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Medef, Montaigne, Ifrap : leur inquiétante stratégie du choc (1/2)

Il ne faut pas croire que cette crise permettra d’améliorer le (mauvais) cours de nos sociétés, ni même certains choix (délocalisation, bas salaires du personnel soignant) aujourd’hui décriés. Car comme après la crise de 2008, si nos dirigeants font mine de se remettre en cause, les tenants du système actuel poussent leurs pions pour renforcer leurs projets et poursuivre dans la même voie.

 

Après-demain, austérité et régression sociale au carré
 
On ne pourra pas dire que l’on ne le savait pas. En quelques temps, le Medef, l’ifrap et l’institut Montaigne ont dévoilé leur agenda pour l’après-crise. Et ils n’y vont pas par quatre chemins. Dès le 8 avril, le gouverneur de la Banque de France évoquait « un effort budgétaire rigoureux et des dépenses publiques plus sélectives », augurant de l’austérité qui suivra puisque nos dirigeants refusent de monter les impôts là où il serait juste de le faire (les plus riches et les multinationales, en visant notamment la désertion fiscale). Puis le 10 avril, Geoffroy Roux de Bézieux affirmait qu’il « faudra bien se poser tôt ou tard la question du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise économique, et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire  ». Si la secrétaire d’Etat à l’économie, Agnès Pannier-Runacher était allée dans son sens, ces propos avaient déclenché un tel tollé que le patron du Medef avait fini par se montrer un peu plus prudent.
 
Malheureusement, ce n’était qu’un début puisque les lobbys de l’oligarchie n’ont pas tardé à embrayer pour défendre leur agenda économique. L’Institut Montaigne a fourni de nouvelles idées antisociales, suppression de jour férié, de vacances scolaires, ou augmentation du temps de travail. Parmi les plus révoltantes, on trouve le fait de « déroger au temps de repos minimum quotidien de 11 heures minimum par jour » ou « l’accroissement du temps de travail sans pour autant que la rémunération supplémentaire correspondante ne soit versée immédiatement par les entreprises  »  ! évidemment, les fonctionnaires sont pris pour cible avec une proposition de hausse temporaire du temps de travail et une diminution du nombre de RTT. Des propositions révoltantes alors que les infirmières sous-payées et sous-équipées ont risqué leur vie pour sauver les malades et compenser les manquements de l’Etat.
 
Au même moment, l’ifrap détaillait son plan choc pour la France. Agnès Verdier-Molinié propose pas moins de dix mesures  : « sauver le plus d’entreprises possible  » (ici, pas de limite à la dépense publique…), « desserrer l’étau fiscal des entreprises  », (pourtant allégé de plusieurs dizaines de milliards par Hollande et Macron), « travailler plus  » (moins de vacances et de RTT), « verrouiller la dette dans la constitution  » (sauf pour sauver les entreprises et baisser leurs impôts et ceux des riches), « rembourser le plus tard possible  » (ligoter pour plus longtemps l’Etat au lieu de monétiser), « baisser les impôts sur la transmission  » (la France est en retard dans l’augmentation des inégalités), « faire revenir les exilés fiscaux  » (amnistie fiscale des déserteurs, suppression de l’IFI et de la taxation des dividendes), « décentraliser et décloisonner la santé  » (pour noyer le poisson de la hausse du traitement dess personnels de santé), « décentraliser aussi l’éducation  » (idem) et « faire maigrir l’administration  » (alors même que la crise sanitaire a montré que nous avons malheureusement déjà touché les os et les muscles).
 
Si je détaille cela, c’est pour que nous gardions cela en mémoire. Le camp d’en face n’a absolument pas changé son logiciel et propose toujours la même chose : déconstruction de tous les droits sociaux acquis depuis un siècle ; déconstruction du service public par la remise en cause des statuts et des économies de bout de chandelle, habillés de grands mots comme la « décentralisation », pour faire passer la pommade ; baisse des impôts sur les plus riches et les multinationales ; désarmement de l’Etat, privé de fonctionnaires pour faire les contrôles fiscaux nécessaires afin de lutter contre la désertion fiscale, et enfermé dans une camisole constitutionnelle fonction de la dette. C’est le même discours depuis Thatcher et Reagan, sauf qu’il va à chaque plus loin, l’ifrap osant même réclamer une « amnistie fiscale sans taxation avec abandon immédiat des redressements et des poursuites fiscales en cas de rapatriement de leurs capitaux (…) (pour) donner envie d’investir dans notre tissu entrepreneurial  ».
 
Bien sûr, nous pouvons regarder ces propositions avec effarement, tant elles sont aberrantes et injustes. Mais nous ne devons pas sous-estimer la capacité du camp d’en face à pousser ses réformes demain. Il y a malheureusement plus de chances que ce soit leur agenda qui s’impose que le nôtre. J’y reviendrai plus tard en tentant d’apporter quelques idées sur les moyens de leur faire barrage.

