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Accueil du site > Actualités > Société > Tourisme et handicaps : déjà 10 ans et 5 000 sites labélisés

Tourisme et handicaps : déjà 10 ans et 5 000 sites labélisés

Dix ans ! Happy birthday " Tourisme et handicaps ". A cette occasion, Annette Masson, présidente de l'association, révèle les évolutions de ce label, ainsi que les actions engagées en 2012.

Handicap.fr  : Dix ans d'actions, est-ce que le label Tourisme et Handicap se porte bien ?
Annette Masson
 : Il y a quelques années, on m'écoutait gentiment, en disant « Annette, cause toujours ! ». Depuis, les choses ont bien changé et notre engagement a évidemment été boosté par les exigences de la loi handicap de 2005. On compte, en 2011, 4 997 sites labélisés (30% gîtes et meublés, 12% hôtels, 17% hébergements de vacances et 10% lieux de patrimoine), avec, depuis trois ans, une progression annuelle moyenne de 15%. Cette dynamique est en place dans tous les départements de France métropolitaine (sauf Corse), y compris Martinique, Réunion et Guadeloupe. Mais il reste beaucoup à faire, dans tous les domaines. Les Gîtes de France, par exemple, qui sont pourtant nos partenaires, ont mis au point une application pour téléphone portable qui recense les hébergements mais aucune mention n'est faite de ceux qui sont labélisés TH. Il y en a pourtant près de 1 200 ! Il y a encore trop de ruptures dans la chaîne.

H :
C'est un peu la galère pour trouver la liste des sites labélisés en France...
AM
 : Oui, je sais. Ils ne figurent pas sur notre site. Il faut se rendre sur celui d'Atout France mais je reconnais que, même là, c'est un peu compliqué d'accéder à l'info. Le site doit être refait début 2012, avec une entrée « grand public » beaucoup plus visible.

H :
Dans les brochures touristiques, d'autres pictogrammes permettent également de signaler des lieux adaptés...
AM
 : Oui, le picto du « fauteuil roulant », traditionnellement. Mais cela reste très approximatif. Certains se sont improvisés spécialistes de l'adaptation, sans passer par des personnes compétentes, et il arrive que des sites doivent tout refaire car ils sont été mal conseillés. C'est juste du déclaratif alors que le label « Tourisme et Handicap », c'est un cran au dessus. Les usagers seront certains d'y être bien accueillis, grâce à l'expertise de nos 1 350 évaluateurs qui sillonnent le territoire.

H
 : Ca veut dire quoi « un cran au dessus » ?
AM
 : Nous avons un maître mot : autonomie. L'usager doit être capable de faire tout seul sans être assisté. Alors pas question de bidouiller... La plupart des CDT (Comités départementaux de tourisme) ont aujourd'hui fait le choix de ne plus apposer de picto déclaratif mais le nôtre si le site est labélisé. Une garantie pour le client !

H
 : Mais la promotion, ca coûte cher ?
AM
 : Pas dans ce cas. Les sites labélisés sont répertoriés sur le site d'Atout France, traduit en sept langues étrangères. Ce référencement coûte 1 500 euros pour les autres prestataires mais il est gratuit pour nos sites TH. Il faut ajouter à cela une vaste promotion sur les salons touristiques professionnels et/ou grand public, et notamment le Salon mondial du tourisme à Paris.

H
 : Y-a-t-il d'autres grands rendez-vous qui permettent aux labélisés de se faire connaître ?
AM
 : Oui, les « Journées Tourisme et Handicap », chaque année (31 mars et 1er avril 2012). 600 sites se sont mobilisés en 2010 pour ouvrir leurs portes, ce qui nous a valu 300 articles de presse. Cela participe évidemment à la promotion des sites qui n'ont pas les moyens. Certains d'entre eux se plaignent du manque de clientèle mais ils n'engagent aucune action en termes de communication.

