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Accueil du site > Actualités > Société > L’amour ne dure-t-il que trois ans ?

L’amour ne dure-t-il que trois ans ?

Le 14 février est une date symbolique pour tous, et particulièrement pour moi. En effet, c’est ce jour là où j’ai succombé aux charmes de la femme qui se révèlera être la mère de mes enfants. Ce qui est plutôt amusant, est que cela fera 3 ans précisément que nous vivons ensemble. Il est temps pour moi de vérifier si Frédéric Beigbeder disait vrai lorsqu’il soutenait que « l’amour dure trois ans », ou si, une fois de plus, tout cela n’était qu’un vulgaire slogan publicitaire…

« La première année on achète les meubles, la deuxième année on déplace les meubles, la troisième année on partage les meubles »

A l’origine de la théorie de l’auteur, consistant à dire que l’amour ne pouvait survivre plus de trois ans, on retrouve avant tout une démonstration cartésienne, puisée sur des pseudos vérités physiques, démontrant que chimiquement, le corps ne produit plus les substances nécessaires à l’épanouissement du couple au-delà de cette date fatidique.
 
Il faut dire que F. Beigbeder est un fin connaisseur en la matière : Les substances chimiques – et autres – étant son domaine de prédilection, il n’est donc pas étonnant de le voir ainsi parler en expert.
 
Cynisme mis à part, tout cela traduit parfaitement le contresens que l’on fait généralement à l’amour. Qu’est-ce que réellement l’amour ? Comment le définit-on ?
 
Il semblerait que l’écrivain – tout comme un grand nombre de personnes – limite la vision de l’amour à celle du plaisir pris à partager des émotions avec une autre personne. Réduisant en quelque sorte l’Amour à une dose continue d’opium. Vu comme cela, il n’est pas étonnant de tomber de désillusions en désillusions.
 
En réalité, l’amour, chez F. Beigbeder, semble n’être qu’un simple objet de consommation supplémentaire dans la vie de chacun, destiné à assouvir un sentiment de manque. D’ailleurs tout ou presque, dans ses livres, prend toujours racine dans le consumérisme à outrance et ce que l’on pourrait nommer « le palliatisme ».
 
Les notions de l’amour qu’il développe sont à l’image de l’auteur : Explosif, sans limite, mais éphémère.

« L’amour est avant tout la volonté de dépasser son ego. » 

On peut alors s’intéresser aux causes réelles de l’amour : Pourquoi aime-t-on ? Quel serait le but de cette expérience unique que l’on vit à deux ? Chacun possède ses propres convictions, mais il parait évident que les plus spirituels d’entre nous sont disposés à demeurer les plus heureux en amour.
 
Pour ma part, je considère l’amour comme un examen, comme tout ce que nous offre la vie. Ce n’est qu’une simple épreuve à surmonter avec tout ce que cela contient : Les moments de joie, de peine, parfois de haine et d’excès. Il n’existe pas d’idylle parfaite, en cela je rejoins Beigbeder. Cependant il y a deux visions des choses :
 
La première est de se dire qu’il n’y a d’intérêts que dans le court terme, la consommation, et le plaisir immédiat. La seconde de vouloir construire, apprendre à faire les concessions nécessaires pour avancer ensemble. En cela on peut réellement dire que l’amour est avant tout la volonté de dépasser son égo.

« Si vous choisissez le chemin de la facilité et que vous vous reposez sur des éléments superficiels, comme l’attache physique, l’euphorie des sentiments, le bien être social qu’il apporte, votre amour se consumera très vite »

Comme dans tous choix que nous sommes amenés à prendre dans la vie, deux chemins s’offrent à nous. Très souvent, il y en a un qui parait plutôt dégagé, à plat, oscillant à travers une plaine. Et un autre, ardu, montagneux, rempli de ronces et de mauvaises herbes en tout genre.
 
L’humain, réduit à sa conscience d’homme, choisit bien souvent celui qui lui parait être le plus praticable, du moins, le plus facile à emprunter.
 
Oui mais voilà : Au fil du temps, le chemin commence progressivement à se détériorer. Ce chemin si placide commence à se transformer en pente dangereuse et se faire de plus en plus étroit, au risque de vous faire tomber dans un ravin. Alors que l’autre, lui, devient de plus en plus clair et accessible au fur et à mesure des efforts escomptés.
 
