Les MOLEX Condamnés à Quatre Mois Ferme
Ce qui s’est produit à l’usine MOLEX de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne) est un triste cas d’école ...
Tout d’abord rappeler que MOLEX se situe à Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne) à 33 km au nord de Toulouse, que c’est une usine de "connectique" automobile fournissant essentiellement le groupe PSA Peugeot Citroën.
Que d’autre part, cette entreprise appartenant autrefois à la SNECMA fut rachetée en 2004 par le groupe américain MOLEX.
Qu’enfin, l’usine se portait plutôt bien financièrement vu que pour l’année 2008, le bénéfice dégagé se montait à 1 200 000 €.
Malgré cet excellent bilan comptable, en décembre dernier, il est signifié aux salariés (près de 300 personnes) que la production va être délocalisée en Slovaquie, donc que le site haut-garonnais va fermer et ses salariés goûter aux joies du tout frais et "dysfonctionnant" Pôle Emploi.
Des salariés qui vont progressivement découvrir que depuis 2004, soit depuis le rachat de leur entreprise par le groupe américain MOLEX, leur savoir-faire a été disséqué, étudié, dupliqué même, afin de l’exploiter et de l’implanter ailleurs, dans un pays (La Slovaquie, donc) où la main d’œuvre est bien meilleur marché qu’en France.
Bref, les gars se sont fait entuber copieux.
Et l’on voudrait qu’ils restent sages et tranquilles ?
Qu’ils encaissent en silence et sans moufter ?
Comment veux-tu que leurs souffrances, leur colère ne s’expriment pas ?
Et comment avoir le culot de déclarer la comprendre (la colère) tout en la condamnant (quand elle s’exprime) ?
Ah qu’ils soient en colère, passe encore, mais diantre, en venir à séquestrer un gérant et une DHR, là, c’est trop, c’est inacceptable, mais c’est quoi cette histoire ?
Et pourquoi c’est inacceptable ? M’enfin parce que c’est de la violence, madame ! De la VI-O-LEN-CE !
Et pourquoi pas du terrorisme, non plus ?
De la violence, tu dis ?
Et ce qu’on leur a fait, ce qu’on leur a mis profond dans le cul, c’est quoi ?
Un acte de bienveillance, peut-être ?
Quoi qu’il en soit, les gars de MOLEX ont, le 20 avril dernier, retenu en leur usine (qui ne leur appartient plus depuis maintenant 5 ans) 26 heures durant, le co-gérant de la filiale française du groupe (Marcus Kerriou) et la directrice des ressources humaines (Coline Colboc).
Ils ne les ont pas giflés, fouettés, molestés, pas même violés.
Ils leur ont, en revanche, fourni matelas et nourriture. Puis les ont “libérés” le lendemain soir venu. Le mardi 21 avril 2009 à 21 heures.
Bigre !
Comme c’est violent, dis-donc !
J’en reste pantois !
Suite à cet acte qualifié donc de “violence”, des négociations furent engagées (tiens donc ..) !
Elles se sont soldées par un accord en début de cette semaine qui pourrait se résumer ainsi :
L’usine ne fermera pas le 30 juin prochain comme prévu … mais le 31 octobre 2009.
Du coup, partout, on peut lire ou entendre que, hourra, les gars de chez MOLEX ont gagné 4 mois, ou 4 mois avec sursis.
Ce qui n’est pas exact.
La réalité est autre, elle est terrifiante.
Car que dit-il, cet accord ?
Il dit effectivement que la fermeture est repoussée de quatre mois mais qu’il est impératif de “revitaliser le site” afin de convaincre le groupe PSA de faire travailler les sous-traitants français et non pas américains et/ou d’attirer un éventuel "repreneur".
”Revitaliser le site” ça veut dire quoi ?
Ça veut dire que de l’argent a été injecté [2,5 M€] mais aussi que les objectifs de production ont été revus à la hausse par la direction. Et pas qu’un peu. Ça ressemble même à “Mission Impossible” ! [“Je ne sais pas si les gars arriveront à assurer le volume de production exigé.” a même déclaré Denis Parise, secrétaire général CGT du Comité d’Entreprise].
D’autre part, le groupe PSA n’a-t-il pas reçu de l’État et dans le cadre d’un plan de sauvetage de l’industrie automobile française une somme conséquente en échange de quoi, ce groupe s’engageait à ne pas délocaliser et à faire travailler les sous-traitants français ?
Est-ce à dire que PSA ne respecterait pas l’accord passé avec le gouvernement ? Bref, que PSA et les américains de MOLEX seraient, dans cette histoire, cul et chemise au détriment des 300 salariés de Villemur-sur-Tarn ?
Si c’est le cas, et y’a de fortes probabilités que ce le soit, les gars de chez MOLEX viennent de se faire enculer une seconde fois ! Car derrière cet échange - on vous file quatre mois de rabiot, les gueux ! - il y a comme condition de produire plus que de raison afin de compenser la perte que les dirigeants ont consentie, perte de profits il va sans dire, tant leur usine slovaque est potentiellement bien plus rémunératrice que celle de Haute-Garonne, ne serait-ce que par la masse salariale réduite de près de moitié.
Quatre mois d’esclavage, de travaux forcés, voilà ce qu’ils ont, en réalité, gagné, les MOLEX.
Quatre mois ferme !
Comme quoi, tu vois, il n’y a point besoin d’aller en justice, porter plainte contre X pour séquestration, mon beau patron ! La justice, c’est toi qui la fait.
Et les plaintes, ce sont celles des ouvriers que tu vas faire marner.
Ceux qui ne t’ont ni giflé, ni fouetté, ni violé, mais t’ont fourni matelas et nourriture.
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