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Matthieu Grimpret : « L’avenir du libéralisme se trouve dans les banlieues »

Cette année, la palme du titre le plus long de l’édition française revient à Matthieu Grimpret, pour un livre très alléchant et dont on commence à beaucoup parler dans les milieux intello-politico-people : Traité à l’usage de mes potes de droite qui ont du mal à kiffer la France de Diam’s. Pourtant, au-delà de l’astuce et de la provoc’, ce livre est porteur d’affirmations fortes. Décryptage avec l’auteur, autour d’un thème inattendu quand on parle des banlieues : le libéralisme.

Votre livre est à la fois un exercice intellectuel et humoristique. Pourquoi l’avoir écrit sous cette forme ?

Parce qu’il est souvent plus facile de faire passer certaines idées non conformistes par l’humour, chacun le sait. C’est aussi une manière de faire comprendre que des choses apparemment anodines – une chanson de variété, par exemple – sont souvent révélatrices d’évolutions sociales qu’il faut prendre en compte et analyser. Sans pour autant en faire l’alpha et l’oméga de la réflexion politique. Bref, je trouve intéressant de parler avec une certaine légèreté de choses sérieuses, et avec sérieux de choses légères…

Merci de le préciser, car votre livre est aussi un texte sérieux ! S’il fallait garder une seule idée parmi les arguments que vous développez, laquelle serait-ce ?

Oui, mon livre est un texte sérieux au sens où il évoque des problématiques fondamentales : la rencontre des cultures, le visage de la société française, le sort fait aux jeunes issus de l’immigration, le dynamisme de certains jeunes de banlieue, la paix civile, les pistes pour sortir de l’atonie économique dans laquelle nous semblons plongés… En même temps, ce n’est pas une thèse universitaire, et on pourra estimer que certains points méritent d’être approfondis et discutés dans le détail. Concernant les idées à retenir de la lecture de ce petit livre, il y en a sans doute plusieurs. Mais il en est une que j’essaye de traiter de manière originale – en tout cas, je crois que, sauf erreur de ma part, mon propos est inédit dans le champ des études politiques contemporaines en France : l’avenir du libéralisme, c’est-à-dire principalement de l’économie de marché libre, se trouve dans les banlieues.

Voilà une affirmation pour le moins iconoclaste… Pouvez-vous nous en dire plus ?

Il faut lire le livre pour le découvrir ! ;-) Je peux déjà présenter les prémices de mon argumentation : d’abord, il existe une réalité, celle de centaines d’initiatives lancées par des jeunes de banlieues qui ont compris qu’il ne fallait pas attendre de l’Etat – un Etat en faillite, comme dit François Fillon – autre chose qu’une aide de seconde zone. En somme, il ne faut pas compter sur l’Etat pour atteindre les sommets. Or, on constate chez de nombreux jeunes de banlieue une ambition très prometteuse qui, bien cadrée, peut les mener très haut. Remarquez bien : parmi les jeunes de banlieue devenus des figures influentes au plan économique, artistique, intellectuel ou politique, il n’y a pas un seul « héritier ». La plupart du temps, ils se sont fait tout seuls en comptant sur leur propre force, leurs propres talents, leur propre volonté, leur propre énergie. A cet égard, les banlieues sont un foyer d’énergie qu’il faut reconnaître, encourager, aider – et canaliser le cas échéant, car trop souvent cette énergie est mise au service du désordre et de la violence gratuite.

En quoi tout cela est-il libéral ?

C’est libéral au sens où le libéralisme reconnaît et encourage l’autonomie de la société civile par rapport aux structures étatiques, ce qu’on peut appeler la "créativité hors-sol" – qui n’est pas financée par le patriarcat étatique. Le libéralisme promeut aussi la responsabilité individuelle, la prise de risque et la rémunération de cette prise de risque. Il reconnaît surtout qu’il n’existe pas de place donnée pour l’individu au sein d’une société : une place, ça se gagne à la force du poignet. Le libéralisme des banlieues réhabilite en quelque sorte ce qu’il y a de plus noble dans l’instinct de survie : la vie est un combat et comme le disait Jean-Edern Hallier, « chaque matin qui se lève est une leçon de courage ». Certaines personnalités venues des banlieues, comme Diam’s, ont une « rage de vivre » communicative. Il faut que les habitants de la vieille France s’en inspirent. Ceux qui prétendent être des « Français de souche » (une aberration démographique, selon moi) doivent se laisser influencer par les « Barbares » (pour reprendre l’expression de Frédéric Ozanam au XIXe siècle).

