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Accueil du site > Tribune Libre > Le « Sergent Pepper’s » des Beatles fête ses 50 ans

Le « Sergent Pepper’s » des Beatles fête ses 50 ans

Les Beatles c’est « le groupe des groupes », et leur album « Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band » arrive bien souvent en tête des différentes listes des meilleurs albums de l’histoire du rock.

Loué pour sa créativité, pour avoir apporté de nouveaux sons dans la musique contemporaine, le célèbre groupe de Liperpool n’a pas toujours été le premier dans le domaine de l’inovation.

Un premier exemple avec l’apparition de l’influence de la musique indienne dans les années 60.

C’est au printemps 1965 qu’elle fait son entrée dans le répertoire rock, avec le titre « Heart Full of Soul », des Yardbirds.

Ici Jeff Beck imite le son du sitar sur sa guitare électrique.

Quelques semaines après,en juillet, ce sont les Kinks qui enregistrent « See My Friends ». Ce morceau écrit par Ray Davies lui a été inspiré par les chants des pêcheurs indiens à l’aurore durant une escale du groupe à Bombay. Là encore l’effet de sitar est obtenu avec une guitare.

C’est un autre artiste, Roger McGuinn (Byrds), qui parlera de Ravi Shankar en premier à George Harrison : « J’ai fait écouter à George Harrison quelques sons de Ravi Shankar, que j’avais entendu parce que nous partageons la même maison de disques, à la guitare. Je lui ai parlé de Ravi Shankar et il a dit qu’il n’avait jamais entendu de musique indienne avant ».

Toutefois, il est vrai qu’Harrison sera le premier musicien pop occidental à utiliser le sitar. C’est en décembre 1965, sur le magnifique « Norwegian Wood » qui figure sur l’album « Rubber Soul ».

http://www.jukebox.fr/the-beatles/clip,norwegian-wood-this-bird-has-flown,qqx55v.html

Comme on le voit, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, les Beatles n’ont pas été les premiers à subir l’influence de la musique indienne.

Il en va de même avec le célèbre album du groupe. Si « Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band », qui reste un prodigieux disque, il n’est surement pas aussi inventif qu’on veut bien le dire.

D’ailleurs George Martin, le célèbre producteur du groupe, a toujours eu l’honnêteté de dire que sans l’album d’un autre groupe sorti quelques mois auparavant, jamais leur célèbre Sergent n’aurait vu le jour.

Et Mac Cartney était lui aussi de cet avis, ici en 1989 : » j’étais fasciné et je le suis toujours. Je l’écoutais et me disais « Mon Dieu, voilà le meilleur album, qu’allons nous pouvoir faire ? » Je suis donc parti de là. Nous devions aller plus loin. C’est alors que j’ai trouvé l’idée qui allait nous libérer : cet album que nous devions faire allait être enregistré par un autre groupe et je m’efforçais de penser constamment que ce n’était pas nous qui enregistrions. Ceci nous permit de prendre du recul par rapport à la musique. J’avais déjà les paroles d’une chanson intitulée « Sg peppers » et John avait déjà trouvé « A day in the life ».

Mais quel est cet album me direz-vous ?

Il s’agit du « Pet Sounds » des Beach Boys.

C’est encore McCartney qui dira du morceau « God Only Knows », qui figure sur cet album, que c’est « la plus belle chanson d’amour jamais écrite ».

Faisons donc un petit retour sur l’album des Beach Boys.

Sorti en mai 1966, l’album pensé et créé par Brian Wilson est un sommet.

Wilson est impressionné par la qualité du « Rubber Soul » des Beatles, il décide de concevoir un album dont les titres forment un tout, un album pensé véritablement comme un objet dont l’histoire se déroule de morceau en morceau, l’un des premiers « concept albums »,. Sans la compagnie des autres membres du groupe partis en tournée, le génial compositeur imagine des titres plus profonds. Brian Wilson en a marre de parler de plage, de filles et de surf.

Seul, Wilson fait ce qu’il veut en studio. Il utilise de nombreux effets, utilisant l’écho ou la réverbération. Il se sert de sons venus d’un peu partout (cor, sonnettes de bicyclettes, orgues, clavecins, flûtes, accordéon, harmonica basse, hautbois, Theremin, sifflet pour chien, instruments à cordes de type hawaïens etc…).

