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Accueil du site > Actualités > Société > Le Trophée 2012 de la pollution est attribué

Le Trophée 2012 de la pollution est attribué

En cette période (fin février, début mars 2012) qui voit cohabiter la triste commémoration de l'accident nucléaire de Fukushima avec la remise des Césars français et Oscars hollywoodiens, ne serait-il pas judicieux de décerner un trophée à ce phénomène souvent spectaculaire, fréquemment mortifère, toujours angoissant : la POLLUTION.

 A ma connaissance, une telle "récompense" n'a jamais été attribuée dans ce domaine pourtant de plus en plus fréquenté. C'est pour cette raison, ainsi que pour élargir au maximum le champ d'investigation, qu'il me semble opportun d'établir une date originelle de participation aux environs de 1850. Soit le commencement de ce développement industriel et économique qui ne cesse d'enfler avec les conséquences plus ou moins positives que nous connaissons.

 Lorsque le mot "pollution" est prononcé, la première association de mots qui jaillit est : responsabilité humaine. Pourtant, la première manifestation exceptionnelle qui semble mériter une place sur le podium ne paraît guère pouvoir être imputée aux actions des Terriens. Il s'agit de l'éruption du volcan indonésien Krakatoa en 1883. Bien sûr, les esprits pointilleux pourront objecter que cette explosion ne rentre pas complètement dans la catégorie des pollutions, même si les milliers de tonnes de cendres volcaniques répandues dans l'atmosphère, jusqu'à plusieurs dizaines de kilomètres d’altitude, provoquèrent un abaissement général des températures et la précipitation de pluies acides.

 Hormis le cas marginal que nous venons de citer, la quasi totalité des importantes pollutions qui suivront se révèlera d'origine humaine.

 Les premières qui surgissent à la pensée sont liées à l'ATOME. D'autant plus angoissantes qu'elles sont invisibles. Il y a eu Tchernobyl (avril 1986), Three mile Island (mars 1979), et bien sûr, le tout récent Fukushima (mars2011). Mais n'oublions pas les deux bombes lancées en 1945 sur Hiroshima et Nagasaki. L'éloignement dans l'espace ou dans le temps n'enlève rien à l'intensité de ces tragédies.

 Viennent ensuite les pollutions maritimes à base de PETROLE. Si leur nocivité se répand moins rapidement et moins subrepticement que celle des substances radioactives, leur impact sur l'humanité concernée n'en demeure pas moins profondément traumatisant. Le naufrage de l'Erika (novembre 1999), celui de l'Amoco Cadiz (mars 1978), l'explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon (avril 2010), sans oublier le Torrey Canyon (mars 1967), l'Exxon Valdez (mars 1989), le Prestige (décembre 2002)... sont imprégnés dans la mémoire collective de manière indélébile. Tous sont de solides prétendants motivés pour accéder aux marches du podium...

 Mais, à côté de ces catastrophes "accidentelles", il est important de ne pas négliger les pollutions autorisées, voire encouragées.

 Au premier rang, le TABAC. Ou, plus exactement, la cigarette, soigneusement façonnée de manière à devenir, grâce aux multiples produits chimiques qui "accompagnent" la plante originelle, une drogue légale aux doubles bénéfices : celui des fabricants, et celui des firmes pharmaceutiques qui ont pour mission rémunératrice de soigner les dégâts physiques occasionnés.

 A côté de cette partie émergée d'un iceberg, se dissimule une monumentale portion immergée d'un autre iceberg, plus sournois. Elle est constituée par tous les POLLUANTS chimiques, biologiques, que Monsanto, Syngenta, et autres Bayer, déploient dans tous les continents contre des montagnes d'espèces sonnantes et trébuchantes. Roundup, agent orange, mais aussi OGM de toutes sortes, dont les conséquences à long terme sont loin d'être claires et bénéfiques, mènent une danse macabre au détriment de la santé des populations.

 Après l'eau et la terre, examinons un autre élément dans lequel la pollution est majeure, tout en étant plus ou moins visible : l'air. Le débat sur le réchauffement climatique fait rage, mais, ce qui est incontestable, ce que chaque citadin peut vérifier quotidiennement, est la détérioration inexorable de l'atmosphère qui entoure ses cités chéries. Il suffit de quitter sa voiture cinq minutes, à la hauteur de Feyzin ou de Saint-Fons, pour se délecter pleinement des émanations qui procurent à l'air ambiant un "parfum" inoubliable.

 Nous aurions pu mentionner également le CHARBON, que l'on croyait définitivement rangé au rayon des antiquités énergétiques, mais qui semble rentrer en grâce, si l'on peut dire. Qu'importe si quelques oublis se manifestent...

 Autant l'avouer, il est difficile d'établir une hiérarchie entre ces différentes prestations. Faut-il privilégier l'espace contaminé ? Dans ce cas, l'atome se tient à une place de choix. Faut-il donner l'avantage au spectaculaire ? C'est alors le pétrole qui mène la danse. A moins que la priorité ne soit octroyée à la discrétion dans l'empoisonnement. En l'occurrence, ce serait alors le produit chimique miracle, fourni avec bienveillance à tous les cultivateurs du globe, qui tiendrait le haut du pavé...

