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Accueil du site > Actualités > Société > Les cours particuliers : côté professeurs

Les cours particuliers : côté professeurs

Les emplois de services aux particuliers sont considérés par le gouvernement comme une des solutions à la lutte contre le chômage. Les sociétés et les associations qui travaillent dans ce secteur recrutent. Notamment, l’ANPE propose très régulièrement des offres de postes de professeurs toutes diciplines (www.anpe.fr).

Le cours particulier est peut-être le domaine qui suscite le plus de demandes et engendre une offre croissante. Parmi les sociétés proposant ce type de service, ACADOMIA est leader. Mais les enseignes commencent à se multiplier considérablement. Le groupe américain SYLVAN ouvre des franchises dans les grandes villes françaises, dernière en date, Strasbourg. Il suffit de se connecter sur un moteur de recherche sur internet, ou de consulter les pages jaunes des grandes villes, pour se rendre compte du grand nombre de ces sociétés.

Ces sociétés recrutent, mais quel type d’emploi proposent-elles ? Ces emplois sont-ils rémunérateurs ? Les postes proposés sont-ils pérennes ?

Afin de répondre à ces interrogations, il faut se procurer une plaquette de recrutement, et rentrer en contact avec un des nombreux professeurs qui travaillent pour une de ces nombreuses sociétés ou associations.

Un professeur n’est pas recuté par la société : il est mandaté. En fait, le recruteur est la famille demandeuse. L’enseigne, dans son rôle de mandataire, gère tous les aspects commerciaux et de gestion. Le professeur a pour seule contrainte la prise de contact avec la famille. Concrètement, l’enseigne perçoit un chèque de la famille pour un nombre prédéfini de cours. L’enseignant signe un contrat à durée déterminée d’une heure pour chaque heure de cours dispensée. Il est alors payé en fonction du nombre d’heures effectuées. Cependant, l’enseignant doit sur son salaire payer sa société pour son rôle de mandataire/gestionnaire. Pour exemple, pour des enseignements à un élève de terminale, sur un salaire net horaire de 27.60 euros (charges déduites), l’enseignant touche réellement 15.24 euros et l’enseigne facture 12.36 euros ses services.

Quels sont les services de l’enseigne rendus au professeur ? Trouver un élève, mettre en place le dossier, gérer les virements, émettre les fiches de paie. Cependant, pour ACADOMIA notamment, il faut savoir que les fiches de paie sont à éditer soi-même sur le site internet.

Idéalement, ce type d’activité peut permettre de travailler, en exerçant du lundi au dimanche midi, en tenant compte des trajets entre domiciles, en tenant compte des emplois du temps des élèves, avec une chance inouïe d’avoir un nombre maximum d’élèves sur 20 heures (soirées, mercredi, samedi, dimanche matin). Sur la base d’un élève de terminale en province, cela fait un salaire net hebdomadaire de 305 euros, et 1300 euros mensuels. Intéressant.

Or, cette situation idéale n’est jamais atteinte. Le tarif horaire varie, selon le niveau de l’élève, de 11 à 17 euros (Primaire à Bac+2). Le travail le dimanche est très rare. Le nombre maximum d’élèves varie de 6 à 8. Les élèves ne prennent pas systématiquement des heures de cours. Les élèves ne sont demandeurs que pendant une période qui se ramène à 6 mois dans l’année. Par conséquent, sur une moyenne de 12 heures hebdomadaires, un tarif horaire moyen de 14 euros, le salaire mensuel est de 730 euros sur six mois ; donc 365 euros par mois, si on le ramène sur une année. A ce revenu, il faut enlever le coût des déplacements (en moyenne, trajet de 100 km par semaine en province), le coût de l’édition des fiches de paie (connection internet, impression), le coût des supports pédagogiques qui ne sont pas fournis, et surtout, le coût du temps passé à la maison à préparer les séances (30 minutes pour une heure de cours ; soit une activité réelle de 18 heures).

De plus, le professeur doit déclarer au fisc son salaire, perçu avant la déduction de son enseigne, c’est-à-dire près du double de ce qu’il touche réellement, alors que les parents ont une déduction fiscale de 50% de la somme versée à ces sociétés.

Le journal 20 minutes, dans son édition gratuite du lundi 24 octobre 2005, considérait ces professeurs parmi le "un million de sous-employés".

Cette étude succincte mais fondée correspond en fait à mon expérience personnelle, expérience que j’ai vécue deux ans.