Cette idée est-elle facile à faire passer ?

Non, pas toujours. D’ailleurs, mon livre a reçu de meilleures critiques à gauche qu’à droite, alors que je me définis comme un intellectuel de droite ! C’est pourquoi il s’adresse en particulier, comme le mentionne son titre, à mes « potes de droite ». Bien souvent, les gens de droite adhèrent au discours libéral – ils veulent moins d’impôt, moins de charges, moins d’assistanat – mais ont du mal à accepter que les « sauvageons » des banlieues soient, eux aussi, animés par les valeurs de base du libéralisme. Quant à reconnaître que ces « sauvageons » en viennent parfois à incarner ces valeurs, c’est hors de question ! En réalité, ces gens de droite un peu psycho-rigides sont plus des réactionnaires que des libéraux : ils sont ce que j’appelle des « patrimonialistes ». Selon eux, le premier devoir d’un Français n’est pas de construire l’avenir, mais d’entretenir le passé, c’est-à-dire de préserver le patrimoine - un patrimoine qui s’apparente, pour eux, à une identité nationale quasi-mythologique où seuls les Blancs, chrétiens, francophones ont une légitimité. Pour ma part, je pense qu’on peut aussi bien honorer les trésors du passé et s’émerveiller des promesses de l’avenir. L’Histoire ne demande jamais de choisir entre les deux.

Pour plus de détail sur les idées développées rapidement dans cette interview, n’hésitez pas à lire le livre de Matthieu Grimpret, Traité à l’usage de mes potes de droite qui ont du mal à kiffer la France de Diam’s. Concluons sur cet extrait éloquent : « La jeunesse des banlieues est porteuse d’un élan vital qui la rend énergique, mais aussi brouillonne. Rien d’anormal, en réalité. D’abord parce que, nous révèle Bergson, "la vie est avant tout une tendance à agir sur la matière brute". La vie, en somme, est un exercice grossier. De même que nul n’est capable de prévoir la trajectoire des étincelles qui jaillissent de la rencontre entre deux pièces de métal, la vie "sème sur son chemin" une "imprévisible variété de forme" (Bergson) (…) L’avenir du capitalisme se trouve plus dans les banlieues des trafiquants de shit – une ferme répression de l’Etat doit bien sûr les forcer à se tourner vers d’autres marchandises – que dans les grandes banques privées où les golden boys surdiplômés et surpayés se conduisent bien souvent comme des fonctionnaires, paralysés par toute idée de risque. Or, la prise de risque est le principe d’organisation et de mouvement du marché. »

Foucauld Bonchamps


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31 réactions à cet article    


  • Le péripate Le péripate 9 mai 2008 16:26

    Excellent ! Je connais quelques vieux cons de gauche à qui ce livre ferait certainement beaucoup de bien aussi !


    • gnarf 9 mai 2008 17:40

      Un peu d’air frais.

      Ce serait bien que les gens de gauche realisent que la droite qu’ils ont en face n’est absolument pas liberale, mais toujours egale a elle-meme : reactionnaire, protectionniste...etc.

      Le liberalisme MODERNE, tel qu’il est pratique dans certains pays, est totalement revolutionnaire pour la pensee Francaise du debut du 21eme siecle. La droite Francaise croit le comprendre mais n’y voit a tort que ce qui l’arrange. La gauche Francaise croit le comprendre et y fourre a tort tout ce qu’elle execre.

       


      • gnarf 9 mai 2008 17:47

        J’ajouterai que le liberalisme est un truc de pauvres. Vous ne me croirez pas mais c’est facile a constater.

        Il n’y a rien qui fout plus la frousse a une bande de notables grands patrons assis sur des monopoles et des combines avec le pouvoir que le liberalisme. La concurrence, l’ouverture des professions, l’ouverture des frontieres...imaginez un peu la tete des notaires si les lois qui leur permettent de se sucrer sur le dos de tous ceux qui essaient d’avoir une maison a eux sautaient ?

        Les privilegies de gauche comme de droite ont la frousse du liberalisme. Les heritiers ont la frousse du liberalisme. Les vieux qui ont des usines ont la frousse du liberalisme.

