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Accueil du site > Actualités > Société > Lycéens : la révolution tourne trop rond

Lycéens : la révolution tourne trop rond

Ainsi les lycées sont bloqués. Pas tous, bien sûr. Certains lycées sont bloqués. Il y a blocage. Des étudiants, des lycéens, entre 15 et 20 ans à peu près, s’opposent à ce que les cours aient lieu. La procédure est simple, si simple qu’on a du mal à y croire : avant l’ouverture des grilles, une poignée d’élèves munis de chaînes et de cadenas vient empêcher celle-ci. Ensuite, ils condamnent de la même façon les entrées annexes. Il suffit d’être deux ou trois. Il n’y a jamais personne pour les en empêcher. A la limite, avec une bonne cagoule, on peut s’opposer de la même façon à l’ouverture les jours de devoir, par exemple. Pour changer des déclenchements d’alarme incendie.

Les lycées sont bloqués. Dans ma banlieue, à Nanterre, à Colombes, à Suresnes... Devant la porte de chaque établissement, une douzaine de jeunes plus ou moins agités. Des banderoles. Certains s’émeuvent, c’est ainsi qu’on devient adultes. D’autres s’énervent, qu’est-ce que c’est que cette parodie.

Car, en effet, il est difficile de prendre au sérieux le vent de révolte. Pour une raison simple : en quatre ans, on n’a vu qu’une année sans révolte. Sans militants anti-réforme de l’éducation, anti-CPE, sans voiture brûlées et lycées cassés. Sans parler des années précédentes, agitées aussi. Toujours les mêmes images, le piquet de grève, le cadenas, les élèves peinturlurés munis de porte-voix. Toujours la même passivité résignée des adultes, ce sont des jeunes, ils constituent leur conscience politique, ils s’expriment enfin, c’est leur avenir qui est en jeu... autonomie naissante, affranchissement des codes, expression sacrée de leur vitalité dont, pessimiste, on avait douté.

D’aucuns, plus difficiles à convaincre, soupçonnent une manipulation : les professeurs ne seraient-ils pas en train d’instrumentaliser les jeunes afin d’éviter de se mouiller directement ? Interprétation tentante, je l’avoue, mais qui suppose que le personnel enseignant soit bien religieusement écouté... interprétation tentante, mais erronée : dans tous les lycées où j’ai enseigné, les professeurs ont été les premiers surpris par la contestation lycéenne. Et n’avaient jamais évoqué les réformes avec leurs élèves. Quand le lycée était en (ex-) zone d’éducation prioritaire, on essayait en vain, par crainte de débordements, de déscolarisation résiduelle, de dissuader les militants et, surtout, leurs troupes. Dans un lycée comme celui où je travaille aujourd’hui, on milite fort peu, on se préoccupe du bac blanc qui ne peut avoir lieu, on n’a pas vu le mouvement venir et on ne fait même pas l’effort d’aller parler aux élèves amassés sur le trottoir. Pour leur dire quoi ? Qu’on est là, derrière, dedans ? Qu’on y croit ? Qu’on n’y croit pas ? Qu’on les soutient, ce serait stupide. Qu’on craint qu’ils ne fassent que jouer à la révolution, le petit Mai-68 annuel et rituel, aussi inoffensif qu’un bal du 14-Juillet, ce serait risqué. (Pas si inoffensif alors ? Peut-être pas. Mais pas forcément, pour autant, sensé.)

C’est peut-être parce que nous sommes (trop) vieux que l’inactivité nous épuise. Que nous regrettons la routine. Avons-nous tort d’être plus accablés qu’enthousiastes ? Les manifs passent, les réformes aussi. Ce n’est pas la question. Mais dans ce jeu de la prise de pouvoir, n’est-ce pas l’abdication de tout pouvoir réel qui se joue ? La révolte ici à l’œuvre n’a d’objet que ponctuel. Le discours de revendication tourne à vide, il n’est sous-tendu par aucune ligne politique. S’agit-il même, réellement, de lutter pour préserver un avenir assombri par les options d’un gouvernement pour qui la seule valeur semble être l’équilibre budgétaire ? Bien sûr, c’est l’objectif des meneurs et peut-être le résultat auquel ils aboutiront. Mais la foule qui autour d’eux fait poids est à la fête. Seulement à la fête.

