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Accueil du site > Actualités > Société > « Sens de l’effort et premier de cordée ». De Coubertin à Macron, 130 (...)

« Sens de l’effort et premier de cordée ». De Coubertin à Macron, 130 ans d’idéologie du sport

Les cérémonies d’ouverture des Jeux Olympiques et l’audimat des Coupes du Monde de Foot ne laissent aucun doute à qui en aurait sur l’impact des événements sportifs dans notre vie quotidienne.

Les grand-messes, dans lesquelles la communion des fidèles est synonyme de milliards d’euros, répondent à trois objectifs :

  • Faire écran à la barbarie quotidienne qui affecte la vie des gens ordinaires qui habitent les villes et les campagnes
  • augmenter les profits des multinationales puissantes, responsables des grandes transformations urbaines des pays affichant des idéaux sportifs (en existe-t-il d’autres ?)
  • détourner le regard d'une grande partie de la population des attaques contre la liberté et la dignité humaine, la manipulation de l'information et la répression contre les mouvements d'opposition politiques.

Il ne faut jamais oublier que les Jeux olympiques de 1936 à Berlin et les Coupes du Monde de Football à Mexico en 1970 et en Argentine en 1978 ont eu lieu au milieu d’atrocités commises par les dictatures militaires du Brésil et d’Argentine.

Les pouvoirs enchanteurs des grandes réunions internationales exacerbent le nationalisme, la xénophobie et le chauvinisme. Le spectacle sportif de masse diffusé à la télévision a pour but de renforcer le prestige national et la reconnaissance internationale, mais ses intentions ne sont pas toutes aussi nobles : l

  • l'effet de dissimulation d’une réalité sociopolitique,
  • l'effet de massification et d’identification collective à l'ordre établi, fonction grégaire/consensuelle permettant la montée en puissance d'idoles et de groupes,
  • l'effet de diversion idéologique à fonction narcotique
  • et l'effet de compensation de motivation et de gratification narcissique

sont les intentions cachées d’un programme qui ne dit pas tout.

L’hégémonie de l’idéologie sportive dans la culture a une longue histoire.

L’un des pères fondateurs de l’idéologie sportive, Pierre de Coubertin (qui, lui aussi, avait fait ses études chez les Jésuites), attribuait au sport des attributs et des vertus transhistoriques et prétendait restaurer les idéaux de "loyauté", "d'honneur", des vertus des Jeux Olympiques d’une antiquité grecque largement fantasmée et idéalisée. Il s’agissait selon lui de doter le sport moderne du potentiel humain nécessaire à l'harmonisation des tensions entre les peuples, à l'unification et au maintien de l'ordre national. Rien de moins.

Coubertin avait eu connaissance de l'initiative éducative mise en œuvre par Thomas Arnold, en Angleterre, structurée en éducation sportive pour les athlètes entraîneurs et en éducation morale pour les enfants, et il souhaitait développer ce « modèle » fondé sur le « fair-play » et le « respect des règles » (fixées par qui ?) pour assurer en France une paix sociale qui lui paraissait moins ancrée chez ses compatriotes qu’outre-manche où les vertus du cricket et de l’« understatement » lui apparaissait comme un ciment social supérieur au catéchisme et alternative souhaitable à ses yeux aux charmes du « temps des cerises » ou de l’« internationale ».

Selon Coubertin, le développement du sport devait apporter à la population en plein exode rural une meilleure santé et une réponse aux problèmes posés par le développement urbain et industriel. Il ne visait pas seulement la préparation de travailleurs plus robustes, plus résistants et en meilleure santé, afin d'accroître la productivité, mais il considérait également que le sport était un facteur puissant de stabilité sociale. Lors d’une visite aux États-Unis en 1889, il avait été impressionné par l’encouragement à la pratique de la boxe qui avait pour but de diminuer la violence dans les quartiers les plus problématiques.

Sans doute doté d’un idéalisme inoxydable, il semblait convaincu du fait que le sport était un élément d'apaisement des intérêts divergents et conflictuels entre la jeunesse nantie et la jeunesse populeuse, que c’était l’outil rêvé pour améliorer les relations entre les différentes couches sociales et favoriser une collaboration plus efficace.