        Plus les pays sont nantis, confits de richesses venues du colonialisme, plus ils sont allergiques au liberalisme. Ouvrir sa porte et laisser les pauvres du monde entier venir gagner leur pain en France. C’est ni de gauche ni de droite, c’est liberal.


      • wesson wesson 10 mai 2008 23:44

        Le libéralisme, c’est le 21ème siècle, avec 200 ans d’avance.

         

        C’est le 19ème siècle quoi !


      • Le péripate Le péripate 9 mai 2008 19:05

        Décidément, vous ne jurez que par Michéa ! Je vous suggère, pour varier les points de vues, l’excellente enquête sociologique "Le capital guerrier" de Thomas Sauvadet.

        Trois logiques sociales déterminent l’existence des jeunes des cités depuis les années 1980 : la désorganisation sociale, le renforcement des interdépendances locales, c’est-à-dire les protections mutuelles entre les jeunes pour compenser cette désorganisation, et, enfin, les rivalités engendrées par le difficile partage des ressources locales, ce qui consolide le recours au "capital guerrier".

        De quoi ne plus se livrer au détestable amalgame qui consiste à confondre exploitation des femmes et libéralisme !


      • Rosemarie Fanfan1204 9 mai 2008 21:07

        Léon, vous savez qu’il y a de tout dans les banlieues ? des pavillons et des tours, des blancs de souche et des immigrés, des retraités et des ouvriers, des dealers de shit et des femmes au foyer.... Il y a de la violence, parfois. Mais les banlieues ce n’est pas Beyrouth non plus. Il y a la vie, les écoles avec les gamins qui sortent en criant, il y a des bibliothèque (je suis allée à la mienne cet am et il y avait des jeunes qui travaillaient). Il faut se méfier de généraliser Léon...

        Bien à vous.


      • Rosemarie Fanfan1204 10 mai 2008 16:30

        Justement Léon, vous savez.


      • Lavigue 9 mai 2008 20:48

        Le néo-Libéralisme est un darwInisme social au fort relent d’extrême droite. Il suppose la nécessaire adaptation à une société basée sur la compétition, sur le chacun pour soi, l’abandon des plus fragiles et la guerre de tous contre tous brisant les anciennes solidarités.

        Que vous preniez l’exemple des banlieues est significative.

        L’idéologie de ces jeunes issus de l’immigration est loin d’être angélique et s’adapte fort bien à ce libéralisme débridé. L’école, on s’en fout dans la mesure où elle ne permet d’accéder qu’ à des activités peu valorisées alors que la "variété" ouvre au monde de l’argent facile, de la célébrité et du Bling Bling dont est accroc notre honteux Président.

        Frime, bagnole, femme le paragdime de ces "jeunes" et quand on ne peut y accéder ils mettent le feu au banlieue, tirent sur les forces de l’ordre que les consignes gouvernementales interdisent de répliquer.

        Les barbares existent, Monsieur, j’en cotoie tous les jours dans le 9-3 que ce soit dans les transports où les incivilités sont quotidiennes ou bien dans ces cités où des bus sont caillassés voire brûlés avec les passagers comme à Marseille. Et que penser de ces femmes voilées, humiliées, mariées de force quand elles ne sont pas défigurées à l’acide ou brûlées vives.

        Non le néo-libéralisme est un processus de décivilisation qui évacue la dimension littéraire de la langue française aux principes de la Nation Française pour promouvoir les braillements d’une Diams et un rap haineux.

        Vous ne me ferez pas croire qu’un système qui s’accommode d’une telle situation ne porte pas en lui le mal qui nous emportera.

        Que penseraient des auteurs comme Pascal, Descarte, Choderlos de laclos, Balzac, Stendhal, Mallarmé aujourd’hui de ce qu’est devenue la France ?

        Je n’ose imaginer.


        • Le péripate Le péripate 9 mai 2008 21:08

          Le darwinisme social (Herbert Spencer, William Sumner) a essentiellement inspiré les fascismes, le nazisme, et aussi le colonialisme. Pour un libéral, le darwinisme social ignore le fait prouvé que pour l’homme, le moyen le plus adéquat à l’amélioration de sa condition est la coopération sociale et la division du travail, et non la guerre de tous contre tous.

          Comment en arrive -t-on à ainsi tout mélanger !


