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Accueil du site > Actualités > Société > Le capitalisme à l’heure du bilan

Le capitalisme à l’heure du bilan

Comme chacun sait, des élections présidentielles auront normalement lieu en France en 2012. Je dis « normalement » car comme chacun le sait aussi avec « la crise », celle qu’on nomme désormais sans l’affubler d’un attribut temporel ou qualificatif, rien n’est jamais certain. En attendant, nombreux sont ceux qui, logiquement, s’imaginent que ces élections sont l’occasion de changer les choses… Mais ils se trompent, car la crise n’est pas économique, mais idéologique : elle ne peut donc pas être réglée par des économistes, qu’ils soient de droite ou de gauche.

Il existe bien pourtant deux idéologies qui s’affrontent, mais la démocratie telle qu’elle a été pervertie empêche l’une d’elles d’être représentée : alors que 99 % des peuples du monde devraient être dans la rue pour imposer ensemble leurs volontés de mise en place d’une véritable démocratie, il se trouve toujours une grande majorité qui continue de croire que les élections sont la démocratie, comme si les représentants qu’il élisent défendaient d’autres intérêts que ceux de leur propre classe sociale…

Mais la crise est en train de tout bouleverser. Le retournement du capitalisme provoque une prise de conscience qui sape peu à peu la confiance en un système que des dizaines et des dizaines d’années de propagande et de conditionnement avaient réussi à insuffler dans nos cerveaux plastiques. Les injustices du système capitaliste se font plus visibles à mesure que la crise oblige les véritables « maîtres du monde » à se montrer au grand jour, et le bilan mondialisé d’un monde toujours plus connecté apparaît dans toute son affreuse réalité : le capitalisme est incapable de réaliser ses objectifs officiels, à savoir la satisfaction de l’intérêt général par la somme de la satisfaction des intérêts particuliers (la fameuse « main invisible »). Et le bilan est désastreux : un milliard d’individus qui ne mangent pas à leur faim, plusieurs autres milliards qui triment du matin jusqu’au soir pour une retraite passée à l’hospice, un planète en danger, la démocratie perdue, des guerres, des famines et des souffrances, voilà où nous a conduit un système dont on n’osait même pas, il n’y a pas si longtemps, remettre en cause la primauté sur les autres systèmes.

La question de la perpétuation du système capitaliste comme modèle de civilisation se trouve ainsi posée de manière prégnante non seulement aux peuples qui souffrent depuis trop longtemps, mais aussi à leurs dirigeants qui risquent de voir leur pouvoir remis en cause (que ce soit par la révolte des peuples ou la dictature des financiers). Et pour y répondre, il va bien falloir revenir à l’idéologie, c’est-à-dire à la problématique de la place de l’homme au sein de la société, ainsi que de sa relation à un écosystème en danger. Les problématiques à résoudre ne sont donc plus d’ordre économique mais bien philosophique, et même si la distinction qui sépare la droite et la gauche institutionnelles n’est plus pertinente, elle existe pourtant dans une réalité détachée des codes imposés par l’illusion démocratique : il y a ceux qui croient que la rareté des ressources a engendré le capitalisme, et ceux qui pensent au contraire que c’est le capitalisme qui a engendré la rareté. C’est sur ce point que s’opposent les deux conceptions qu’on peut avoir du monde, et duquel découlent toutes les autres questions. Les partisans de la première sont les capitalistes, et les seconds sont les [vrais] socialistes.

Dans les capitalistes (les plus nombreux encore aujourd’hui) on retrouve ceux qui imaginent que tous n’ont pas les mêmes droits dans la redistribution des richesses (les capitalistes de droite parmi lesquels on trouve les riches et les classes moyennes désireuses de s’élever), et ceux qui veulent croire en un partage « plus » égalitaire de ces ressources limitées (ce sont les capitalistes de gauche, parmi lesquels on trouve les communistes et les écologistes, les décroissants)

Dans les socialistes, on retrouve ceux qui portent l’espoir d’un monde nouveau dans lequel la société serait capable d’augmenter les ressources en fonction des besoins des individus, soit parce que le système capitaliste ne leur permet pas de vivre décemment (les pauvres et les exclus), soit parce qu’ils se sont libérés du conditionnement dont ils étaient victimes (les anti- (et pas alter) mondialistes, les anarchistes et les humanistes) .

En établissant la rareté comme étant à l’origine du système capitaliste et en se basant sur l’injustice prétendue de la génétique (il y a des hommes « naturellement » bons et d’autres mauvais, car pour eux l’inné l’emporte sur l’acquis), les vainqueurs de capitalisme ont réussi à justifier leur position tout en imposant aux peuples qu’il exploitent les règles d’un jeu auquel ils espèrent tous gagner, mais auquel tous ne gagneront pas : seuls les plus « rentables » deviendront les nouveaux « élus », c’est-à-dire ceux qui sauront se soumettre pleinement au jeu de la concurrence et de la maximisation du profit individuel. Pour les autres, ils ne conserveront que l’espoir de récupérer un jour les quelques miettes que leur jettera une certaine « main invisible »…

Mais si nous admettions nous être trompés, et qu’en réalité ce ne sont ni les ressources qui manquent ni la méchanceté intrinsèque de l’homme qui ont conduit à l’établissement du capitalisme, mais le capitalisme qui a engendré la méchanceté chez l’homme (l’acquis l’emportant sur l’inné) et provoqué l’épuisement des ressources ?

