Les divers visages de l’association
Dans Agoravox, dès qu'un article est paru, quelques lecteurs assidus se "déchaînent".
Les critiques permettent parfois d'alimenter le débat. C'est à la suite d'interventions pertinentes de lecteurs que j'ai écrit ce nouveau texte sur les associations.
Je dénonce comme beaucoup les fausses associations, l'attrape pognon mais derrière les quelques arbres pourris se cache une forêt d'associations dynamiques qui tissent du lien social et permettent que l'on vive mieux ensemble !
Les associations n'ont pas souvent bonne presse notamment quand il s'agit d'aborder la question des financements...
On trouve toujours une plume alerte pour dénoncer les financements occultes de certains regroupements et de mettre assez vite tout ce beau monde dans le même sac.
Ces censeurs, s'ils ont raison de condamner les dérives existantes ont tort de faire un paquet cadeau avec au bout l'étiquette : « tous pourris » !
Depuis plus de 45 ans je milite dans le milieu associatif. Durant toute cette période j'ai rencontré des centaines de bénévoles qui ne comptaient pas leur temps et qui oubliaient volontairement de se faire rembourser les frais de déplacements.
Que personne ne dise que ce passé est révolu ! Encore aujourd'hui, dans mes quelques associations d'adhésion, les bénévoles renoncent au remboursement et ils ne sont pas les seuls à faire de même.
C'EST QUOI UNE ASSOCIATION ?
La loi de juillet 1901 est un texte qui autorise tout ou presque.
C'est d'ailleurs la meilleure et la pire chose qui soit.
-La meilleure parce que deux personnes peuvent créer une association sans qu'aucune contrainte ne leur soit imposée en dehors du respect de la loi et c'est large.
Il n'est même pas obligatoire de doter l'association d'un président et de mettre en place une assemblée générale.
- La « pire » parce que n'importe quelle association à but non lucratif ( cadre de la loi 1901) peut être une pseudo entreprise qui ne dit pas son nom.
La semaine dernière, une association s'est constituée sur ma ville avec comme objet : la promotion de la musique.
Renseignement pris, il s'agit de donner des heures de cours rétribués.
Les protagonistes de ce regroupement sont dans leur droit : les membres d'une association à but non lucratif ne peuvent pas se distribuer des bénéfices mais rien ne les empêche d'utiliser les chèques emplois service ou de recruter des personnels en CDD ou CDI .
Revenons maintenant à la question centrale :
ON TROUVE TOUT DANS LA CLASSE « ASSOCIATIONS » :
- Certaines sont des micro entreprises ou des grosses entreprises : les administrateurs sont les seuls bénévoles et peuvent toucher des indemnités mais pas trop élevées ( moins qu'un salaire au SMIC)
Elles peuvent d'ailleurs recevoir des subventions publiques dans certaines conditions mais de toutes façons elles vendent des produits.
Vous avez dans le lot des grandes associations éducatives ou médico-sociales qui aujourd'hui ont intégré la réduction des subventions . Hier elles revendiquaient et contestaient alors qu'aujourd'hui elles essayent de se montrer incontournables pour obtenir des marchés publics formation, diagnostic, organisation de grandes initiatives...
Quant à leurs personnels...Ils subissent parfois la loi d'airain : les valeurs affichées ne s'appliquent pas aux salariés qui sont souvent en CD ou sur des contrats aidés quand il s'agit d' agents d'exécution.
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D'autres sont des grandes associations qui défendent encore fortement des valeurs et peuvent compter sur de nombreux bénévoles et disposent de salariés.
Ces grands regroupements composent avec le gouvernement surtout aujourd'hui que les réductions de crédits sont drastiques mais prennent des initiatives exprimant leur indépendance.
Ils se trouvent pris entre deux logiques : celle d'une survie marchande et celle défendue par une base réelle et combative
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Des dizaines de milliers d'associations locales développent des projets ambitieux et ont besoin d'un minimum de subventions pour vivre. Certaines d'ailleurs qui vivent des cotisations n'ont besoin que du prêt occasionnel ou régulier d'une salle
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D'autres associations rendent une mission de service public. Si elles n'existaient pas il faudrait que la Municipalité de la commune de résidence ouvre de nouveaux postes . Le coût de revient est nettement supérieur car à la place des dizaines de bénévoles donnant leur temps, il faut de nouveaux agents municipaux. Cela peut concerner les sports, l'action sociale ou les loisirs récréatifs.
Je n'ai voulu ni faire une énumération à la Prévert, ni aborder la question des associations complètement « bidon » qui ne sont là que pour plaire et servir le prince ou pour récupérer des subsides. Elles existent malheureusement .
Jean-François Chalot
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