L’amour est pareil. Si vous choisissez le chemin de la facilité et que vous vous reposez sur des éléments superficiels, comme l’attache physique, l’euphorie des sentiments, le bien être social qu’il apporte, votre amour se consumera très vite.
 
Par contre, si vous choisissez et acceptez les difficultés liées à un amour sincère, loyal et structurel, vous finirez par obtenir un trésor bien plus précieux et durable que vous ne l’auriez obtenu en cédant à l’appel pourtant si tentant du courtermisme.

Retrouvez mon blog : http://ecrireparplaisir.blogspot.com/
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14 réactions à cet article    


  • devphil30 devphil30 15 février 2012 09:33

    Oui en partie mais on ne peux pas généraliser car chaque couple est différent du fait des relations vécues , de la personnalité de chacun , des attentes.


    L’arrivée d’un enfant complique aussi les relations.

    Sans parler de consommation à outrance en terme d’amour et de rencontre , la vie à deux pendant 40 ans n’est plus la tendance actuelle 

    Philippe 

    • Stéphane Decize 15 février 2012 11:07

      Bonjour Philippe,

       

      En effet, chacun est différent et trouvera son bonheur en fonction de sa philosophie de vie. Il existe plusieurs vérités.

      Je mettais simplement l’accent sur une tendance sociétale visant à décrédibiliser l’amour et le rendre comme simple objet de consommation. Ce que fait remarquement F. Beigbeder dans ses livres.

      Il est vrai que la naissance d’un enfant est une épreuve. J’ai d’ailleurs écrit un article à ce sujet, inspiré du film « Un heureux évènement ». 

      C’est une épreuve de force pour l’amour et le couple. Parvenir à la surmonter, nous ouvre les portes de quelque chose de pur et de très beau, que je souhaite à chacun.

       

      Bien à vous,


      • Nanaboso 15 février 2012 17:43

        Ha bah merci !
         je vais etre papa en juillet... et je refuse de voir ce film... je le verrais apres, une fois tout cela traversé....
        haut les coeurs... :)


        • Stéphane Decize 15 février 2012 18:30

          Je te rassure, tu peux survivre sans le voir ! Des générations peuvent en témoigner. ;)

          Et félicitations.


          • Nanaboso 17 février 2012 17:31

            oui merci, c’est ce que je me dit aussi :)


          • easy easy 15 février 2012 18:41


            Une fois qu’on laisse de côté toute attente magique en tapis volant ou en marcher sur l’eau, il reste tout de même le fantasme le plus réaliste, celui de ne pas mourir, avec toutes les déclinaisons possibles en cette direction. Il suffit d’éviter un rocher qui nous tombe dessus pour ressentir ce fantasme. On ne l’évite pas, on meurt ; on l’évite on se marre. Notre adresse contient alors la clef de l’immortalité. C’est euphorisant.

            Bien entendu, ce jeu d’évitement de la faux ne peut pas durer éternellement. Mais comme il n’y a pas non plus d’échéance fixée d’avance, sinon dans les horoscopes, nous disposons tous d’un espace certes fini mais élastique donc avec quelque allure d’infini pour fantasmer sur quelque degré d’immortalité.

            Dieu est assurément Eternel et n’est même que ça. Son don d’ubiquité, ses pouvoirs à ouvrir les mers ne découlent que du fait qu’il est éternel et qu’il a tout son temps.

            Dans l’amour classique entre un garçon de 20 ans et une fille de 20 ans, tous les deux fantasmant donc de quelque degré d’immortalité, de quelque degré de divinité, pourvu qu’ils fassent attention dans les virages, ils ont à se demander si leur sentiment amoureux qui vient de surgir et dont ils savent qu’il est né de circonstances particulières, dont ils savent qu’il tient à des textures de peau, de fraîcheur d’haleine, d’optimisme et de dynamisme, va avoir lui aussi des propriétés magiques, aussi magiques que leur vie physique.

