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Is june the end of May ?

La premier ministre Theresa May estime être la seule à avoir « les couilles », selon ses propres dires, pour négocier le Brexit. A l’annonce des élections générales, l’avance de son parti sur son adversaire était de 19%. Un mois plus tard, ce bonus a fondu comme neige au soleil. Il est actuellement de 6%, 43% pour les Tories et 37 % pour labour. 

Le 10 octobre 1980, lors de la conférence du parti conservateur britannique, Lady Margareth Thatcher, premier ministre à l’époque, mettait en garde ceux qui s’attendaient à une volte-face dans sa politique, ou « u-turn » en anglais. « You turn if you want to, the lady is not for turning ». En rétrospective, on peut lui reprocher un tas de choses, sauf celle d’avoir manqué de convictions politiques. Elle a tenu parole, avec les conséquences désastreuses que les générations suivantes subissent encore.

On ne peut pas dire la même chose de l’actuelle premier ministre Theresa May, la reine de la volte face. Après avoir juré, la main sur le cœur, qu’elle ne convoquera pas d’élections générales anticipées, voilà qu’elle se contredit à nouveau.

Après avoir bataillé ferme contre une sortie de son pays de l’Union Européenne, elle trouve finalement le Brexit pas si mal. En tout cas, elle ne se laissera pas faire par Bruxelles. « Better no deal than a bad one », ou « après moi le déluge ». Sans fausse modestie, elle estime être la seule à « avoir les couilles », selon ses propres dires, à affronter les négociateurs de l’Union. 

Seulement, comme l’indique le journaliste américain Cenk Uygur, sur sa chaîne d’information sur internet « Young Turks », l’avance du parti conservateur par rapport à labour était de 19 %, 45% pour les conservateurs, 26% pour labour, lors de l’annonce faite par Theresa May le 19 avril dernier. Ce bonus a fondu comme neige au soleil depuis.

En effet, les derniers sondages montrent encore un avantage de 6 points, 43% pour les conservateurs et 37% pour labour. Après une domination constante de l’électorat jeune, 18 à 24 ans, suite à l’élection de Jeremy Corbyn, qui propose l’élimination des frais scolaires et un salaire horaire minimum de 10 £, l’électorat, âgé entre 25 et 34 ans, a désormais joint le mouvement, avec une avance de 9% par rapport au même segment chez les conservateurs. (The Independant) Serait-ce la raison pour laquelle Theresa May refuse un débat télévisé avec son adversaire ?

Championne de la maladresse, Mrs. May n’arrête pas de se tirer des balles dans le pied. Paniquée par les sondages, elle procède à une modification d’un point clé de son programme électoral, programme que le quotidien « The Independant » compare à un « menu sans prix ». Jamais auparavant dans l’histoire de la démocratie britannique, un premier ministre avait procédé à un modification de son programme électoral avant même les élections.

De quoi s’agit-il ? Après des décennies de faveurs fiscales et, par conséquent, de rigueur budgétaire post thatchériennes, rien que depuis 2010 le personnel soignant a subi une baisse de salaire de 14%, un premier apport de fonds urgent est devenu nécessaire, avant 2020, pour le bon fonctionnement de la santé publique, apport que des experts du domaine chiffrent à 25 mia £.

En outre, l’allongement général de la durée de vie, nullement une spécificité anglaise, pose un problème de financement. A l’instar de Margareth Thatcher, pour Theresa May, en matière de santé publique « the demand is infinite ». Lorsque les gens mouraient à 60 ans c’était moins cher. Mrs. May compte résoudre ce problème par une « économie forte », répété à l’infini comme un mantra, soutenue par une baisse générale des impôts. En contrepartie, elle souhaite des « efforts supplémentaires » de la part de la population.

Financé par des cotisations et la fiscalité générale, des personnes, soignés dans un hôpital sont couverts par le régime de l’assurance santé. En revanche, dû au vieillissement de la population, de plus en plus de personnes, notamment des personnes âgées souffrant de démence, se font soignés par leurs proches chez eux. Etant donné que 80% des anglais sont propriétaires de leur maison, Mrs. May a trouvé là un moyen idéal de financement des soins à domicile. Une idée qui a de quoi causer des sueurs froides, aux électeurs du parti conservateur, les ainés du Royaume Uni et leurs enfants, qui pourront désormais mettre une croix sur leur héritage.

Effrayée par ce mécontentement « inattendu », Mrs. May a revu sa copie et promet maintenant qu’il y aura une limite supérieure, sans vouloir se prononcer sur son niveau, le « menu sans prix ». Il est fort à parier qu’elle se situera à la moyenne des prix immobiliers des maisons modestes de la classe moyenne.

L’unique thème de campagne de Theresa May est sa supposée capacité à négocier « un deal » avec Bruxelles, quitte à claquer la porte. Pour les problèmes sociaux qui s’aggravent d’année en année, à l’instar des autres leaders européens d’ailleurs, elle a nul intérêt. C’est à se demander si elle se rend compte qu’ils existent. Son adversaire, en revanche, capitalise sur le sujet, comme le démontre les sondages. L’étau se resserre pour Mrs. May. 