Depuis, cet idéalisme n’a jamais connu de déclin, et s’est trouvé renforcé et amplifié dans le sport moderne, à travers les techniques d'entraînement sportif où l'homme est assimilé à une (belle) machine dans laquelle les processus vivants sont transformés en processus énergétiques et économiques de production, le corps étant entièrement planifié et déifié.

A travers la révolution scientifique et technique, le corps est entré dans l’ère technologique, l’ère des machines industrielles. Le corps est devenu lui-même un objet de cette révolution. Parallèlement au développement industriel et à l'urbanisation qui a continué après Coubertin, le sport moderne s'est développé en intégrant à ses pratiques les apports de la révolution scientifique et technologique. Avec l'avènement et l'expansion d'instruments technologiques ultramodernes, les sports ont bénéficié de contributions qui ont facilité leur expansion.

Avec la standardisation des instruments de mesure, des critères peuvent être étendus à d’autres groupes, dans d’autres régions, permettant d’encoder les objectifs de chaque sport, pouvant être partagés entre des groupes distants, dans des pays différents, une image de partage et de fraternité dont la mondialisation a bien besoin.

Or, s’il y a bien eu un changement social dans le sport à travers les valeurs développées par la société technicisée, la valeur décisive qui domine notre époque est toujours celle du succès qui serait dû avant tout à la compétitivité, d’où les métaphores présidentielles évoquées dans le titre de l’article. Il s'agit toujours de rechercher le meilleur moyen d'obtenir un résultat donné. La technique est avant tout un espoir calculé de succès et de victoire. Considéré à l'origine comme un jeu, le sport constitue aujourd’hui l'idéal du gain.

Les sports modernes, en s’appuyant sur la notion de « record » comme titre de référence, justifient et renforcent dans la société la structure hiérarchique inhérente au modèle sportif, en se faisant passer pour une institution concrète proposant une coopération fraternelle, ce qu’elle n’est pas.

La hiérarchie corporelle correspond à l'institution des rites de passage, au regroupement par niveaux de compétence et à la déification des champions, de l'élite des corps entraînés. Le sport est le parangon d’une pyramide sociale basée sur la hiérarchisation de performances comparables à des mesures objectives, structurées selon le modèle concurrentiel. L’image du champion est la référence absolue qui incarne l’idéal sportif, en tant que moteur même du développement de la technique sportive. Fondé sur un système objectif de mesures et d'entraînement normalisés, le champion sportif définit les images du corps avec lesquelles la masse doit s'identifier.

Le sport joue aujourd’hui le même rôle que jadis la famille et la religion dans la construction d’une personnalité et, en particulier, dans l’acquisition du « respect des règles ». L'image corporelle est un une projection sociale permettant l'imbrication entre l'organisme d’un individu et le corps social conçu sur un modèle.

En constituant des modèles idéalisés et éloignés de la réalité, les médias finissent par concevoir des modèles auxquels les individus ne peuvent pas s’opposer. L'identification n'est plus personnalisée ni médiatisée par la figure paternelle, mais par des figures collectives d'autorité et d'efficacité fournies par l'industrie culturelle.

Pour l'ordre établi, la violence réglementée par l'activité sportive est acceptée comme un fait inhérent aux compétitions. Il ne vise pas le défi social et ne met pas en péril les normes socialement établies.

Si le sport est fondé sur le développement de corps « forts et sains », il détourne en même temps l'individu des menaces que représente l'absence de contrôle de ses pulsions en dissimulant la répression nécessaire à leur perpétuation. La construction de corps rigides et l’éducation pour résister à la douleur corporelle poussent l’individu à accepter de manière irréfléchie le refoulement. L'objectif prôné d '« être dur » s’accompagne de l'indifférence face à la douleur en général, la douleur de l'autre ou la douleur de soi. Celui qui est sévère avec lui-même acquiert le droit d'être sévère envers les autres.

Cette recherche de l’indifférence face à la douleur est l’une des caractéristiques du manipulateur. Une personnalité autoritaire qui développe une tendance à traiter les autres comme une masse amorphe, « ceux qui ne sont rien », traite tout ce qui existe comme un objet.

