Eclairez-vous : l’épigénétique est un domaine d’avenir !
Que faire, que pouvons-nous connaître, où aller, ces questions ont été posées par de célèbres philosophes. En 2012, le type qui croit savoir des choses peut dire qu’on va tout connaître, qu’on peut faire des tas de choses et qu’on peut aller partout. En fait, le faire est limité par les moyens et le temps, les voyages c’est pareil et la connaissance, eh bien elle avance assurément en accumulant des résultats scientifiques alors que les médias permettent de savoir d’innombrables choses sur des sujets en nombre presque infini. Bref, vivre bien et intelligemment suppose qu’on se trace quelques feuilles de route et surtout, qu’on sélectionne avec soin les informations car maintenant, avec le Web, tout devient accessible mais inversement, à force de zapper et surfer, l’individu s’appauvrit et rien ne vaut une lecture attentive d’un bon roman ou d’un livre de philosophie et même d’un ouvrage scientifique pour peu qu’il ne soit pas gâché par un souci de vulgarisation mal géré par l’auteur. Côté info, le job de Valérie Trierweiler, le sort de Nadine Morano, le jean de Cécile Duflot, les concerts de Johnny, les matchs des Bleus, les tenues de Lady Gaga, les états d’âme de DSK, on s’en fout finalement. Du moins certains s’en foutent mais par contre, les médias devraient faire un effort pour intéresser le lecteur et si on pouvait élaborer une éthique du journalisme, alors son précepte serait d’ouvrir le lecteur à des espaces de pensée inédits, que ce soit un résultat scientifique, une théorie nouvelle, une description de la vie dans une ville d’Asie ou d’Amérique, une interprétation de la société par un penseur compétent, un cadrage historique de certains faits, une œuvre d’art qui mérite le détour… En ces cas le lecteur appendra des choses car le journaliste a fait du dépaysement un objectif éthique. Voir ailleurs, plus loin, différemment, autrement, entendre une autre musique, une voix inédite, une parole sensée. En filigrane, une question essentielle, quels savoirs pour l’honnête homme du 21ème siècle ? Les savoirs ont plusieurs utilités. Certains sont pratiques, d’autres plus spirituels, permettant d’accéder au sens du monde. La connaissance des processus du vivant devrait permettre de mieux gérer ses relations avec l’appareil de santé et de prendre des distances avec les consultations et autres analyses. L’homme possède des processus le menant vers l’état de santé. Le voyage dans les siècles s’avère passionnant. On comprend que les gens n’avaient pas le même regard. C’est même fascinant. Au moment où l’épreuve de culture générale est supprimée à Science Po au nom d’une démagogie piteusement et trompeusement égalitariste, il est temps de redonner du lustre à la culture universelle et de promouvoir les pensées riches et de faire de la société une université permanente et délocalisée avec des portes d’entrées multiples ouvrant vers la caverne des savoirs. Alléluia ! Que la lumière vous éclaire !
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S’il est un domaine chargé d’avenir, c’est bien la biologie qui avec les résultats et les nouvelles technologies permet de voir et concevoir d’une manière inédite le vivant. Une mutation est en cours, un peu comme la physique après 1900. D’ailleurs, cette physique contemporaine semble achevée et ne livre plus tellement de découvertes. Peut-être que les avancées majeures découleront de l’interprétation des formalismes, ceux de la mécanique quantique des champs et ceux de la mécanique quantique des trous noirs, avec à la clé une révolution sur le sens de la gravitation, l’entropie et le principe de moindre action. La physique n’attend plus un Einstein mais un Champollion. Quant à la biologie, elle attend son Einstein car Darwin est un vieux sage dépassé, comme le fut Newton au temps de la cosmologie relativiste. Laissons ces élucubrations eschatologiques pour revenir dans les laboratoires et évoquer l’épigénétique à travers un article paru récemment.
Cet aparté effectué, je reviens vers ces travaux d’où ressortent trois résultats importants. Le premier était attendu. Le sujet ICF se signale par un génome affecté par une hypométhylation généralisée (on peut utiliser le néologisme de méthylome), ce qui est logique puisque l’enzyme impliquée dysfonctionne. Deuxième résultat, cette fois inattendu. Il existe une région particulière où cette fois, la DTNB3B produit une hyperméthylation. Cette région intervient dans la maturation des cellules B et l’on comprend ainsi l’immunodéficience congénitale du sujet ICF présentant un déficit en gammaglobulines (anticorps sécrétés par les cellules B). Troisième résultat assez étonnant, malgré l’hypométhylation importante l’architecture des régions génomiques et des structures génétiques reste opérationnelle. Ce qui signifie, selon les auteurs de l’étude, qu’il existe une pression sélective (je dirai pour ma part des procédures de sauvegarde) permettant aux cellules de conserver les mécanismes fondamentaux permettant à l’organisme de se développer. Un résultat bien entendu à éclaircir et surtout à méditer. Malgré une complexité et une supposée fragilité moléculaire, le vivant se caractérise par une stabilité réactive importante pouvant compenser les effets d’une l’instabilité qui dans beaucoup de cas, doit être interprétée comme un processus fondamental permettant au vivant de s’inventer, s’adapter ou créer des espèces nouvelles. Alors que dans d’autres cas, une instabilité peut engendrer le cancer. Une pathologie dont la compréhension reste lacunaire mais qui devrait bénéficier de quelques éclaircissements grâce aux percées épigénétiques, autant expérimentales que conceptuelles. L’analyse du « méthylome », présentée dans cet article, s’avère compléter utilement le schéma épigénétique qui se dessine grâce à d’autres technologies et notamment les puces à ADN permettant d’étudier les transcrits dans une cellule.
En guise de prospective, on pensera que ces recherches, complétées par des réflexions conceptuelles, pourraient livrer une vision du vivant inédite et se démarquant des paradigmes et modèles élaborés au cours du siècle précédent. Une aventure scientifique est en marche et c’est fascinant. A plus.
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