            Si je peux fabriquer du miracle de vie physique en faisant gaffe aux rochers (et il faut faire gaffe sinon pas de miracle du tout) serais-je capable de fabriquer un miracle parallèle en faisant gaffe pour faire durer plus longtemps ma passion ?



            Quoi ? Faire gaffe à préserver le sentiment amoureux ? Mais c’est n’importe quoi puisque certains affirment que la passion ne vaut que pour autant qu’elle soit incontrôlable et uniquement spontanée.

            Ouille alors car si c’est la seule spontanéité qui fait la qualité la la passion, exit toute entreprise de protection et quid de sa pérennité.
            D’autant que pour bien faire, il vaudrait mieux que ce sentiment seulement spontané soit bilatéral.
            Ouille² alors ! Et immédiatement grosse inquiétude.

            Cette inquiétude qui porte donc que la seule pérennité de la spontanéité amoureuse se produit dès le premier jour du contact et oblige chacun à l’évaluer de façon permanente et obsessionnelle.

            Or, ya pas à tortiller, toute spontanéité sondée, mesurée, toisée, objectivée perd automatiquement en spontanéité et subjectivité.

            A être remplacée alors progressivement, sourdement et implicitement par autre chose mais ce n’est plus exactement de la passion pure. Ca devient par exemple de l’amitié ou de la camaraderie.




            Sur ce principe de fond, se produisent des situations exceptionnelles où le problème le plus saillant devient celui du temps de vie physique. Ce qu’illustre par exemple Love Story.

            On a là un couple qui démarre comme tous les couples avec un doute (non-dit) sur la durabilité de la passion. Mais avant que le processus du sondage de la spontanéité n’ait commencé son oeuvre de déromantisation, voilà qu’il apparaît à chacun la présence d’un terme physique à leur alliance.
            Il s’ensuit un intervalle de fantasme magique portant sur un miracle vainquant le cancer mais quand les médecins posent que tout espoir est vain, chacun se retrouve avec la seule question de leur durée physique. La passion n’est alors plus du tout forée et elle reste intacte. Mieux, talonnée par l’échéance physique de la mort, elle décuple.

            Ce phénomène est vécu de manière courante mais moins absolue lorsque des amoureux ordinaires sont par exemple en fin de WE et qu’ils doivent se séparer pour la semaine. Ou lorsque le soldat doit partir à la guerre

            En somme, avoir la vie devant soi mine la passion alors qu’une perspective de séparation inéluctable l’exalte absolument.


            • easy easy 15 février 2012 20:17


              Vous aurez mal lu, mal compris ou mal interprété

              J’ai traité de l’amour et de la passion.

              L’amour est le sentiment qui nous tombe dessus, comme le froid en ce moment. Et bien qu’il s’agisse d’un sentiment, non d’une sensation, il a ses limites immanentes. « Oh dis-donc, je me sens amoureux »

              Chez certains, pas chez tous, la rencontre avec ce sentiment fout le feu à une autre fusée « Oh mais que je suis content d’être amoureux ! ». Cet individu a donc éprouvé de l’amour puis il s’est mis à aimer ce sentiment, au sens de trésor enfin trouvé. Il fait alors de cette rencontre avec ce sentiment, un accomplissement « Enfin ! ». Il est passionné. Il n’est plus en relation avec l’immanence du sentiment amoureux mais avec sa transcendance. Et cette transcendance, c’est lui et lui seul (sur fond de culture, de parcours de vie, etc.) qui en définit les allures et contours. Exemple de contours qu’un passionné donne à la transcendance de l’amour : « Pour moi, aimer (mais il entend »être passionné« ) c’est envers et contre tous, c’est contre vents et marées, c’est contre toute raison, c’est à la folie, sans réserves et au-delà de la mort ».


              Il est bien entendu possible de dire, si on cherche à réduire cette passion, à l’invalider, que ce passionné n’est passionné que de sa propre exaltation, non de la personne qu’il a en face de lui.
              On peut dire ça pour le railler ou par dépit (car il fait des jaloux).
              Mais toujours est-il que si cette personne en face de lui n’avait pas existé, il n’aurait jamais connu ce feu de feu.
              Il la considère donc comme hyper précieuse et l’adore quoi qu’elle fasse, quoi qu’elle lui fasse subir.