La résistance à la douleur, « aller à la limite » et même dépasser les limites incitent l'individu à une éducation visant à éliminer ce qui pourrait encore représenter des traces d'humanité. L’éloge du « sens de l’effort » et la propagande de l'homme actif, celui qui se donne la peine de traverser la rues, se développent sur un terreau de préjugés et de violence. Ce genre de manipulateur est le résultat d'une conscience réifiée : au début, l’intéressé se laisse réduire par son mentor à être sa chose puis, en y parvenant, il fait des autres des choses. Il se présente et se considère non seulement comme un produit réussi du système, mais aussi comme un exemple, une réduction méthodologique du réel.

C’est à la capacité à produire des performances que le système sportif s’intéresse, et non pas à la personnalité concrète des individus, de la même manière que les travailleurs ne sont pas des hommes, mais des agents qui assument une fonction, une place dans le processus de production. Notre système économique est un mode de production dans lequel des individus concrets sont remplacés par des agents abstraits, des nombres, des porte-parole, des relations de production.

La performance sportive correspond, dans le monde du travail, au même processus de dépersonnalisation qui prive l'individu de ces attributs qui pourraient encore conférer une trace d'humanité. L'individu réduit par le système productif au potentiel reproductif de la main-d'œuvre et, dans le système sportif, à sa capacité à produire des performances, succombe à des processus d'adaptation régressifs.

L'organisme d'exécution correspond à la réduction de l'individu aux attributs nécessaires à la promotion de la cohésion sociale. Le corps performant, modèle sportif idéal, pousse l'individu vers une conformation non contestée à la réalité sociale. La hiérarchisation basée sur la performance corporelle indique une adhésion irréfléchie à l'ordre social qui, à travers ses produits culturels, favorise la violence et la domination de ceux qui sont considérés comme physiquement aptes par rapport aux plus faibles et aux moins qualifiés.

Au contraire, les perspectives critiques, les actions et les manifestations de « colère » par une « foule haineuse » ouvrent la possibilité de remettre en cause l’édifice inégalitaire et injuste que représente la pyramide.


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21 réactions à cet article    


  • À rebours 19 janvier 2019 22:02

    Le monde du sport professionnel est le monde du darwinisme social par excellence. Beaucoup d’appelés, peu d’élus. Ces élus sont passés à travers un processus d’élimination féroce qui n’est pas sans rappeler la course à l’ovule des gamètes mâles. Les paies faramineuses des élus, sans aucun rapport avec la valeur réelle des individus (sportifs) sont censées être justifiées par ce processus impitoyable.

    Ceux qui ont échoué à intégrer l’élite sont rejetés dans limbes du sport semi-professionnel ou amateur, smicards ou bénévoles.

    Il est normal de chercher à justifier la société libérale par cette lutte sportive qui, quoi qu’on en dise, est équitable. Car la société libérale, monde de passe-droits de copinages et de mafias, a besoin de se surimposer un modèle tout aussi impitoyable mais légitime, lui (car équitable).

    Ajoutons que les sportifs passés à travers un tel processus de sélection font de très bons politiques pour le monde libéral puisqu’ils sont tentés de voir ce dernier à travers leur propre prisme, sans prêter attention à la manière dont les élites faussent la compétition sociale (augmentation des frais de scolarité) et réservent les places à leur descendance, quelle qu’en soit la valeur, au risque d’abrutir à terme la société.

    https://www.francetvinfo.fr/societe/education/parcoursup/parcoursup/parcours up-on-observe-que-les-bons-candidats-avec-les-bons-dossiers-sont-pris-partout-ce-sont-les-rois_2770063.html


    http://www.lefigaro.fr/politique/2009/10/11/01002-20091011ARTFIG00168-polemique-autour-de-l-arrivee-de-jean-sarkozy-a-l-epad-.php


    Ces choses ne sont pas possibles dans le sport : le sport ne ment pas (oui, le dopage...).


    Il faudrait faire un autre article sur un modèle que l’on tente également de surimposer en permanence pour servir de prisme à travers lequel voir notre société d’injustice afin de la légitimer. Un modèle hiérarchisé, violent, où la personne humaine compte peu  : le monde des cuisines.


    https://www.dailymotion.com/video/x2p5j2s


    • Clark Kent François Pignon 20 janvier 2019 07:34

      @À rebours

      une sorte de « méritocratie » dans laquelle on oublie le héros quand il n’est plus sur le podium ?


