T’es pas sur Facebook ?
Ces propos n'engagent que moi, j'ai droit à l'erreur, je ne suis pas infaillible, ni plus sûr de rien d’ailleurs, ni de personne, alors je prends du recul histoire de voir où je mets les pieds, mais il y a du brouillard comme si quelqu’un balançait régulièrement un fumigène, alors je m'arrête, je cogite un peu sur ce qui m'arrive en me demandant ce que je fous sur ce réseau à parler avec des murs ? Une petite voix intérieure me dit : wake up ! ». Comment se réveille un sujet en état d’hypnose ? En se donnant des gifles et en décomptant à partir de 10, 9, 8,7…jusqu’à 1. Rien ne se passe.
Facebook a un côté "Guess Who" « Qui-est-ce ? » le jeu de société en ligne pour jeune public. La partie ne se termine jamais. Chaque joueur dispose d'un plateau avec un mur sur lequel sont représentés les portraits des personnages « amis ». Au début, chaque joueur invite discrètement des personnages à devenir « amis ». Le but du jeu consistait pour moi de deviner qui était réellement l’ « ami » choisi en posant des questions ce qui compliqua considérablement le déroulement de la partie.
Ecrire sur le thème du réseau social équivaut selon moi à écrire sans complaisance une pièce tragi-comique, un drame satyrique qui met en scène la cordialité, une grosse farce nappée de sauce bleue, une promenade allant des psychodrames au syndrome de Stockholm en passant par l’effet spectateur à 99%.
On baigne dans la confusion permanente sans savoir qui est l’acteur, le figurant, le spectateur ou le metteur en scène. Tous ces gens grouillent dans les couloirs d’un immense labyrinthe. Il fallait prendre le recul nécessaire pour voir ce théâtre à vol d’oiseau en se disant que ce n’est qu’un simple espace régulé, un labyrinthe sans toit où des gens marchent sans se regarder comme sur les trottoirs des villes, sauf qu’ils ont reçu la permission d’écrire sur les murs. Ça défoule. Un ami avait comparé ça à un autocuiseur muni d’une soupape de sécurité sous le contrôle de marmitons tapis dans l’ombre.
Facebook n’a rien d’une bourrasque sociale, mais c’est un phénomène réel. Les gens s’y comportent comme dans l’autre monde, le « vrai », persuadé d’être dans un jeu. Il fallait que le leurre ressemble à la mouche de rivière pour que la truite l’avale et se ferre d’elle-même.
C’est une des plus fabuleuses expériences psychiques à l’échelle planétaire qui fait de ce réseau tout simplement ce que des automates en ont fait, mais ce que révélèrent les automatismes psychologiques et les processus inconscients ne me fit plus rire en découvrant ces psys qui décortiquaient et analysaient tout ce qui tombait au fond du gouffre.
FACEBOOK : Ça nous intéresse de savoir comment vous allez réagir dans la société, on a besoin d’indices. La loi du 1% nous suffira.
TWITTER : Oui, idem pour nous, on veut tout savoir, vous nous intéressez !
SKYPE : On veut vous voir et vous entendre !
INTERNET : Je confirme, on fera d’ailleurs tout ce que l’on peut pour que vous y parveniez en douce et de façon agréable, vous verrez, c’est une affaire qui roule dans la crèAncreme !
LES PSYS : Allez-y, jouez le psychodrame. (On prendra des notes.)
Que le spectacle commence !
Tout ça n’est pas bien méchant. Après tout, rien ni personne n’oblige les gens à dévoiler leurs états d’âme en public – ce qui d’ailleurs ne sert strictement à rien – et si la psychologie scientifique connaît parfaitement les rouages de nos comportements, c’est tout simplement parce que nous lui avons permis inconsciemment ou non de les découvrir. Nous avons donc rempli le laboratoire d’expériences en tant que cobayes volontaires et bénévoles.
Que vont faire les auteurs sur Facebook ?
L’auteur devrait en principe s’estimer responsable de son époque. Ecrire, c’est partir au combat, mais on comprend très vite que la vie est une bataille qu’on livre d’abord contre soi-même. Ce qui va suivre est paradoxal parce que les personnes hors norme, atypiques, sont mises à l’écart alors qu’elles participent activement à leur société ! Cherchez l’erreur !
Or, je suis - paraît-il - une personne hors norme, un atypique, un zèbre à petits pois, un extraterrestre à rayures. J’ai écrit mon témoignage en 600 pages. D’ailleurs, j’ai écrit toutes mes réflexions en une dizaine de livres.
