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Accueil du site > Actualités > Politique > « Sans repentance, il n’est pas de rédemption possible (...)

« Sans repentance, il n’est pas de rédemption possible »

Au soir du 6 mai 2007, à peine le verdict des urnes venait-il de tomber, Nicolas Sarkozy prononçait une allocution dans laquelle il affirmait que la repentance était une forme de « haine de soi ». Le 10 mai, sa participation à la journée de commémoration de l’esclavage et de son abolition a suscité autant de railleries que d’interrogations de la part de ceux qui, inattentifs au sens de mots ou prenant leurs désirs pour des réalités, ont vu là une forme de contradiction avec la précédente déclaration. Or, il n’y en avait aucune, bien sûr. La repentance est une chose, la mémoire en est une autre. La première nécessite la seconde, mais la réciproque n’est pas vraie. Elles ne sauraient donc être assimilées l’une à l’autre.
Le fait qu’une telle confusion ait pu avoir cours sans, à ma connaissance, susciter une quelconque mise au point, m’amène à reprendre un texte non publié inspiré par la controverse qu’a suscitée en décembre dernier le soutien qu’a apporté Raphaël Confiant à Dieudonné après la visite de ce dernier au Front national. Les questions soulevées et les réponses proposées, bien que trop rapides, devraient éclairer, aussi peu que ce soit, quelques éléments de cette logique psychosociale qui rend la repentance nécessaire et qui la distingue du simple devoir de mémoire. La visée du texte qui suit est donc didactique bien plus que polémique. Il s’agit en somme de comprendre pourquoi, contre les évidences premières, c’est Raphaël Confiant qui doit être entendu et non pas Nicolas Sarkozy.

Un ami tunisien me disait un jour que selon un proverbe arabe : « Ce qui sort d’entre la peau et l’ongle, ça sent toujours mauvais ». La dernière controverse autour de Raphaël Confiant fut brève mais vive et rend périlleuse toute tentative pour s’immiscer dans un (non-)débat entre des protagonistes de longue date.

Je voudrais pourtant me risquer à une réflexion inspirée de la perspective anthropologique de René Girard, élu il y a peu à l’Académie française, dont la pensée apporte ici, me semble-t-il, un éclairage nécessaire.

Cet auteur a en effet émis l’hypothèse selon laquelle un mécanisme de bouc émissaire se serait trouvé au fondement des cultures humaines. Ce mécanisme aurait assuré la stabilité de communautés mises en péril par une tendance mimétique menant au conflit généralisé de tous contre tous. Au plus fort de la crise, les groupes humains auraient trouvé à se rassembler dans une violence unanime contre une victime qui, accusée de tous les maux et tenue pour responsable de l’ensemble du processus, se serait trouvée réduite au silence car tuée ou plutôt sacrifiée et donc bien incapable de contester la perspective proprement mythique des persécuteurs.

Toutefois, ce mécanisme, dont Girard a retrouvé la trace dans les principales mythologies, aurait été rendu inopérant par la révélation chrétienne de cette violence originelle. En effet, la capacité à voir les victimes et à témoigner de leur innocence empêche la réalisation d’une unanimité accusatrice au sein du groupe. La victime ne pouvant plus être tenue pour seule responsable des troubles qu’a connus le groupe, la violence intestine ne pourrait plus être évacuée vers le « sacré » et resterait dans la communauté, retombant, en quelque sorte, sur la tête de ceux qui s’y sont adonnés.

La thèse girardienne souligne ainsi le fait que la réconciliation d’une société passe nécessairement par une unanimité vis-à-vis de la représentation de la violence qu’elle a connue. Unanimité qui, seule, permet de tenir cette représentation comme une vérité et donne ainsi le sentiment de s’adresser à une réalité dont la principale fonction est de redonner à chacun un sentiment de réassurance ou de contrôle dans la dynamique de ses interactions avec le monde. On peut ainsi comprendre que la situation de désaccord entre les persécuteurs et la (les) victime(s) soit douloureuse pour les deux parties en ce que, précisément, elle les prive, l’une autant que l’autre, de cette rassurante réalité. Tous aspirent à l’unanimité, à la réconciliation, mais comment y parvenir ?

En mai dernier, à Ottawa, un colloque girardien avait précisément pour finalité de penser les conditions de possibilité d’une réconciliation qui ne procèderait pas d’une unanimité violente contre une victime sacrificielle. J’y ai proposé l’idée que la seule alternative à l’unanimité contre la victime était l’unanimité avec la victime. Ce qui, on le comprend aisément, suppose la reconnaissance pleine et entière de la violence perpétrée par ceux-là mêmes qui en ont été les auteurs. Il me semble que c’est la condition sine qua non de toute réconciliation non violente.

Les tribunaux sont probablement le lieu où le pouvoir de réconciliation de cette reconnaissance de la violence par son auteur est le plus évident. Ainsi, lorsqu’en séance publique, un tueur en série comme Guy Georges accepte enfin de reconnaître qu’il est l’auteur d’un crime, l’unanimité des représentations est rétablie, chacun a le sentiment de retrouver la réalité et le soulagement semble confiner à une forme de gratitude émue de la part des familles des victimes qui vont enfin pouvoir accomplir le travail de deuil.

A l’inverse, le déni de l’accusé laissera toujours un désastreux sentiment d’inachevé ou d’inaccompli car, l’unanimité faisant défaut, la réalité manque aussi. Seul persiste le conflit des représentations. La société a tellement besoin de ces aveux qu’elle offre de grands avantages à celui qui plaide coupable et sanctionne sévèrement celui qui refuse. Songeons à Stanley Tookie Williams, qu’Arnold Schwarzenegger, gouverneur de Californie, a laissé exécuter le 13 décembre 2005 parce qu’il avait refusé de reconnaître sa culpabilité et que « sans repentance, il n’est pas de rédemption possible ».

Ce caractère « avantageux » de l’aveu persiste étrangement même dans le cas où c’est un peuple ou une société tout entière qui doivent se battre la coulpe. Ainsi, après la Seconde Guerre mondiale, une véritable réconciliation a eu lieu parce que la nation allemande a pleinement assumé sa responsabilité, notamment dans la mise en œuvre des camps d’extermination.

Il semble important de souligner ici que, sans cette reconnaissance pleine et entière de la violence faite par celui qui en est l’auteur, il n’est pas de réparation qui vaille. On peut ainsi penser qu’à l’instar de ces enfants gâtés par des parents qui se sentent coupables de ne pas leur donner l’attention dont ils ont besoin, les communautés indiennes d’Amérique du Nord « bénéficient » d’une multitude d’avantages qui contribuent mieux que n’importe quoi à leur désagrégation morale et psychologique car, en définitive, l’essentiel fait défaut, à savoir, une reconnaissance officielle de la tentative de génocide dont elles ont été victimes.

Le texte que Raphaël Confiant a fait circuler en décembre dernier peut, me semble-t-il, être analysé en suivant ce fil d’Ariane de la responsabilité assumée et repentante de l’acte violent car il contient essentiellement deux propositions qui sont très significatives sous ce rapport.

La première renvoie au culot de ceux qui, ayant « génocidé », « esclavagisé », gazé, etc., viennent donner des leçons de morale à ceux qui furent leurs victimes directes et n’ont eux-mêmes jamais commis des atrocités de cette ampleur. Confiant dit tout à la fois être admiratif et rire devant un tel culot.

La seconde traduit l’immense déception et la colère qu’a engendrées le fait de constater que le peuple qui a subi l’Inquisition, les rafles, la déportation et les camps d’extermination s’est en quelque sorte désolidarisé de ses frères de misère.

Il y a là deux réactions dont le caractère incroyablement disproportionné pourrait être lu dans le sens cette supposée « judéophobie noire » s’il n’était évident que se mettre en colère contre un frère que l’on tient pour traitre est une réaction finalement assez juste.

C’est au contraire la réaction de Confiant aux donneurs de leçon euro-américains qui apparaît trop clémente pour ne pas nous interpeller. Comment une personne plutôt portée au discours rebelle peut-elle se déclarer admirative et se contenter de rire devant le culot de donneurs de leçons représentants et héritiers de ceux qui ont massacré et « esclavagisé » ses ancêtres ?

L’absence de toute récrimination, de toute révolte devant l’injustice d’une telle situation alors que, nous dit-on, nous sommes dans une société qui donne de plus en plus la parole aux victimes, cela fait signe. On peut penser que, par là, Confiant témoigne, en creux, d’un indicible : celui de la reconnaissance, de la repentance et de la réparation du fait esclavagiste. Question qui reste à l’heure actuelle un impensé ou un réfoulé social et s’est, par exemple, trouvée écartée de la récente loi faisant de l’esclavage un crime contre l’humanité.

Pourquoi Confiant reste-t-il muet sur cette question vive ?

Je n’ai pas de réponse à proposer, seulement un parallèle avec l’attitude quasiment « christique » des représentants des nations indiennes qui, lors du colloque girardien mentionné plus haut, sont venus faire le récit des violences subies par leurs peuples et exposer les conséquences sociales et psychologiques qui continuent d’en découler. Outre le caractère dépassionné et non violent de leur exposé, ce qui était particulièrement saisissant, c’était l’absence de toute revendication particulière, comme si leur seule aspiration se trouvait d’emblée satisfaite par le fait de pouvoir retracer leur histoire devant une audience attentive, comme s’ils ne pouvaient aller au-delà, comme si, en somme, ils se devaient d’attendre que ceux qui ont une place, et plus exactement des responsabilités dans cette histoire de violence, viennent spontanément la prendre pour assumer leur statut d’auteur et refermer enfin les plaies restées ouvertes depuis.

Il me semble en somme que ce qui a pu être accompli en ce qui concerne l’holocauste juif doit l’être aussi pour tous les autres peuples qui, de Pékin à Santiago du Chili, portent encore dans leur chair et leur esprit la trace des violences perpétrées par les nations européennes et leur descendance américaine dans l’accomplissement de leurs visées génocidaires, esclavagistes et colonialistes.

Ce peuple qui désigne son Dieu comme « celui que l’on ne peut nommer », ce peuple dont je suis aussi, a une responsabilité particulière. Sur ce point encore, Raphaël Confiant a raison et doit être entendu plutôt que d’être l’objet de tristes, vaines et injustes remontrances.

A quand donc la reconnaissance de son fait esclavagiste par la République ? A quand une repentance officielle pour le fait colonialiste et le cortège de violences de tous ordres qui l’ont accompagné ? Et comment réparer ? Ces questions ne doivent-elles pas être posées si la paix est bien ce que nous visons ? La récente levée de boucliers contre les propos de Jack Lang en Algérie laisse à penser que nous avons encore un long chemin à accomplir. Il n’est que temps de nous mettre en route.

Il n’y aucune haine de soi dans la repentance. Tout au contraire, seul celui qui a suffisamment confiance en lui est capable d’accomplir cet acte difficile. Celui qui est porteur de fragilités narcissiques ne pourra assumer d’apparaître en faute. Il sera dans le déni, la diplomatie, la démagogie ou la ruse. Il convient donc de se demander si la France a la force nécessaire pour assumer son passé comme les Allemands ont assumé le leur. Combien de temps pensons-nous pouvoir tourner le dos à nos responsabilités ? Les croisades sont encore dans les mémoires des peuples arabes. N’en doutons pas, les violences esclavagistes et colonialistes resteront quoi qu’il arrive dans les mémoires. Ne pourrait-on faire en sorte que cela se fasse dans la paix d’une véritable réconciliation ?


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86 réactions à cet article    


  • faxtronic faxtronic 15 juin 2007 13:30

    la France EST le bouc emissaire, cher philosophe


    • aurelien 16 juin 2007 15:02

      Notre sort sera donc une bonne pluie de bombes atomiques sur notre pays ? smiley


    • tvargentine.com lerma 15 juin 2007 13:39

      Mon Pôvre ami gauchiste qui a toujours défendu des régimes criminels (révolution culturelle chinoise : 20 millions de morts),khmers rouges (extermination de population en masse),régimes fascistes africain sous couvert de « pays en voie de développement » et qui ne sont que despotisme et détournement d’argent.....

      Aujourd’hui,vous vous reconvertissez dans la religion (un peu comme Ségolène Royal,une sainte toujours habillée en blanc et qui préche la compassion et la répentance)

      L’esclavage n’a pas été inventé par les français mon pôvre ami ,retournez à vos livres d’histoires.

      Nous avons l’impression que votre réthorique ressemble à de la scientologie (?)

      bizarre


      • float float 15 juin 2007 15:09

        Ah les méandres simplistes de l’esprit atrophié du Sarkozyste illuminé, en coït permanent depuis le 6 mai.

        Cet article ne cite pas une seule fois la gauche en exemple, mais qu’à cela ne tienne : on sent confusément, après une lecture transversale, qu’il risquerait peut-être d’en consolider certaines thèses, alors on détruit, dans le doute, par réflexe...

        Rappelant que ni la gauche ni la France ne sont seules à avoir commis des fautes... Belle preuve d’« amour » de soi que de toujours brandir les torts des autres lorsqu’on est invité à s’interroger sur les siens. Après tout, « la France n’a pas inventé la solution finale », n’est-ce pas ?


      • 65beve 65beve 16 juin 2007 12:09

        Bonjour,

        Jacques Necker (1732-1804), conseiller de Louis XVI participe à l’abolition du servage en France, ce qui veut dire qu’il y avait des serfs, des esclaves en France depuis des siècles.

        Quant à nos esclaves des colonies, c’est la révolution qui les a libérés. Napoléon Bonaparte a rétabli l’esclavage dans les colonies. L’abolition définitive aura lieu en 1848.

        J’ai trouvé tout ça dans mes livres d’Histoire.


      • LE CHAT LE CHAT 15 juin 2007 14:04

        Article de délire gauchiste pronant l’autoflagellation ;l’auteur devrait se convertir au chiisme pour sa rédemption smiley


        • hurlevent 15 juin 2007 14:11

          « A quand donc la reconnaissance de son fait esclavagiste par la République ? »

          Ha. Donc seule la France a commis une faute, et pas les autres pays. C’est un peu rapide.

          Quand on déroule l’histoire pour trouver une faute, il faut la dérouler jusqu’au bout.

          Aux 16e et 17e siècle, les pirates Maghrébins ont capturé environ 1 million d’Européens, qu’ils ont vendus comme esclave en Afrique. Parmis ces esclaves, de nombreux Français. Donc, les pays Maghrébins devraient effectuer une repentance envers les pays d’Europe Occidentale. Bien entendu, il n’en est absolument pas question.

          Si on voit les erreurs de la France, et pas celle des autres pays, alors la repentance est bel est bien une haine de soi. Si on veut faire preuve de repentance, alors on en aura jamais fini. D’abord, l’esclavage n’est pas la seule faute de la France, il y en a eu d’autres. Ensuite, presque tous les pays du monde ont pratiqué l’esclavage. Cela aboutirait à une multitude de repentances croisées aussi ridicules qu’inutiles.