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7 réactions à cet article    



    • chantecler chantecler 27 mai 2020 11:50

      C’est vrai que ça ressemble à une très vilaine farce :

      Au départ il était possible de penser qu’un peu de libéralisme pouvait introduire de l’huile dans les rouages .

      Un peu : en quantité et dans le temps ....

      Et aujourd’hui ce libéralisme , cette mondialisation , cette « concurrence libre et non faussée » nous jette dans des abîmes jamais explorés .

      Où s’arrêtera la classe globale de nos sociétés au bénéfice d’une poignée de voyous qui ne voient dans ce système que la possibilité de s’enrichir très rapidement en mettant sous le joug la quasi totalité des populations .

      Quand on voit la puissance de feu des multinationales qui façonnent le monde selon leurs intérêts , c’est plus que du vertige , c’est la peur de réaliser les conséquences de ce système fou .

      Je me dis qu’un jour nous atteindrons les limites : plus de consommateurs par manque d’argent , par misère et pauvreté .

      Et probablement une guerre car une oligarchie ne peut continuer à régner que par la violence et la répression .

      Et en limites , elle n’en a pas les moyens : les forces de répression lui coûteront pus cher qu’un partage (modéré) des richesses créées et que la destruction de la planète .

      Cette fois ci nous allons nous en tirer par exemple avec une épidémie modérée , mais la prochaine ?

      Ou une autre catastrophe que nous n’aurons pas vu venir ?

      En attendant faut il se résigner à mourir à petit feu ?

      Et redevenir esclaves ?

      L’homme est redevenu un loup pour l’homme .


      • chantecler chantecler 27 mai 2020 11:51

        @chantecler
        ...la casse globale de nos sociétés ....


      • Thierry SALADIN Thierry SALADIN 27 mai 2020 15:29

        Bonjour chantecler

        "Où s’arrêtera la casse globale de nos sociétés au bénéfice d’une poignée de voyous qui ne voient dans ce système que la possibilité de s’enrichir très rapidement en mettant sous le joug la quasi totalité des populations ."

        Où ça s’arrêtera, dites-vous ? Mais à la mise en esclavage de 80 % de l’humanité (= 7 milliards d’individus), comme vous le dites vous-même, et ce en attendant de les faire disparaître purement et simplement, puisqu’ils sont inutiles désormais pour le capitalisme.

        "Quand on voit la puissance de feu des multinationales qui façonnent le monde selon leurs intérêts , c’est plus que du vertige , c’est la peur de réaliser les conséquences de ce système fou.

        « Je me dis qu’un jour nous atteindrons les limites : plus de consommateurs par manque d’argent , par misère et pauvreté . »

        C’est un peu ça. Mais il en restera toujours assez (= des con-sommateurs) d’ici deux ou trois décennies. Car l’oligarchie ne regarde pas plus loin.

        « Et probablement une guerre car une oligarchie ne peut continuer à régner que par la violence et la répression . »

        Et pour nous en sortir : pour nous délivrer des chaînes, nous les gueux, il y a bien mieux que les violences sociales, etc. Mais voilà, seul Étienne Chouard nous a dit ce qu’il fallait faire.

        Et, bien évidemment très rares sont ceux qui ont suivi. C’est ainsi.

        Bien cordialement.

        Thierry Saladin

        P.S. : Il y a quelques mois, j’ai essayé de décrire la situation actuelle. Une description à ma façon. Mais comme je vous lis, assez régulièrement, vous ne devriez pas apprendre grand chose.

        https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/moi-milliardaire-premiere-partie-220250

        Quant aux solutions, je n’en vois qu’une : c’est que le peuple prépare dès à présent l’élection présidentielle de 2022. Mes premières impressions, c’est qu’autour de moi, personne ne semble prêt à vouloir aller dans ce sens. Tant pis. Tant pis pour nous.


      • troletbuse troletbuse 27 mai 2020 20:56

        @chantecler
         catastrophe que nous n’aurons pas vu venir 

        Tous les cons, non plotistes ne l’ont pas vu venir, les complotistes ont prévenu depuis longtemps en pure perte.


      • JulietFox 28 mai 2020 09:05

        @chantecler
        Surpris ? Pas moi.
        Les GJ ont fait rigoler.
        Benalla aussi ( comme Félicie)
        Ce gouvernement comme les précédents est là pour presser le citron, jusqu’à la dernière goutte.
        Avez vous déjà vu un citron se révolter ?


      • yanng 29 mai 2020 19:18

        Au 19ème les capitalistes anglais avaient tellement appauvri le peuple, qu’ils se sont rendus compte qu’ils n’avaient plus les moyens de consommer. Ils ont alors lâché du lest pour que les usines tournent.

        L’histoire se répète

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