    • Clark Kent François Pignon 20 janvier 2019 07:58

      @François Pignon

      avez-vous remarqué le fait que les « passionnés de sport » ne sont que rarement sportifs eux-mêmes et que leur « passion » est celle des chiffres et non des hommes ?
      Ils collectionnent les dates, les performances, mais surtout les classements.
      pour eux, le sport est une sorte de Monopoly géant dont ils sont les spectateurs admiratifs de celui qui passe devant tous les autres par chance, habileté ou calcul
      le but des participants au jeu c’est d’être le premier et le plaisir des spectateurs est d’admirer le vainqueur, soit en s’identifiant, soir en essayent de devenir son ami pour bénéficier de sa protection


    • À rebours 20 janvier 2019 13:23

      @François Pignon

      L’élite des joueurs de football touchera son salaire, quels que soient les résultats du club. Ils seront transférés. Certains Joueurs touchent même leur salaire sans jouer.

      Quand les performances des joueurs baissent, il peuvent sortir de l’élite. Ils sont notés et soumis à des statistiques en permanence, contrairement aux élites sociales.

      Certaines élites ont intérêt à nous faire croire que leurs énormes rémunérations et leur appartenance à une caste procèdent de la même légitimité que celle des sportifs.

      Dans les sports individuels, le fait que le podium compte dans la rémunération n’infirme pas le mérite des sportifs mais ne fait que renforcer ce mérite. La méritocratie sportive n’offre pas des emplois à vie.

      L’oubli concerne la notoriété, ce qui est un autre sujet.


    • Arogavox Arogavox 19 janvier 2019 22:07

      L’étymologie du mot sport fait apparaître un chassé-croisé des contre-sens d’un côté à l’autre de la manche.
       La signification originale du mot, pourtant française, ne peut aujourd’hui être retrouvée que par un mot anglais qui n’a malheureusement plus d’équivalent usité en français : 

       le fair-play !

      « Le fair-play, ou le franc-jeu en français québécois, est une conduite honnête dans un jeu, et par extension dans toutes circonstances.
        Utilisé couramment dans le monde du sport, où le terme 
      esprit sportif est synonyme, ce concept recouvre à la fois le respect de l’adversaire, des règles, des décisions de l’arbitre, du public et de l’esprit du jeu, mais aussi la loyauté, la maîtrise de soi et la dignité dans la victoire comme dans la défaite.

      Dans son ouvrage sur les joutes à la fin du Moyen âge, Sébastien Nadot considère que le fair play est né de deux mondes a priori antagonistes : celui de la guerre et celui de la courtoisie, deux arts pratiqués simultanément par les chevaliers médiévaux. » 
      (selon wikipédia)


      • Clark Kent François Pignon 20 janvier 2019 07:33

        @Arogavox

        Le mot « sport » n’est pas le seul exemple de réintégration dans la langue française d’un des nombreux mots adoptés par l’anglo-normand et fusionnés dans l’amalgame linguistique appelé « anglais », mots oubliés puis rapatriés avec un sens infléchi ou changé.
        C’est le ca su mot « flirt » qui vient de « conter fleurette ».
        Sport vient du mot « desport » ou « déport », c’est-à-dire « détournement » (des préoccupations, des soucis, des ennuis), synonyme du « divertissement de Pascal.
        Votre remarque est intéressante car, pour Pascal justement, le »divertissement« n’est pas un simple amusement. C’est une activité qui détourne notre regard et notre attention de ce qui est important. Pour Pascal, ils s’gissait du salut qu’il identifiait à la foi en Dieu.
        Le sport »divertit« en effet, et pas seulement en »amusant« les spectateurs dans les stades, les arènes ou devant les téléviseurs, mais surtout en captant toute l’attention et la dévotion du public qui se trouve réduit à l’état de »supporter« , »tifosi« , »aficionado« .
        De la même manière que l’illusionniste attire le regard vers un objet sans intérêts pour que le public ne voie pas sa manip discrète, les médias fascinent la foule pendant que les gens »sérieux" font leur business. Et comme le sport devient lui aussi un business, ça devient pervers.


