Les ripoux des quartiers Nords
A Marseille, la French Connection a disparu depuis bien longtemps, mais il semble qu’une autre forme d’organisation malveillante ait pris la relève en matière de trafic en tous genres depuis les années 2000. Et surprise, ce n’est pas du côté des malfrats et autres voyous que la justice a fait bonne pioche mais plutôt dans les rangs de la police ! Fin 2011, des « faits troublants » et « des renseignements assez convergents » concernant des enquêteurs, fonctionnaires de la BAC nord de Marseille, ont été portés à la connaissance des magistrats de la cité phocéenne. 12, puis 15 et enfin 20 policiers ont ainsi été interpellés à des degrés divers pour corruption, « vols et extorsions en bande organisée, violences aggravées, acquisition et transport de stupéfiants ». Rien d’anodin donc, et même plutôt du lourd, pouvant valoir si les faits étaient reconnus jusqu’à 20 ans de réclusion à leurs auteurs. Les agents sont ainsi soupçonnés d’avoir dérobé des produits stupéfiants et de l’argent à des dealers locaux et des vendeurs de cigarettes de contrebande. Un haut fonctionnaire expliquera : « Les agents avaient pris la fâcheuse habitude de dépouiller des dealers ou des receleurs dans les quartiers. Ils volaient le contenu des sacoches ou des sacs remplis d'argent liquide des vendeurs de stupéfiants ou de cigarettes de contrebande, mais aussi des quantités de drogue saisie hors procédure, et puisaient également dans les stocks de bijoux volés des receleurs. »
Une sorte d’impôt local, non pas pour garnir les caisses publiques de l’Etat, mais plutôt celles des comptes en banque de notre vingtaine de policiers véreux. Et le plus gênant est que leur hiérarchie, au lieu de dénoncer les faits dès leur connaissance, aurait laissé faire, voire même couvert ces agissements répréhensibles. En effet, au lieu de saisir le procureur de la République, le responsable de la BAC Nord a fait appel à un cabinet d'audit et de discipline de la sécurité publique, celui-ci disposant de bien moins de moyens que la justice, aucune preuve n'a jamais été trouvée, conduisant au classement sans suite des enquêtes. Ce n’est que grâce à un PV de renseignements anonyme que le procureur de Marseille sera saisi du dossier via l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Quant aux collègues policiers qui ont tenté de prévenir en vain leur hiérarchie sur les exactions de certains de leurs collègues, ils ont « discrètement » été « mutés »… Bref, pas jolie, jolie, cette histoire. En octobre 2012, le ministre de l'Intérieur de l’époque, un certain Manuel Valls, prononcera la dissolution de l'équipe de jour de la Brigade anti-criminalité du nord de Marseille où travaillaient ces hommes.
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