        • Francis, agnotologue JL 10 mai 2008 09:17

           

          Bonjour Le péripate, vous écrivez : "" Pour un libéral, le darwinisme social ignore le fait prouvé que pour l’homme, le moyen le plus adéquat à l’amélioration de sa condition est la coopération sociale et la division du travail, et non la guerre de tous contre tous.""

          Vous dites benoîtement que le libéralisme c’est : "la coopération sociale et la division du travail, et non la guerre de tous contre tous".

          Vous y croyez vraiment ou bien vous avez peaufiné cette formulation spécieuse pour

          provoquer ?


        • Le péripate Le péripate 10 mai 2008 10:20

          Bonjour JL. Ce n’est ni une question de croyance, ni une provocation. C’est un fait, que les auteurs libéraux écrivent en long, large et travers. Mais vous avez peut-être une référence à me proposer ? Ne soyez pas tenté de me proposer Malthus ou Spencer, ils ne sont pas libéraux, loin s’en faut.

          Comme la plupart des comtempteurs du libéralisme, vous n’en avez probablement jamais lu une traitre ligne, et vous vous êtes contenté de croire ce que on vous a mis dans le crâne. Un jour, il faut prendre le taureau par les cornes,et aller voir soi-même de quoi il en retourne. Chose par ailleurs difficile, nombres d’ouvrages ne sont tout simplement pas réedités en français, comme "La constitution de la Liberté" d’Hayek. Une omerta qui est la démonstration de l’ignorance dans laquelle nombre de citoyens sont maintenus.


        • Francis, agnotologue JL 10 mai 2008 11:11

          @ Le péripate, Léon et Philippe ont complété mon post mieux que je n’aurais su le faire. Conseil de lecture pour conseil de lecture, et parce que j’ai cru comprendre que vous étiez une sorte de "free lance" matiné marginal je vous propose cette excellente description de la vie en entreprise en Sarkozie : "Tenez mon brave, vous boirez à ma santé  !" de Ashram de Swâmi Petaramesh

          Je plusse cette description pour en avoir eu la même vision du temps où je m’activais dans ce genre de grossboîte.


        • Le péripate Le péripate 10 mai 2008 11:38

          Mais, c’est vous qui fabriquez le libéralisme qui vous arrange, en le confondant allègrement avec d’autres doctrines. Je ne peux que redire : une référence, s’il vous plait, de la guerre de tous contre tous, prise chez Hayek, Salin, Berlin, Aron, Popper, Bastiat, Nozick, Rawls, Mises, ....

          il est déjà clair que vous ne savez pas de quoi vous parlez, l’impossibilité où vous serez d’amener une référence montrant que le marché, la concurrence, c’est la guerre de tous contre tous ne fera que le confirmer.

          Pour finir, c’est chez un auteur venu d’une autre tradition politique que je puiserai cette citation : Dans un pays où l’Etat est le seul employeur, toute opposition signifie mort par inanition. L’ancien principe : qui ne travaille pas, ne mange pas, est remplacé par un nouveau : qui n’obéit pas, ne mange pas."
          L. Trosky 1937 .

           

           


        • Le péripate Le péripate 10 mai 2008 11:57

           Et sur la coopération vu par un libéral, voici :

          La société est l’ensemble des services que les hommes se rendent forcément ou volontairement les uns aux autres ; c’est-à-dire des services publics et des services privés. Les premiers, imposés et réglementés par la loi – qu’il n’est pas toujours aisé de changer quand il le faudrait – peuvent survivre longtemps, avec elle, à leur propre utilité, et conserver encore le nom de « services publics », même quand ils ne sont plus des services du tout, même quand ils ne sont plus que de publiques vexations. Les seconds sont du domaine de la volonté, de la responsabilité individuelle. Chacun en rend et en reçoit ce qu’il veut, ce qu’il peut, après débat contradictoire. Ils ont toujours pour eux la présomption d’utilité réelle, exactement mesurée par leur valeur comparative. Bastiat

          Ce qui est un plaidoyer vigoureux pour une coopération libre et intelligente.

          Vous pourrez me convaincre avec des arguments (laissez tomber les attaques personnelles, elles ne font que m’amuser), mais il va falloir me sortir du solide. J’ai plus de vingt années de gauchisme, de socialisme, ex -adhérent à ATTAC, syndiqué CGT pendant presque 10 ans, j’ai entendu et réentendu tous ces mensonges, je les ai propagé aussi, de bonne foi, comme je pense que vous le faîtes. Le libéralisme ne s’apprend pas dans un cours de terminale ES avec un prof marxiste, mais en lisant les textes eux-mêmes.