Après des siècles d’un progrès qu’on nous promet toujours pour demain, la recherche du profit a tout détruit, tout sali, tout perverti. La rentabilité a tué le beau et l’utile, affame les peuples et détruit la planète, le capitalisme a engendré la haine entre les hommes et va même jusqu’à les considérer comme de simples marchandises , il a annihilié leur volonté et corrompu leur conscience. Voilà tout ce que le capitalisme est capable de nous sortir en guise de bilan, et voilà ce dont le monde prend conscience aujourd’hui…

Alors qu’en établissant un autre mode de fonctionnement pour nos sociétés, nous nous apercevrions que l’abondance de la Nature est inépuisable dès qu’elle n’est plus contrainte par la recherche du profit. Car si les énergies fossiles sont en quantité limitée, les énergies propres sont infinies : et tant que le soleil brille ou que nous n’avons pas totalement déréglé le climat, tant qu’on pourra encore semer des graines reproductibles, tant que nous n’aurons pas encore pollué toute l’eau pour nos plantations ou que nous n’exterminerons pas toutes les espèces de la faune et de la flore, alors la vie pourra se reproduire indéfiniment…

En nous libérant de l’idéologie capitaliste nous rendrions à nouveau possible l’utilisation de la technologie pour le bien de l’homme au lieu qu’elle serve à son asservissement, nous pourrions alors envisager un monde débarrassé des contraintes du travail pénible, et construire une société non plus fondée sur le profit et la rareté mais sur le partage et l’opulence. Car si la Terre est bien un monde fini, l’univers lui ne l’est pas… enfin il paraît ! mais qu’on en fasse un peu le tour pour vérifier, et nous saurons alors si les capitalistes avaient raison.

Caleb Irri

http://calebirri.unblog.fr


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14 réactions à cet article    


  • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 7 janvier 2012 12:13

    À l’auteur :
    « En nous libérant de l’idéologie capitaliste nous rendrions à nouveau possible l’utilisation de la technologie pour le bien de l’homme au lieu qu’elle serve à son asservissement, nous pourrions alors envisager un monde débarrassé des contraintes du travail pénible, et construire une société non plus fondée sur le profit et la rareté mais sur le partage et l’opulence. »

    Le Dividende Universel.

    Le Parti Capitaliste Français ( PCF ) propose une synthèse socio-économique permettant d’instaurer une authentique compatibilité entre compétitivité et cohésion sociale ; entre compétitivité et solidarité.

    Ce projet de « Dividende Universel » se compose d’un Objectif Principal et de deux Objectifs Spécifiques qui découlent de l’objectif principal.

    Objectif Principal :
    Acquisition Citoyenne & Collective du Pouvoir Économique

    Objectifs Spécifiques :
    I)
    Transformer le « capitalisme ordinaire » en un authentique Capitalisme Écologique, Anthropocentrique, Philanthropique et Équitable.
    II)
    Faire bénéficier chaque citoyen, même mineur, d’un Dividende Universel évolutif qui, de facto, éradiquera définitivement le concept même de chômage.


    • reprendrelamain reprendrelamain 7 janvier 2012 15:50

      @ L’auteur
      Article très intéressant mais ne pensez vous pas que des actions radicales type boycott d’entreprises, de marques ou de produits seraient beaucoup plus efficaces pour faire plier l’organisation capitaliste et donner ainsi l’espoir au gens qu’un contre pouvoir économique existe plutôt que des analyses, des thèses et des théories ?   


      • Alpaco 7 janvier 2012 22:18

        reprendrelamain,
        ne penses-tu pas que pour motiver les gens à faire des actions radicales, il est utile et nécessaire de proposer des analyses, thèses et théories qui expliquent et définissent la raison de ces actions radicales ?


      • caleb irri 8 janvier 2012 00:42

        @ reprendrelamain

        à mon avis l’action ne peut survivre sans la réflexion, et inversement. Je réfléchis justement au concept de boycott, à savoir ce qu’il adviendrait si les consommateurs se décidaient en masse, à un moment donné, et pour une durée organisée de ne plus consommer tel ou tel produit : les prix alors baisseraient-ils, ou les salariés seraient-ils renvoyés ?


      • reprendrelamain reprendrelamain 8 janvier 2012 15:13

        @ caleb irri

        Ni l’un ni l’autre, imaginez que des consommateurs boycottent un magasin x pendant 1 mois ou deux, il leur suffirait de monter une coopérative et de racheter pour 1 euro symbolique l’entreprise en faillite et ainsi de récupérer et gérer l’endroit où ils se faisaient tondre depuis des années…à réfléchir non ?