          • masuyer masuyer 15 juin 2007 18:49

            « Ha. Donc seule la France a commis une faute, et pas les autres pays. C’est un peu rapide. »

            L’auteur n’a pas dit que seule la France a commis une faute. Et doit-elle attendre que les autres pays reconnaissent leurs fautes avant de reconnaître les siennes, un peu comme dans les cours de maternelle ? Savoir reconnaitre ses erreurs, pour un individu comme pour une Nation, c’est se montrer adulte.

            En voyant certaines réactions, je suis amené à penser que la Nation française en est resté au stade anal. smiley


          • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 16 juin 2007 00:01

            La réponse de Masuyer au commentaire précédent est exactement celle que j’aurais faite. La question n’est pas de savoir ce que les autres ont fait (comme moi ou pire que moi). C’est seulement de savoir ce que j’ai fait. Et de réparer si je suis en faute. En commençant par le reconnaître si je le suis. C’est en effet cela être adulte. Quand on fuit cela, c’est que l’on doute de soi.


          • Patience... Joinneau & Choubrac 16 août 2008 12:49

            C’est pourquoi nous sommes premiers consommateurs de vaseline.


          • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 16 août 2008 13:07

            Il me semble que vous prenez votre désir pour une réalité smiley


          • Serpico Serpico 15 juin 2007 14:15

            Pourtant, malgré ce refus « machiste » de la repentance, cette manière de crâner ne tient pas : il y a des jours où la France se repent à pieds joints, gaiement et ostensiblement :

            Jacques Chirac, à propos de la « responsabilité de l’Etat français » dans la persécution des juifs le 16 juillet 95 au vel d’hiv :

            « Certes, il y a les erreurs commises, il y a les fautes, il y a une faute collective. »

            Raffarin en 2002 : « le Vel d’Hiv, Drancy, Compiègne et tous les camps de transit, ces antichambres de la mort, ont été organisés, gérés, gardés par des Français. Oui le premier acte de la Shoah s’est joué ici, avec la complicité de l’Etat français »

            Une seule repentance, obligée, contrainte et forcée puis le bureau ferme. Non mais !


            • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 16 juin 2007 00:11

              Oui, c’est tout à fait cela. Il y a repentance de la nation quand ses représentants peuvent, au nom de tous, dans une unanimité supposée, c’est-à-dire, symbolique, reconnaître la responsabilité de l’état et donc du peuple dont il est l’expression. Ceci ne veut pas dire que tous soient coupables. Seulement que tous doivent assumer leur appartenance à une nation qui s’est commise ou compromise dans des actes odieux. Cette repentance était ô combien nécessaire. Il en est d’autres qui attendent conscience et courage de notre part.


            • Marie Pierre 17 juin 2007 21:09

              @ l’auteur,

              Justement, le problème est là : au nom de tous ! Je suis française depuis 2 générations (et encore, mon père n’était pas français), dois-je accepter les repentances de mes 2 pays ?


            • aurelien 15 juin 2007 14:35

              La violence et partout dans la société, banalisée. Il n’y a qu’à lire certains commentaires sur Agora Vox...

              C’est un phénomène quasi-pulsionnel, de résistance, de conflit et d’auto-protection. C’est le « moi », ce mécanimse psychologique présent en chacun d’entre nous et tout ce qui est érigé autour de cette entité par la pensée, qui participe elle-même de ce mécanisme.

              Le discours politique actuel est truffé de contradictions, de faussetés, de non-sens, c’est un langage détaché des faits et de la réalité, autant collective qu’individuelle, un langage idéologique, de propagande et de démagogie : un langage qui parle non pas à l’intelligence mais à l’irrationnalité collective des foules, à l’imaginaire social latent et souvent inconscient chez les citoyens, un langage de division, masqué de faux rassemblements, un langage totalitaire.


              • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 16 juin 2007 00:17

                Oui, globalement, nous serions bien dans ce registre. Cf. le très bon livre de Hazan sur la LQR qui montre comment cette violence est possible grâce à l’euphémisation du langage politique (ment correct).


              • aurelien 16 juin 2007 15:06

                Je n’étais pas dans ce registre... smiley


              • prgrokrouk 15 juin 2007 14:45

                La figure du Christ jouait le rôle unifiant que vous recherchez. Il est certain que l’envie et le besoin de retrouver des figures apocryphes ou de les incarner à titre personnel a quelque chose de douteux. Je ne crois pas m’éloigner beaucoup de la pensée de Girard.

                Pendant que vous signalez très justement la fragilité narcissique des coupables-persécuteurs, l’attitude victimaire repose inversement sur une sorte de trop-plein narcissique. Du coup, l’imaginaire prend doublement le dessus, en mimant la scène fondatrice selon une entéléchie. La pensée mise en retrait, ne peut plus émerger de la situation : nous sommes caméléonisés, tels des débatteurs sur rAgoRago, anti-monde d’AgoraVox.

                Il y a beaucoup de gens qui ne sont pas les victimes qu’ils prétendent être (confortés qu’ils sont par les tenants du contrôle social qui les prennent en tutelle au PS), gonflés de prétention qu’ils sont dans la vie quotidienne et qui rapent et qui rapent, et il y a aussi des gens qui voulaient sortir de la spirale INvolutive, étudier l’après-midi, dormir après un travail de nuit, ou faire la sieste le week-end et tous les jours s’ils sont à la retraite.

                Mais ces derniers ont semble-t-il, de plus en plus de comptes à rendre.


                • prgrokrouk 15 juin 2007 17:16

                  Monsieur Moinsse est au PS ou au Front ? ou les deux associés ?


                • snoopy86 15 juin 2007 15:02

                  @ l’auteur

                  Repentez vous si vous voulez, ça vous regarde...

                  Mais arrêtez de nous emm... avec çà

                  Vous ne faîtes que susciter les provocations...


                  • Marsupilami Marsupilami 15 juin 2007 15:05

                    Encore du pur Sanglot de l’homme blanc. Ras-le-bol de ces jérémiades dans le rétroviseur. Un rétroviseur ne sert pas à se repentir, mais à faire gaffe à ce qui vient derrière et à s’en souvenir utilement avant un dépassement pour aller de l’avant.

                    « Les croisades sont encore dans les mémoires des peuples arabes. N’en doutons pas, les violences esclavagistes et colonialistes... ».

                    Ignorance crasse de l’Histoire ? Et les colonisationas et les esclavages musulmans ? Ça n’a pas existé peut-être, et pendant des siècles ?

                    « Fragilités narcissiques » et blablabla... Lamentable discours psy culpabilisateur de la gôche bien-pensante.

                    Article d’une affligeante bêtise et ignorance de l’Histoire.


                    • Bill Bill 15 juin 2007 15:30

                      Ben oui Marsu ! Tu as lu la biographie du garçon ?

                      Psychologue scolaire, écologiste libertaire, déconstruction de l’information, construction sociale de la réalité... ! Que de masturbations intellectuelles !

                      Pour ces gens-là la France est coupable d’avoir été civilisatrice, et d’avoir prôné un certain élitisme ! Pas une tête ne doit dépasser, même pas dans le passé !

                      Ah, si ce cher Patrick Adam était encore là !!!! Tu imagines les réponses qu’il nous déposerait ?

                      Qu’est ce que j’ai pu m’amuser en le lisant ! Je ne le fais plus... ça me donne un peu le cafard.

                      @ +

                      Bill


                      • Gazi BORAT 15 juin 2007 16:22

                        @ bill et marsupilami

                        « biographie et curriculum vitae »

                        Vous reprochez à l’auteur les titres de pédagogue qu’il affiche, soit..

                        .. mais Pascal Bruckner que vous érigez en grand penseur n’est pas mal non plus question bio :

                        - gauchiste puis nouveau philosophe, puis compagnon de route des néon cons’ américains pour tomber enfin dans le fan-club de Nicolas Sarkozy..

                        Son sanglot de l’homme blanc, excellente thérapie de déculpabilisation collective gagnerait beaucoup à être adapté pour d’autres champs géographique, on pourrait ainsi lire :

                        - Le sanglot du gendarme ottoman
                        - Le sanglot du soldat allemand
                        - Le sanglot du tchekiste
                        - Le sanglot du garde rouge, etc.. etc..

                        Et pourquoi pas un sanglot du jenjawid ?

                        gAZi bORat


                      • Marsupilami Marsupilami 15 juin 2007 16:36

                        @ Bill

                        C’est vrai que Patrick Adam aurait été bien pour contrer ce genre de conneries. Mais il est mort et c’est à d’autres de le faire. Sans concession. Et je suis vraiment pas du même bord politique que toi.


                      • Bill Bill 15 juin 2007 16:42

                        @ Marsupilami

                        « Et je suis vraiment pas du même bord politique que toi. »

                        Pourquoi le précises tu ? Je le sais très bien. Et puis je ne suis pas du tout du genre sectaire, surtout pas en politique, ce ne sont pas les partis qui m’intéressent, et j’ai horreur des gens braqués...


                      • armand armand 15 juin 2007 23:14

                        @Gazi Borat (habituellement mieux inspiré !)

                        Comparer un groupe limité d’individus activement engagé dans un répression, un massacre, un génocide (gendarmes turcs, jamjawid) à un peuple (l’homme blanc) relève d’une sérieuse entorse à la logique élémentaire. Concernant l’absolu de la Shoah, il est effectivement choquant de comparer des massacres en se servant uniquement du facteur numérique ; mais ce qui caractérise la Shah c’est son application sans faille. Jusqu’alors les massacres comportaient des échappatoires, volontaires ou dus au hasard. Ainsi, certains Arméniens (jeunes femmes, enfants) pouvaient échapper à la mort en étant absorbés par des familles turques et islamisés. Les seuls cas de juifs épargnés résultaient uniquement des actes de désobéissance. En ce sens, le génocide rwandais est à bien des égards plus proche de la Shoah.

                        @Bill

                        Pas mal, le portrait du vieux Bill Cody ! Savez-vous que ce Buffalo Bill, qu’on ridiculise souvent à l’heure actuelle, était justement un héraut de la coexistence des peuples ? Lors de l’intervention U.S. à Cuba il a salué la coopération au sein des troupes des ’Black-White-Red’, en somme, des Noirs, des Blancs et ds Rouges (Indiens). Si on étudie attentivement la manière dont les Indiens de son ’Wild West Show’ ont été traités, on se rend compte de la grande considération qu’il avait pour eux. Il a réellement tenté d’évier le carnage de Wounded Knee. Et puis, ’last but not least’, il était favorable au suffrage féminin et souhaitait que les filles, à l’instar de sa tireuse d’élite, Annie Oakley,fassent du sport.

                        Ce qui nous ramène à la repentance : sait-on, par exemple, que malgré Wounded Knee, de nombreuses cérémonies de réconciliation ont réuni soldats U.S. et guerriers des Plaines dès la fin des hostilités. Et que le général en chef de l’Armée U.S., Nelson Miles, a tenté d’obtenir des réparations pour les survivants de ces massacres ?


                      • 65beve 65beve 16 juin 2007 12:33

                        Bonjour, Buffalo bill, c’est pas le type qui a tué les bisons pour provoquer la famine des indiens ? La repentance, le devoir de mémoire impliquent le châtiment des coupables et la réparation pour les victimes. Après quelques décennies, ça n’est plus possible. Il ne reste qu’un exercice de compassion collective très dur à avaler pour certains (le nombre de personnes opposées à l’auteur le prouve). Marcher bien droit la tête haute et le regard fixé sur la ligne bleue des vosges, de la merde sous la semelle gauche et du sang sous la droite, voilà le credo des anti-repentance !


                      • armand armand 17 juin 2007 18:25

                        Et voilà qu’on nous ressort la rengaine sur ’Buffalo-Bill-massacreur-de-bisons-pour-affamer-les Indiens’.

                        La politique de destruction des bisons pour amener les tribus en révolte, lesquelles pouvaient à l’occasion massacrer des unités entières de l’armée U.S., était la même que celle pratiquée par Lincoln contre les Confédérés. Détruire les vivres et les réserves comme lors de la marche de Sherman à travers le Sud pour casser la résistance. Mais on pousse des cris d’épouvante quand cette politique vise ces pacifiques écologistes des Plaines que sont devenus les Amérindiens aux yeux du grand public, alors qu’on n’en a rien à f..re quand il s’agit de Blancs du Sud, présumés esclavagistes.

                        Petite précision quand même : les Amérindiens n’étaient pas plus écologistes que les colons, leurs moyens techniques étaient tout simplement mois dévastateurs. Et on a de multiples exemples de troupeaux de bisons massacrés pour prélever tout simplement tout ce qu’on pouvait bouffer sur le champ.


                      • Bill Bill 17 juin 2007 22:44

                        Merci cher Armand de ces renseignements sur Buffalo Bill. Je n’ai lu que peu de choses sur le personnage, qui plus est dans mon adolescence, mais il m’avait paru être un personnage tout à fait remarquable !

                        Adolescent, j’ai recherché dans Montmartre la maison qu’il avait occupé à Paris, et qu’Etienne Daho, parait-il, aurait habité il y a de cela quelques années, une maison faite de bois.

                        Mais quelle époque tout de même que ce XXème siècle commençant ! Je ne vois pas de « légendes » telles que Buffalo Bill, ou Sarah Bernard, qui selon Sacha Guitry, dans « Ceux de chez nous », aurait même joué devant les indiens !

                        Merci cher Armand, vous m’avez donné l’envie de me renseigner plus sérieusement sur le personnage qu’a été Wiliam Cody, dit Buffalo Bill, un personnage digne de faire réver les adolescents que nous restons parfois !

                        Bien à vous

                        Bill


                      • armand armand 17 juin 2007 23:10

                        Cher Bill,

                        On estime que Buffalo Bill, au début du XXe siècle, avait la notoriété d’un rock-star mâtiné de footballeur niveau Zidane. Et il était très apprécié en France où on se passionnait pour l’Ouest sauvage. Il est récemment paru un polar historique sur un Indian du ’show’ de Buffalo Bill, qui s’installe en France et s’assimile aux milieux artistiques de Montmartre avant de disparaître mystérieusement, ’Le Sioux des Grands Boulevards’de Marc Rolland. Cody y figure sous une lumière très favorable. Et le romancier amerindien Richard Welch,peu avant son décès récent, a signé l’histoire d’un Indien qui tombe malade en France durant une tournée et doit s’acclimater à un pays tout nouveau, ’The Heart Song of Charging Elk’ - il a été traduit mais je ne me souviens pas du titre français.

                        Bonnes recherches !