        • Francis, agnotologue JL 10 mai 2008 13:39

           

          Le péripate, à votre déclaration : ""il est déjà clair que vous ne savez pas de quoi vous parlez, l’impossibilité où vous serez d’amener une référence montrant que le marché, la concurrence, c’est la guerre de tous contre tous ne fera que le confirmer.""

          Permettez moi de citer quelqu’un qui pourrait nous mettre d’accord, Don Durito de la Lacandona :

          " Le problème, avec la réalité, c’est qu’elle n’entend rien à la théorie. " 

          C’est pourquoi, à vos penseurs, j’ai opposé ce témoignage de Petaramech. Mais j’aurais pu vous parler de la crise des subprimes, ou de la hausse des matières premières, ou de la pollutuion, ou des OGM, ou, ou, ou ....

          Je me demande si vous n’êtes pas une sorte de Lerma subtil. Eh oui, un oxymore !


        • Le péripate Le péripate 10 mai 2008 16:16

          J’aime beaucoup cette phrase de Lacordaire. Aussi, le point de la loi est central dans le libéralisme : loi qui limite le pouvoir,et égalité de tous devant la loi... Merci de cet hommage, que je devine involontaire. Je crois que vous confondez Loi et Etat, je ne vous en veux pas, c’est naturel en régime totalitaire.

           

           


        • Le péripate Le péripate 10 mai 2008 17:35

          Par ailleurs, Renève, vous soulevez une piste qui est bien plus intéressante que les propos de Leon sur les nouveaux convertis (on l’imagine vagissant le Capital dès la naissance...). Sur la phrase de Lacordaire, on voit aisément qu’elle s’applique à merveille aux rapports entre l’individu et l’Etat. Les conditions de la liberté ne sont pas si nombreuses que l’on n’en puisse faire le tour. Posséder le résultat de son travail, c’est à dire la propriété. Ne pas subir la coercition, c’est à dire la Loi, ce qui est le rôle de l’Etat. Mais lui-même peut devenir auteur de coercition (et, de fait, il l’est très souvent), et doit donc être surveillé avec attention). C’est le propos de Montesquieu et de la séparation des pouvoirs.

          Mais le point le plus intéresant est la question des rapports de force à l’oeuvre dans la société. Les marxistes pensent que la Loi est l’expression des rapports de force. Si c’était le cas, je vous verrais mal citer Lacordaire, car sa phrase n’aurait alors aucun sens, car la Loi ne serait que l’expression du plus fort, et on voit mal comment ce gene de loi pourrait protéger le faible. C’est donc que vous faîtes votre la conception libérale de la Loi. Cependant, à creuser, cette conception n’est pas sans poser quelques problèmes. Rawls s’est attaqué à cette question dans « Théorie de la justice », mais pas vraiment de manière pleinement convaincante. Pour ce faire, il a imaginé de recouvrir d’un voile d’ignorance quelques individus et de les faire définir la Loi. Cette question du voile d’ignorance (sur qui ils sont, etc...) est assez artificielle et peine à convaincre.

          C’est donc là un noeud crucial, d’intégrer la questions des rapports de force, ou plutôt, la question du fond anthropologique dans la définition de la Loi. La vue marxiste de la question est bien sur insatifaisante, et la vue libérale n’est pas achevée.


        • Francis, agnotologue JL 10 mai 2008 17:53

          Le péripate, vous connaissez cette formule : "Si la force n’est pas juste, faisons en sorte que la Justice sit forte" (attribuée à je ne sais plus qui). Où est la Justice dans l’Etat libéral exangue, si elle n’a pas de moyens, sinon au service des puissants ?


        • Le péripate Le péripate 10 mai 2008 19:34

          Et c’est moi qui n’ai pas d’arguments à opposer ! C’est sans doute pour celà que vous préférez commenter ma "trahison ". J’ai argumenté correctement sur Lacordaire, en vous mettant le nez dans votre aporie entre une conception marxiste de la loi, et la conception de Lacordaire. Vous ne pouvez faire appel à l’un et à l’autre sans vous contredire gravement.