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9 réactions à cet article    


  • Alren Alren 5 juin 2017 12:10

    On oublie en effet que les conservateurs britanniques ont voulu le brexit pour appliquer une politique sociale encore pire que celle que préconise l’UE !

    Et que les électeurs des couches populaires finissent par réaliser qu’ils seront les premières victimes, exactement comme nous en France avec Macron et bien que les classes moyennes de tout statut social ne seront pas plus épargnées ici qu’outre-Manche en cas de victoire desdits conservateurs..

    Mais les dirigeants travaillistes seraient mal inspirés de croire qu’en restant à se soumettre aux injonctions de l’UE, ils préserveront les pauvres acquis sociaux qui subsistent malgré l’ère post-thatchérienne-blairiste qui n’a eu de cesse de les détruire.


    • Louve de France Louve de France 5 juin 2017 13:33

      @Alren


      100% des électeurs Anglais ont voté le Brexit parce qu’ils ne veulent plus d’immigration, mais May semble être plus préoccupée par le sort des résident européens en UK que par les barbus qui trainent leurs cinq femmes en Burqa et qui touchent les allocs pour leurs 15 enfants. 

      Sur ce point, les Anglais sont furieux, mais ne vous faites pas d’illusion, May va gagner. 

    • Alren Alren 5 juin 2017 15:34

      @Louve de France

      100% des électeurs Anglais ont voté le Brexit parce qu’ils ne veulent plus d’immigration

      Il n’y a jamais, sur une vaste population non « auto-sélectionnée », 100% d’accord quelle que soit la question et ce même dans les partis politiques qui sont composés justement de membres « auto-sélectionnés ».

      Et malgré votre obsession, les deux grandes catégories qui ont voté pour le Brexit sont ceux chez le « populaire » voulant retrouver cette indépendance séculaire qui est naturelle aux insulaires plus qu’ailleurs (il suffit de penser à la Corse chez nous) et mettre fin à cette sensation désagréable (et réelle) que l’UE est à la fois une tutelle insupportable des continentaux et un boulet et d’autre part, chez les initiés de « l’élite », la volonté secrète d’avoir un système social encore plus dur que celui préconisé par les non-élus de Bruxelles.
       
      Système dégradé qui ne peut fonctionner qu’avec des immigrés au bas de l’échelle hors d’état de par leur statut de revendiquer quoi que ce soit.

      Autrement dit, l’immigration, plus ou moins clandestine se poursuivra après le brexit à la demande du patronat britannique, tout comme il est désiré par les patronats allemand et français (et belge, hollandais etc.) car il leur permet d’améliorer toujours leurs « marges ».


    • Louve de France Louve de France 5 juin 2017 17:47

      @Alren


      Oui, les Anglais se sont faits avoir sur la question migratoire, et j’étais avec eux d’ailleurs. Présente dans pas mal de QG de UKIP pour le Brexit, jai tout vu, tout entendu, mais est-ce de notre faute si les politiciens ont menti sur cette question ? 

      La campagne du Brexit était essentiellement tournée sur la question de la politique de Merkel, UKIP et tous les autres représentants du Brexit scandaient haut et fort que le Brexit mettrait fin aux vagues migratoires de la Chanceliere Allemande qui veut imposer des quota de migrants issus des pays les plus pauvres et les plus arriérées. 

      Ils ont triché, ils ont menti, et ils ont détruit le fondement même du Brexit. Mais bon, s’ils ne font que mentir a chaque fois qu’ils ouvrent la bouche....Nous, on a fait que croire leurs paroles. 

    • agent ananas agent ananas 6 juin 2017 02:22

      @Louve de France
      Ceux qui ont voté le Brexit à cause de l’immigration représentent une partie marginale de l’électorat. UKIP n’a même pas un siège au parlement et le maire de Londres est musulman.
      La vraie raison du Brexit est plus liée à l’austérité imposée par Bruxelles et le retour de la souveraineté et du processus démocratique usurpé par une coterie de technocrates non élus.
      Quant à May, il semble que les tories n’auront pas la majorité absolue et démissionnera. Elle sera certainement remplacée par David Davies, à moins que le Labour obtienne la majorité. Dans ce cas çà sera Corbyn.


    • agent ananas agent ananas 6 juin 2017 01:50

      Well, the right title should be : « In June, May is history » ...


      • Hecetuye howahkan 6 juin 2017 07:29

        @agent ananas

        hello or even : « let bygones be bygones ».....mais c’est plus large et profond....


      • Trelawney 6 juin 2017 11:56

        Dans ces élections est-ce que le Ukip de Farrage figure en bonne position pour les remporter ? Et est-ce que le ministre anglais des affaires étrangères s’occupe aussi du breixit ?


        Parce qu’après tout ils sont à l’origine de cette belle avancée politique qu’est la sortie de l’Europe pour l’Angleterre


        • L'enfoiré L’enfoiré 6 juin 2017 18:00

          Marisa May fait la même erreur que son prédécesseur, David Cameron : un référendum.
          Tout cela pour se renforcer dans des discussions .
          Il n’y a rien de plus changeant que le peuple.

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