On me dira que ce n’est pas nouveau. Je suis trop jeune pour avoir « fait » 68, mais j’ai connu les années Devaquet. Et, en effet, rares étaient les adolescents, déjà, qui savaient ce qu’ils faisaient là. On le comprenait après coup, dans l’action, au lendemain de l’action parfois, forcé de répondre aux parents goguenards, de s’affirmer. On avait l’impression de changer le monde et on le changeait un petit peu, c’est vrai. Et on changeait un petit peu, aussi.

Mais, pour changer le monde, il faut aller contre l’ordre du monde. Si l’ordre du monde contient la révolte printanière, si elle est pressentie, anticipée, si elle devient naturelle - si dans les lycées on acquiert, pur automatisme, les réflexes de conservation adaptés, protéger les vitres, fermer de l’intérieur aussi pour décourager les intrusions - car c’est chaque fois la même dérive, bandes encagoulées qui cassent les vitres et giflent le personnel dirigeant, absurdement, avant d’être, le cas échéant, et il est échu à Suresnes la semaine dernière, soignés par leurs victimes et évacués par le Samu parce qu’ils se sont blessés avec les éclats - si, en bref, la manifestation devient le résultat logique et attendu du rallongement des jours, elle n’a plus grand sens. D’ailleurs les élèves eux-mêmes ne s’y trompent pas, comme cette jeune fille qui à l’issue d’une soutenance sur le mouvement hippie reconnaissait la semaine dernière que « si les jeunes sont comme nous, ça ne risque pas de recommencer, on ne pense plus à comment va le monde, nous, on pense d’abord à notre carrière... »

Et, en effet, ça ne risque pas de recommencer. Contrairement à ce qui a l’air d’arriver. Ce à quoi nous assistons n’est pas un mouvement de contestation, mais la mort de la contestation, remplacée par une parodie qui s’inscrit, non dans une logique de rupture théorisée, mais dans l’immédiateté de la pulsion. Une parodie qui ne peut aboutir à la révolution. Mais surtout, une parodie qui n’est pas la révolte - mais l’interdit : que reste-t-il à faire, quand le refus violent de l’ordre établi est devenu une composante de l’habitude ?


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26 réactions à cet article    


  • tvargentine.com lerma 10 avril 2008 10:15

    Qui comprend ce que réclame ces étudiants dans la rue ?

    On a l’impression qu’ils essayent d’exister dans une génération hamburger et jeux TV bidonné pour exister dans la société de communication

    Que ces bouteneux retournent à l’école,mai 68 c’était il y a 40 ANS !!!!


    • rocla (haddock) rocla (haddock) 10 avril 2008 10:26

      Pas étonné ,

       

      Y a pas longtemps j’ ai vu un gamin d’ environ trois ans portant une pancarte pour les retraites lors d’ une manif .

       

      Va falloir faire attention lors de l’ éjaculation , que l’ écriteau ne raye pas le tuyau ...

       

      Caramba , viva la révoloutionne ...


      • Mescalina Mescalina 10 avril 2008 10:35

        Bonjour,

        Excellente analyse qui est généralisable à la grande majorité des "contestations" qui rythment la "vie sociale" de notre pays.

        Merci


        • gecko gecko 10 avril 2008 10:47

          ca me rapelle se jour ou avec une bande de potes au lycée on a déclenché la grève(en 2000 ou 99 je ne sais plus) surtout parce que dans mon lycée de campagne et ben on voulait surtout faire comme les autres et pas avoir cours. alors avec toutes les « fortes têtes » on s’est mis d’accord on a fait passer le mot qu a la sonnerie personne bougeait et ne montait en classe et que ceux qui ne suivaient pas le mouvement auraient a faire a nous. la cloche a sonné, personne n’a bougé quelques uns sont montés en cours, le personnel dirigeant est descendu ils ont accepté la grève... (pour la petite histoire on s’est quand même méchaments fait avoir parce qu on s est retrouvés dans la cour le personnel enseignant a organisé des groupes de réflexion sur la grève et nos idées de grève accoudés au bar se sont évaporées !!!!)