H :
Et pour la procédure d'évaluation, quel budget ?
AM
 : Elle est entièrement gratuite, ainsi que le référencement. Tous les CDT et CRT (Comités départementaux et régionaux de tourisme) s'investissent. C'est un coût zéro pour les sites ! Dans la sphère tourisme, c'est le seul label qui n'engage aucun frais.

H :
Au final, se faire labéliser, c'est rentable ?
AM
 : Une étude menée par Atout France a révélé que 75 % des sites considéraient que leur investissement avait été rentable. Certains sont même « trop satisfaits ». Des clients par dizaines, des réservations six mois à l'avance, qui peuvent aller jusqu'à dissuader les touristes valides. Il y a évidemment des sites qui ne souhaitent pas recevoir la clientèle en situation de handicap. Question d'image de marque, on en est encore là !

H :
Allez, un argument, un seul, pour convaincre les candidats ?
AM
 : Toujours le même : une rampe d'accès, c'est plus de confort pour tous ! Les seniors, les poussettes, les livreurs, les grosses valises... Il ne faut pas oublier que la majorité des handicaps surviennent au cours de la vie. Après un accident à 40 ans, vous avez envie de reprendre une vie normale. Cela concerne chacun de nous...

H :
Existe-t-il un équivalent dans d'autres pays ?
AM
 : Strictement identique ? Non, à part au Luxembourg qui s'est emparé de notre modèle ! On trouve un concept similaire en Wallonie (Belgique), avec un « indice passe partout » de 1 à 8. Mais un « niveau 3 », ca veut dire quoi ? Un site est accessible ou ne l'est pas. Il n'y a pas de demi-mesure. Quant aux Flamands, ils ont créé un répertoire avec trois niveaux d'accessibilité. D'autres pays, comme l'Angleterre, étudient également la question. Mais chaque pays compte de nombreuses associations qui se réservent leur pré carré, sans interlocuteur unique à l'échelle nationale. Il serait pourtant intéressant et urgent de se fédérer au niveau européen, avec des normes communes. Mais c'est un peu compliqué car la notion de handicap n'est pas la même partout.

H :
Vous n'avez donc réussi à inspirer personne ?
AM
 : La seule ville qui a copié notre modèle en tous points, c'est Rio de Janeiro, dans le cadre des grandes opérations médiatiques à venir, les JO et la Coupe du monde de football !

H :
Et aux Etats-Unis, précurseurs dans de nombreux domaines, ça se passe comment ?
AM
 : Ce pays neuf -cela vaut aussi pour l'Australie- a depuis longtemps intégré la notion d'accessibilité, même si tout ne l'est évidemment pas. Il est vrai qu'ils ont un vaste espace disponible. Alors quelques mètres carrés de plus pour une chambre, ça ne pose de problème à personne. Mais il y a aussi d'autre pays, plus « anciens », comme ceux du Nord, où il existe une vraie mentalité de confort d'usage. Dans ces circonstances, il n'y a pas vraiment besoin d'outil d'indentification.

H :
Qu'est-ce que le label « Destination pour tous » ?
AM
 : C'est un nouveau label mis en place par les ministères de la cohésion sociale et du tourisme qui était jusqu'alors en test et vise à rassembler des offres touristiques adaptées cohérentes (hébergements, loisirs, restaurants, visites, transports...) sur des micro-territoires. Il a été décidé d'en confier la gestion et le développement à notre association pour 2012.

H :
Le label Tourisme et Handicap est-il voué à disparaître ?
AM
 : On aura « malheureusement » encore besoin de lui après 2015, échéance fixée par la loi handicap de 2005 qui exige que tous les ERP (Etablissements recevant du public) soient accessibles.

H :
Ou à changer de nom ?
AM  : On m'a déjà dit que l'appellation « Tourisme et Handicaps » ce n'était pas très sexy. Mais au moins, c'est sans équivoque !

www.handicap.fr


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