                      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 16 juin 2007 14:46

                        Je n’ai pas cité le texte du commentaire, mais j’y réponds point par point :

                        * concernant l’inquisition et les procès de moscou : L’aveu permet de restaurer le sentiment de réalité pour autant qu’on puisse le juger sincère et véritable et donc non contraint. Les formes brutales d’extorsion de l’aveu ont pu servir cette même fonction de construction sociale d’une réalité (c’est le méchant, nous sommes les gentils) mais, fort heureusement, elles sont de moins en moins acceptées dans nos démocraties même si le cas de Stanley Tookie Williams est un exemple de la manière dont elles persistent malgré tout. Il aurait pu sauver sa vie en avouant. Il ne voulait pas démordre la réalité. Il en a payé le prix face à une société qui en avait une autre représentation. La raison du plus fort... Lorsque Chirac a amené la nation française à assumer son implication et sa responsabilité dans la mise en œuvre de la Shoah, le faisait-il sous la pression de quelque inquisition ou procès de Moscou ? Pas le moins du monde. Il l’a fait parce qu’il compris que c’est ce qui devait être fait. L’état français a contribué à la Shoah, il était normal et nécessaire qu’il l’assume. La question est dorénavant : comment pourrait-on s’en tenir là et se croire quitte de tout ce qui a précédé (ou suivi, je pense à la responsabilité de l’état français dans les massacres au Rwanda) ?

                        * concernant l’effacement de l’héritage chrétien : Je ne vois pas le sens de la question. Sous le rapport de la chrétienté, puisque nous y sommes, la chose la plus évidente qui me vient à l’esprit c’est ce passage des évangiles où est stigmatisée l’hypocrisie qui consiste à dire en substance « la violence de nos pères n’est pas la nôtre. » Ce à quoi les évangiles invitent les chrétiens, c’est à ne pas se désolidariser de leur pères, dont ils ont hérités, et à reconnaître que leur violence est aussi la leur. Cette repentance est la condition de possibilité d’une rédemption. Je trouve amusant de reconnaître que sur ce point, Schwarzenegger a raison.

                        * sur le christianisme comme obstacle à l’« unanimisme » : Comme je viens de le dire la tradition chrétienne n’est pas un obstacle à la réconciliation non violente, ce dont elle est porteuse au plus essentiel, ce que Girard a dégagé, nous montre qu’au contraire, elle en est le modèle. Sous ce rapport les chrétiens devraient être modèles. Il est clair que l’Eglise, en tant qu’institution n’en est pas un. Elle a mis 400 ans à reconnaître ses errements vis-à-vis de Galilée et n’a fait qu’un simulacre de repentance vis-à-vis de sa responsabilité dans la Shoah.

                        * sur Confiant : Oui, bonne suggestion. Voici un site où se trouve son texte : http://www.volcreole.com/forum/sujet-29499.html Quant à la question du qualificatif « innommable » merci de relire la mise en perspective que j’en donne à la fin de mon texte. Il me semble que tout le monde a le droit de se réclamer des droits de l’homme. Confiant ne fait que pointer l’incohérence qui consiste à faire la morale quand on est pas soi-même capable de l’incarner.

                        * sur l’attitude victimaire et le fait Girard nous en donne les clés de lecture : Oui, tout à fait. Se placer en position de victime est souvent le meilleur moyen pour être légitimement accusateur. Putine a très bien joué de ça (les attentats de Moscou de septembre 99) pour partir en guerre contre la Tchéchénie. Bush a fait de même avec les attentats du 11 septembre 2001 pour partir en guerre contre l’Afghanistan et l’Irak. Girard nous a montré que c’est toute l’histoire qui est tissée de ces logiques de l’accusation. Ce qu’il faut voir à présent, c’est qu’accuser l’autre de se poser en victime, c’est rentrer dans une réciprocité violente d’accusation réciproque. Le seul moyen d’en sortir, c’est de cesser de rejeter la faute sur l’autre (voire sur ses pères) et d’assumer les siennes. Quand l’autre m’accuse d’un fait, dois-je me défendre en l’accusant de m’accuser ou dois-je reconnaître ce fait ? Etre responsable, c’est reconnaître. Tout le reste est une dangereuse irresponsabilité qui nous mène à l’escalade. C’est cela que Girard a montré.

                        * Enfin, sur Gans : Je ne connais Gans que sous le rapport de la gènese du langage et il ne m’a pas convaincu, je reste girardien. En quoi Gans est-il pertinent ici ?


                      • sarah sarah 18 juin 2007 13:59

                        Bonjour, j’aurai beaucoup à dire sur, non pas cet article, mais les réactions qu’il suscite. Je ne vais pas m’épancher, sachant que l’étalage des mes réactions émotionnelles n’a aucun intérêt et ne ferait qu’alimenter la violence qui accompagne les réactions affectives opposées.

                        Personne ne peut, ni ne va, obliger personne à reconnaitre qu’il est responsable d’une violence envers autrui. Ce ne peut être qu’une attitude volontaire émergent d’une conscience personnelle. D’ailleurs l’effet « réparateur » du mea-culpa est d’autant plus fort qu’il est spontané.

                        Peut-être que les indiens dont parle l’auteur dans son texte le savent et que c’est la raison pour laquelle ils ne demandent rien ? Le génocide et ses conséquences et évident, il n’y a aucun doute. Je suis au regret d’interpréter la réaction de ceux qui ne se déclarent pas face à cette réalité historique comme un manque total d’estime des autres.

                        J’aimerai mieux comprendre ou se situe le débat ; il me semble que la question n’est plus de savoir si violence a été commise, ce fait est avéré. La question est quel intérêt, si toute fois il y en a un, quel intérêt de reconnaitre ces tords et qu’est-ce que cela révèle de celui qui le fait ? Pour ma part la réponse est dans la question...je préfère reconnaitre avoir fais une erreur, je suis juste humaine et tient à le rester. Même si mon erreur pèse sur des personnes qui elles aussi portent un passif. Qui se croit à même de jeter la première pierre me semble aussi ignorant que dangereux. Et peu m’importe de savoir si ces personnes vont, de leurs cotés, reconnaitre leurs tords. Mes actes, mes choix me viennent de l’intérieur, pas de ce que font ou sont les autres.

                        Je suis pour la repentance, mais pas en vue de la rédemption. Pour soulager la souffrance de celui que j’ai blessé ; parce que je ne sais me satisfaire d’avoir fais mal et parce que cela me permet de supporter le mal que l’on me fait...allez comprendre !!! Cela ne s’achète pas.

                        Et lorsqu’on me blesse, s’il n’est pas de repentance, j’en déduis que j’ai rencontré un être qui n’est pas sur la même voie que moi. Que sa vie est tout aussi légitime que la mienne et que ce n’est pas à moi d’en juger. je n’en ai ni les moyens, ni la capacité.

                        Alors je donne un coup de main à une inconnue dans la rue, un acte gratuit qui me rappel qui je suis et qui panse mes blessures. Je reprend l’exemple des indiens, ils ont le choix d’attendre que leurs bourreaux se présentent ou celui de s’en démarquer.

                        Sinon c’est rester leurs victimes.

                        Je suis d’accord avec l’idée que dans un l’idéal de recherche de paix, reconnaitre ses tords et de s’en enrichir peut être utile. Mais cela ne peut être imposé. Si certains citoyens français estiment qu’ils n’ont pas de repentance à faire, il est nécessaire de l’entendre et de l’accepter. Cela n’empêche personne de le faire et c’est déjà un grand pas. Merci pour cet article.


                      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 20 juin 2007 01:08

                        Au plan interpersonnel, la repentance me paraît la condition de possibilité de la réparation. Parce qu’elle restaure la réalité de l’autre que l’on rejoint et valide dans la représentation qu’il se fait de sa situation comme victime.

                        Assurément, il est nécessaire que cette démarche soit spontanée et non contrainte car la concordance des vues serait alors sans valeur pour la victime. Il doit pouvoir croire que son agresseur parle sincèrement.

                        Mais ce n’est pas une repentance des individus que j’ai évoquée dans l’article. Il ne s’agit pas que l’un dise « je me repends » (des crimes que mes pères ont commis et que j’aurais pareillement commis si j’avais été à leur place) et que l’autre dise : « tout ça ne m’intéresse pas ». Il s’agit en effet d’établir la réalité d’un fait. Or, celle-ci ne découle pas du seul savoir savant que l’on peut avoir sur tel ou tel évènement historique. Car nous le savons tous, ce savoir peut malheureusement être contesté dans son évidence.

                        Il s’agit d’avoir une forme d’accord, une sorte d’engagement consensuel, une unanimité (serait-elle seulement symbolique) de tout un peuple pour assumer sa responsabilité comme l’ont fait les allemands vis-à-vis de la Shoah ou comme l’ont fait aussi les français grâce aux déclarations de Chirac et de Raffarin qui étaient en position de parler au nom du peuple, de la nation et de l’état français.

                        Chacun est libre de dire je m’en fous. Aucun acte n’est imposé à l’individu. Seulement il s’impose dorénavant à tous que la responsabilité et la repentance de la nation française a été actée. La réalité de la violence accomplie devient un fait incontestable, car reconnu par l’agresseur. La réparation et la réconciliation peuvent s’ensuivre. L’acte que Chirac a accompli au nom du peuple français n’a empêché aucun de mes critiques de dormir. J’appelle simplement à une continuation de tels actes en direction des différentes victimes de violences perpétrées avec la bénédiction ou directement sous l’égide de l’état, ou de la république française. Assumons camarade, ça ne va pas nous étouffer, au contraire. Nous ne nous en porterons que mieux !


                      • sarah sarah 21 juin 2007 13:14

                        Bonjour,

                        Je vous remercie d’avoir apporté un commentaire suite à celui que j’ai laissé. J’avais bien compris que votre réflexion ne se situait pas sur le plan des individus mais au niveau de l’état, sensé représenter ces individus. Simplement, et je reconnais que je ne l’explicite pas dans mon texte, je n’accorde pas à l’état et à son "président, l’importance que vous semblais leurs accorder.

                        Par exemple, je ne me sens en aucun cas en accord avec la politique du président actuel, lorsqu’il traque femmes et enfants pour les expulser, je ne suis pas partisane...et pourtant il est légitime !!!

                        Je n’ai aucunement besoin de son accord pour reconnaitre mes responsabilités. Pas même besoin qu’il fasse de même. Et je n’ai pas non plus besoin qu’il reconnaisse quoique se soit.

                        La question qui sous tend me semble être celle des conséquences attendues de la repentance selon les niveaux.

                        Si, comme vous semblez le croire, il est nécessaire que l’état, en ce qu’il représente la parole commune(si seulement il représente réellement la parole commune et que lui seul peut le faire), reconnaisse un fait, alors cela maintient la victime en état de dépendance vis à vis de « l’agresseur ». Et c’est bien dommage ; alors plutôt que d’attendre de celui-ci une reconnaissance (que je reconnais fort utile, quand elle lui vient spontanément) je pense qu’il est plus utile d’aider la victime à se reconstruire sans rien attendre de se dit « agresseur » ; en lui reconnaissant, « d’être à être », ses blessures et l’injustice dont elle a était victime.Accueillir les indiens pour leur offrir une tribune leur a permis de se dirent et c’était ce dont ils avaient besoin. Ils ont fais ce qu’ils se devaient de faire, exprimer et dénoncer, le reste ne leur appartient pas. Sinon c’est la guerre et non la paix que nous récolterons ; vous avez pu le constater au travers des réactions qu’a suscité votre article. La nature humaine est ce qu’elle est et nous nous devons d’en prendre acte, plutôt que de vouloir la combattre. Vous pouvez affirmer votre point de vue, militer en se sens, dénoncer ce qui vous semble injuste et présenter vos solutions, mais en aucun cas les affirmer comme étant porteuses de vérité et devant, dés lors, être imposées.Sinon vous devenez agresseur et l’histoire morbide se répète...

                        Je milite pour ce que je crois être juste et je donnerai ma vie pour garder ma liberté de le faire. Cette liberté dont nous jouissons ici est un moyen précieux d’exprimer ce que nous voulons être, ce que nous croyons juste. Mais je crois sincèrement que la vérité nous dépasse et que nul sinon à se prétendre Dieu, ne sait ce qu’elle est. Il est courageux de tenter de s’en approcher, il est dangereux de s’en prétendre détenteur.

                        Vous le savez mieux que moi, la réalité est une construction. Alors pourquoi ne pas utiliser nos forces à faire de nous des êtres en mesure de construire une réalité ou chaque être serait responsable et autonome, plutôt que de se suffire d’un état providence qui suppléerait à nos manquement ?

                        Ce n’est qu’une question, je ne la crois ni pertinente ni même intelligente, simplement elle est ce que j’ai réussi à exprimer de ce que je pense...et elle n’est que cela. C’est déjà ça


                      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 24 juin 2007 00:51

                        Tout le problème est de comprendre qu’il y a une différence essentielle entre unanimité et unanimité-1. L’unanimité accusatoire n’est pas l’unanimité tant que l’accusé ne vient pas y contribuer. D’où les pressions qui s’exercent dans toutes les instances de justice pour que l’accusé avoue et cela, pas seulement en union soviétique. On ne peut raisonner ici sur la base d’une simple ressemblance avec le processus victimaire. Car le processus est universel. Nous allons le retrouver partout. La réconciliation non-violente va ressembler à la réconciliation violente, nécessairement, car toutes les deux se basent sur l’unanimité. La différence qu’il convient de noter c’est que dans la réconciliation non-violente, le responsable se désigne lui-même. C’est cela la repentance. A ma connaissance, Gans n’en dit rien de bien particulier.


                      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 24 juin 2007 01:15

                        Désolé, mon message (hopefully ci-dessus) s’adressait à Florentin Piffard.

                        @ Sarah, je répondrais, pour aller à l’essentiel que la bienveillance, la compassion vis-à-vis de la victime ne remplacent aucunement la reconnaissance par l’agresseur de son fait. Les Indiens ont des avantages à gogo qui pourraient apparaître comme de généreuses compensations. Il n’en est rien car l’essentiel manque. Ils l’attendent toujours. Les USA et le Canada n’ont pas reconnu officiellement le génocide indien. Que des citoyens étasuniens ou canadiens soient capables de le faire à titre individuel est une très bonne chose, certes, mais elle n’atteindra jamais la valeur symbolique d’un représentant de l’état qui, parlant au nom de l’état et de la nation, fait acte de repentance. On peut alors sortir du conflit des représentations. Une réalité s’instaure, qui apaise alors toutes les parties. Chacun peut dire « ouf », les choses reviennent à leur place. Elles sont alors censément indiscutables, donc apaisantes parce que supposément unanimes.

                        Pour le deuxième point, je répondrais qu’il importe vraiment peu de savoir si j’ai quelque prétention que ce soit à dire quelque chose qui serait de l’ordre de la vérité. Qu’importe que je crois foncièrement à ce que je dis ou que je sois porté au doute. Ce qui compte, c’est comment chacun, en toute bonne volonté et rationalité, entendra ce que je propose. Si nous nous accordons sur telle ou telle représentation, si un consensus intersubjectif émerge, chacun aura le sentiment de tenir une representation sinon solide, du moins, pertinente, puisqu’elle aura passé l’épreuve du jugement du groupe. Bref, au-delà des positions individuelles que chacun est libre d’adopter, ce qui a valeur, c’est le fait que nous puissions convenir d’une perspective. Encore une fois, le consensus intersubjectif, l’unanimité, c’est la condition sine qua non de l’accès à ce que l’on peut tenir pour la réalité.


