La mort d’un mec bien...
Il y a près de 30 ans, un triste 19 juin, Coluche quittait ce bas monde, au volant d’une moto, dans des circonstances très particulières, restées troubles.
Enquête.
La première question que nombreux se sont posés concernent le chauffeur du camion qui a provoqué la mort de Coluche, puisque celui-ci à attendu 27 ans pour sortir de son silence.
Il s’appelle Albert Ardisson, et ce retraité de 78 ans affirme que cet épisode de sa vie est hanté par ce drame, la mort de Coluche étant un fardeau dont il n’aurait jamais réussi à se débarrasser, fardeau qui l’aurait plongé dans une sérieuse dépression, ajoutant que l’accusation qui a été porté contre lui... (Il aurait tué volontairement le fondateur des restos du cœur)... l’aurait terriblement blessé. lien
Au-delà de ça, il faudrait tout de même essayer de comprendre comment un tel accident a pu être possible, et sans tomber dans la parano facile d’une théorie du complot, il faut quand même avouer que de nombreux points noirs existent, et qu’il serait temps de tenter de les élucider.
Les faits :
Au volant de sa moto Honda 110, rouge et noire, sur la route qui relie Cannes à Opio, où se trouvait sa maison, accompagné de 2 amis, Ludovic Paris et Didier Lavergne, Coluche roule à 60 km à l’heure, vitesse raisonnable pour celui qui a été champion du monde de vitesse à moto, lorsque brusquement, sans raison apparente, un poids lourd, arrivant en face d’eux, leur coupe brusquement la route en tournant brusquement à gauche. (lieu de l’accident)
Premiers doutes : le chauffeur du camion affirme que lorsqu’il a tourné, les motards étaient très loin... déclaration contestée les amis de Coluche qui l’accompagnaient en moto...
Pour quelle raison la justice n’a-t-elle jamais tenu compte de la version des 2 amis qui accompagnaient Coluche, quasi roue dans roue, ne gardant que le témoignage du chauffeur du camion ?
Didier Lavergne, l’un des 2 amis affirme : « le camion a tourné sans mettre son clignotant, sous le nez de Coluche ». lien
Pourtant les médias n’ont pas hésité d’affirmer que « quand ils sont sortis du virage, le camion était déjà en travers ».
« Faux ! » s’exclame Didier : « le camion venait droit vers nous. Et il était loin ! (...) le camion a braqué soudainement ».
L’un des gendarmes qui s’était était présent sur les lieux de l’accident, affirme que tout ça n’est qu’un tissu de mensonges... à chacun de l’écouter et de se faire une opinion. vidéo
Le chauffeur du camion a affirmé que les 3 motards roulaient très vite, déclaration remise en question par l’expertise qui a été réalisée.
« Faux ! », affirme en effet Didier « je me suis arrêté sans faire de traces sur le bitume, et sans tomber, devant la cabine du camion ».
L’autre ami, Ludovic confirme : « c’était un bon freinage quoi ! Pas en urgence. On n’allait pas vite. Encore une fois, on n’allait pas vite ! »
Didier en remet une couche : « il roulait vers nous (...) il a fait la manœuvre quand nous sommes arrivés (...) c’était comme s’il avait fait exprès, pour nous foutre en l’air... ».
Alors pour quelle raison, le juge Renard a-t-il choisi de ne garder que la version du chauffeur, chauffeur dont le témoignage à été contesté par une expertise, ordonnée pourtant par ce même juge, laquelle expertise affirme que le chauffeur avait menti sur la vitesse des motards ?
Le témoignage du chauffeur est dans cette vidéo, mais quelle crédibilité peut-on accorder à un homme qui se faisait passer pour le père de Thierry Ardison ? lien
Autre élément qui ajoute de la confusion à celle existante : le chauffeur ne travaillait pas ce jour là pour le compte de son employeur mais transportait des gravats provenant de la gendarmerie de Grasse.
Étrangement ce n’est pas ce qu’ont raconté les médias, affirmant que le camion devait livrer ces gravats dans un camping... or il n’y avait pas de camping dans les environs... dans d’autres témoignages, le chauffeur du camion affirmait qu’il devait déposer ses gravats dans une zone industrielle...Or à l’endroit où il a tourné, il n’y en avait pas... il n’y avait qu’un pré. lien
De plus pour accéder à ce lieu, il faut passer un pont limité à 8 tonnes, donc interdit à ce camion.
On pourrait aussi s’interroger sur l’état du casque, Coluche ne l’avait pas sur la tête et le portait au coude...comment expliquer qu’il ait pu être autant abimé ?
Allons un peu plus loin.
Alors que le chauffeur du camion s’inquiétait seulement de signer le constat, il ne se serait pas occupé un seul instant de l’état de Coluche, couché par terre contre le poids lourd.