      • caleb irri 8 janvier 2012 21:55

        @ reprendrelamain

        je ne pense pas que les choses soient aussi simples que vous le décrivez, mais il y a sans doute quelque chose à faire dans ce créneau... j’y réfléchis aussi, il faut creuser la réflexion pour imaginer ce qui se passerait si effectivement un grand nombre de personnes se mettaient à boycotter une entreprise pendant un temps donné. Il faut aussi prendre en compte les denrées périssables, les producteurs, les emplois....

        ce n’est pas un sujet simple !


      • reprendrelamain reprendrelamain 9 janvier 2012 00:26

        @ caleb irri

        Merci de continuer l’échange,  je ne pense pas que ce soit à proprement parler un « créneau » mais c’est surement une question de mot.

        A mon avis vous avez tord de vous occuper des détails, seule compte la prise de conscience des gens que les quelques euros qu’ils ont dans leurs poches représentent un immense contre pouvoir. Ils l’ignorent et tout est fait pour qu’ils continuent à l’ignorer. il faut tout faire pour qu’ils aient le sentiment qu’ils peuvent peser et changer les choses autrement que par le « mirage » du vote.

        Vous avez raison le sujet n’est pas simple mais, entre nous, c’est  beaucoup moins compliqué et parlant de boycotter et de reprendre une supérette en coopérative  que de faire voter des millions de gens pour une constituante non ?


      • Le chien qui danse 7 janvier 2012 20:03

        Pourquoi réagir avec ces arguments éculés si ce n’est pour tenter de valider le système en place ?
        Il est évident qu’une autre répartition des richesses et de l’activité sera à mettre en place pour rééquilibrer les forces sinon ce sera la chute. Ils y pensent, voir le discourt sur la taxe Tobin bien que je n’y crois guère. Je serais plutôt de l’avis de l’auteur que nous sommes à un croisement où d’autres routes sont possibles, génératrice de progrès et de paix et c’est ce que nous souhaitons non !

        A l’auteur,
        Il reste néanmoins le problème de la démographie galopante, qu’elle réponse à apporter, que le système change ou non d’ailleurs...


      • Alpaco 7 janvier 2012 22:35

        Pourquoi alchimie réagit avec des arguments éculés ?
        Car il sait, comme chacun sait que seul deux systèmes économiques existent : le communisme (URSS, goulag, KGB (guerres, famines, misère)) et le capitalisme ((USA, Guantanamo, CIA) guerres, famines, misère).
        Et le moins pire, la preuve en est qu’il nous permet de pianoter misérablement sur notre PC, c’est le système capitaliste, tout le monde le sait.
        Il faut retenir : le moins pire c’est le meilleur, le meilleur c’est le mieux, Le mieux c’est l’idéal, le moins pire c’est l’idéal.

        Une autre approche économique serait possible ? Idéologie ? philosophie politique ?
        Aucune idée ...


      • Le chien qui danse 7 janvier 2012 22:49

        C’est blanc ou noir chez vous, bon je pense que vous êtes à la ramasse mais comme vous vous en foutez... enfin vous manquez cruellement d’imagination et c’est là bien le pire, car votre capitalisme « qui permet en étant le moins pire des deux » à un sacré coup dans l’aile.
        Fondé sur des rapports injustes (pour faire vite) il ne peux que laisser la place à un projet beaucoup plus intéressant (pour vous aussi d’ailleurs). Le problème est , quand, car je vous le concède que ces gens sont aux pouvoir et les déloger et pas par une bande de bras cassés, sera bien difficile et surtout long... car les tenants du pouvoir et d’une vision du monde totalement dépassée ne lâcheront pas facilement.
        On est bien passé du moyen-age à la renaissance, ce genre de mutation n’est pas nouvelle, reste que les accrochés à l"ancien rêve retardent l’échéance.


      • Alpaco 7 janvier 2012 22:54

        Mon commentaire était ironique. On se fait souvent avoir à ne pas le préciser de manière explicite.
        « le moins pire c’est l’idéal », qui soutiendrait une telle bêtise ?


      • caleb irri 8 janvier 2012 00:46

        @ alchimie

        internet n’est pas capitaliste, et le fait de pouvoir non pas se plaindre mais dénoncer n’est pas un bonheur mais un droit. le scandale ce n’est pas que nous ayons la chance de pouvoir le faire, mais que les autres n’aient pas cette chance-là.


      • caleb irri 8 janvier 2012 00:50

        @ Le chien qui dance

        le problème de la démographie est contenu dans celui de la rareté : si on considère qu’elle existe, alors il faut « éliminer » ceux qui sont « en trop’ », mais si on considère qu’un homme en vaut un autre, alors tous les nouveaux-nés sont les bienvenus : on trouvera bien les moyens de satisfaire leurs besoins.


      • caleb irri 8 janvier 2012 21:51

        @ Alchimie

        Là aussi vous prenez le problème à l’envers : ce qui est important n’est pas d’avoir 1 euro par jour, mais de savoir ce qu’on peut faire avec un euro dans une journée... en France, ça fait une baguette.

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