          Comme toujours, vous attribuez au libéralisme le fonctionnement réel de la société, qui est celui des étatismes, et tout particulièrement le conservatisme, bien de droite lui. Ce qui fausse le débat. Est-ce la peine de remarquer que le conservatisme a complètement disparu de votre pensée, probablement parce qu’il est le frère jumeau de l’étatisme de gauche. Et que de le mettre en cause révèlerai cette similitude si forte qu’elle vous rejeterai dans votre vrai camp, celui du bonaparto-bolchevisme.

          Je me garderai de qualifier de ridicule, fantaisiste, etc... vos propos. Car je vous respecte, respect que vous ne m’accordez pas.

          Je répondrai néanmoins à l’accusation de trahison, bien que je refuse que vous instruisez mon procès, je ne suis pas Jeanne d’Arc, et le stalinisme est réputé mort. Mais il bouge encore, et vous en êtes les procureurs.

          Je ne tenterai pas de m’en sortir en disant simplement qu’il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis, quoique...

          Plus simplement, c’est le fruit d’une lente, très lente maturation. Comme j’ai eu l’occasion de l’expliquer, j’ai répété les mantras sur le libéralisme avec conviction, certes, mais toujours dubitatif quand aux confusions sur le conservatisme et le libéralisme. Ultra-libéral, neo-libéral, ordo-libéral, conservateurs, néoconservateurs, capitalisme, la variété des appelations cachait mal la confusion des pensées. D’autant que l’immense variété, pour ne pas dire le chaos de la pensée de gauche, coincé entre une timide acceptation du marché comme mécanisme régulateur et une affirmation du politique, en fait dictature majoritaire, achoppait sur le refus des indignes de suivre la voie socialiste.

          De plus, il m’était depuis longtemps clair que la liberté de l’individu était une conquête à laquelle on ne pouvait renoncer sans graves dommages.

          C’est à ce point rendu, une fois lu tout ce qui existe comme critiques du libéralisme et du capitalisme, que j’ai décidé de réellement d’étudier les auteurs libéraux. Car j’étais comme toute la gauche, je le vomissais sans le connaître. Si vous avez peur d’être convaincu, ne tentez pas cette expérience. Non pas révélation, mais confirmation de choses que je savais, comme vous avec Lacordaire, et qui s’assemblaient parfaitement.

          Non pas qu’il s’agisse d’un corps de doctrine cohérent et achevé, j’ai eu l’occasion avec Rawls et la théorie de la justice de montrer que le chantier est ouvert. Cette aventure intellectuelle débute, quand le marxisme est moribond.

          Pour finir ce post que vous lirez probablement à peine en diagonale, trop pressés que vous êtes de détruire l’adversaire fantasmatique, il faut faire justice de l’accusation que je serai passé à l’ultra droite avec le libéralisme. Encore une fois vos repères sont confus, approximatifs. L’ultra-droite, c’est le fascisme, le darwinisme social. C’est plus mon adversaire que le vôtre, car vous avez en commun la religion de l’Etat, l’étatisme sauvage et oppressif.

          Au plaisir de répondre à la prochaine attaque personnelle....


        • Francis, agnotologue JL 10 mai 2008 19:43

          ""Mon voisin du dessus, un certain Blaise Pascal,

          M’a gentiment donné ce conseil amical : priez et implorez,

          Faites semblant de croire, et bientôt vous, croirez. "

          pardon pour l’approximation, ma mémoire est un peu défaillante.


        • Le péripate Le péripate 10 mai 2008 23:11

          J’apprecie votre mépris pour ce qu’il est, Leon. celui d’un homme sans coeur.


        • Le péripate Le péripate 10 mai 2008 23:13

          Reneve, la réalité, je l’éprouve, cruellement, et pas dans le confort d’une retraite extorquée.


        • Le péripate Le péripate 11 mai 2008 08:07

          "à sa quête spirituelle ou à ses hormones" est bien l’expression d’un mépris, et non d’une sobre désabrobation.

          Et vous vous méprenez sur la question du "transfuge". Je renoue simplement avec la vrai sens de la gauche. Quand à vous, il vous faudra bien un jour reconnaitre sur le fond la validité des arguments libéraux. Mais, dorénavant, je ne me priverai pas de vous faire sentir vos faiblesses personnelles, en pratiquant comme vous même les attaques ad hominem. Et il y a du pain sur la planche...


        • Francis, agnotologue JL 11 mai 2008 09:07

          Le péripate, quoiqu’on en pense sur le fond, si vous décidez de pratiquer comme vos ennemis les attaques ad hominem, alors c’est vous qui faites peu de cas de vos propres convictions.