          • Mescalina Mescalina 10 avril 2008 13:41

            Allons Philippe, ne faite pas semblant de ne pas avoir compris le sens de cet article !


          • Mescalina Mescalina 10 avril 2008 13:41

            Allons Philippe, ne faites pas semblant de ne pas avoir compris le sens de cet article !


          • mariner valley mariner valley 10 avril 2008 14:21

            l’ont-ils fait spontanement ou ont-ils ete manipules ????


          • pascale p 10 avril 2008 15:58

            Eh oui. Ils auraient de bonnes raisons de manifester, et ce ne sont sans doute pas leurs raisons cependant. L’auteur aimerait bien !

            Ce matin, les élèves préparaient leurs banderoles devant les barricades qui bloquent le lycée. Ils étaient en train d’y écrire "Non aux JO de Pékin" quand je suis passée...

             

             


          • chmoll chmoll 10 avril 2008 12:40

            nan ça tourne pas rond s’bidule

            bloquer des lycées pendant les vacances scolaires, c efficace ?

             


            • Gargamel Gargamel 10 avril 2008 13:20

              Faut bien admettre que d’une certaine façon on tire toutes nos cartouches. Déjà quand j’étais au collège/lycée on avait hâte de la grève annuelle des profs, comme ça n’a eu naturellement plus aucun effet c’est devenu la grève des étudiants. Après on fera quoi ? L’abus tue l’efficacité, si tous les secteurs de métier deviennent aussi crédibles que les mouvements cheminots qui font la grève pour protester contre le beau temps qu’il fait dehors ou l’envie d’aller s’en jeter un ou simplement une bonne vieille flemme, et qui ne sont plus écoutés par personne, seulement haïs avec sincérité, qu’est-ce qu’on aura comme cartes à jouer ?


              • Bateleur du Tarot Bateleur du Tarot 10 avril 2008 13:46

                Bonjour,

                Je pense que de plus en plus de gens se posent la question de la pertinence de ces manifestations étudiantes qui depuis plusieurs décennies ont poussé l’Education Nationale et les Universités là ou elles sont aujourd’hui c’est à dire dans un état déplorable qui fait que les entreprises ne veulent même plus engager des gens se présentant avec des diplômes universitaires, excepté ceux de Dauphine.

                De la même façon que les parents décident eux-même de l’éducation qu’il donnent à leurs enfants, l’Education Nationale doit décider de la façon dont sera prodiguée l’instruction aux étudiants, nous en avons maintenant la preuve. Donc de mon point de vue nous devons imposer les réformes de l’Education Nationale et dans les Universités vue que de toutes façon il y aura des grèves et des manifestations, autant que cela débouche sur des réformes constructives.

                La démocratie doit opérer hors de l’univers scolaire, le principe du transfert de connaissances impose une autorité qui prodigue le savoir et des étudiants qui la reçoit, et ce rapport d’autorité s’impose de lui-même.

                J’espère que je vais faire plein de mécontent !

                Cordialement.

                ...

                 


                • Velen 10 avril 2008 15:28

                   

                  Entièrement d’accord avec l’article.

                  Déjà il y a 6-7 ans quand j’étais au lycée, les grèves on y croyait même plus : c’était juste un moyen de sécher les cours pour 90% du lycée.

                  Comme disait un de mes profs, il n’y a qu’à comparer le nombre d’absent en cours et le nombre de personne « dans la rue ». C’est plus devenu une routine qu’autre chose, et ça se banalise à un tel point que le jour où il y aura vraiment besoin de faire grève, tout le monde s’en moquera éperdument. A force de crier au loup…


                  • Traroth Traroth 10 avril 2008 16:02

                    Je ne saurais trop conseiller la lecture du livre de Jean-Paul Brighelli, "La fabrique du crétin". Je pense que les élèves veulent simplement qu’on revienne à une école qui leur enseigne vraiment quelque chose, au lieu de simplement les rendre exploitables par les entreprises. Pour Brighelli, l’école a renoncé il y a longtemps à vraiment donner une culture aux élèves (pardon, les "apprenants", dit-on maintenant) pour simplement leur donner une couche de vernis pour les rendre utile à quelque chose dans une entreprise : savoir lire, écrire, compter, ânonner quelques mots d’anglais (ah, la pratique du globish !), utiliser un ordinateur. Point final.