      • Arogavox Arogavox 20 janvier 2019 10:56

        @François Pignon

        En effet, ce mot français de « déport » a pu ainsi engendrer l’évolution de sens perverse que vous évoquez.
        Mais, inversement, le côté possiblement positif du mot, pouvant laisser place à la potentialité d’un loisir consacré à l’otium (approximativent traduisible par loisir studieux) peut faire penser aux valeurs médiévales de courtoisie ayant inspiré l’amour courtois.
           
        Voir ce passage dans le page sous ce lien https://www.persee.fr/doc/ccmed_0007-9731_1959_num_2_6_1087 : 

        « A l’idéal célébré dans les chansons de geste, au combat pour la France, la chrétienté, le roi, le lignage, les proncipes féodaux,
        se substitue peu à peu une »vita nuova« où la prouesse compose avec les mérites mondains, où le devoir épique et collectif cède le place à des mobiles individuels »

        C’est peut-être bien de cet idéal courtois que se rapproche le « fair play » développé par les English, tandis que nous l’avons troqué contre l’idéal perverti d’un « sport » mal francisé.

          

        A noter aussi qu’il est intéressant de constater que seul un anglophone a su démontrer dans son « In paraise of idleness » que les avancées positives et humaines ont été opérées grâce à l’otium ... et non pas par les divertissements pascaliens du « travail » ou du « sport » !


      • Clark Kent François Pignon 20 janvier 2019 11:03

        @Arogavox

        il en reste la notion de « tournoi », mais encore une fois dé-« tourné » de son sens ...


      • gaijin gaijin 20 janvier 2019 10:42

        macron est tellement dans la mythologie de l’élite qu’il oublie que s’il y a bien des premiers de cordée, la cordée n’avance qu’à la vitesse du plus lent de ses membres ....

        il y a bien longtemps que l’anthropologie a montré que le succès d’une société se fait par l’entraide plus que par la compétition ...seuls les sociopathes qui nous dirigent ne le comprennent pas c’est pourquoi il faut leur parler la seule langue qu’ils connaissent :

        https://www.youtube.com/watch?v=0_As592BYWU


        • Arogavox Arogavox 20 janvier 2019 11:44

          @gaijin
          votre lien est très intéressant et subtil car il fait penser à cette pensée développée par Saint Exupéry dans Citadelle, que je résumerai ainsi :
           des agresseurs trop frustes pour imaginer autre chose que l’extension et la généralisation (« normalisation ») de leur violence peuvent être subjugués par le spectacle de leurs assiégés leur montrant qu’ils jouissent, même pendant le siège, de trésors qu’ils ne peuvent qu’envier sans être prêts par eux-mêmes à se les approprier !

           On peut aussi penser à cette ethnologue qui avait conclu que l’intelligence collective d’une hiérarchie verticale de gorilles est égale à celle de leur chef, 
          tandis que l’intelligence collective d’une société horizontale de chimpanzés est supérieure à la somme des intelligences de chacun de ses individus !
           (cf phénomènes d’émergence maintenant connus des gens qui ne s’enferment pas dans leurs présumés supériorité intellectuelle ou mérite : le phénomène de murmuration chez les étourneaux n’est pas imputable à l’infaillibilité pontifiante d’un chef ! cf http://www.crystalgalerie.com/img/p/2/0/7/207.jpg)


        • gaijin gaijin 20 janvier 2019 12:04

          @Arogavox
          « d’une société horizontale de chimpanzés »
          les chimpanzés ne sont pas une culture horizontale ....mais totalement pyramidale : il y a une male dominant et une femelle dominante .....et une lutte permanente pour monter en direction du sommet ....
          ce qui est intrigant c’est de constater que les plus anciennes cultures sapiens connues ( horizon 50 000 ans ) sont des cultures horizontales marqués par exemple par l’interdiction de la propriété ....
          serait il possible que nous ayons régressé ?
          quand a l’illusion de l’élitisme l’éthologie démontre que dans une société pyramidale le dominant trop occupé a maintenir sa position n’est jamais le plus avancé dans le domaine des divers apprentissages .......


