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Les nouveaux éleveurs

À l’heure où éleveurs de volailles, de vaches ou de cochons sont dans des situations parfois délicates, d’autres se portent à merveille... Ce sont les éleveurs virtuels, dont le nombre ne cesse d’augmenter. Rapide tour d’horizon de ce phénomène mi-amusant, mi-inquiétant.

Tout a commencé avec le Japonais Bandaï, qui sort en 1997 son Tamagotchi, littéralement « œuf à aimer ». Les enfants s’arrachent ce pseudo porte-clé qui renferme un petit animal virtuel. Le but du jeu est simple : à l’aide des trois boutons, il faut nourrir, laver et soigner son « Tama » afin de le garder en vie. Sa fonction, selon ses créateurs : amuser les enfants, surtout ceux qui n’ont pas d’animaux domestiques, et qui se sentent seuls. Un œuf en plastique à la place d’un chien, voilà un compromis plus qu’intéressant pour les parents allergiques aux animaux, ou pour ceux qui laissent à cette petite bête virtuelle le soin d’occuper leurs bambins

Très vite, le phénomène s’amplifie, et la dépendance au Tamagotchi ne fait que croître, certains allant jusqu’à s’assurer les services d’un baby-sitter spécialisé dans les cas extrêmes où ils ne peuvent s’occuper de leur précieux ami.

La tamagotchimania, si elle est née il y a près de dix ans, n’est pas près de s’éteindre. En 2004, Bandaï en lance une nouvelle génération : disposant d’une connexion infrarouge, les Tama peuvent se rencontrer, former des couples et même donner naissance à des « Tamabébés ».

Ce bon filon, les créateurs de jeux vidéos l’ont bien senti, comme en témoigne le récent succès de Nintendogs, jeu où l’on élève des petits chiens qui répondent à la voix de leurs maîtres.

Et bien sûr, comme toujours, Internet n’est pas en reste. Les sites d’élevage virtuel se développent à qui mieux mieux. Il suffit de taper « élevage virtuel » dans son moteur de recherche pour s’apercevoir de l’ampleur de ce nouveau hobby. Ici une ferme complète, là un zoo, une porcherie, un club équestre, un élevage de dragons, de pingouins ou de licornes. Mais les animaux n’ont pas l’exclusivité, et vous pouvez aussi prendre soin d’un pirate, d’un nain de jardin, d’un bébé, d’un homme préhistorique ou d’un beauf. Tout cela est évidemment gratuit, mais s’il vous prend l’envie d’augmenter votre capital ou de passer plus rapidement au niveau supérieur, un SMS surtaxé ou un petit virement bancaire peuvent bien sûr vous y aider.

Ce qui n’est au départ qu’un passe-temps nécessitant cinq minutes quotidiennes se transforme vite, pour beaucoup d’accros de l’élevage, en un "job" très envahissant. Les non-initiés s’inquièteront peut-être de voir certains de leurs amis « obligés » d’annuler une sortie au ciné pour être les premiers à acheter ses graines ou ses ballots de foin, à une heure où le cours est le plus avantageux. Mais le métier d’éleveur n’est pas facile...

Certains témoignages sont édifiants : on entend parler d’un « véritable apprentissage de la vie, et même d’un métier », ou d’autres encore remercient ces sites de leur avoir permis de réaliser leur rêve, posséder un cheval par exemple ! Oui, mais à ceci près que tout reste quand même virtuel !

Les psychologues recommandent de ne pas s’affoler : si on le leur explique, les enfants sont tout à fait capables de faire la différence entre monde réel et monde virtuel. On ne nous dit pas ce qu’il en est des adultes...

Mais, à une époque où beaucoup s’inquiètent de l’instabilité et de la solitude, cette compagnie, même virtuelle, est peut-être salutaire. Et n’oublions pas non plus tous les aficionados sensés et plus détachés. Après tout, élever des pingouins, voilà une activité bien dépaysante et divertissante...


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6 réactions à cet article    


  • Talion Talion 13 avril 2006 15:51

    Cet article m’a aidé à me rappeler que celà fait maintenant 2 mois que je laisse pourrir le Zoo que j’ai créé sur Monzoo.com.

    Bah !... Ca reste virtuel après tout...


    • Jigmy Jigmy 13 avril 2006 17:01

      Moi il m’a rappellé l’école primaire quand un crétin m’a volé ma sacoche entière de billes !! duuuur !


    • Yaarg (---.---.110.195) 13 avril 2006 23:14

      A-t-on des stat sur le taux de suicides chez les éleveurs d’animaux virtuels, notamment en cas de :
      - plantage de l’ordinateur
      - panne de courant
      - mort des bêtes virtuelles à cause d’un virus

      Je trouve votre article un peu trop optimiste : les tamagotchi ne sont pas un remède ou une consolation contre la solitude mais une perversion commerciale qui profite et abuse de ladite solitude. C’est de la dépendance et ça relève de la psychopathologie.

      Bon, c’est vrai, ça donnera du boulot aux psy pour désintoxiquer tous ces malades.


      • Le bateleur Le bateleur 15 avril 2006 16:49

        En complement à cet article plusieurs pistes sont à étudier

        *** le trafic d’animaux (ou personnages de jeux d’aventures) virtuels ***

        c’est bien fatiguant d’élever un bébé (de nombreux pères réels ne s’intéressent à leur progéniture que lorsque celle-ci - fille ou, garçon de préférence est capable de taper dans un ballon ou de manier une batte de base ball) alors les premiers niveaux sont sous-traité à des petits doigts du côté est de la planète.

        *** La perte de réalité consciente et acceptée. ***

        Récemment sur France Culture, à propos des Sims (petits personnages virtuels « capables » de vivre en communauté) une jeune adulte d’un niveau intellectuel conséquent (étudiante en année de thèse me semble-t-il) évoquait son souhait que la technologie affine ces « êtres » et lui produise une meilleure amie sims, capable d’avoir avec elle des conversations relevées, de se former sur internet etc.

        L’un et l’autre point mettent en évidence une certaine décadence (le moindre effort, le narcissisme, la peur de l’autre ...) de ceux que l’attrait de l’élevage virtuel tente.

        Il faut lire Perry Rhodan (les deux premiers épisodes) et notamment la description de la civilisation en phase de dissolution où les gens passaient des heures à regarder un écran qui leur projetait des images en rapport avec leur propre contenu de pensée.

        On y va ... ?

        Pour finir, il faut évoquer le syndrome du « game over » qui habitue les consommateur de virtuel à la possibilité dans le cas où la partie (le personnage) se passe mal ou n’évolue pas comme souhaité, d’éteindre et de ralumer.

        Certains excès de simulateurs de vol seraient (?) d’ors et déjà à l’origine d’accident dus à l’impémentation de mauvais réflexe de ce type.

        Luc Comeau-Montasse

        du fagot des Nombreux

        Prolongements : « les héros sont fatigués » ici :


        • Docteur KEMP (---.---.174.135) 23 août 2006 23:29

          Amandine tu es mimi comme tout


          • Dominique Dutilloy Dominique Dutilloy 6 octobre 2006 12:59

            Je ne pensais pas qu’un tel jeu puisse être aussi prenant... Il est vrai qu’on devient vite esclave du « virtuel » ou du numérique... Très bon article

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