                      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 29 juin 2007 21:18

                        @ Florentin

                        Je ne dis certainement pas qu’il y a unanimité et unanimité, de l’air de dire qu’il y a des différences subtiles. Je parle de la différence patente entre unanimité et « unanimité moins un » quand le « un » en question est vivant, résiste et empêche le consensus. Quand il est mort, le consensus est rétabli, la réalité est là , rassurante et c’est elle qui est activement recherchée.

                        L’aveu du coupable (sincère ou extorqué) sert cette finalité là : instaurer un consensus. Dès lors, l’aveu de l’accusé n’a pas de pouvoir intrinsèque autre que celui de permettre le consensus qui, seul, j’y insiste, valide une réalité jugée indépendante du groupe.

                        Le mécanisme sacrificiel décrit par Girard est le meilleur exemple de la construction de cette unanimité et donc de cette « réalité ». Son défaut est d’être violent. La version « non violente » du sacrificiel est le sacrifice de soi librement consenti.

                        C’est l’idéal de l’individu qui assume vers lequel la société occidentale nous pousse. C’est ce que les psychologues sociaux appellent « la norme d’internalité », c’est aussi ce qui amène aux attitudes dites « névrotiques » dans le champ psychanalytique.


                      • etarcomed 15 juin 2007 16:07

                        Article interessant, mais à mon sens néglige quelques éléments.

                        - Au cours de la longue histoire millénaire des peuples, tous ont été successivement victimes et bourreaux, ceux qui n’auraient été que victimes ont sans doutes disparus depuis fort longtemps. Le status de victimes ou de bourreau est souvent (pas toujours) plus liés au rapport de force qu’au rapport de morale. Le fort massacre le faible qui aurait fait de même eut-il été en situation. Dès lors, la repentence devient la condamnation de la victoire et l’exaltation de la défaite, plutôt qu’une mise en valeur des valeurs.

                        - Vous parlez de reconnaissance manquante, mais n’y a-t-il pas moyen de reconnaitre les erreurs et les crimes du passer sans passer par une sorte d’autoflagelation. Prenons l’esclavage : On peut affirmer que c’est un crime contre l’humanité, reconnaitre que ça a existé (qui le nie ?), tout en ne gardant comme célébration que la commémoration de son abolition. N’est-il finalement pas mieux que tous les européens se sentent héritiers des abolitionnistes et renient les esclavagistes, plutot que de les forcer à en assumer un héritage ? De même on peut faire visiter Versaille, tout en se proclamant républicain et anti-royaliste.

                        - Vous vous interessé fortement à l’impact psychologique sur les victimes, en oubliant l’impact sur les bourreau désignés. Les vrais coupables sont morts. En chercher de nouveaux avec une culpabilité de peuple risque de placer des gens en accusés d’un crime qu’il n’ont pas commis. Le reflexe naturel serait de s’en dédouaner « j’ai x% de sang noir, alors moi je compte pas ». S’il ne se dédouane pas, le reflexe suivant est de justifier l’acte !

                        En voulant trouver des coupables partout, on finira par trouver des gens qui vont justifier les crimes. Il faudra aller dans tous les fonds de l’histoire, chercher tous les massacres, tous les guerres, demander des comptes aux italiens pour l’invasion romaine. Et quand ce n’est pas ridicule, on finira par faire resurgir des haines ancestrales.

                        Votre objectif est fort probablement noble, je crains que les conséquences seraient bien plus graves qu’on ne l’imagine.

                        Je vous invite à lire l’article que j’avais écrit à ce propos :

                        http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=24586


                        • Gazi BORAT 15 juin 2007 16:56

                          « Concurrence des victimes.. »

                          Ce que vous évoquez s’apparente fort à un phénomène de concurrence des victimes ou chaque groupe victime de massacre collectif souhaiterait figurer au panthéon du « Crime contre l’humanité ».

                          Le mal est venu de l’instrumentalisation de la Shoah, drame atroce mais auquel on a donné le statut d’Unique et plus monstrueux crime depuis l’histoire de l’humanité.

                          Cela se discute ? Non !

                          En discuter serait le banaliser, en chercher une ou des explications serait profaner les victimes et en altérer le mystère serait détruire sa sacralité.

                          Mais qu’en penseraient, par exemple, les Arméniens ? Leur nombre de victimes fut certes inférieur mais l’intention des bourreaux n’en était-elle pas proche ?

                          Et qu’en pensent les autres groupes, victimes eux aussi de massacres de masse ?

                          Nous voici dans le mécanisme de la concurrence des victimes.. que l’on retrouve aussi à l’échelon individuel, avec toutes les associations d’aide aux victimes, la nécessité d’assister les victimes dans leur travail de deuil par des décisions de justice..

                          Ce qui nous amena à la nomination au gouvernement Chirac d’une Nicole Guedj, chargée de la question et aux excès de 2002 où une mythomane, pour accéder au statut de victime, inventa une agression dans le goût médiatique du moment, par des jeunes-de-banlieue-antisémites dans une rame du RER..

                          Et qu’en est-il du côté des bourreaux ?

                          Le bourreau, une fois disparue sa toute puissance par le passage à une époque historique plus pacifique, ne travaille plus qu’à refouler ses actes et ne tient pas à ce qu’on leur rappelle ce qu’ils ont tan de mal à oublier..

                          Forcez-les à s’en souvenir et vous en ferez aussi des victimes.. et la boucle sera bouclée..

                          gAZi bORAt


                        • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 24 juin 2007 01:37

                          @ etarcomed

                          « En voulant trouver des coupables partout ». Cette phrase traduit malheureusement le fait que je n’ai pas su me faire comprendre. La méprise est totale. Je suis bien loin de chercher des coupables partout pour plusieurs raisons :

                          — D’abord parce que je ne les cherche pas vu que je les ai trouvés. Il s’agit de mon groupe d’appartenance, la nation française, dont l’histoire est pavée de violences dont les victimes attendent qu’elle ait la force et le courage de les assumer. Il convient de noter que ce constat ne vise aucun individu en particulier. Nul n’a besoin de s’acheter un fouet pour s’adonner à l’autoflagellation (ce terme, semble-t-il, plait beaucoup), à moins qu’il n’ait quelques tendances masochistes. Auquel cas, ne pas hésiter à les assouvir au moindre prétexte... smiley

                          — Ensuite, plus fondamentalement, parce qu’il ne s’agit pas d’accuser qui que ce soit (ce serait reproduire la violence passée), hormis peut-être soi-même ainsi que ceux auxquels on s’identifie et dont on entend ne pas se désolidariser dès lors que l’on en est héritier.

                          En somme, il ne s’agit pas d’accuser qui que ce soit, seulement d’être capable de reconnaître sa propre violence ou celle de ses pères, frères et autres pairs.


                        • Vilain petit canard Vilain petit canard 15 juin 2007 16:39

                          Avant, on avait les curés, maintenant, on a les théoriciens de la repentance. C’est toujours aussi assommant.


                          • prgrokrouk 15 juin 2007 16:39

                            La figure du Christ jouait le rôle unifiant que vous recherchez. Il est certain que l’envie et le besoin de retrouver des figures apocryphes ou de les incarner à titre personnel a quelque chose de douteux. Je ne crois pas m’éloigner beaucoup de la pensée de Girard. Pendant que vous signalez très justement la fragilité narcissique des coupables-persécuteurs, l’attitude victimaire repose inversement sur une sorte de trop-plein narcissique. Du coup, l’imaginaire prend doublement le dessus, en mimant la scène fondatrice selon une entéléchie. La pensée mise en retrait, ne peut plus émerger de la situation : nous sommes caméléonisés, tels des débatteurs sur rAgoRago, anti-monde d’AgoraVox.

                            Il y a beaucoup de gens qui ne sont pas les victimes qu’ils prétendent être (confortés qu’ils sont par les tenants du contrôle social qui les prennent en tutelle au PS), gonflés de prétention qu’ils sont dans la vie quotidienne et qui rapent et qui rapent, et il y a aussi des gens qui voulaient sortir de la spirale INvolutive, étudier l’après-midi, dormir après un travail de nuit, ou faire la sieste le week-end et tous les jours s’ils sont à la retraite.

                            Mais ces derniers ont semble-t-il, de plus en plus de comptes à rendre.


                            • prgrokrouk 15 juin 2007 17:30

                              Oui... mais ça on le savait déjà. Pourquoi tomber dans l’ornière politico-franchouillarde ? Tu dis cela dès que tu vois le mot repentance, je le sais.

                              Le sujet, c’est le processus anthropologique, celui du syndrôme qui te fais réagir.

                              Ci-dessus, j’ai fait un commentaire exceptionnellement enrichissant pour le débat (surtout quand on lit autour)La preuve, plus haut, j’avais déjà mis le même et il a été noté (-3) par les pauvres types de rAgoRago.

                              Je l’ai donc recopié pour toi et tu n’y a pas fait attention. Un mot choc à la première ligne ?


                            • masuyer masuyer 15 juin 2007 19:11

                              « Personnellement, je n’ai colonisé aucun terrictoire, employé aucun esclave, profité d’aucun privilege. »

                              Vous êtes sur ? Comparez la situation économique des pays colonisés et des pays colonisateurs, vous verrez que vous êtes privilégié comme moi (même si n’y sommes pour rien c’est le hasard de la naissance).

                              Mais la reconnaissance des fautes passées ne sert à rien si c’est pour continuer de même. A part à détourner l’attention sur les fautes d’aujourd’hui.


                            • prgrokrouk 15 juin 2007 19:23

                              @Seb 59, bon week-end aussi.


                            • prgrokrouk 15 juin 2007 19:31

                              @fouadraiden

                              les civilisations n’ont pas le même rapport au temps (ni surtout le même présent), ce qui fait que la capacité de ressentir (intellectuellement) quelque chose est mal partagée et très inégale.

                              Attribuer ou exempter les uns et les autres dans des rapprochements logiques d’équivalence, est faux.


                            • 65beve 65beve 16 juin 2007 12:49

                              Seb59 -

                              Le Vatican s’est repenti pour son role dans la shoa. Cela a permis de renouer le dialogue difficile entre les 2 religions.

                              imaginons un peu que G.Bush retire les troupes d’Irak en se repentant d’avoir menti et en s’excusant de tous les morts provoqués par les bombes américaines. A titre de dédommagement, il pourrait alors aider les irakiens à reconstruire le pays....là, on peut toujours se mettre le doigt dans l’oeil....

                              Reconnaitre ses erreurs et en demander pardon participe à la grandeur d’un pays ; ce que font ou ne font pas les autres, on s’en fout !


                            • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 29 juin 2007 21:39

                              @ masuyer

                              Oui, il est clair que la richesse des sociétés occidentales résulte au moins pour partie d’une exploitation systématique et singulièrement violente des richesses des peuples génocidés, esclavagisés et colonnisés. Le continent américain est, sous ce rapport, emblématique, avec le génocide des différents peuples indiens et le déploiement de l’esclavage dans des formes jusqu’alors inconnues.

                              Non, la repentance des crimes passés, loin de détourner l’attention des crimes actuels, augmente le niveau de conscience que nous pouvons avoir vis-à-vis d’eux. Qui ne voit actuellement la violence de la croisade initiée par Bush ? Qui n’a la nausée en constatant que la violence se déploie sous couvert de rectitude morale et d’idéologie démocratique ? Notre regard s’éduque, et croît en acuité. Malheureusement, c’est souvent la faute de l’autre que nous voyons en premier. Il nous reste à apprendre à voir la nôtre avant toute chose, et à l’assumer, sans auto-flagellation, sauf pour les masochistes de service qui font ce qu’ils veulent bien sûr smiley


                            • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 29 juin 2007 21:55

                              @ 65beve

                              « Reconnaitre ses erreurs et en demander pardon participe à la grandeur d’un pays ; ce que font ou ne font pas les autres, on s’en fout ! »

                              Oui, c’est exactement cela. La question n’est pas ce que disent ou font les autres. Certes, la repentance de la république ou du vatican vis-à-vis de la Shoah peut avoir un effet facilitateur par légitimation qu’il confère à cet acte difficile. Mais l’absence ou même l’hostilité affichée à l’égard de la repentance ne doit pas être un obstacle.

                              Il est intéressant d’observer comment la réthorique anti-repentance essaie de noyer le poisson en pointant la généralité des crimes dans l’histoire et le peu d’espoir qu’il y a de les voir assumés par leurs coupables respectifs. Moralement, le coupable potentiel lambda se sent rassuré de savoir qu’au fond, il n’est pas seul et qu’il y a une foule de coupables qui ne s’est pas battu la coulpe. Dès lors, à quoi bon y venir ?

                              La réponse la plus évidente qu’on peut me semble-t-il faire ici est de pointer que l’état du monde tel qu’il va (mal, de plus en plus mal) est probablement le résultat de ces différends qui ont perduré parce que, précisément, ils n’ont pas trouvé de résolution dans une réconciliation nécessairement fondée, j’y insiste, sur la repentance de celui qui a fait violence.

                              Sans doute chacun, en son for intérieur, devrait se confronter à cette belle pensée de Coluche : « si tout le monde faisait comme moi, le monde serait un beau bordel ! Mais peut-être que tout le monde fait comme moi ! »...


                            • Cosmic Dancer Cosmic Dancer 15 juin 2007 17:38

                              « Oublions la repentance », du rédacteur Etarcomed, était intéressant à lire :

                              http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=24586

                              Je me repends illico d’avoir fourni ce lien et je vais me pendre, pour commencer.

                              @ L’auteur

                              Dites, Raphaël Confiant se repend-il de son racisme actuel ? "Si vous voulez jouer au nègre à Blanc, allez le faire en Afrique ! »C’est en ces termes choisis que l’écrivain Raphaël Confiant vient d’interpeller le journaliste Serge Bilé, né en Côte d’Ivoire et présentateur du journal télévisé de RFO-Martinique. Prétexte à cette haine : le reportage, réalisé par Bilé pour « le Nouvel Observateur » la semaine dernière (voir n° 2175), sur la finale de la Coupe du Monde vue de Martinique... Confiant, défenseur de l’idéologie créole et militant indépendantiste, a renvoyé Bilé à « l’obligation de réserve inhérente à toute personne vivant dans un pays qui n’est pas le sien », avant d’en venir aux menaces et à l’injure raciste. L’affaire serait ridicule si elle ne révélait pas une violence xénophobe préoccupante, adossée à la créolité. Confiant n’a pas attaqué « l’Obs » mais Bilé, ad hominem, en retenant contre lui ses origines africaines. Le journaliste, qui vient de raconter sa jeune vie d’homme libre en quête de racines (1), a l’habitude d’être attaqué par les gardiens d’une curieuse pureté antillaise..."