                    Les cours de littérature ont surtout pour but de dégouter les élèves de jamais ouvrir un livre, les cours de maths empêchent de découvrir le coté amusant des mathématiques. Surtout, éviter que les élèves prennent plaisir à apprendre, et ne pas trop leur apprendre. On ne sait pas jusqu’où ils pourraient aller et tout ce qu’ils pourraient vouloir...

                    Alors, oui, ça génère de la révolte. Et le problème, quand on a entre quinze et vingt ans et qu’on est inculte, c’est que la révolte, c’est pas très productif ni très efficace. Ces mouvements sont tout simplement des appels à l’aide, de plus en plus désespérés. Et c’est *nous*, les adultes, qui devriont intervenir pour changer les choses !


                    • Lapa Lapa 10 avril 2008 16:40

                      il est vrai que savoir lire, comprendre un texte, écrire, compter et parler l’anglais ne sont utiles que dans le cadre de l’entreprise ! Cela ne sert pas du tout à former des citoyens autonomes, libres et doté d’une parcelle d’esprit critque par exemple.

                      Quant au côté amusant des mathématiques (qui reste à prouver dans un concept plus universel) ; il ne détrônera jamais le côté amusant des loisirs (et notamment vidéo-ludiques) que déverse notre société du plaisir dans la tête de ces gosses. La messe est dite d’avance.

                       

                      Faisons des idiots incapables d’apprendre s’il n’y a pas amusement au bout et qui resteront bloqués sur un texte de 20 lignes . Après tout, tant qu’ils sont capables de voter par sms pour leur star de la chanson favorite...


                    • Traroth Traroth 10 avril 2008 16:45

                      J’ai la faiblesse de penser que pour faire des citoyens responsables, il faut un petit plus que ça. De la culture, de l’esprit critique, de la réflexion. Bref, tout ce dont on empêche l’émergence chez les enfants en les abreuvant de Star Academy et de coupes du monde de rugby.


                    • Jdemnahouby 14 avril 2008 00:11

                      Taroth,

                      meme si je comprends ton idealisme, dis toi que les jeunes francais parlent beaucoup mieux l anglais que la generation precedente et que cela leur donne une ouverture sur le monde que peu de francais de la generation precedente a....

                      et travail ne signifie pas forcement exploitation.....

                      Plus que l ecole c est lenvironnement mediatique, jeux pubs programmes teles que je trouve abetissant et face a ca l ecole est desarmee.

                      Quant aux greves lyceennes... vous avez dit greve, revendication ? ou gueulante de faux idealistes qui s ils ont un peu de conscience politique portent un t shirt du CHE, et encore n ont meme pas lu sa bio....


                    • ben ben 14 avril 2008 08:46

                      Traroth,

                      Pour inculquer la culture de l’esprit critique et de la réflexion, il y a aussi un truc qui s’appelle ’les parents". C’est pour certains un concept assez étrange qui est fait de responsabilité et d’amour envers ceux qu’on a mis au monde.

                      Bien que son non fonctionnement soit indispensable, l’école ne peut pas tout faire, et les parents donnant une mauvaise éducation à leurs enfants doivent arreter de tout mettre sur le dos de l’école.

                       


                    • Zadig 10 avril 2008 16:31

                      Que va-t-il sortir de cette agitation ? S’agit-il d’une fête cyclique, plus ou moins rituelle à laquelle se plie la jeunesse ? Répète-t-elle, cette jeunesse, l’ antienne de Papy Viagra : "Jouissons sans entraves"...Croit-elle, dans ses défilés, lutter contre un monde déjà trop vieux pour elle ?