              Ce que j’explicite ici et qui ne concerne qu’une partie d’entre nous est aggravé ou sublimé (selon comment on a envie de le considérer) par le phénomène dont j’ai parlé. Si le passionné a l’impression d’avoir la vie devant lui, cette passion reste relativement sage et ne se remarque pas trop, mais s’il a l’impression d’être talonné par un problème de temps bien physique, alors sa passion devient absolue et généralement son entourage voit sa folie.



            • Stéphane Decize 15 février 2012 20:13

              Merci Yoann pour votre commentaire.

              En effet, la définition de l’amour est assez vaste. Le délimiter est tout de même un exercice compliqué. Mais en tout cas on ne peut réduire l’amour à la seule notion de passion.


              • gordon71 gordon71 15 février 2012 20:43

                Or, ya pas à tortiller, toute spontanéité sondée, mesurée, toisée, objectivée perd automatiquement en spontanéité et subjectivité. 


                je ne suis pas tout à fait d’accord il y à, me semble t il une troisième voie que connaisse bien les amateurs d’arts martiaux ou les psychanalystes

                celle de l’attention flottante, où l’on est à la fois extraordinairement spontané, et tout à fait lucide, complètement disponible ouvert à l’autre à la nouveauté à l’imprévu, et cependant à même de réagir et de diriger sa vie ses émotions sa conscience, je ne sais pas si c’est bien clair...

                quequechose comme l’état de grâce où le désir rejoint la volonté

                • easy easy 15 février 2012 21:06

                  Oh certainement !
                  Le sujet (j’ai failli dire le patient), pas bête du tout, a bien conscience de l’altération que provoque le sondage, le carottage permanent. Il s’efforce donc de réparer les dégâts que provoquent cette objectivisation et procède alors de ce dont vous parlez

                  Sa volonté l’efforce de refabriquer de l’amour. Et tant bien que mal, quand ça marche, le re-amour réapparaît qui sert ainsi la volonté. D’où une relative impression de maîtriser son bonheur et une satisfaction qui rejoint celle de son talent à éviter les chutes de pierres. 


                  A noter ici, que concernant le carottage de la spontanéité que le sujet effectue, il y est très ouvent instamment invité, voire forcé par des tiers enjalousés. Les tiers, autour d’un couple amoureux, face à leur amour, vont bien plus souvent à l’objectiver qu’à le subjectiver « Non mais t’as vu son salaire de misère ! » (C’est une affirmation déguisée en question)
                  Quant à contribuer à sublimer cet amour en y apportant des corbeilles de transcendances, à part dans les contes de fées et pour les mariages princiers ou de stars, les tiers ne font jamais ça.


                • Annie 15 février 2012 21:01

                  C’est vrai que de juger l’amour à l’aune du degré de convoitise d’un fruit défendu, d’autant plus fort que l’interdiction l’est aussi, tire un trait inéluctable sur toute relation durable. La passion demande de l’énergie, mais peut-on la revivre à chaque fois et aussi intensément lorsque l’on connaît toutes les ficelles ? (ce n’est pas l’expérience qui parle). En revanche, ce qui n’est plus de la passion reste quand même de l’amour, déprécié en général parce que les sentiments ne sont jamais aussi forts, mais ils découlent de la sagesse, du sentiment d’un travail bien fait. Un peu comme la différence entre le coureur de fonds et de 100 mètres. Qui peut dire quel est le plus satisfaisant ?


                  • gordon71 gordon71 15 février 2012 21:13

                    j’ai vu mes deux grands parents maternels jouer de toutes les « ficelles » de l’amour :


                     de la haine , du pardon, du faux départ, de la vraie jalousie, c’était du grand art, 

                     chacun connaissait toutes les ficelles de l’autre, des plus grosses aux plus fines


                    avec le recul je crois qu’il s’amusaient comme des fous

                  • clic 15 février 2012 21:26

                    easy - vous tapez dans le mille : vous avez (il me semble) tout compris - bonne route


                    • Antoine 16 février 2012 00:16

                       En gros c’est l’art d’apprendre à se faire chier et à en tirer un titre de gloire...

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Auteur de l'article

Raphael


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