                              • Marie Pierre 15 juin 2007 18:23

                                Bonjour Cosmic,

                                Voici un lien de la Ligue des Droits de l’Homme sur Confiant

                                En tant que martiniquais, Confiant refuse la repentance :

                                "Malaise d’abord quand au nom d’un prétendu « crime contre l’humanité », on veut me faire endosser l’Inquisition, les pogroms, la rafle du Vel d’Hiv’ et la Shoah. La notion de crime contre l’humanité relève, à mon sens, de l’escroquerie intellectuelle, escroquerie qui a deux objectifs très précis : 1. dissimuler le nom du coupable et du même coup le dédouaner. 2. pousser tous les peuples du monde, quels qu’ils soient, à se sentir coupables dudit crime."

                                « je trouve que la Shoah est une abomination, mais, désolé, je ne m’en sens ni responsable ni coupable. Et dans le même ordre d’idée, les Indiens ne sont pas responsables de l’esclavage des Nègres ni les Chinois du génocide des Amérindiens. Donc, oui, il y a en tout premier lieu un énorme malaise lié à cette notion fallacieuse de « crime contre l’humanité » qu’on cherche à nous faire gober par tous les moyens. »

                                Bon, je cite Confiant justifiant ses rapports avec l’extrême droite :

                                « ..l’extrême-droite n’était pas que je sache au pouvoir en France lors des guerres d’Indochine et d’Algérie, ni lors du massacre de 90.000 Malgaches en moins d’un mois lors de la grande révolte de 1947, ni de celui de 20.000 Algériens à Oran le 8 mai 1945. Et ce n’est pas elle qui a envoyé le GIGN massacrer les indépendantistes kanaks dans la grotte d’Ouvéa. Donc empêcher Le Pen d’atterrir en Martinique, et pas Chirac, Sarkozy, Bayrou ou Hollande, n’a aucun sens du strict point de vue de la revendication nationaliste »

                                Le FN serait, pour Confiant, plus fréquentable que le PS ou l’UMP..


                              • Bill Bill 15 juin 2007 22:12

                                @ Cosmic Dancer et Marie-Pierre

                                Eh bien, je ne connais pas ce Raphael Confiant, mais vos discours m’intéressent ! Si je me permets d’intervenir dans votre conversation, c’est que je vis moi-même avec une femme originaire des Antilles, et que je sais qu’il existe dans l’identité créole bien des points qu’il faudrait soulever. Les créoles ne sont pas des Africains et les Africains parfois les considèrent comme des descendants d’esclaves, jusqu’au point de dire que si ils les ont vendus, ce n’était pas pour rien !

                                Il y a et il y aura toujours de la part des créoles un attachement pour leurs racines africaines, mais leur identité est ailleurs... elle se trouve dans leur créolité justement, dans une éducation à la fois européenne, et aussi dans leurs traditions populaires, qui est tout à fait poétique ! Il existe un mouvement de rapprochement des créoles et des Africains, qui ne conduit malheureusement qu’à une forme de haine et de repli « racial » (dans le mauvais sens du terme !).

                                Aussi l’identité créole est-elle une vraie culture, une culture qui a son histoire, et qui est tout à fait originale ! Il est donc normal qu’il existe des mouvements plus particulièrement créoles, et qui sont en réaction aux mouvements que j’évoquais plus haut.

                                J’espère que les créoles resteront Français, ils semblent selon les derniers referendum qu’ils le souhaitent...

                                A suivre !

                                Bill


                              • Makan 16 juin 2007 11:15

                                @Bill,

                                Ce n’est pas nouveau de la part des Européens de chercher à opposer les Antillais aux Africains avec le genre d’argument que vous tenez.

                                Dire que les Africains actuels sont les descendants de ceux qui ont vendu les Noirs Antillais ou autres est ridicule. Nous, Africains du XXI ème siècle, sommes en grande majorité les descendants de ceux qui ont échappé à la traite.

                                Les Antillais et les Africains ont tout intérêt à se retrouver sur ce qui les unit et de se souvenir que dans l’imaginaire occidental, « quand c’est noir, c’est qu’il n’y a plus d’espoir » et que « nègre » est synonyme d’esclave. Peu importe qu’il soit créole, africain ou autre.


                              • Bill Bill 17 juin 2007 13:04

                                Allons cher Makan, vous savez que je vous apprécie...

                                Je ne parle que de ce qu’il me semble, et vous savez certainement vous qui êtes fin, et cultivé, que l’Afrique a participé à la traite des esclaves très largement, et que les Africains eux-même vendaient des esclaves aux Européens.

                                Votre commentaire personnalise ce que j’écrivais plus haut : c’est une erreur je crois d’avoir une vision trop raciale des choses, il me semble que la culture est plus importante que la « race », et que les créoles sont un peuple avec une culture. Je ne cherche pas à opposer les uns et les autres, mais si vous fréquentez des créoles, vous savez que cette réflexion sur l’identité créole existe.

                                N’ayez pas je vous prie cette vision si manichéenne : les « blancs » ne sont pas les méchants que vous décrivez ! Ils ne sont ni plus ni moins bons que les autres, tout comme les noirs, et agissent aussi parfois pour des noirs, sans rien attendre d’eux ! En Afrique c’est la même chose, en témoigne ce qui s’est passé récemment au Zimbabwe.

                                Bien cordialement Makan !

                                Bill


                              • Makan 18 juin 2007 11:15

                                Mon cher Bill,

                                Vous savez que, comme je vous l’ai déjà dit, l’estime est réciproque.

                                Mais ce n’est pas moi qui ait « racialisé » les choses, elle l’ont été bien avant vous et moi par vos ancêtres européens. Personnellement, ça ne me gêne pas.

                                Quelques Africains ont participé à la traite, comme dans toutes les guerres il y a des collabos. Cela n’excuse en rien le crime multiséculaire des Européens, crime fait de violence, de viols, d’aliénation mentale et physique de millions de Noirs africains déportés.

                                Je suis de ceux dont les ancêtres ont échappé de peu à cela mais qui en souffrent quand même parce qu’il s’agit de nos frères de race.

                                J’ai récemment visité l’île de Gorée au large de Dakar et je peux vous dire que nous sommes nombreux à venir nous recueillir là, dans l’émotion jusqu’au larmes, en mémoire de nos frères déportés.

                                Les Européens aimeraient bien que nous acceptions de dire que nous sommes coupables avec eux de ce crime mais, de même que les français n’étaient pas coupables, malgré les collabos, de l’invasion de la France et de son occupation par l’Allemagne en 1940, nous aussi nous ne sommes pas coupables de la traite négrière.

                                Que la France ne se repente pas donc. De toute façon, à mes yeux, c’est sans importance. Où avez-vous déjà vu qu’un homme ou un pays se repente spontanément et sincèrement dans la joie et la bonne humeur ? La repentance est souvent le résultat d’un drame, d’une crainte ou d’une menace. L’Allemagne s’est repentie parce qu’elle a frôlé l’anéantissement. La France s’est repentie pour son rôle dans la déportation des Juifs parce que ce peuple, quoiqu’on en dise, s’est relevé de ce drame et a retrouvé sa puissance.

                                Les Africains, qu’ils soient en France ou ailleurs devraient commencer par là. Travailler à se faire respecter d’abord au lieu de demander une repentance qui risque de ressembler à du « foutage de gueule » !


                              • Bill Bill 18 juin 2007 11:41

                                Cher Makan, puis je vous prier de bien vous renseigner sur l’île de Gorée ? Aucun esclave n’aurait jamais été déporté depuis cette île. Par ailleurs vous me dites des Africains qu’ils furent surement peu nombreux à participer à l’esclavagisme, mais croyez vous qu’en France cela est différent ? Je serais plus que surpris que mes ancêtres aient participé à ce traffic !

                                Je ne sais plus qui disait que les Antillais sont les fils des esclaves, mais aussi des maîtres, c’est ainsi, c’est une réalité.

                                Renseignez-vous sur l’île de Gorée, la vérité est ce qu’il y a de plus important. Si je trouve le temps, je déposerai des liens ici.

                                Bien cordialement à vous

                                Bill


                              • claude claude 18 juin 2007 11:45

                                bonjour,

                                "De quelles souffrances l’humanité n’est-elle pas affligée parce qu’elle ne sait pas se réconcilier ! [Jean-Paul II] Extrait de la célébration pour La journée mondiale de la Paix - 1er janvier 2002 "

                                nous faisons semblant d’être nés avec le XXI° siècle, en oubliant avec une ardeur qui frise la perfection, que durant les derniers siècles tous les peuples dominateurs se sont rendu coupables de crimes envers l’humanité : chinois, japonais, occidentaux, turcs, mongols...

                                seulement, le XX° a apporté l’industrialisation de la manière de tuer, plus ou moins proprement, un grand nombre d’humains simultanément. parfois, c’était du fait des envahisseurs étrangers et coloniaux, parfois du fait des autochnones ...

                                "Je connais trop les hommes pour ignorer que souvent l’offensé pardonne, mais que l’offenseur ne pardonne jamais. [Jean-Jacques Rousseau]"

                                les génocides des amérindiens, des arméniens, des juifs n’ont malheureusement pas pu servir d’exemple pour l’évolution humaine, et éviter celui des biafrais, des peuples africains, les massacres de la décolonisation, celui du darfour, en ex-yougoslavie, en tchetchénie, en irak,etc...

                                "La honte est dans l’offense, et non pas dans l’excuse. [Pierre Claude Nivelle de La Chaussée] "

                                nous ne sommes pas responsables ni coupables des crimes de nos parents, mais nous pouvons les reconnaitre, et les assumer afin qu’en ayant conscience du processus, nous puissions eviter le mieux possible de perpétrer cette mauvaise habitude de réduire en esclavage et de tuer tous ceux qui ne nous ressemblent. n’oublions pas que nous avons hérité de l’histoire de nos ancêtres, ainsi que de leurs richesses, il est donc normal de reconnaître lorsqu’ils se sont mal comportés. cela n’enlève rien à notre grandeur et à notre inétgrité, et ce geste peut apaiser les descendants de ceux qui ont souffert (cf la blessure du génocide arménien qui malgré presque un siècle passé, reste à vif ...)

                                " L’homme qui pardonne ou qui demande pardon comprend qu’il y a une vérité plus grande que lui. [Jean-Paul II] Extrait de la célébration pour La journée mondiale de la Paix - 1er janvier 2002 "

                                la prière universelle des chrétiens incite à reconnaître que l’homme peut mal se conduire, et que l’offense et le pardon sont étroitement liés :
                                - "Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés"

                                l’afrique du sud mène despuis quelques années une expérience entre bourreaux et victimes d’hier : http://www.monde-diplomatique.fr/2005/01/WAUTHIER/11834 «  »«  »Vérité et réconciliation en Afrique du Sud

                                La création, en 1993, de la commission Vérité et réconciliation a sans doute contribué à épargner un bain de sang à l’Afrique du Sud libérée de l’apartheid. La personnalité de Mgr Desmond Tutu, archevêque anglican de Johannesburg, prix Nobel de la paix, qui l’a présidée, n’est évidemment pas étrangère à la réussite de cette expérience d’amnistie. Une expérience aussi originale sur le plan juridique qu’éprouvante pour les victimes (en majorité noires) et les bourreaux (blancs pour la plupart) du régime de discrimination raciale sud-africain.

                                Le principe en était simple : bénéficieraient d’une amnistie tous ceux qui viendraient devant la commission « confesser » en quelque sorte leurs exactions - il s’agissait surtout de membres de la police qui avaient torturé, et parfois tué, des militants des mouvements de libération noirs, principalement le Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela. L’amnistie des requérants était soumise à deux conditions : d’abord de ne rien omettre de leurs crimes et délits dans leur déposition, ensuite d’avoir agi sur ordre de leur hiérarchie tout en croyant servir un « objectif politique » (une prétendue défense de la race blanche, par exemple). Contrairement à ce qu’avait publiquement craint l’ancien président Frederik De Klerk, la révélation des sévices souvent atroces infligés par les bourreaux n’a pas entravé la réconciliation entre les communautés noire et blanche. La Commission a ainsi réussi la catharsis qu’elle s’était fixée comme objectif.(...)«  »«  »


                              • Makan 18 juin 2007 12:09

                                @Bill,

                                Mon cher Bill,

                                Je suis beaucoup plus renseigné sur l’île de Gorée que vous ne pouvez le soupçonner. Dans tous les drames, il existe des thèses révisionnistes. Toutes les histoires autour de la non authenticité de l’île de Gorée, comme la tentative des Européens de faire porter la responsabilité de la traite aux Africains font partie de ces thèses.

                                Vous dîtes que les Antillais sont les descendants des maîtres et des esclaves. C’est vrai. Mais comme dans tous les pays esclavagistes, les ancêtres esclaves n’étaient pas consentantes. Sans compter que les maîtres blancs ne reconnaissaient pas la paternité de ces enfants nés de ces unions forcées.


                              • Bill Bill 18 juin 2007 12:32

                                @ Makan

                                Eh bien , je me renseignerai un peu plus sur l’île de Gorée, cependant le renseignement que j’ai là-dessus vient d’un africaniste distingué, qui aime particulièrement l’Afrique, et qui ne passe rien habituellement aux Européens ! D’après lui cela se passait plus au nord. Pour ce qui est des esclavagiste africains, j’irais me renseigner plus précisément, cependant j’ai lu dans la biographie de Rimbaud, par exemple, que les esclavagistes du soudan était déjà si bien installé depuis longtemps, qu’il n’aurait pas pu s’y faire une place...

                                Pour ce qui est des Antillais, toujours dnas une biographie, j’ai lu que les rapports étaient plus complexes et parfois plutôt complice. Il va de soi que selon le « maitre », la situation de l’esclave était plus ou moins dure. Je déplore tout de même qu’on mélange bien souvent la situation des Antilles avec celle des Amériques, dans laquelle cela semble avoir été bien plus dur ! Il faut tout de même savoir que les papes, malgré ce qui en est dit, se sont toujours prononcés contre l’eslavage, allant jusqu’à excommunier les esclavagistes. Et enfin nous savons que les musulmans ont aussi pratiqué l’esclavage en Afrique, puisque nous parlons de repentance.

                                Quoi qu’il en soit, l’esclage est bien sûr une horreur...

                                Bien à vous cher Makan


                              • Makan 18 juin 2007 13:15

                                @Bill,

                                Ici, le débat porte sur l’esclavagisme des Occidentaux. Celui des Arabes - donc du côté du Soudan- a été tout aussi violent et inhumain mais c’est un autre débat.

                                Je ne pense pas qu’un système esclavagiste ait été plus humain qu’un autre. Les séquelles qu’on voit aux Antilles comme aux Amériques n’incitent pas à dire que c’était mieux d’un côté ou de l’autre.