À quoi servirait la potentialité des personnes comme moi sinon à améliorer la vie sur cette planète ? Nikola tesla en est un exemple frappant, mais on a vu que le monde n’avait pas besoin des novateurs, il se contente d’exploiter ses découvertes à des fins cupides. Tesla fut spolié, escroqué et écarté. Il dérangeait ceux-là mêmes qui exploitèrent ensuite sans le moindre scrupule son œuvre comme un filon.
Ce recul obligé pour ne pas dire mis à l’écart va cependant nous permettre de mettre en lumière ce que les autres n’imaginent même pas et qu’ils vont pourtant zapper.
Que pourrait bien faire un auteur sur Facebook à part écrire ? C’est un exercice passionnant pour un surefficient mental qui va faire le plan dialectique des citations publiées par les internautes. Il va envoyer le paquet qui n’éclaboussera personne puisque les internautes se contentent de cocher des cases sans jamais se manifester. Je découvre aussi heureusement pas mal de jeunes auteurs talentueux.
Un véritable auteur prolifique écrit sans cesse, partout, sur n’importe quoi et le réseau fait partie des supports depuis que le computer remplace la Remington. De là à séduire des éditeurs, faire la promotion de son égo dans une vitrine ou vendre des livres autopubliés : forget it ! C’est un piège selon moi. Il suffit d’afficher ses bouquins. Les auteurs médiatisés, célèbres, gazouillent peut-être sur des réseaux, mais je ne vois pas d’échanges avec le grand public - qui d’ailleurs se contente de Marc Levy, Houellebecq et Amélie Nothomb : l’unique étendard tricolore suffit à des milliers de personnes ! Développer son lectorat ou consacrer ce temps à l’écriture ? Ces pages d’auteurs sont gérées par des administrateurs. Qui parlerait avec la marionnette d’un ventriloque ? C’est à peine si Begbeder ne les traitait pas de cons en claquant la porte de Facebook, pour rappliquer quelques années plus tard sur une page « I Like ». Business oblige !
L’application « I Like » est un phénomène d’inertie. C’est un peu le syndrome du vestiaire. Par contre, on sent qu’il faut mettre la barre un cran plus haut et développer de scénarios en béton, donc c’est positif selon moi.
Nos « friends » ne sont pas forcément des amis bien sûr. Les statistiques sont nettement surévaluées, on fait dire aux chiffres ce que l’on veut et souvent n’importe quoi.
La notion d’amitié est différente aux States qu’en Europe qui d’ailleurs ne comprend ni ne connaît la mentalité américaine. Là-bas, 70% sont armés. Tout est plus grand, l’ouverture d’esprit aussi bien qu’ils tirent avant de parler. Vous allez être reçu chez des personnes qui vont se montrer accueillantes et très sympas, mais qui risquent de vous ignorer lorsque vous les rencontrez quelques jours plus tard sur un trottoir. Sur Facebook, sitôt passée l’euphorie de la découverte de vos nouveaux contacts, ils ne se manifestent plus, ils vous zappent et tous reproduisent le même schéma avec d’autres et ainsi de suite. C’est pas un stéréotype, la population de la Belgique est inférieure à celle de l’état de l’Ohio.
Comment voulez-vous faire confiance à des membres affublés de surnoms stupides sous un avatar ridicule ? Vous ne saurez jamais à qui vous avez réellement affaire parce que rien n’est renseigné dans sa fiche et même si elle est complète, rien ne vous dit qu’il ne s’agit pas d’une légende. De plus, les intentions de vos interlocuteurs sont généralement imprécises, mal formulées. Mais tout ceci n’est qu’une réplique du monde dit « réel » car vous n’en savez pas plus des personnes que vous croisez dans le courant de votre existence, au resto, dans le métro, ou boulot - ce qui ne vous empêche pas de faire ce que vous avez à faire. Donc, pratiquer Facebook est un bon exercice de socialisation sans vous déplacer pour autant. En un clic, vous êtes au bout du monde, mais ça reste très superficiel.
On va rapidement comprendre que le conflit ne mène qu’aux divisions et on ne parlera plus de combat, mais d’engagement. On abordera ensuite les questions d’ordre social, politique, économique, humanitaire et nous aboutirons à des conclusions en fonction de notre propre ouverture d’esprit et entendement pour découvrir que le plan n’est finalement qu’essentiellement d’ordre psychique, psychologique.
Non seulement nous ne graissons pas les rouages du système, mais personne ne nous laissera approcher de la machine infernale et beaucoup d’entre nous ne seront jamais édités par les maisons traditionnelles. Internet réparera cette injustice en nous permettant de publier nos livres sans le moindre battage médiatique et le grand public formaté ne nous remarquera même pas.
