Premier mai : une gifle pour qui ?
A gauche, on se félicite (aigrement tout de même) de la mobilisation « historique » de ce premier mai.
A droite, on se félicite également de la « faiblesse » de cette même mobilisation par rapport au 19 mars.
En réalité, les chiffres sont assez flous. Surtout si l’on constate qu’aujourd’hui, les chiffres indiqués par la police sont près de trois fois supérieurs à ceux des syndicats, quand auparavant (à peine quelques années) on se contentait de les doubler. Sur le site du Figaro, il y avait hier entre 465 000 et 1,2 millions de manifestants, contre 1,2 à 3 millions le 19 mars. Une belle baisse tout de même, mais à quoi l’imputer ? Cette baisse signifie-t-elle un moindre mécontentement de la population ? Une déception vis à vis des syndicats ? Le résultat d’une peur face à la grippe A ? Le beau temps et un long week-end ?
Pour le moment chacun voit midi à sa porte, mais pour ma part tous les éléments étaient réunis pour faire de cette journée sinon un échec total, du moins une victoire ratée. Car pour le mécontentement du peuple, j’ai du mal à croire qu’il ait fondu « de deux à trois fois » (toujours le Figaro) en si peu de temps. Au sujet des syndicats, je serai d’avis que leur quasi contentement est louche, mais nous en reparlerons plus tard. La peur de la grippe A, et la prééminence d’un danger tel qu’une pandémie, relativise largement les autres inquiétudes, et pourrait également avoir joué son rôle. Mais pour le beau temps et le long week-end, je n’y crois pas trop : où a-t-on vu que la pluie était un facteur favorable à la tenue de manifestations, et qui peut croire que de manifester sur son lieu de vacances est une aberration ? d’autant que la plupart des manifestants revendiquent la hausse de leur pouvoir d’achat, alors pour les vacances…
Alors voilà, les syndicats, un facteur déterminant dans la mobilisation. On se souvient du « non-soutien » de ces derniers lors de la plupart des grandes grèves historiques, et surtout de leur incapacité à prendre l’initiative de ces mouvements. En même temps, on voit bien que les préoccupations des dirigeants syndicaux sont bien éloignées de celles de ceux qu’ils sont censés défendre : costumes-cravates, chauffeurs, réunions à l’Elysée, c’est à croire que leur « sentiment de classe » puisse s’être modifié…
Aujourd’hui tout justes sont-ils bons à se satisfaire d’une faible baisse des licenciements dans une entreprise, à signer des accords de reprise du travail sans l’accord de leur base, soutenir l’arnaque qu’est la réforme sur les chômeurs, accueillir à bras ouverts les conventions de reclassement personnalisées. C’est déjà pas mal me direz-vous, mais il y a pire encore.
Monsieur Chérèque (voir plume de presse) aurait même été jusqu’à dire : "Nous avons toujours dit que nous n’étions pas favorables à ces journées ou à ces déclenchements de grève. Je me déplace toutes les semaines auprès de salariés qui me disent qu’ils savent très bien que ce n’est pas une grève qui règlera leurs problèmes"
Voilà où en sont les syndicats. En plus que de ne pas comprendre qu’à cause de leur manque d’engagement les salariés n’ont même plus le cœur à faire grève, ce monsieur va jusqu’à clamer haut et fort qu’ « ils » sont contre. Et si on ajoute à cela la sortie de monsieur Mailly, qui s’inquiète sur marianne2.fr du rôle des politiques de l’extrême gauche dans le débat social (cela sans paraître gêné par celui tenu par l’UMP dans ce même débat), nous voilà bien renseignés !
Pas difficile ensuite de constater le rôle réel des syndicats : médiateurs privilégiés entre les entreprises et l’Etat, leur tâche consiste concrètement à rabaisser les revendications des salariés tout en en préservant le minimum, que l’on nomme à juste titre « le minimum syndical ».
Et confirmant ainsi le fameux adage de Coluche : « le capitalisme, c’est l’exploitation de l’homme par l’homme. Le syndicalisme, c’est le contraire ».
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