                                Bien sûr, il est possible qu’il y ait eu des complicités entre maîtres et esclaves. Je mets cela sur le compte de l’instinct de survie de la part des esclaves et non sur la gentillesse des maîtres.

                                Le problème le plus grave de l’esclavagisme occidental n’est pas la brutalité des maîtres. On a vu le même niveau de violence dans tous les systèmes esclavagistes. Le problème c’est que pour justifier l’esclavage des Noirs, l’Occident a élaboré une idéologie de supériorité raciale qui fait des ravages encore aujourd’hui. Parce que cette idéologie est à la base de tous vos discours, comportements et rapports avec les autres peuples, et cela même en 2007.

                                C’est en cela que toutes les églises occidentales (catholiques et protestantes) portent une lourde responsabilité parce qu’elles ont donné leur caution à cette idéologie.


                              • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 29 juin 2007 22:08

                                @ Claude

                                Merci pour ce commentaire très constructif. J’adhère à 100%. L’exemple de l’Afrique du Sud est extrêmement convaincant car il va droit à l’essentiel : le pouvoir rédempteur et réconciliateur de la repentance de l’offenseur.


                              • leréveur 15 juin 2007 18:11

                                Psychologue scolaire et chercheur en psychologieFidèle de Darwin, Piaget, Girard, Krishnamurti, etc. Ecologiste libertaire de la première heure, convaincu que le web social sera l’instrument d’une révolution nécessaire, celle de la déconstruction de l’information et de la construction sociale de la réalité

                                avec un pédigree pareil torturé qu’il est le Luc-Laurent ; ce doit être le climat de Montpellier

                                la rédemption est une notion religieuse à laquelle d’ailleurs beaucoup de religions n’adhèrent pas

                                laissons la rédemption aux religieux et l’Histoire aux historiens

                                ça devient une manie de chaque Président de la République d’y aller de sa petite cérémonie ; pour Sarko cela relève du « grand Gallo »


                                • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 29 juin 2007 22:24

                                  @ cosmic & lerêveur

                                  L’argumentaire fallacieux par excellence est celui qui est fait « ad hominem », c’est-à-dire, qui vise l’homme en pointant ses (supposées) faiblesses plutôt que celles de son propos.

                                  Dahomay ne pense pas, il parle seulement la langue de bois de la vertu offensée et s’emporte tout seul dans une violence qui prétend trouver sa justification dans celle qu’il croit déceler chez Confiant. Confiant est un homme en colère certes, il peut être brutal dans ses formules, mais ce n’est pas une raison pour ne pas l’entendre.

                                  On nous dit que Confiant est contre la repentance ? Fanon aussi l’était ? Et bien oui, précisément, c’est cela que j’ai essayé de dégager de ma lecture du texte de Confiant : la repentance doit venir de l’offenseur, du violent, elle ne peut être demandée (d’où la différence avec les procès de Moscou). Cela, exactement comme une femme ne peut demander qu’on lui offre « spontanément » des fleurs. Elle ne peut qu’espèrer et attendre. Si elle demande, ç’en est fini de la spontanéité. A tout jamais.


                                • fouadraiden fouadraiden 15 juin 2007 18:12

                                  faut pas pousser le bouchon trops loin.les Arabes auraient encore la mémoire des croisades...qui a osé dire une telle niaiserie ? N’IMPORTE QUOI.

                                  le propblème est actuel.et c’est actuellemnt que les Occidentaux ,partout minoritaires,abusent de leur arrogance et de leur puissance.le problème est là.

                                  la mémoire occidentale n’intéresse pas les arabes pour une raison assez simple ;ils savent depuis longtemsp ce que cache le masque sous lequel l’univesalisme occidental se déploie .

                                  par contre les arabes veulent que cessent le soutien inconditionnel des Occidentaux aux Israéliens,de la politique de toutes les administrations américianes depuis la seconde guerre mondiale,du traitement que les sociétés occidentales reserves à leurs minorités arabes.

                                  sinon la repentance ils peuvent se la foutre au cul.

                                  quant à l’abruti qui parle d’esclavage musulman ,faut-il rappeler que l’empire musulman n’a jamais approché ni de près ni de loin le concept de démocratie ou celui des droits de l’homme.

                                  quant à la colonisation algérienne de la France ne ratons jamais une occasion pour rappeler aux héritiers des droits de l’homme imaginaire la réalité de leurs crimes.

                                  ç’a l’avantage de calmer l’arrogance des Français quand on leur rappelle quils sont des criminelrs comme les autres.

                                  avoir torturé des Algériens en prétendant les émanciper ,meme les islamistes,d’hier ou d’aujourdhui, n’oseraient justifier leurs crimes de la sorte.

                                  quant l’homme Noir ,qui est devenu un « nègre » dans les yeux d’un occidental ,ils est vraiment dans la merde pour croire que son émancipation est concevable depuis la mémoire française.imaginerait-on un seul instant le contraire possible ?


                                  • Makan 15 juin 2007 20:31

                                    @fouadraiden

                                    « quant l’homme Noir ,qui est devenu un »nègre« dans les yeux d’un occidental ,ils est vraiment dans la merde pour croire que son émancipation est concevable depuis la mémoire française.imaginerait-on un seul instant le contraire possible ? »

                                    Là, vous exagérez vous aussi. Ce débat sur la repentance est un débat franco-français. Ceci concerne uniquement les Noirs de France qui se battent pour leurs droits. Où voyez-vous que les Noirs du monde entier attendent de la France une quelconque émancipation ?

                                    Très peu d’Africains ont entendu parler de ce débat et ne savent même pas qu’il y a une journée de commémoration de l’esclavage en France !


                                  • fouadraiden fouadraiden 16 juin 2007 18:10

                                    pensez-vous que les Noirs de France soient des noirs particuliers ?à quoi croyez-vous que nous devons attribuer la situations des noirs dans les sociétés occidentales ?

                                    quelles que soient les circonstances la problématique demeure elle généralisable.


                                  • Bill Bill 17 juin 2007 22:49

                                    N’oublions pas non plus que les musulmans ont fait, et font encore des esclaves en Afrique, et que l’Algérie a été une terre d’esclavagistes jusqu’à ce que les Français arrivent !


                                  • Makan 18 juin 2007 10:23

                                    Aucune situation n’est généralisable. L’Algérie demande aussi des excuses à la France et personne n’en déduit que tous les Arabes attendent de la France leur émancipation.

                                    La situation des Noirs en Occident n’est pas le seul fait de la France. Il existe des centaines de millions de Noirs dans le monde entier pour qui la France ne représente rien.



                                  • ExSam 15 juin 2007 22:07

                                    Trés bon article, bien écrit et qui enfonce le clou prodondément et lucidement, dans dans des limites que veulent souligner le paragraphe suivant.

                                    A l’exception, donc, de la revendication pour les juifs d’une « responsabilité particulière ». In fine, c’est peut-être là ou est l’impensé, où est le problème, où est le déni.


                                    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 24 juin 2007 00:36

                                      Je suis intéressé mais je ne vois pas trop dans quelle direction aller exactement. Serait-il possible de préciser ? Merci.


                                    • Y. DESGREES 16 juin 2007 22:56

                                      Article intérssant, mais à mon avis qui omet le fond du problème : doit-on, en définitive, faire acte de repentance à longueur d’année pour toutes les erreurs commises dans le passé proche ou lointain ? Doit-on faire acte de repentance pour des faits qui ont duré des années sans que quiconque s’en émeuve (ou presque...), il y a bien longtemps, par des individus qui vivaient dans une culture heureusement totalement dépassée ? Bien-sûr la shoah a existé, ne peut à aucun prix être admise, et encore moins oubliée... Mais à mon sens la comparaison faite avec l’esclavagisme ne va pas, tout simplement parcequ’il existe encore dans notre monde plusieurs sortes d’esclavages, tous intolérables ! Faire aujourd’hui repentance de cela est un acte qui permet de ne pas oublier ce qui existe encore, qui doit à tout prix être combattu. Faire acte de repentance pour des faits qui remontent à plusieurs siècles, sous d’autres régimes,par de lointains ancêtres qui n’ont pas eu la chance d’être éduqués avec un tant soit peu d’« humanisme » autrement dit sous d’autres « cultures » (le monde a évolué...) me parait non seulement inutile, mais propice à se flageller inutilement, à dénigrer sans grand effort, facilement, notre beau pays, beau malgré les défauts de son passé, donc propice à faire de ses habitants des aigris, des tristes, des femmes et des hommes qui n’osent plus voir avec optimisme l’avenir qui est devant eux... C’est là, à mon avis, une différence fondamentale ! YD


                                      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 24 juin 2007 00:34

                                        Je ne comprends pas les questions. Chirac a-t-il fait repentance à longueur d’année pour la collaboration de l’état français au processus d’extermination des juifs ? Pas à ma connaissance. Il l’a fait une fois, et tout le monde s’en souvient, c’est ce qui compte.

                                        L’esclavage est multiforme et de toutes les époques : so what ? Est-on pour cela disculpé de celui que l’on a pratiqué à un moment donné ? Je ne vois pas comment cela serait.

                                        Considérer que la repentance peut avoir une vertu actuelle en nous amenant à lutter contre les formes actuelles de l’esclavage, c’est très vrai. Mais encore faut-il passer par cette étape du repentir sincère et véritable et non pas adopter l’attitude qui consiste à dire que tout cela appartient dorénavant au passé et qu’il faut laisser les morts enterrer les morts.

                                        Il est très tentant et trop facile de dire que la violence de nos pères n’est pas la nôtre. Que nous n’agirions pas de la sorte, que nous n’avons pas de compte à rendre à ce sujet

                                        La civilisation occidentale s’est largement développée grâce à l’esclavage, grâce à l’exploitation des richesses et des peuples du Nouveau Monde, et enfin grâce au colonialisme. C’est la grande famille européenne qui a fait cela, la France en tête. Tout ceux qui nous entonnent le bel air de l’héritage européen etc. serait bienvenus de se rappeler de quoi il est constitué. Une bonne part n’est autre qu’un trésor de guerre.

                                        Pour voir l’avenir avec optimisme, il faut sentir qu’on a été capable de s’assumer, c’est-à-dire, capable d’assumer son passé, plutôt que de le fuir. A défaut, nous sommes condamnés à nous fuir, donc à reproduire nos erreurs.


                                      • Y. DESGREES 16 juin 2007 23:09

                                        Article intérssant, mais à mon avis qui omet le fond du problème : doit-on, en définitive, faire acte de repentance à longueur d’année pour toutes les erreurs commises dans le passé proche ou lointain ? Doit-on faire acte de repentance pour des faits qui ont duré des années sans que quiconque s’en émeuve (ou presque...), il y a bien longtemps, par des individus qui vivaient dans une culture heureusement totalement dépassée ? Bien-sûr la shoah a existé, ne mpeut à aucun prix être admise, et encore moins oubliée... Mais à mon sens la comparaison faite avec l’esclavagisme ne va pas, tout simplement parcequ’il existe encore dans notre monde plusieurs sortes d’esclavagismes, tous intolérables ! Faire aujourd’hui repentance de cela est un acte qui permet de ne pas oublier ce qui ecxiste encore. Faire acte de repentance pour des faits qui remontent à plusieurs siècles, sous d’autres régimes, autrement dit sous d’autres « cultures » (le monde a évolué...) me parait non seulement inutile, mais propise à se flageller inutilement, à dénigrer un peu facilement notre beau pays, beau malgré les défauts de son passé, donc propice à faire de ses habitants des aigris, des tristes, des femmes et des hommes qui n’osent plus voir avec optimisme l’avenir qui est devant eux... YD


                                        • DANIELYVES 16 juin 2007 23:14

                                          Redemption ? Pour qui ?

                                          Cette notion de repentance, de faute, est devenu l’épouvantail brandi par ceux qui veulent faire oublier leurs propres fautes ou celles de leurs protégés.

                                          Les horreurs d’Algérie seraient ainsi le lot essentiel du Français stimatisé et criminalisé à souhait. Mais comment oublier le million de Chrétiens amenés en esclavage à Alger ? Comment oublier les massacres en série commis par les « héros » Algériens , Abd El Kader en particulier génocidant plusieurs tribus dont le seul tort était d’être pro-française ; comment oublier Melouza ? Comment oublier Setif et les centaines de victimes de la terreur musulmane ? Pour Setif c’est trouvé : on gonfle les chiffres de la répression avec une crapulerie de 1er Goebbels venu ; et on envoie les victimes au charnier de l’oubli...

                                          De Degueldre à Salan , en passant par Graziani, sans oublier Aussaresse, tous étaient d’anciens Résistants ou FFL...Etrange, non ?

                                          Voir aussi le bidonnage sur l’esclavage ! Ces palinodies sur notre responsabilité cachent l’essentiel. L’esclavage des Africains, est d’abord le fait des Africains qui pendant des siécles ont vendu des millions des leurs aux Arabes et aux Européens...

                                          Bidonnage ! Mentir ! l’infame sauce que mitonnent les Liauzu et autres Branche n’est pas pour rien dans la persistance des esclavages africains ou l’irresponsabilité chronique manifestée par tous ceux qui en arrivent à penser en termes « d’innocence » de races ou de « valeurs » du métissage !...

                                          Où l’imbecillité raciste se mêle à la bêtise crasse de l’ignorance ! Ceci sous le masque d’un « anti racisme » qui n’est que la manifestation d’un racisme anti blanc et anti chretien maladif .

                                          Derniére manifestation : le Soudan. Pendant des années on a laissé genocidé 2 millions de Soudanais du Sud sans rien dire ni faire. Koushner et BHL dormaient. Soudain c’est l’alarme : on tue des Soudanais , 200000 au Darfour. Pourquoi cette alarme ? Au Darfour on tue des Musulmans ... Dans le Sud on ne tuait que des Chrétiens...Et des Chrétiens, fussent ils noirs, mon dieu : on s’en tape !disent nos belles âmes...

                                          Repentance ? C’est une notion qui concerne les Chrétiens, cela... Musulmans, Hindouistes n’ont cure de repentance... Et nous ? L’Europe a refusé d’assumer tout héritage chretien. La France est une nation laique. Qu’en avons nous à foutre de la repentance ? Les français noirs, anciens esclavagistes d’Afrique, anciens esclaves des Antilles , sont ils tenus à repentance ??? Et moi, blanc, dont les ancêtres étaient gens de peu, serfs autrefois, ouvriers traités comme du bétail , dois je me repentir en tant que blanc ?? Dois je plier le genou et céder ma place et celle de mes enfants à des gens dont la seule qualité serait d’avoir une peau noire ???