          Vous évoquez une retraite extorquée : comme tous ceux qui ont ’oublié’ pendant toute leur vie active de cotiser à la retraite par répartition, celle que précisément les libéraux ont entrepris de tuer. Nous n’avons guère besoin de recourir aux attaques ad hominem contre nos ennemis, puisque nous pouvons leur répondre point par point et non en vertu des grands principes.

          Vous ne vous êtes pas aperçu que l’idéologie a changé de bord, et vous avec.

           


        • Le péripate Le péripate 11 mai 2008 16:32

          @JL. Vous avez raison à propos du mésusage de l’had hominem. J’ai dit ça, parce qu’il a été à plusieurs reprises fait usage à mon encontre de l’apostrophe bourdieusienne, "d’où parles-tu ?", et, qu’il est lassant d’être dans un combat inégal simplement parce que l’on se prive d’une arme rhétorique .

          @Leon. Vous devriez publer sur ce thème. Je ne ferais le plaisir d’être un de vos contradicteurs parmi les plus farouches, tant votre hypothèse me semble être batie sur des prémisses erronées. A suivre...

          @Le Furtif. Je ne sais comment prendre votre post. Ça commence gentiment, et vous dérivez presque agressif. Aigreur, volte-face, manque de sincérité, plus des doutes sur mes capacités à lire énormément, parcours classique de gauche à droite....

          En filigrane d’un discours qui sous-entend plus qu’il ne dit, se dessine ou une théorie à la Leon qui prétend expliquer l’idéologie en fonction du taux d ’hormones (théorie raciale ? théorie sexiste ?), ou que je trouverai un intérêt bien compris à m’exprimer ainsi. On a déjà tenté de dire que c’était parce que j’étais riche, raté. Que j’étais entretenu par les femmes (encore Leon, décidément bien le plus con et le plus méchant de la bande). Quelle est votre arrière-pensée à vous ? Une idée à la Lyon, payé par l’UMP ? Je reste au PS, et compte bien voter. Je ne crois pas que je serais exclu, car même si je suis vraiment radical, nombreux sont ceux qui rêvent d’échapper au joug des professeurs.

          Être de gauche n’a rien à voir avec le conservatisme, avec l’État, ou l’impôt, etc... Être de gauche, c’est se soucier de la misère, de l’indignité, et d’aimer passionnément la liberté. C’est aussi se fonder sur un effort de compréhension du fait anthropologique, travail à peine entamé.

          L’étatisme suscite la guerre des classes égoïstes, et entretient la pauvreté. C’est le constat de base, incontournable. L’étatisme crée la question du partage du gâteau, et de qui tient le couteau, mais ne connaît pas la recette du gâteau. Car c’est la liberté qui fabrique le gâteau. L’étatisme, c’est la file d’attente, la corruption,les passes-droits, la pénurie, la guerre, l’envie et la jalousie.

          Le rôle de l’État, c’est d’assurer les conditions de la liberté, et non pas de gouverner. Au delà, c’est avec la plus infinie prudence que l’on doit lui confier transitoirement ce que l’initiative d’hommes et femmes libres ne peut faire encore, parce qu’une transition est en route, parce que des dégâts considérables ont été faits.

          Une telle démarche est infiniment plus à gauche que les incantations novlanguestes de solidarité, que les intérêts catégoriels déguisés en intérêt général. Elle les rejette dans le camp des bo-bo, les bonaparto-bolchéviques.

          Je mets toute mon énergie à ce combat, contre les étatismes de droite comme de gauche, et me passe de votre approbation.

           

           


        • Lavigue 9 mai 2008 21:29

          Sarko le libéral a axé sa campagne sur l’opposition, la division et la culpabilisation. Ceux qui se lèvent tôt contre ceux qui se lèvent tard (les paresseux), les vrais chômeurs qui devront accepter des emplois sous-payés et les mauvais chômeurs qui refuseront de se soumettre à ce nouvel esclavagisme. Les régimes de retraites du privé à ceux des fonctionnaires puis ces 2 derniers régimes de retraites à celui des régimes spéciaux : un des exemples de la guerre de tous contre tous avec pour seul but d’appauvrir tout le monde sauf ses amis les grands patrons et lui-même par une augmentation de son salaire digne d’un BOKASSA.


