait leur poursuite préjudiciable à L’Oréal. »

          Ce sont les médias maintenant, qui décident qui sera ou ne sera pas sous la vindicte populaire.

          Et si il était innocent ?

          Les journalistes seraient plus inspirés de s’occuper de la véritable origine de la fondation de la marque.

          A+

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