                                          En Malaisie les musulmans ont trouvé le bon moyen de rétablir un arpartheid social et racial , plus moderne que l’ancien systéme des Dhimmi. En Malaisie le gouvernement a décreté que les musulmans en tant que soi disant « victimes de discrimination », devaient beneficier d’une discrimination positive. Résultat : les musulmans (51 % de la population) détiennent tous les leviers du pouvoir et n’oublient pas d’en abuser (avec bonne conscience !!) sur les Boudhistes, Chretiens ...Parlerais je des athées, l bas considérés comme des chiens...


                                          • Gazi BORAT 18 juin 2007 07:49

                                            « De Degueldre à Aussaresse.. »

                                            Que je trouve souvent excessives ces demandes de repentances émergeant de tous les azimuths ne m’empèche pas de penser que des fonctionnaires civils ou des militaires doivent répondre de leurs actes lorsqu’ils ont enfreint certaines règles.

                                            Si la France doit accepter de regarder avec lucidité son passé colonial, sans, pour certains, tenter de le justifier à postériori par le fait que les Barbaresques pratiquaient l’esclavage, des personnages comme Aussaresse, le type même du criminel de guerre, doivent être jugés, ne serait-ce que pour l’honneur de l’armée qui les a compté dans ses rangs..

                                            La colonisation française a été sanglante, il est inutile de se voiler la face, même si le fait fut couvert par un prétendu « idéal civilasateur ».

                                            gAZi bORAt


                                          • DANIELYVES 18 juin 2007 17:25

                                            Aussarresse , type du criminel de guerre ??? Faut lire son livre, ses « aveux »...

                                            Par exemple quand il arrive à Philipeville où il trouve des centaines de cadavres atrocement mutilés de femmes , d’enfants...Quand il y a cette gamine dont les « vaillants » combattants du FLN ont crevé les yeux, qui vient s’accrocher à lui...

                                            Il a des consignes , Aussarresses : faut que les massacres cessent et demerdez vous !

                                            Alors il arrête des coupables, et il les « juge » lui-même. Pas beau...Et même degueulasse... Mais il bon dos, Aussarresse !

                                            Où sont les gouvernants qui l’ont mandaté pour sa mision ?

                                            Et les « courageux » porteurs de valises qui ont plongé leurs mains dans le sang de leurs compatriotes, qui ont armé les assassins ?

                                            Et les assassins eux-mêmes qui ont délibérement assassiné, mutilé, violé, en escomptant la réaction imbéccile et ignoble de l’état colonial ?

                                            Et tous ces assassins de Melouza, de Palestrot, ces joyeux égorgeurs de femmes et d’enfants , ces massacreurs de harkis , où sont ils ? Quand feront ils repentance ?

                                            Je plaisante-jaune bien sur...

                                            Tous ces assassins paradent impunément, ils viennent même se faire soigner en France....

                                            Repentance ???? Il s’agit simplement de cacher les crimes de nos nouveaux « amis » , de faire oublier à quel point nos destins sont inconciliables si nous voulons demeurer libres.... Repentance ???? Le nouveau torchon des collabos et des flagellants...


                                          • maxim maxim 17 juin 2007 13:50

                                            qu’est ce que c’est encore que ces conneries ??????

                                            encore un article sur la repentance ??????

                                            mais y’en a marre de l’auto flagellation ,faut il faire pousser des orties dans son jardin pour se fouetter lors du prochain tissu de conneries comme cet article ????

                                            que l’auteur demande à tous ceux qui ont quelque chose à se reprocher de la faire cette repentance ....

                                            qu’il aille frapper aux ambassades suivantes : Allemagne/Russie/Turquie/Chine/Japon/Vietnam/Algerie/Argentine/Grèce/Angleterre/Hollande/ Afrique de Sud/Soudan/Espagne/Portugal/Italie/les états d’Afrique qui ont eu et ceux qui ont encore des Dictateurs en place .....

                                            déjà lorsqu’il aura frappé à toutes ses portes en disant « bonjour ,je viens pour que vous vous repentiez ,pour les fautes que vous avez commises dans le passé ,ou celles dont vous vous rendez encore coupable !!! ».....

                                            là on pourra discuter ,mais maintenant ,y’en a ras le bol !!!!

                                            et c’est un psychologue scolaire ce mec ,pour quoi ???pour foutre de la merde dans le cerveau des gamins .....

                                            de la repentance ,je t’en foutrais moi de la repentance !!!!!!


                                            • frédéric lyon 18 juin 2007 13:05

                                              Les esclaves d’afrique ont été achetés par les européens à des vendeurs d’esclaves, qui les amenaient sur les plages pieds et poings liés et les vendaient contre la fameuse « verroterie » : des colliers de verres de couleur, dont les plus beaux et les plus prisés par les vendeurs d’esclaves étaient fabriqués à Murano (Venise) (! !).

                                              J’ai eu l’occasion d’acheter un de ses colliers de verroterie, un pièce authentique du 18ème siècle, chez un antiquaire à Johannesburg.

                                              Le bateau des européens n’avait qu’à jeter l’ancre et tout était réglé en un tour de main.

                                              Dans un deuxième temps, les européens se sont installés dans de petites iles, pas trop éloignées de la côte comme l’ile de Gorée, pour pouvoir rassembler en un seul lieu tous les eclaves que les vendeurs ne cessaient de leur apporter en grand nombre.

                                              Ce sont les européens eux-mêmes qui ont mis fin à ce commerce, dès qu’ils ont commencés à s’enfoncer dans les terres et se sont mis à exploiter ces pays, car ils ont eu alors besoin de main d’oeuvre sur place. Il ne faut pas oublier que l’Afrique n’était pas densément peuplée et que la main d’oeuvre était rare.

                                              Mais au fait, qui étaient ces vendeurs d’esclaves ?


                                              • Act 18 juin 2007 13:24

                                                Luc-Laurent,

                                                Votre papier fait plaisir à lire par ces temps d’obscurantisme triomphant et de repli sur soi viscéral. Les glissements sémantiques et la propagande médiatiques ont consacré la novlangue orwelienne (le mal, c’est le bien, l’injustice, c’est la justice... l’Etat est mal alors encore plus de police, moins d’impôts mais plus de TVA, retour à la souveraineté nationale et traité simplifié par voie autoritaire, sécu trop chère payez de votre poche vos soins, vive la valeur travail alors je défiscalise l’héritage des rentiers, pas d’immigrés alors on en recrute plus même sans papiers dans le bâtiment). Pardonnez cette digression qui rappelle que l’heure n’est pas à la raison mais aux pulsions les plus immédiates et viles.

                                                Pour revenir au sujet « il y en a marre de la répentance, l’autoflagélation, le sanglot de l’homme blanc, la haine de soi, la victimisation, l’ignorance de la faute de la victime... » lâche-t-on doctemment ou stupidemment.

                                                Mais dites-moi en dehors du cas de la Shoah devant laquelle tout Occidental se prosterne de gré ou de force connaissez-vous des cas de répentance officielle ou publique ? Comment peut-on se plaindre d’une chose qui n’existe pas et qui n’a jamais existé ?

                                                On se retrouve dans la situation ou non seulement la victime n’est pas rétablie dans ses droits mais n’a même pas l’autorisation de les revendiquer. Le déni poussé à un tel degré est ahurissant. On en comprend mieux les cris de Dieudonné ou de Confiant entre autres.

                                                En dernière analyse, seule la force ou la ruse compte. La place de la Shoah dans ce dispositif planétaire en est la plus parfaite illustration.


                                                • frédéric lyon 18 juin 2007 13:32

                                                  « La place de la Shoah dans ce dispositif planétaire en est la plus parfaite illustration »

                                                   ??????????????

                                                  Que vient faire ici la Shoah ?

                                                  Encore un de nos amis musulmans esclavagistes qui vient régler chez nous son problème avec les juifs !!!

                                                  Pourquoi viens-tu régler chez nous des questions qui ne nous regardent pas ?

                                                  Rentre donc chez toi.


                                                  • Act 18 juin 2007 13:46

                                                    Monsieur le grossier personnage alias Lyon,

                                                    Qui désignez-vous pas « nous » ? « Où est-ce le chez vous » ? « Enfin où est-ce le chez moi » ?

                                                    Votre tentative de récupération et de manipulation est on ne peut plus ridicule. A l’avenir veuillez bien vous tenir à l’écart d’échanges dont l’étroitesse de votre esprit vous empêche de saisir le sens.

                                                    A défaut vous risquez de faire péter votre rachitique neuronne uniquement stimulé par la haine.


                                                  • frédéric lyon 18 juin 2007 13:51

                                                    Mon cher Act, comprends-tu le français ?

                                                    Je te demande pourquoi tu es venu chez nous pour importer un conflit qui t’oppose sans doute aux juifs, mais qui ne nous concerne pas ?


                                                    • claude claude 18 juin 2007 16:44

                                                      petit article paru en 98 dans le monde diplomatique. un intéressant résumé de la situation concernant la traite des noirs.

                                                      bonne lecture

                                                      http://www.monde-diplomatique.fr/1998/04/M_BOKOLO/10269

                                                      Le Monde diplomatique

                                                      Archives - Avril 1998

                                                      Il y a cent cinquante ans, en France, était aboli l’esclavage La dimension africaine de la traite des Noirs Sous-secrétaire d’Etat aux colonies françaises, Victor Schoelcher signait, le 27 avril 1848, le décret d’émancipation des esclaves. Pour arracher cette décision à son ministre hésitant, il avait dû l’avertir des risques d’une rébellion générale si l’on maintenait les choses en l’état. La résistance des esclaves fut en effet capitale dans la désision abolitionniste de Paris. Dans une Afrique ravagée par la traite des Noirs - et qui demeure marquée par cette effroyable saignée - la liberté finalement arrachée a été plus le résultat de l’élan propre des sociétés africaines que d’une soudaine générosité des esclavagistes. Par Elikia M’bokolo

                                                      Même habitué au spectacle des crimes qui jalonnent l’histoire de l’humanité, l’historien ne peut s’empêcher d’éprouver un mélange d’effroi, d’indignation et de dégoût à remuer les matériaux relatifs à l’esclavage des Africains. Comment cela a-t-il été possible ? Et si longtemps, et à une telle échelle ? Nulle part ailleurs dans le monde ne se rencontre en effet une tragédie d’une telle ampleur.

                                                      C’est par toutes les issues possibles - à travers le Sahara, par la mer Rouge, par l’océan Indien, à travers l’Atlantique - que le continent noir a été saigné de son capital humain. Dix siècles au moins (du IXe au XIXe) de mise en servitude au profit des pays musulmans. Plus de quatre siècles (de la fin du XVe au XIXe) de commerce régulier pour construire les Amériques et pour la prospérité des Etats chrétiens d’Europe. Ajoutez à cela des chiffres, même très controversés, qui donnent le vertige. Quatre millions d’esclaves exportés par la mer Rouge, quatre millions encore par les ports swahilis de l’océan Indien, neuf millions peut-être par les caravanes transsahariennes, onze à vingt millions, selon les auteurs, à travers l’océan Atlantique (1).

                                                      Ce n’est pas un hasard si, parmi tous ces trafics, c’est « la traite » dans l’absolu, c’est-à-dire la traite européenne et transatlantique, qui retient le plus l’attention et suscite le plus de débats. Elle n’est pas seulement, jusqu’à ce jour, la moins mal documentée. Elle est aussi celle qui s’est attachée de manière exclusive à l’asservissement des seuls Africains, tandis que les pays musulmans ont asservi indifféremment des Blancs et des Noirs. Elle est enfin celle qui, de toute évidence, peut le mieux rendre compte de la situation actuelle de l’Afrique, dans la mesure où en sont issus la fragilisation durable du continent, sa colonisation par l’impérialisme européen du XIXe siècle, le racisme et le mépris dont les Africains sont encore accablés.

                                                      Car, au-delà des querelles récurrentes qui divisent les spécialistes, les questions fondamentales que soulève l’esclavage des Africains n’ont guère varié depuis que, à partir du XVIIIe siècle, le débat a été porté sur la place publique tant par les idées des abolitionnistes dans les Etats esclavagistes du Nord que par les revendications des penseurs noirs et par la lutte continue des esclaves eux-mêmes. Pourquoi les Africains plutôt que les autres ? A qui, précisément, imputer la responsabilité de la traite ? Aux seuls Européens ou aux Africains eux-mêmes ? L’Afrique a-t-elle vraiment souffert de la traite ou celle-ci n’a-t-elle été qu’un phénomène marginal, qui n’aurait affecté que quelques sociétés côtières ? Le commerce ou la mort

                                                      Il faut peut- être revenir aux commencements car ils éclairent les mécanismes durables par lesquels le continent a été jeté, puis maintenu dans ce cycle infernal. Il n’est pas sûr que, à l’origine, la traite européenne soit dérivée de la traite arabe. Celle-ci apparut longtemps comme le complément d’un commerce autrement plus fructueux, celui de l’or du Soudan et des produits précieux, rares ou curieux, alors que, malgré quelques exportations de marchandises (or, ivoire, bois...), ce fut le commerce des hommes qui mobilisa toute l’énergie des Européens sur les côtes d’Afrique. En outre, la traite arabe était orientée principalement vers la satisfaction des besoins domestiques ; au contraire, à la suite du succès des plantations esclavagistes créées dans les îles situées au large du continent (Sao Tomé, Principe, îles du Cap-Vert), les Africains exportés vers le Nouveau Monde fournirent la force de travail des plantations coloniales, plus rarement celle des mines, dont les produits - or, argent et, surtout, sucre, cacao, coton, tabac, café - alimentèrent très largement le négoce international.

                                                      Tenté en Irak, l’esclavage productif des Africains fut un désastre et provoqua de gigantesques révoltes, dont la plus importante dura plusieurs années (de 869 à 883) et sonna le glas de l’exploitation massive de la main-d’oeuvre noire dans le monde arabe (2). Il faudra attendre le XIXe siècle pour voir réapparaître, en pays musulman, l’esclavage productif dans les plantations de Zanzibar dont les produits (clous de girofle, noix de coco) allaient d’ailleurs, en partie, vers les marchés occidentaux (3). Les deux systèmes esclavagistes ont néanmoins en commun la même justification de l’injustifiable : le racisme, plus ou moins explicite, et puisant pareillement dans le registre religieux. Dans les deux cas, on trouve en effet la même interprétation fallacieuse de la Genèse selon laquelle les Noirs d’Afrique, étant prétendûment les descendants de Cham, seraient maudits et condamnés à être des esclaves.

                                                      Ce ne fut pas sans peine que les Européens mirent en place le commerce du « bois d’ébène ». Au début, il ne s’agissait guère que de rapt : les fortes images de Racines, d’Alex Hailey (4), sont confirmées par la Chronique de Guinée écrite au milieu du XVe siècle par le Portugais Gomes Eanes de Zurara. Mais l’exploitation des mines et des plantations exigeait sans cesse plus de bras : il fallut organiser un véritable système pour leur assurer un approvisionnement régulier. Les Espagnols instituent dès le début du XVIe siècle les « licences » (à partir de 1513) et les asientos (« contrats », à partir de 1528), qui transfèrent à des particuliers le monopole d’Etat d’importation des Noirs.