Chaque titre est un bijou d’instrumentation, de mélodie et de poésie psychédélique. Pet Sounds est une collection de chansons mélancoliques sur la nostalgie de l’enfance et le passage à l’âge adulte, aux arrangements révolutionnaires.

Bien qu’il n’ait pas été un grand succès commercial, Pet Sounds a eu une influence énorme dès sa sortie. De nombreuses stars du rock de l’époque, ainsi que la presse musicale, déclarèrent que l’album comprenait certaines des « plus grandes et des plus impressionnantes mélodies, avec des textes très spirituels. »

Pour en savoir un peu plus sur ce disque et sur Bryan Wilson en particulier, je vous conseille l’excellent « Love and Mercy » sorti il y a 2 ans.

C’est sous cette influence que les Beatles décident de se lancer dans le projet fou du « Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band ».

Cet album est pensé dans son intégralité comme une oeuvre d’art : un concept, une pochette, des chansons qui racontent une histoire, et qui pour certaines s’enchaînent sans pauses.

« On nous disait toujours : vous allez perdre tous vos fans avec ce disque », se souvient Paul McCartney,déclencheur de l’album. « Et nous disions : eh bien, on en perdra peut-être quelques uns, mais on en gagnera d’autres ». « On doit avancer ».

L’enregistrement même de l’album est passé à la postérité. Il a été réalisé sur une période de cinq mois, très inhabituelle pour l’époque, le producteur George Martin se livrant à diverses expérimentations avec le matériel de mixage qui feront s’arracher les cheveux aux ingénieurs du son.

Tout comme pour l’album « Pet Sounds » des Beach Boys, on retrouve ici de multiples instruments très peu entendus en musique pop jusque-là, d’un orgue à une trompette piccolo, en passant par un harmonium, des orchestrations classiques …..

Mais tout ce travail ne doit pas cacher l’essentiel, des mélodies qui restent gravées dans nos mémoires, des paroles poétiques, oniriques, et un mélange de style musicaux qui reflète l’époque.

Qui a oublié le « Lucy in the sky with diamonds », et ses initiales (LSD) qui ont tant fait parler .

« With a Little Help from My Friends », qui sera immortalisé par Joe Cocker au festival de Woodstock en 1969.

En voici une autre version plus récente avec Paul et Ringo.

On enchaîne

 

 

Voici une reprise de « Within You Without You », morceau signé George Harrison. La meilleure chanson du disque selon John Lennon. Une provocation de plus pour titiller Paul qui est l’artisan numéro un de Sergent Pepper.

« Sgt. Pepper » c’est aussi pochette incroyable. Un collage réalisé par Peter Blake, père du pop art anglais. On y découvre les Beatles en habits colorés. On y trouve des personnalités aussi diverses que Bob Dylan, Johnny Weissmuller, Karl Marx, Edgar Allan Poe, Marylin Monroe, Albert Einstein ou Fred Astair.

 

 


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11 réactions à cet article    


  • Fergus Fergus 10 juin 2017 15:59

    Bonjour, Fatizo

    Excellente rétrospective.

    Malgré tout, mon album préféré des Beatles n’est pas l’excellent Sergent Pepper’s..., pas plus que le médiocre (à mes oreilles) Abbey Road cité par Jeekes, mais Rubber Soul. Comme quoi, les goûts et les couleurs... smiley


    • laertes laertes 10 juin 2017 16:06

      @Fergus : j’aime bien Rubber Soul aussi mais désolé Fergus, il a des faiblesses et n’est pas non plus très révolutionnaire. De plus je trouve qu’Harrisson était l’élément le plus faible du groupe (hormis Starr bien sûr). Ses chansons sont si.... convenues !


    • Fergus Fergus 10 juin 2017 16:22

      Bonjour, laertes

      Vous avez raison, mais j’avais 18 ans lors de la sortie de Rubber Soul. Ceci explique sans doute cela. smiley


    • fatizo fatizo 11 juin 2017 17:05

      @Fergus

      Beaucoup cite Abbey Road comme meilleur album. En ce qui me concerne je le trouve inégal.
      Il y a de véritables merveilles sur ce disque mais à d’autres moments je m’ennuie.
      Je trouve qu’on a trop tendance à oublier Revolver. J’aime beaucoup ce disque

