La bataille des rythmes scolaires continue : la volte face de Sarko !
Après avoir institué autoritairement la semaine scolaire de 4 jours, le président de la république revient à la case départ....
Va t-on encore une fois faire l’impasse sur les rythmes de l’enfant ?
Les associations de parents d’élèves, les syndicats d’enseignants, les professionnels de l’enfance, appuyés par les études des chronobiologistes comme Testu ou Montagner avaient pourtant expliqué longuement que le respect des rythmes biologiques de l’enfant exigeait de ne pas instituer une semaine scolaire de quatre demi journées....
Le président de la République avait pris connaissance des résultats des évaluations sur les effets de l’organisation des rythmes scolaires :
- La concentration sur quatre jours a conduit à une augmentation de la pression scolaire avec un renforcement des temps d’apprentissage y compris même au moment de la moindre vigilance…
- De nombreux enfants issus de milieux défavorisés ont été livrés à eux-mêmes durant de longs "week-ends
- Des enseignants opposés à la semaine de quatre jours avancent un argument de poids :
Le samedi étant une journée privilégiée de rencontres parents-enseignants, il n’existe plus d’espaces temps.
Aujourd’hui, le président décide d’en revenir à la case départ , c’est ainsi que la circulaire de rentrée du ministre précise :
"Les recteurs et les inspecteurs d’académie seront attentifs à la gestion des rythmes scolaires, en relation avec les collectivités locales, les parents d’élèves et les enseignants. En visant avant tout l’intérêt de l’enfant, ils étudieront les formules les plus adaptées aux besoins de l’élève. L’organisation de la semaine en neuf demi-journées (du lundi au vendredi en incluant le mercredi matin) est encouragée chaque fois qu’elle rencontre l’adhésion"
Cette décision surprenante va déclencher une polémique et créer des difficultés importantes et des interrogations multiples de la part des parents, des équipes d’animation craignant la suppression des accueils éducatifs du mercredi , des parents attachés à la libération du samedi matin et des municipalités qui devront réorganiser leurs services.
Pour beaucoup de professionnels de l’enfance, il faut mettre fin aux effets de mode et obtenir que le débat sur les rythmes de vie de l’enfant soit mené en tenant compte de l’intérêt de l’enfant
Chaque enfant a son propre rythme lié à son milieu social, son lieu de vie et sa propre personne….
Si aujourd’hui les différents partenaires éducatifs semblent demander que l’année scolaire, la semaine et la journée soient construites en fonction des besoins de l’enfant, c’est un « langage nouveau » car depuis longtemps les politiques ont raisonné sur ces questions sur la base de données économiques.
LES TROIS MOIS DE CONGES D’ETE INSTAURES POUR QUE LES ENFANTS PUISSENT PRODUIRE !
Après trois ans de boucherie mondiale, l’agriculture manquait de bras, ce qui a conduit le ministère de l’instruction publique à mettre en place, au milieu de la première guerre mondiale des congés scolaires d’été commençant le 15 juillet pour prendre fin le 15 octobre.
Cette structuration a perduré pratiquement jusqu’au milieu des années 60 avec une libération du jeudi pour les pratiques religieuses.
Pour répondre à la demande de l’Eglise, les enfants vaquaient durant les fêtes de Noël et de Pâques
Pour des raisons économiques les grandes vacances duraient trois mois. Les enfants pouvaient ainsi participer à la moisson et aux travaux des champs !
LES ZONES POUR RENTABILISER LES EQUIPEMENTS SPORTIFS
Le deuxième événement qui va conduire à des modifications substantielles de l’année scolaire sera la tenue des jeux olympiques d’hiver à GRENOBLE.
Les dépenses d’équipement ayant été importantes, il fallait rentabiliser les installations d’où l’idée de créer plusieurs zones de vacances.
On est loin des besoins de l’enfant !
La modification de la semaine scolaire sera postérieure à l’année 1968.
Elle deviendra opératoire au cours de l’année scolaire 1970-1971 avec une libération du samedi après midi afin que les instituteurs puissent disposer de temps pour se réunir et se former aux mathématiques modernes.
Olivier GUICHARD sera le ministre ordonnateur de la circulaire d’application qui n’est d’ailleurs pas encore abrogée : ?
Avec la disparition du samedi après midi, la semaine scolaire a connu quelque bouleversement complémentaire le mercredi libéré remplaçant le jeudi pour respecter l’accord contracté avec l’épiscopat.
LE RYTHME DE L’ENFANT EST ENFIN PRESENT… DANS LE « DIRE »
Dans les années 60, des chercheurs comme le professeur VERMEIL font les mêmes constats que beaucoup d’enseignants :
-
Il existe une corrélation entre l’organisation du temps et l’attitude scolaire ;
-
l’organisation de la semaine scolaire a des incidences sur les capacités de mobilisation des enfants, de tous les enfants, malgré des différences individuelles ;
-
Il n’y a pas de rythme biologique au-delà de la journée.
Les parents, les enseignants et les chercheurs ont tous établi le même diagnostic : l’alternance de sept semaines de travail et de deux semaines de vacances pouvait permettre un équilibre profitable aux enfants…
Ce système d’aménagement n’a pas résisté aux assauts des professionnels de la neige qui ont convaincu sans grande difficulté le Premier ministre de l’époque : un certain Michel Rocard à remiser les 7-2 au magasin des accessoires pour vite reprendre les fameuses zones permettant de faire fructifier les affaires….
Aujourd’hui le débat tourne essentiellement autour de la semaine scolaire et de la suppression du samedi matin… Il s’agit là d’une demande sociale d’une certaine catégorie de parents n’ayant comme seul point de mire la possibilité de partir en Week-end.
La journée scolaire est la grande oubliée tant les résistances sont fortes :
- De la part d’ enseignants qui craignent qu’un élargissement de l’assiette horaire de la restauration scolaire ne conduise à une remise en cause d’acquis ?
De la part de municipalités effrayées par les coûts d’un aménagement des espaces et du temps restant à la charge de la commune…
Ce débat, là même s’il bouscule des habitudes doit être mené…
Jean-François CHALOT
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