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5 réactions à cet article    


  • Marie (---.---.10.80) 31 octobre 2005 11:24

    La « fourberie » ne tient-elle pas dans le recours à la franchise « pseudo label » ? J’ai pas compris en quoi, le professeur devant trouver « ses clients » créer ses supports pédagogiques, l’enseigne méritait une rétro-cession de 12 euros par heure travaillée plus ou moins 50% alors qu’ne portage salarial la commission oscille entre 13 à 20%.. ;pour obtenir un bulletinde paie et une relation contractuelle cadrée.

    Le schéma « payer pour travailler »tel qu’il est présenté est franchement douteux.

    Marie


    • Courouve (---.---.102.36) 31 octobre 2005 12:41

      Pour ceux qui exercent cette activité à plein temps, le mieux est de ne pas recourir à ces sociétés, versions modernes des marchands de soupe et boîtes à bachot de jadis, et de traiter directement avec les parents ; on peut se faire connaître par des petites annonces dans les journaux (payants et gratuits), chez les commerçants, puis par le bouche à oreille. Le régime fiscal sera celui de la micro-entreprise.


      • MIBKK MIBKK 31 octobre 2005 16:47

        Les deux commentaires ci-dessus, à l’origine de mon article, sont deux réactions communes des personnes auxquelles je me confient. Et vous avez tous deux raisons !
        - Une faille existe dans la mise en place de ces sociétés et celles-ci en profitent. Les professeurs non titulaires payent donc réellement à hauteur de 40-50% de leurs revenus nets pour travailler.
        - Une micro-entreprise est beaucoup plus intéressante d’autant que le « client » jouie aussi de la réduction fiscale de 50%.


        • Olivier (---.---.157.145) 1er novembre 2005 09:04

          Bonjour,

          J’ai lu avec grand intérêt l’article sur les cours à domicile et sur la fictive création d’emploi qu’il est susceptible d’engendrer. Je me suis toujours demandé qui payait les charges sociales dans cette histoire (-soit l’employeur, c’est à dire le parent, auquel cas sa réduction de 50% d’impôts est mal calculée ; ou soit le mandataire auquel cas sa marge est nettement diminuée) ? J’ai aussi appris que ces charges étaient calculées sur un forfait horaire basé à partir du SMIC. Le plus incroyable dans tout ça c’est que l’état cautionne cela !!! Imaginez la somme que représente ce cadeau (1825 millions d’euros en 2004) pour les parents alors que la situation économique de l’état est un vrai désastre. Je suis loin d’être convaincu que le jeu en vaut la chandelle ! Personnellement je conseillerai vivement aux profs de ne plus passer par les enseignes types Acadomia et de dispenser directement les cours suite à des petites annonces et de se faire rémunérer avec des cheques emplois services (ce qui permettrait aux enseignants de ne plus avoir à payer l’intermédiaire et d’autre part, aux parents de profiter du cadeau des 50% de réduction d’impôts). D’autre part, on oublie quelque chose d’essentiel dans tout cela c’est la qualité des cours. Je ne crois nullement qu’on peut obtenir des profs de qualités dans la mesure où leur rémunération correspond à moins du quart de ce qu’ils toucheraient s’ils faisaient des heures sup. dans leur lycée, et d’autre part, compte tenu aussi que le temps et les frais de déplacements sont à leur charge !!!! En pratique, ce sont souvent des étudiants sans aucune expérience qui dispensent les cours. Ne serait-il pas temps d’imposer à ces organismes une chartre de qualité ? Par exemple, il serait nécessaire de passer un diplôme spécial ou être titulaire de l’éducation nationale pour enseigner !!! Je pense personnellement que tous ces organismes sont l’arnaque du moment et qu’ils ne tiendront pas dans le temps quand les consommateurs comprendront... Olivier


          • Romain (---.---.36.17) 5 novembre 2005 08:45

            Je viens de lire l’article ainsi que l’ensemble des commentaires qui suivent. Je vais donc apporter le témoignage de l’un de ces professeurs qui paye pour travailler...

            Si je donne des cours, c’est tout simplement parce que je n’ai pas les moyens de subvenir à mes besoins primaires d’étudiant (toit + pâtes + jambon). En effet, les loyers en région parisienne sont prohibitifs et la petite bourse que l’etat m’accorde non sans réclamations chaque année ne couvre que ce qu’il reste à ma charge sur le loyer une fois la CAF déduite. Il me reste alors à payer mon école (570€/mois) ma nourriture (20€/semaine). J’ai donc essayé de donner des cours par moi même en passant des petites annonces. Résultat : les gens ne payent pas ou contestent le nombre d’heures. De l’autre côté Acadomia me pompe la moitié de ce que je gagne...Mais je suis sur d’avoir quelque chose...

            Alors si ici des gens veulent des cours de maths sans passer par une agence et si ils sont honnetes, je suis là. Dpt 92 + Versailles. Je ne demande qu’une chose : être payé comme je devrai l’être...

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