          • ASINUS 10 mai 2008 09:04

            RHAAAAAA un petit safari de libéraux dans ma zus

             

             

            venez leur expliquer que le rmi et autres aides les asservissent et les empechent de s épanouir

            pour la loi de la jungle faites bref ils connaissent déja

            yep heu au fait mettez les baskets pasque une fois votre tirade terminée faudras pulser


            • foufouille foufouille 10 mai 2008 12:24

              le liberalisme me fait penser a l’anarchie. comme si la liberte allait empecher le milliardaire de s’enrichir. je vois d’ailleurs mal comment un systeme liberaliste qui cherche a faire le plus de profit possible (sans regulation), pourrait etre solidaire.......


              • hans lefebvre hans lefebvre 10 mai 2008 15:03

                Au premier abord, certes, il y a de l’iconoclaste, tout du moins dans le titre. Mais, le libéralisme, tel qu’il régne aujourd’hui, est-il encore l’avenir de l’homme ?


                • Dalziel 10 mai 2008 15:33

                   

                  Ceux qui prétendent être des « Français de souche » (une aberration démographique, selon moi) doivent se laisser influencer par les « Barbares » (pour reprendre l’expression de Frédéric Ozanam au XIXe siècle).

                  Hélas, ce ne sont pas des barbares, avec la fureur conquérante que le terme induit, ce sont tout justes des primitifs, issus du sous-développement de leurs pays respectifs.

                  « Français de souche » (une aberration démographique, selon moi)

                  C’est très con comme réflexion - mais plus politiquement correct, tu meurs -,parce que l’identité de la France, c’est eux, les de souche et on ne construira pas une France contre son identité, sur la base d’identités maghrébine, subsaharienne, sri lankaise, chinoise, inuite et je ne sais quoi.

                  Bref, le bouquin de Grimpet, c’est de la provoc’ à cent balles ! Ou cent vingt...


                  • fouadraiden fouadraiden 12 mai 2008 00:04

                    "Remarquez bien : parmi les jeunes de banlieue devenus des figures influentes au plan économique, artistique, intellectuel ou politique, il n’y a pas un seul « héritier ». La plupart du temps, ils se sont fait tout seuls en comptant sur leur propre force, leurs propres talents, leur propre volonté, leur propre énergie. A cet égard, les banlieues sont un foyer d’énergie qu’il faut reconnaître, encourager, aider – et canaliser le cas échéant, car trop souvent cette énergie est mise au service du désordre et de la violence gratuite."

                     

                     ces types qui ecrivent ça prennent les popuations des banlieues pour des demeurés.

                     je parie que si je cherche dans l’histoire américiane, et c’est vers elle qu’il faut regarder pour comprendre les raisons profondes qui poussent la société majoritaire ,en l’occurrence la française, a exclure ses minorités non-occidentales, on trouvera ss grandes difficultés pareilles affirmations prétant au devenir noir une autre case que la case prison. bien sûr.c’est bizarre ts ces Français qui ns expliquent que les banlieues c’est l’énérgie créatrice du peuple français.je rigole car pour dire pareille sornette faut jamais avoir été un nègre ou un bougnoule en régime occidental. l’auteur précise qu’il s’interesse, ouf !, à la place de l’islam ds la société française...rien que ça.et les Arabes ,ceux qui végétent sans horizons ds vos quartiers poubelles ,vs pensez les sauver par la lecture savante du coran à la sauce républicaine.vous avoir livré la jeunesse maghrébine....quelle massacre de la part de nos parents. je pense instruire un procès imaginaire contre les immigrés magrhébins venus il ya pres de 50 ans et qui vous ont abandonné leur jeunesse.au fond c’est nos parents quil faut accuser et non les Français qui, rappelons -ns- en ,60 ans plutôt ns massacraient en Algérie sous prétexte de leur mission civilisatrice héritée de leur révolution.la population des banlieues illustre l’échec ss appel de nos parents encore colonisés. et un français qui croit en la banlieue, c’’est juste un type qui n’a tjrs pas mesurer l’impossibilité qu’a son système ideologique à insérer les damnés venus d’ailleurs.allez ! ils font des progres les héritiers des droits de l’homme , aujourd’hui il est vrai ils peuvent plus ns massacrer mais juste ns condamner à etre des sans satut chez eux. j"accuse mes parents de m’avoir livré à vos sociétés et je ne compte par sur votre énérgie racaille pour me défendre.

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