Didier : « attend ! Mais le chauffeur, c’était incroyable ! Ça aussi, ça m’a choqué...il est pratiquement sorti tout de suite avec les papiers pour faire le constat ! Le type qui voit un mort au sol et il attend avec sa sacoche et ses papiers pour faire le constat, c’est un truc de fou ! Il ne s’est jamais approché de l’homme qui ne pouvait qu’être blessé par terre. C’est ce qui m’a choqué le plus ! »
Didier s’est approché du chauffeur : « t’as vu qui t’as mis par terre ? C’est Coluche !!! Et il n’a pas fait de commentaires. Il ne s’est plus approché pour avoir un geste de compassion humain... c’était très bizarre ».
Mais ce n’est pas tout.
Après l’accident, pendant de très longues minutes, la route était totalement déserte.
Il a fallu attendre plusieurs dizaines de minutes pour que les secours arrivent...alors que 10 minutes après l’accident, la gendarmerie de Grasse avait déjà mis en place un barrage. lien
Se pose alors la question de la possible préméditation de l’accident.
Et puis, comment l’AFP a-t-elle pu publier une dépêche annonçant la nouvelle de sa mort une heure avant l’accident ? lien
Qui aurait pu être à ce point motivé pour attenter à la vie de cet humoriste qui dérangeait déjà pas mal de monde ?
Pour tenter de le comprendre, il faut savoir qu’à l’époque Coluche déployait toute sa verve et son ironie à dégommer le président de la République d’alors...un certain Mitterrand.
S’il faut en croire Philippe Boggio, qui s’exprimait dans les colonnes du Monde : « ‘ Coluche avait envie d’en découdre avec les socialistes ».
3 jours avant sa mort, Michel Denisot avait interviewé Coluche, pour le journal « Libération » : « les hommes politiques vont recevoir. Lors de mon dernier spectacle j’avais fait peur à certains homme politiques, mais là, je vais carrément leur faire honte ».
Il était en effet en train de préparer un spectacle au vitriol pour la rentrée, au Zénith, spectacle dont le titre était « y en aura pour tout le monde », visant particulièrement Mitterrand, et la gauche caviar « qui ne faisait rien contre le chômage ».
De plus il avait l’intention de dévoiler l’existence de Mazarine, la fille cachée de Mitterrand, ignorée jusque là, d’autant que grâce à son secrétaire particulier, Jean-Michel Vaguelsy, il avait eu accès à beaucoup de secrets du « tout Paris ».
Dans les colonnes de « téléobs » du 13 juin 1986, Coluche déclarait : « jusque là, on a bien rigolé, mais ils n’ont encore rien vu : cette fois, ils ne vont plus rire du tout ! ». lien
S’il faut en croire Fred Romano, sa compagne de l’époque, tout ce que Coluche avait écrit et enregistré pour ce futur spectacle a disparu : « je n’ai jamais su trop quoi penser de cet accident, ce qui est certain, c’est qu’il était en pleine préparation d’un spectacle explosif, les bandes étaient enregistrées et elle ont disparu comme par miracle après l’accident (...) Il voulait aller beaucoup plus loin que les restos du cœur, s’attaquer à la répartition inégalitaire du travail et des richesses... il allait s’en prendre à tout le théâtre politique de l’époque. C’était lui ou eux. lien
En mai 2006, Antoine Casubolo et Jean Depussé ont publié un essai : « Coluche l’accident, contre enquête », (éditions Privé), qui reprend de nombreux arguments propres à faire le point sur ce qui s’est réellement passé. lien
En avril 1974, j’avais eu l’honneur de rencontrer Coluche...avec mon groupe Aristide Padygros, nous avions partagé le programme d’un cabaret TV de la télévision suisse romande, « à bâtons rompus » (vidéo) et il y avait donné pour la première fois son « histoire d’un mec »...
Sitôt l’émission finie, il nous avait invité à partager ensuite un repas, si nous trouvions un restaurant encore ouvert à Genève à cette heure tardive, et je garde un souvenir ému de cette soirée...soirée bien arrosée, que nous avions émaillé de nos histoires les plus drôles possible : Coluche avait sorti un petit carnet, et il notait celles qu’il préférait...
6 mois après, il nous invitait à faire la première partie de son spectacle au CafConç des Champs-Elysées, lieu qu’il inaugurait (lien)...et quitte à enfoncer une porte ouverte, je dois dire que j’ai rarement rencontré une si étonnante et si belle personnalité, en me demandant ce qu’il dirait aujourd’hui face à la débâcle politique de notre pays.
À revoir, cette vidéo émouvante avec Michel Denisot, accompagné de Philippe Gildas, et de Maryse, le lendemain de sa mort.
Comme dit mon vieil ami africain : « est-ce que celui qui vous dit « je mens » dit la vérité ? »
L’image illustrant l’article vient de bouffonduroi.over-blog.fr
Merci aux internautes pour leur aide précieuse.
Olivier Cabanel
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