 Malgré l'envergure de chacun des prétendants, ou peut-être à cause d'elle, l'indécision subsistait. Dans la totalité des pollutions répertoriées, apparaissait un dénominateur commun embarrassant, susceptible d'interdire l'accès à la plus haute distinction : l'aspect restreint des phénomènes. Soit dans le temps, soit dans l'espace. Qu'elles soient de terre, d'eau, ou même d'air, les contaminations trouveront un jour leur terme ou leur limite. Par prise de conscience ou par nécessité.

 C'est alors que s’est présenté un concurrent inattendu, un participant de la dernière heure. Et lorsqu’ont été exposées ses propriétés essentielles et ses prétentions majeures, le mental a dû se rendre à l'évidence, paraphrasant la célèbre réplique du Commissaire Bourrel : Le vainqueur, mais c'est bien sûr...

 La PUBLICITE !

 Avant tout emballement intempestif, il convient cependant d'examiner avec le maximum d'objectivité le bien-fondé de cette intuition fulgurante. Les qualités requises pour l'attribution du trophée ultime sont-elles au rendez-vous ?
 
Considérons d'abord l'étendue de la pollution. Sur ce point, rien à redire. Exception faite peut-être du coeur amazonien ou de l'arrière-pays togolais, la Publicité est présente partout. ou le sera à très court terme. Grâce au vecteur merveilleux qu'est Internet. Point n'est besoin d'être un observateur aux facultés aiguisées, pour s'apercevoir que, non seulement elle squatte chaque page Web, mais que, depuis peu, elle s'individualise. Quel Internaute n'a pas observé que son arrivée sur un site provoque immédiatement l'affichage de publicités sur les produits auxquels il s'est intéressé quelques heures ou jours plus tôt ? Dans quelques décennies, il n'existera plus un recoin de la planète qui échappera à la puissance de cet outil tentaculaire.

 Qu'en est-il en revanche de la nocivité ? A priori, elle est ridiculement faible en comparaison d'un Fukushima ou d'un Tchernobyl. Mais si nous explorons un peu plus en profondeur les conséquences de son pouvoir, les données changent radicalement. Quelle est la fonction première de la Publicité ? Informer le consommateur potentiel ? Certainement pas ! Le conseiller avec sagesse et mesure ? Encore moins ! Elle est uniquement de provoquer l'ENVIE. Et, dans ce domaine, la réussite est absolue, incontestable. Dès leur plus jeune âge, les enfants réclament à cor et à cri le dernier modèle de tennis ou de tablette tactile. En l'absence d'aspirations spirituelles, qui, grâce aux bons soins de nos grandes chaînes télévisuelles, ne semblent pas près de germer chez l'être humain, l'aspiration aux biens matériels, qu'ils soient bienfaisants ou totalement inutiles, est reine. Consciemment ou non, le terrien est réduit progressivement à l'état primaire de robot consommateur. Or qui dit consommation en croissance exponentielle (car les milliards de Chinois ou Indiens ne tarderont guère à vouloir goûter aux délices du confort occidental), dit forcément usure accélérée des matières premières disponibles. Déforestations massives, expansion anarchique des cultures pour biocarburants, empoisonnements dus à l'extraction forcenée des terres rares, indispensables à la fabrication des Ipod, écrans plats, ou voitures électriques... Ce ne sont là que quelques exemples parmi les innombrables conséquences maléfiques de la consommation hypertrophiée, et donc de sa procréatrice : la Publicité.
 
Dans l'espace, tout comme dans la durée, il apparaît évident que son pouvoir de nocivité est aussi discret que puissant. Mais il est un domaine, déjà évoqué sommairement dans les lignes ci-dessus, qui lui permet d'emporter haut la main le Trophée tant convoité.

 Les diverses pollutions mentionnées en début d'article contaminent les éléments naturels qui permettent une vie saine sur terre. La Publicité possède l'immense avantage d'infester les mêmes éléments, mais également l'ESPRIT de l'être humain. Heurté de toutes parts (rue, journaux, radio, télévision, internet, vêtements, courrier...), du matin au soir, par un matraquage intensif, ce serait un miracle qu'il puisse conserver une lucidité libertaire. Même le téméraire opposant, qui souhaiterait échapper aux voix charmeuses des sirènes publicitaires, conserver coûte que coûte son matériel ancien, succombera inéluctablement à la nouveauté, l'obsolescence programmée de ses appareils lui interdisant rapidement toute possibilité de réparation ou obtention de pièces détachées.

 Alors, oui, sans contestation admissible, la PUBLICITE remporte l'Oscar suprême de la Pollution. Et, le pire, c'est qu'il est quasiment impossible de discerner l'adversaire capable de menacer sa suprématie dans les décennies à venir ! Trinquons donc à cette victoire grandiose en débouchant un magnum de Champagne. Pas n'importe lequel, cela va de soi ! Du P****, la marque chaleureusement vantée par le dernier site Web visité...

Bernard SELLIER

http://www.imagesetmots.fr/


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2 réactions à cet article    


  • Txotxock Txotxock 3 mars 2012 11:16

    La publicité vous prend pour des cons, la publicité vous rend cons, nous disait Cavanna dans les premiers Hara-Kiri.


    • Jean-Paul Foscarvel Jean-Paul Foscarvel 3 mars 2012 16:30

      Pour qu’il y ait consommation, il faut la sommation des cons.

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