Le Dakar, événement sportif d’un autre temps ?
Plus besoin de présenter le rallye Dakar autrefois baptisé Paris-Dakar. En trente ans l’épreuve s’est constituée une solide notoriété. Ce rallye-raid organisé par Amaury Sport Organisation et aidé financièrement par le pétrolier Total se dispute chaque année au mois de janvier, principalement sur le continent africain. Pourtant, alors que se déroule la 29e édition, on peut légitimement s’interroger sur le maintien d’une épreuve sportive qui incarne de plus en plus un comportement écologique jugé irresponsable.

Le Dakar 2007, ce sont 527 concurrents (dont 30% de Français) partis de Lisbonne pour relier Dakar le 21 janvier, après un rallye de 8696 kilomètres, dont 5026 kilomètres chronométrés, répartis en quinze étapes à travers le Portugal, le Maroc, la Mauritanie, le Mali et le Sénégal. Ce sont aussi 250 motos, 187 voitures, 87 camions, des traversés de dunes, des chemins tortueux, des pistes en latérite, de la navigation dans des espaces vierges sans oublier les accidents inévitables et la pollution.
Depuis le début du Dakar en 1979, 53 personnes ont perdu la vie. L’année dernière, le motard australien Andy Caldecott et deux enfants de dix et douze ans, il y a quelques jours, un motard sud-africain. La sécurité est ainsi devenue une source de polémique récurrente.
Pour les opposants, le Dakar, c’est avant tout un rituel absurde et des hordes de tout-terrain à l’assaut des terres d’Afrique, une mascarade d’aventure pour riches en mal de sensations qui ne fait que polluer l’air et les esprits, et exalter la société de surconsommation. Mais, au fil des années, les critiques évoluent. Elles se font moins passionnelles et plus percutantes.
Premier reproche : exalter les comportements dangereux. La vitesse automobile et la conduite dite sportive sont des facteurs majeurs de dangerosité automobile. Magnifiant la performance de conduite et la puissance mécanique, les sports automobiles hors circuit contribueraient à l’insécurité routière et à la demande de véhicules inutilement rapides, dangereux et polluants. Le Dakar irait donc à l’encontre des mesures incitatives, éducatives et répressives prises par les pouvoirs publics et la Prévention routière.
Second reproche, et sans doute le plus porteur dans l’opinion, les répercussions sur l’environnement. Erreur stratégique en termes de communication ou inévitable renvoi d’ascenseur à l’égard du pétrolier Total, le site d’ASO n’hésite pas à annoncer fièrement que le Dakar en chiffres, ce sont aussi 600 000 litres de Jet A1 pour les avions, 250 000 litres d’Avgas, 500 000 litres de gazoil et 140 000 litres pour les hélicoptères. Soit, en langage écologique, 3500 tonnes de CO².
En ces temps de prise de conscience environnementale et de difficultés à respecter les quotas de CO² fixés par le protocole de Kyoto, ce n’est pas du meilleur effet. C’est surtout un bien mauvais message adressé aux télespectateurs des pays riches et aux populations africaines. Les efforts, oui, mais pour les autres, pas pour soi.
Dans ce contexte, ce n’est pas tout à fait un hasar si la course a été dépaysée. Le départ de l’épreuve n’a plus lieu à Paris mais désormais à Lisbonne. Officiellement, ce choix a été dicté par les relations nouées avec le partenaire portugais Euromilhoes. L’occasion, en fait, d’échapper à la polémique française et de se replier vers la péninsule ibérique, où le sport mécanique est roi, car si le pays de Nicolas Hulot semble se désintéresser de l’épreuve, l’étranger célèbre l’événement avec une retransmission TV dans plus de 178 pays, notamment aux Etats-Unis et au Japon.
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