Nous serons invisibles comme nous l’avons toujours été.
Tout le monde sait que la peste est une maladie infectieuse très grave, une épidémie caractérisée par une très forte mortalité. Le comportement de l’homme dans sa vie quotidienne sociale et politique révèle une maladie du psychisme qui couvre la notion psychosociale d’idéologie avec une approche psychanalytique. Des scientifiques l’ont appelé peste émotionnelle et considèrent que la structure caractérielle de l’homme ordinaire est une structure psychosomatique. Il existe plusieurs types caractériels pathologiques révélés par Facebook. La structure caractérielle de l’homme moyen dans son univers social, religieux, culturel et politique m’est apparue et je me suis aussitôt demandé si le fait de s’adapter à ce milieu fait partie de la normalité. La réponse est oui vu le nombre de personnes connectées étant donné que la majorité est considérée comme normale. Mais est-ce vraiment le cas ?
Comment pourrais-je définir la norme ? C’est une moyenne statistique sans jugement de valeur qui se définit par rapport à une fréquence donnée. C’est un état habituel, régulier, ordinaire conforme à la majorité des cas, à un étalon. Les briques d’un mur sont normales, toutes identiques, quand vous parler à une brique, c’est le mur qui vous répond, encore qu’aujourd’hui, il ne parle plus. Il « fallait » des règles, des juridictions, principes auxquels leur système allait pouvoir se référer pour juger ou agir de façon qu’il n’y ait jamais de vagues sauf lorsqu’ils le décidaient. La norme de ce système est homologuée.
Je ne suis donc pas normal, mais sur Facebook…
Comment pourrais-tu prendre conscience que tu tournes en rond dans un bocal ? Tu te retrouves dans une sorte d’euphorie sur une route bariolée de façades sous des guirlandes multicolores, avec des chants, des musiques, des danses, dans un monde qui grouille, s’amuse, insouciant, – cette route bleue file droit devant, c'est un estomac qui digère tout sans n’être jamais rassasié et tu es désormais sa nourriture quotidienne, on te fixe des objectifs, on t’encadre gentiment, on te donne des conseils, on te suggère des trucs, bref, on ne te lâche pas, tu es « en main » ou plutôt entre des serres, tu es déjà en état d’hypnose, fasciné, à demi conscient, stimulé, entouré d’ « amis » qui t'"aiment" dans des cases, toi qui n’y a jamais été, qui te font des cadeaux, des signes, mais qui ne répondraient pas présent en cas de coup dur, ce sont des faux, des prétendus amis, on te montre l’image que ton cerveau était capable de concevoir, celle que tu vas accepter parce que tu leur as expliqué tout ce qu’ils voulaient savoir dans les moindres détails, et ils ont tout encodé. Certains voient une porte à franchir dans une façade attrayante, on t’attend, on t'invite, on te rassure et tu la franchis, puis sitôt entré, t’a poursuis ta route vers un autre objectif - mais - si tu te donnes la peine de réfléchir un peu, en prenant du recul, en t’élevant au-dessus de ce décor à ciel ouvert, tu verras que cette porte est en fait toujours la même, elle est simplement déguisée, parce que tu évolues sur un parcours en ellipse, tu es sur le cercle de l’enfer de Dante, tu tournes en rond en franchissant toujours la même porte. C’est une réplique du monde réel qui est aussi un système pyramidal ou conique que tu connais sûrement. Tu leur as montré ton âme, tu leur as livré tes secrets, dévoilé tes pensées, ils connaissent tes aspirations, tes désirs, tes réflexions, tes mécanismes, tes réactions, ils savent tout de toi, dans les moindres détails, ils vont pouvoir te gérer, car ils connaissent à fond la psychologie de cet immense groupe d’internautes qu’ils contrôlent comme une troupe, une masse de marionnettes à tringles invisibles dont je fais partie aussi, sans que personne ne voie jamais la main, et ce comportement que des gogos affichent innocemment dans des psychodrames montés de toutes pièces sera identiquement le même dans le monde qu’il qualifie de « réel ». Ils sont donc tous prévisibles et gérables. La pâte attend son levain. La comédie n’a ici rien de divin bien que rien ni personne ne les oblige à entrer dans le cercle, ils tombent généralement en addiction, ils deviennent dépendants, comme des junkies.
On favorise l'émotivité du plus grand nombre d'internautes en addiction pour mieux court-circuiter son esprit critique ou d’analyse, mais dans quel but ?
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