                      Non, aujourd’hui les lycéens défilent pour que soit conservé le monde ancien qui tombe en ce moment, parce qu’ils pensent que c’est en restant à l’intérieur des limites rassurantes qu’ils ont expérimenté qu’ils pourront devenir des adultes. Est-ce le meilleur moyen de "grandir" ? C’est à voir. Vouloir garder le nombre d’enseignants d’il y a vingt ans dans leurs établissements scolaires, est-ce vraiment leur lutte pour leur avenir ? Préparent-ils leur société ? ( En 68, Papy Viagra le faisait, lui. Les jeunes devraient y songer). Mais peut-être le font-ils dans les A.G : ils ne peuvent pas être hermétiques au principe de réalité qui leur est exposé dans la presse et même dans leurs cours : l’argent manque, la croissance n’est pas là. Oui, le cadeau fiscal...Mais il est fait, et le président élu pour 5 années, les députés de même...

                       Mais ils savent aussi que le fait de ne pas embaucher de nouveaux fonctionnaires pour remplacer les anciens les concernent en toute priorité : ils sont la génération qui vivra la mise en place de ces nouvelles réformes.

                      Alors ils manifestent. Et ils cassent, certains. Et puis ??? Que sortira-t-il du chapeau ? Les vacances scolaires en juin, juillet. Le bac pour certains. Les concours à préparer...

                      Ou bien "le grand soir" ?(Là c’est Papy Viagra qui va nous faire une crise cardiaque... si ça continue...) 

                      68 était très différente : la France était riche, l’avenir radieux, le monde multicolore rêvait de se tendre la main par delà les frontières.

                      Aujourd’hui ?

                      Quarante ans ont passé. Papy Viagra est un individualiste, consumériste parce que c’est peut-être de ça qu’il rêvait en faisant la révolution de mai, il est un hédoniste de super-marché...de plus en plus "hard-discount". Il voyage vers l’ailleurs en basse saison et en low-cost, dans des 5 étoiles. Papy Viagra aime Carla et Nicolas. La pacotille parasite le discours politique ? Papy Viagra a inventé : "Elections, piège à C...". Alors Papy Viagra ne se reproche rien, mais alors rien du tout.

                      ...Alors  : de quoi ils parlent, les lycéens, dans leurs A.G. ? Quels sont leurs rêves pour leurs lendemains ? La société a-t-elle pensé à eux ? Quel monde Papy Viagra leur laissera-t-il ?


                      • Lucie Vivien 12 avril 2008 13:47

                        Il est vrai que les jeunes d’aujourd’hui sont dans une situation qui n’a rien à voir avec celle de 1968. A l’époque, tout semblait possible (voir mon article du 3 avril). Cette génération voyait bien que ses conditions de vie seraient bien meilleures que celles de la génération précédente : on ne parlait pas du chômage, le bien-être matériel augmentait , la durée du temps de travail diminuait, on ne savait même pas que les ressources naturelles s’épuisaient et que la planète se réchauffait !

                        Aujourd’hui, quelle société proposons-nous à nos jeunes ? Une société individualiste, dans laquelle le "bonheur" passe par la consommation, un monde pollué, rétréci, sans espaces de vie et de liberté. Notre société est en panne d’avenir et les jeunes le sentent bien. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant qu’ils soient souvent prêts à manifester d’une façon ou d’une autre.

                        En l’occurence, ils ont bien raison car le gouvernement veut aggraver la situation de l’éducation nationale qui n’a vraiment pas besoin de cela en ces temps difficiles à gérer !


                      • Marc Bruxman 11 avril 2008 00:38

                        Effectivement. Bien que les revendications dans les manifs sont rarement bonnes, faire la manif est formateur pour les jeunes et rien que ca c’est utile. Souvent c’est leur premier véritable contact avec la politique. J’ai fait la gréve du CPE (eh oui !) et même si je ne renie pas les motifs de cette gréve (je serai toujours contre cette mesure aujourd’hui car une telle mesure ne doit pas être restreinte aux jeunes) je dois dire que l’apport des quelques journées passées à brailler dans les rues, s’intéresser à la politique et rentrer au contact du monde syndical m’ont beaucoup appris.

                        Après ils auraient certainement mieux à revendiquer que des trucs d’extréme gauche. Mais c’est un autre problème.


                        • srobyl mascarpone58 11 avril 2008 08:44

                          Je trouve votre article intéressant, surtout par les interrogations qu’il contient.