    • laertes laertes 10 juin 2017 16:02

      @Fatizo : je suis désolé mais bien que le Sergent Pepper’s des Beatles ait été très légerement (c’est moi qui souligne) influencé par les groupes dont vous parlez, il y a des années lumière entre les chansons sucrées et répétitives des Wilson et de ceux dont vous parlez et la modernité, la rupture, la créativité et l’imagination presque sans limites que contiennent de nombreuses chansons de cet extraordinaire album. D’ailleurs les Beatles ne répéteront pas ce miracle. Ni l’album blanc, ni le très conventionnel Abbey road (désolé Jeekes) ne sauront se jucher à la hauteur hymalayesque de cet album unique. Pour les Beatles, il n’y a pas eu d’avant Sgt Peppers, il n’y aura pas non plus d’après.
      J’essaie de me souvenir si il y a eu qqchose de comparable (aussi totalement réussi) dans l’univers de la musique rock après 1950, je n’en trouve pas. Je pense à Dark Side of The Moon.... mais non. Ce disque contient des faiblesses. Sergt Pepper....aucune !


      • fatizo fatizo 11 juin 2017 17:09

        @laertes
        C’est quelque peu réducteur pour les Beach Boys de ne voir qu’en eux des auteurs de chansons sucrées. 

        D’ailleurs on pourrait en dire autant des Beatles sur les premiers albums. En ce qui me concerne c’est à partir de Help que je trouve qu’ils font de bonnes chansons.
        Par contre je partage votre avis sur les compositions des Beatles, elles sont bien meilleures dans leur ensemble.

      • laertes laertes 26 août 2017 21:17

        @fatizo Vous savez, j’aime bien les Beach Boys et pour moi leurs meilleurs chansons sont ...sur le surf ..oui oui.... A chacun son style. Ecouter « surfin’ USA » est si raffraichissant. Pradoxalement, quand ils sortent de leur « spécialité » je les trouve... plus afrettés, moins bons comme dans « good vibrations ». J’ai adoré leur interprétation de « California dream »...mais désolé : Good vibrations is good mais not good enough pour se mesurer à « a day in the life » ou « the Walrus »..
        Je n’ai rien contre les mélodies...« sucrées »


      • Nowhere Man 11 juin 2017 00:15

        Sergent Pepper’s serait le meilleur album des Beatles (et donc de l’Histoire de la Musique Populaire), si ’’Strawberry Fieds’’ et ’’Penny Lane’’, enregistrées au début des sessions y figuraient.

        Pas le meilleur mais certainement le plus important.

        Quel est le meilleur ? Actuellement (mais pour combien de temps ?) je pencherais plutôt pour Revolver parce que la contribution de Mc Cartney y est phénoménale. Il ne fera jamais aussi bien et surtout pas sur Abbey Road ( les 5 titres qui font la différence sont ’I want you’, ’Come together’, ’Because’ de Lennon et ’Something’, ’Here comes the sun’ de Harrison).


        • fatizo fatizo 11 juin 2017 17:14

          @Nowhere Man

          Effectivement, ces 2 morceaux que j’adore, et qui sont 2 pépites, auraient encore augmenté le prestige de ce disque. 
          Et je vous suis aussi sur Revolver, un album qu’on a trop tendance à sous-estimer.

        • Bernie 2 Bernie 2 11 juin 2017 00:54

          C’est qui ceux là ? Connais pas, Ils sont pas déjà tous morts ?


          • agent ananas agent ananas 12 juin 2017 08:17

            Pour le magazine Rolling Stone, l’album Sgt. Pepper est le plus important album de l’histoire du rock ; pas seulement pour son concept et la révolution musicale qu’il a déclenché, mais aussi pour l’influence qu’il a eu sur toute une génération.
            Sgt. Pepper fût le catalyseur du « Summer of Love » de 1967 et du mouvement « Flower Power » qui s’ensuit et qui a culminé avec les manifestations contre la guerre du Vietnam.
            Outre son message pacifiste, Sgt. Pepper a permis l’éclosion d’une prise de conscience plus large.
            La chanson phare de l’album « Within You, Without You » (Harisson) est une mise en garde contre le matérialisme au risque de perdre son âme, et la chanson finale « A Day In The Life » (Lennon) souligne les horreurs qui nous attendent si l’humanité ne se débarrasse pas de ses tendances destructives.
            Aujourd’hui celui qui symbolise le mieux l’esprit du Sgt Pepper est peut être Jeremy Corbyn et son mouvement : For the many, not for the few.

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