        • Arogavox Arogavox 20 janvier 2019 12:24

          @gaijin
          mea culpa : effectivement, mon clavier a fourché, et il faut remplacé dans ce que j’ai écrit plus haut « chimpanzés » par « bonobos » !


        • Arogavox Arogavox 20 janvier 2019 12:25

           remplacer ... 


        • Clark Kent François Pignon 20 janvier 2019 13:05

          @gaijin

          « serait il possible que nous ayons régressé ?   »

          sapiens n’est pas arboricole, c’est une marcheur
          que la société « chimpanzé » ait une structure pyramidale ne fait que reproduire la situation du groupe dans son arbre et la société horizontale de sapiens illustre sa condition au ras des pâquerettes

          comme sapiens ne descend pas du chimpanzé mais d’un ancêtre commun, on pourrait en déduire que sapiens et le bonobo se comportent comme le faisait l’ancêtre en question et qu’il commence seulement à évoluer comme le chimpanzé alors que le bonobo stagne

          je rigole !

          en fait, la société bonobo n’est pas horizontale, mais matriarcale et aristocratique


        • Clark Kent François Pignon 20 janvier 2019 13:26

          @gaijin

          Pour les partisans de la néoténie qui se fondent sur l’observation d’une série de caractéristiques communes de l’homme avec de jeunes primates, la boîte crânienne non soudée à la naissance, l’absence de pilosité du bébé ou la faiblesse de l’appareil musculaire sont des marques de la conservation de caractéristiques juvéniles chez les adultes humains qui atteindraient la maturité sexuelle au stade larvaire.

          En clair, nous serions des fœtus de singes.


        • Arogavox Arogavox 20 janvier 2019 13:26

          @François Pignon
          mon intention d’utiliser une métaphore ne passait pas par la prétention de prendre parti dans une controverse d’experts !
          (désolé si j’ai oublié le nom et l’ouvrage de l’auteure à laquelle j’ai fait référence, mais l’idée qu’elle a exprimée semble corroborée par cette page  http://bonoboducongo.free.fr/html/organisation_sociale.htm )


        • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 20 janvier 2019 11:58

          Nous pouvons rapprocher de l’idéologie sportive, qui est donc la continuation des « idéaux » progressistes et capitalistes, donc de la marchandisation (des corps et des esprits) et donc de la consommation, « l’idéal » du bien être devenu syndrome.

          En effet, si l’effet collectif est recherché d’un côté, c’est l’espace individuel qui est « piraté » de l’autre.

          D’ailleurs, fait révélateur, les directions départementales de la jeunesse et des sports ont intégré les directions départementales interministérielles de la cohésion sociale (ou de la cohésion sociale et de la protection des populations dans certains départements).

          Nous pouvons aussi souligner l’inclusion sociale par le sport servant l’idéologie dominante.



          • Clark Kent François Pignon 20 janvier 2019 13:09

            @bouffon(s) du roi

            merci

            en effet jeunesse et sports est le Vatican de l’idéologie sportive, avec ses diocèses et ses prêtres, un réseau encore plus performant que celui du scoutisme pour le conditionnement des jeunes cerveaux à travers leurs chair.


          • baldis30 21 janvier 2019 10:26

            bonjour,

             tout pour le muscle rien pour le cerveau ...

            Certains dirigeants sportifs, mais peu, s’en sont aperçus ! En particulier avec les très nombreuses chutes sociales de sportifs de bon niveau tombés dans les culs-de-basse-fosse !

            Il y a quelques exceptions de sportifs profitant de leurs aptitudes physiques pour en chercher d’autres dans des domaines où le cerveau se muscle, mais ce n’est pas la généralité !


            • troletbuse troletbuse 22 janvier 2019 10:54

              Sur la photo, un geste de tarlouze non refreiné devant des millions de spectateurs. Il y en a même qui détournent leur regard tant c’est indécent.


              • imago imago 20 février 2019 08:09

                rien à rajouter

                belle démonstration de notre aveuglement

                le « sport » est une des façons de contrôler la société, bien plus forte que la censure etc...

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