                          "le discours de revendication tourne à vide, il n’est sous-tendu par aucune ligne politique" . C’est sûrement vrai, mais n’est-ce pas là une conséquence d’un certain manque de cohérence de la part des partis politiques eux-mêmes, qui ne proposent que de petits replâtrages, mais pas de véritables projets de société pouvant servir de point de cristallisation à un quelconque mouvement ?

                          Cordialement 


                          • pascale privey 11 avril 2008 18:36

                            Bien sûr, le mouvement lycéen est le reflet de la société dans son ensemble... et du délitement du politique, de l’immobilisme des politiques, du verbiage et de l’absence de remise en question de ce qui ne marche pas. Sans parler de ce qui n’est pas juste. On pourrait rêver cependant que l’enthousiasme juvénile permette de dépasser tout cela, que des forces neuves aboutissent à quelque chose de neuf. Mais je n’en vois guère de signes.


                          • Lucie Vivien 12 avril 2008 15:45

                            L’enthousiasme juvénile ? Il existe encore certes et heureusement mais quel est sa marge de manoeuvre dans cette société où tout est réglementé, normalisé ? Celui qui veut s’écarter des chemins balisés prend de gros risques...


                          • Gargamel Gargamel 12 avril 2008 18:42

                            Il y a un truc à pas perdre de vue ici, c’est qu’il y a *vraiment* 11 000 profs qui vont se faire jeter ! C’est inacceptable, mais ce n’est pas aux élèves de manifester, c’est aux profs ! et Je parle pas de prendre une journée de grève par ci par là qui n’impressionne personne, je parle d’un vrai gros mouvement. Mais aucun ne le fait ! C’est quoi leur problème ?


                            • pascale privey 12 avril 2008 19:06

                              Est-ce que les professeurs sont vraiment ceux qui risquent le plus dans cette affaire ? En gros, il ne s’agit pas de les virer, mais plutôt de ne pas les remplacer - juste de rendre leur travail plus difficile et moins efficace... au nom des nécessités économiques. D’accord, les professeurs sont un peu trop passifs et désabusés, ils ne croient plus aux journées de grève et aux flambées d’indignation sans lendemain. Et ils laissent les élèves agir tous seuls. Ils ne leur ont même pas donné l’idée. Mais les autres gens, ceux dont les enfants vont pâtir de ces suppressions, ne peuvent-ils pas, tout aussi bien, manifester leur mécontentement ? Agir ? Faire le dos rond, c’est assez généralisé, non ? Les profs ne sont pas les pires...


                            • 5A3N5D 13 avril 2008 10:00

                              @ Gargamel,

                              C’est inacceptable, mais ce n’est pas aux élèves de manifester, c’est aux profs !

                              Ah ? Mais ils n’en ont rien à faire, eux ! Ce ne sont pas eux qui seront les premiers pénalisés par les suppressions de postes. Au plus, ils auront des heures supplémentaires à assurer. Peut-être à changer d’établissement à la rentrée prochaine. Les vraies victimes de ces suppressions seront les élèves. Que feront ceux qui ont choisi d’étudier l’italien et s’entendent dire que l’année prochaine, cette discipline ne sera plus enseignée dans leur collège ? (ceci n’est qu’un exemple.) 

                              et Je parle pas de prendre une journée de grève par ci par là qui n’impressionne personne, je parle d’un vrai gros mouvement. Mais aucun ne le fait ! C’est quoi leur problème ?

                              Et vous êtes prêt à les soutenir ? Je vous rappelle, que, contrairement à ce que tout le monde pense, ils ne sont pas payés pendant les jours de grève. Et comme ils savent qu’ils se feront encore traiter de "fainéants, nantis défendant leurs zacquis, toujours en vacances et bénéficiant de la sécurité de l’emploi en prenant les usagers en otages", ils préfèrent continuer leur boulot et ne pas perdre d’argent, ne pas affronter une opinion publique franchement hostile. Facile à comprendre leur "problème" : leurs grèves n’ont jamais servi à rien, sauf à perdre de l’argent. Alors ils ne font plus grève.

                               

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