                                                      Les grandes compagnies de traite se constitueront dans la seconde moitié du XVIIe siècle parallèlement à la redistribution entre les nations européennes des Amériques et du monde, que le traité de Tordesillas (1494) et plusieurs textes pontificaux avaient réservés aux seuls Espagnols et Portugais. Français, Britanniques et Hollandais, Portugais et Espagnols, mais aussi Danois, Suédois, Brandebourgeois... : c’est toute l’Europe qui participe par la suite à la curée, en multipliant les compagnies à monopole et les forts, comptoirs et colonies qui s’égrènent du Sénégal jusqu’au Mozambique. Seuls manquent à l’appel la lointaine Russie et les pays balkaniques, qui reçoivent néanmoins leurs petits contingents d’esclaves par l’intermédiaire de l’empire ottoman.

                                                      Sur place, en Afrique, les razzias et rapts organisés par les Européens cèdent vite le pas à un commerce régulier. C’est à leur corps défendant que les sociétés africaines entrent dans le système négrier, quitte, une fois dedans, à chercher à en tirer le maximum d’avantages. Voyez, entre autres exemples, les protestations du roi de Kongo Nzinga Mvemba : « converti » au christianisme dès 1491, celui-ci considère le souverain du Portugal comme son « frère » et, après sa prise de pouvoir en 1506, il ne comprend pas que les Portugais, sujets de son « frère », se permettent de razzier ses possessions et d’emmener les gens de Kongo en esclavage. Ce sera en vain : cet adversaire de la traite se laissera peu à peu convaincre de l’utilité et de la nécessité de ce commerce. En effet, parmi les marchandises proposées en échange des hommes, les fusils occupent une place de choix. Et seuls les Etats équipés de ces fusils, c’est-à-dire participant à la traite, peuvent à la fois s’opposer aux attaques éventuelles de leurs voisins et développer des politiques expansionnistes.

                                                      Les Etats africains se sont donc, si l’on peut dire, laissé piéger par les négriers européens. Le commerce ou la mort : au cœur de tous les Etats côtiers ou proches des zones de traite se trouve la contradiction entre la raison d’Etat, qui commande de ne négliger aucune des ressources nécessaires à la sécurité et à la richesse, et les chartes fondatrices des royautés qui imposent aux souverains de préserver la vie, la prospérité et les droits de leurs sujets. D’où la volonté, de la part des Etats engagés dans la traite, de contenir celle-ci dans des limites strictes. Aux Français qui lui demandent l’autorisation d’ériger une factorerie, le roi Tezifon d’Allada fait en 1670 cette réponse dont on appréciera la lucidité : « Vous allez construire une maison dans laquelle vous mettrez d’abord deux petites pièces de canon, l’année suivante vous en monterez quatre, et en peu de temps votre factorerie va se métamorphoser en un fort qui va faire de vous le maître de mes Etats et vous rendre capables de m’imposer des lois (5) . » De Saint-Louis du Sénégal à l’embouchure du fleuve Congo, les sociétés et Etats locaux vont pour la plupart réussir dans cette politique pour le moins ambiguë de collaboration, de suspicion et de contrôle.

                                                      Au contraire, dans certaines parties de la Guinée, en Angola et au Mozambique, les Européens vont s’impliquer directement dans les réseaux guerriers et marchands africains, avec la complicité de partenaires locaux noirs ou métis, ceux-ci étant issus de ces aventuriers blancs, à la réputation peu enviable, même en ces temps de grande cruauté : ainsi, les lançados portugais (ceux qui osèrent « se lancer » à l’intérieur des terres) nous sont décrits au début du XVIe siècle comme « la semence de l’enfer », « tout ce qu’il y a de mal », « assassins, débauchés, voleurs ». Avec le temps, ce groupe d’intermédiaires va s’étoffer au point de constituer, en plusieurs points de la côte, cette classe de « princes marchands » sur laquelle la traite va reposer.

                                                      Leur profit ? Les chargements des navires négriers, scrupuleusement comptabilisés en bonne logique marchande, nous en donnent une parfaite idée : fusils, barils de poudre, eaux-de-vie, tissus, verroterie, quincaillerie, voilà contre quoi on a échangé des millions d’Africains. Echange inégal, bien sûr. A ceux qui s’étonneraient de telles inégalités, on fera observer que la même logique se poursuit sous nos yeux et que notre siècle n’a guère fait mieux, qui a vu des solliciteurs empressés venus des pays du Nord convaincre des chefs d’Etat africains d’importer des « éléphants blancs » en échange de médiocres bénéfices personnels.

                                                      On voit donc que l’arsenal idéologique déployé par les négriers pour justifier la traite ne correspondait pas aux réalités ni aux dynamiques du terrain africain. Les Africains n’avaient, comme tous les peuples, aucun goût particulier pour l’esclavage, et c’est bien un système qui a généré et entretenu celui-ci. Si l’on connaît bien les révoltes des esclaves noirs au cours de la traversée de l’Atlantique et dans les pays d’accueil, on est loin d’imaginer l’ampleur et la diversité des formes de résistance en Afrique même. Résistance à la traite autant qu’à l’esclavage intérieur, produit ou aggravé par le commerce négrier.

                                                      Une source longtemps ignorée, la Lloyd’s List, jette une lumière inattendue sur le rejet de ce commerce dans les sociétés côtières africaines. Les détails dont elle fourmille sur les sinistres survenus aux navires assurés, à partir de sa fondation en 1689, par la célèbre firme de Londres montrent que, dans un nombre significatif de cas connus (plus de 17 %), le sinistre est dû à une insurrection, à une révolte ou à des pillages sur place en Afrique. Les auteurs de ces actes de rébellion étaient les esclaves, mais aussi des gens de la côte. Tout se passe comme si l’on était en face de deux logiques : celle des Etats installés bon gré, mal gré dans le système négrier ; celle des populations libres, menacées en permanence d’asservissement et manifestant leur solidarité avec les gens réduits à l’esclavage.

                                                      Quant à l’esclavage interne, tout semble indiquer qu’il s’est à la fois amplifié et durci parallèlement à la croissance de la traite, entraînant de multiples formes de résistance : fuite ; rébellion ouverte ; recours aux ressources de la religion dont les exemples sont attestés en terre d’islam comme en pays de chrétienté. Ainsi, dans la vallée du fleuve Sénégal, la tentation de certains souverains d’asservir et de vendre leurs propres sujets provoqua, dès la fin du XVIIe siècle, la « guerre des marabouts » ou le mouvement toubenan (de tuub, se convertir à l’islam). Son initiateur, Nasir al-Din, proclamait précisément que « Dieu ne permet point aux roys de piller, tuer, ny faire captifs leurs peuples, qu’il les a au contraire donnés pour les maintenir et garder de leurs ennemis, les peuples n’étant point faits pour les roys, mais les roys pour les peuples ».

                                                      Plus au sud, dans ce qui est aujourd’hui l’Angola, les peuples kongos utilisèrent le christianisme de la même manière, à la fois contre les missionnaires, compromis dans la traite, et contre les pouvoirs locaux. Au début du XVIIIe siècle, une prophétesse d’une vingtaine d’années, Kimpa Vita (connue aussi comme Dona Béatrice), prit le contre-pied des arguments racistes des négriers et se mit à prêcher un message égalitaire selon lequel « au ciel il n’y a pas de Blancs ni de Noirs » et que « Jésus-Christ et d’autres saints sont originaires du Congo, de la race noire ». On sait que ce recours au religieux n’a cessé, jusqu’à nos jours, d’accompagner dans plusieurs régions d’Afrique les revendications en faveur de la liberté et de l’égalité. De tels faits montrent que, loin d’être un phénomène marginal, la traite s’inscrit au centre de l’histoire moderne de l’Afrique et que la résistance à la traite a induit des attitudes et des pratiques encore observables aujourd’hui. La « sauvagerie » du continent

                                                      Il faut donc se défier des impressions héritées de la propagande abolitionniste et que peuvent entretenir certaines manières de commémorer les abolitions de l’esclavage. Le désir de liberté et la liberté elle-même ne sont pas venus aux Africains de l’extérieur, des philosophes des Lumières, des agitateurs abolitionnistes ou de l’humanitarisme républicain ; ils sont venus de l’élan propre des sociétés africaines. D’ailleurs, dès la fin du XVIIIe siècle, on a vu dans les pays riverains du golfe de Guinée des négociants, enrichis le plus souvent par la traite, prendre des distances par rapport à ce trafic et envoyer des enfants en Grande-Bretagne pour se former dans les sciences et métiers utiles au développement du commerce. C’est pourquoi, tout au long du XIXe siècle, les sociétés africaines n’eurent aucun mal à répondre positivement aux sollicitations nouvelles de l’Europe industrielle, convertie au « commerce licite » des produits du sol et désormais hostile à la traite, devenue « trafic illicite » et « commerce honteux ».

                                                      Mais cette Afrique-là était bien différente de celle que les Européens avaient rencontrée à la fin du XVe siècle. Comme a tenté de le montrer l’historien trinidadien Walter Rodney, elle avait été engagée, du fait de la traite, dans une voie périlleuse pour elle et se trouvait bel et bien sous- développée (6). Le racisme issu de la période négrière trouva dans ces circonstances l’occasion de se renouveler. En effet, le discours des Européens sur l’Afrique portait désormais sur l’ « archaïsme », l’ « arriération », la « sauvagerie » du continent. Chargé de jugements de valeur, il posait désormais l’Occident en modèle. Les bouleversements et la régression de l’Afrique n’étaient pas mis au compte de développements historiques réels, dans lesquels l’Europe avait sa part, mais attribués à la « nature » innée des Africains. Le colonialisme et l’impérialisme naissants purent ainsi se parer des atours de l’humanitarisme et des prétendus « devoirs » des « civilisations supérieures » et des « races supérieures ». Les Etats ci-devant négriers ne parlaient plus que de libérer l’Afrique des « Arabes » esclavagistes et des potentats noirs, eux aussi esclavagistes.

                                                      Mais une fois le gâteau africain réparti entre les puissances coloniales, celles-ci, sous prétexte de ne pas brusquer le cours des choses et de respecter les coutumes « indigènes », se gardèrent bien d’abolir effectivement les structures esclavagistes qu’elles avaient trouvées. L’esclavage persista donc à l’intérieur du système colonial, comme le montrèrent les enquêtes réalisées à l’initiative de la Société des nations (SDN) entre les deux guerres mondiales (7). Pis, pour faire marcher la machine économique, il créèrent un esclavage nouveau, sous la forme du travail forcé : « De quelque nom que l’on masque le travail forcé, on ne peut pas faire que ce ne soit pas en fait et en droit l’esclavage rétabli et encouragé (8) ». Ici encore, pour s’en tenir au cas français, c’est à l’intérieur de l’Afrique qu’est né le désir de liberté. N’est-ce pas aux élus africains, Félix Houphouët-Boigny et Léopold Sédar Senghor en tête, que l’on doit l’abolition du travail forcé en 1946, seulement en 1946 ? Elikia M’bokolo.

                                                      Droits humains, Histoire, Racisme, Afrique

                                                      Elikia M’bokolo

                                                      Historien, directeur d’études à l’Ecole des hautes étud es en sciences sociales (EHESS), Paris ; président de la Coordination de la diaspora zaïroise.

                                                      (1) Ralph Austen, African Economic History, James Curey, Londres, 1987, p. 275 ; Elikia M’Bokolo, Afrique noire. Histoire et civilisations, tome I, Hatier-Aupelf, Paris, 1995, p. 264 ; Joseph E. Inikori (sous la direction de), Forced Migration. The Impact of the Export Slave Trade on African Societies, Hutchinson, Londres, 1982 ; Philip D. Curtin, The Atlantic Slave Trade. A Census, The University of Wisconsin Press, Madison, 1969.

                                                      (2) Alexandre Popovic, La Révolte des esclaves en Irak au IIIe-IXe siècle, Geuthner, Paris, 1976.

                                                      (3) Abdul Sheriff, Slaves, Spices and Ivory. Integration of an African Commercial Empire into the World Economy, James Currey, Londres, 1988.

                                                      (4) Alex Hailey, Racines, Lattès, Paris, 1993.

                                                      (5) Akinjogbin, Dahomey and its Neighbours, 1708-1818, Cambridge University Press, Cambridge, 1967, p. 26.

                                                      (6) Walter Rodney, How Europe Underdeveloped Africa, Bogle-L’Ouverture, Londres, 1972.

                                                      (7) Claude Meillassoux, L’Esclavage en Afrique précoloniale, François Maspero, Paris, 1975.

                                                      (8) Lettre des députés français au ministre des colonies, 22 février 1946. Voir aussi

                                                      * « Périssent les colonies », par Marcel Manville

                                                      Édition imprimée - avril 1998 - Pages 16 et 17 Qui sommes-nous ? - Ours - Abonnements - Boutique - Informatique et libertés - Logiciels - Articles récents © Le Monde diplomatique - tous droits réservés


                                                      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 16 août 2008 13:12

                                                        Merci pour cet excellent article qui rappelle des pages sombres de notre histoire que d’aucuns voudraient ici ignorer pour mieux se gargariser du mot "liberté" et "démocratie". La République coloniale et, donc, aussi, esclavagiste mérite d’être (re)connue comme telle.


                                                      • sarah sarah 22 juin 2007 16:32

                                                        A Jacob et Seb

                                                        Probablement je suis encore jeune et naïve mais je ne comprend pas que vous puissiez ainsi exprimer votre haine et votre ignorance, sans vous sentir en décalage...effectivement vos propos sont haineux, ils appels aux crimes, à la violence et à la guerre. Et bien sur, dans l’obscurité de votre ignorance vous ne voyez pas que ce que vous leur reprochez(le souk et l’inutilité voir le danger) vous le prônez et l’incarnez !!!

                                                        D’ailleurs, qui est l’objet de votre haine ? Des millions de personnes dont vous ne savez rien et qui sont bien plus pacifistes et sympathique que vous ne l’êtes ? Ou bien vous-même, votre morbide incapacité à comprendre et accepter le monde tel qu’il est ; et votre impuissance à le changer pour le faire tel que vous pensez qu’il doit être ?

                                                        La question reste ouverte

                                                        Sachez tout de même Monsieur, que de plus en plus de français se convertissent à l’islam ; faut-il les bruler ? Pouvez vous réellement croire que tous les musulmans du monde sont des imbéciles qui n’ont rien compris ??? Et que toutes les musulmanes sont des femmes soumises ? Entre le voile et la mini jupe capitaliste que choisir ?

                                                        L’important n’est-il pas que je puisse choisir ?

                                                        Ce que justement vous souhaitez éradiquer...la liberté de choisir ; un seul mot d’ordre « l’occident » et pas autre chose. Et vous finissez par clamer que votre projet de société sera porteur de liberté ???

                                                        êtes-vous débiles ?

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