Jésus, une conscience projetée dans le ciel
... 84 ans, militaire en retraite, veuf, vit seul dans un château historique sans confort massacré par la stupidité des hommes. Critiqué pour ses ouvrages par les croyants comme par les non-croyants. Persuadé qu'en matière de religion, la seule solution est d'en retrouver les explications historiques... Tel est le début de mon profil que je mets à jour depuis plusieurs années sur ma page Agoravox, avant la série d'attentats islamistes dont je prédisais et prédis toujours qu'ils vont continuer... dramatique lapalissade.
Catholique pratiquant de tendance plutôt "Cardinal Daniélou", je ne pratique plus depuis la réaffirmation des dogmes par le concile Vatican II. Je suis atterré. Comment un pape, réputé pourtant pour la profondeur de sa pensée théologique, a-t-il pu prendre à la lettre les récits de l'enfance de Jésus qui nous viennent de l'Antiquité ? Comment se fait-il que, lui et son entourage n'aient pas compris qu'il fallait comprendre ces textes dans un sens allégorique ? (Voyez ci-après mes interprétations en italiques). (1)
Jésus, conseil dirigeant de Gamala, avait huit ans, 8 ans après le Protévangile de Jacques qui l'a vu naître en - 4 ou un peu avant, lorsqu'il se rendit avec Joseph, conseil dirigeant de Nazareth/Séphoris, dans le pays pour semer du blé. Alors que son père semait, suivant les anciennes méthodes et sans foi, Jésus prit un grain de froment, avec sa foi et son intelligence, et l'ayant placé en terre, celui-ci produisit cent mesures de blé (sélection des semences, amélioration de la production). Jésus rassembla les pauvres, la communauté essénienne, et les nourrit des produits de la récolte, et de sa parole. Le reste, Joseph l'emporta (1/10ème de la production suivant la Loi). (2)
Cinq siècles et demi se passent... Pourquoi Halîmah (population nomade d'Arabie) est-elle montée à La Mecque pour y chercher un nourrisson (un groupe de sept jeunes gens en début de carrière) ? Réponse : c'était une année de sécheresse (les troubles avaient compromis non seulement les ressources du commerce mais aussi les productions qu'on tirait de l'élevage). En fait de caravane, il ne restait plus à la pauvre Halîmah qu'une misérable chamelle qui n'avait même plus de lait. Il lui fallait trouver un nouveau maître faisant office de chef d'escorte, d'intendant… et de banquier, pour se remettre à flot. Question : pourquoi aucune femme ne voulait prendre en nourrice un orphelin tel que Mahomet ? Réponse : parce que le jeune conseil ne pouvait assurer la sécurité “dissuasive” d'une population que dans la mesure où il bénéficiait du soutien efficace de son clan de La Mecque. Le père de Mahomet ayant disparu dans la tourmente des troubles politiques, le jeune conseil ne pouvait compter que sur l'aide éventuelle d'un grand-père ou d'oncles. Question : pourquoi le lait monta-il dans le sein d'Halîmah et dans les mamelles de la chamelle, la nuit qui suivit le jour où Halîmah décida d'adopter Mahomet ? Réponse : parce que par la seule force de son génie, le jeune conseil a ramené la prospérité dans cette population. Dans l'âpre lutte de la concurrence nomade, la caravane d'Halîmah (l'ânesse) allait toujours plus vite que les autres. Le troupeau découvrait toujours le premier les verts pâturages à paître. Manifestement, le doigt de Dieu était au-dessus de Mahomet. (3)
Je suis atterré. Comment se fait-il que les savants musulmans ne comprennent pas que la pauvre Halîma était une tribu nomade venue à La Mecque y chercher un groupe de sept jeunes gens pour encadrer, notamment, sa ou ses caravanes ?
Mais revenons sur le terrain de l'Histoire classique avec l'historien juif Flavius Josèphe (né à Jérusalem en 37/38, mort à Rome vers 100).
L'affaire de l'aigle d'or, en l'an -4. Pour gagner l'immortalité que les maîtres de la parole leur avaient promise, deux jeunes gens abattirent l'aigle d'or de la porte du temple... Alors, Hérode, bien que malade, se rendit devant l'assemblée du peuple, et là, il prononça son dernier discours ; puis il donna l'ordre de brûler vifs les jeunes gens ainsi que les instigateurs de la révolte ; les autres, il les livra au bourreau (4). Il s'agit, de toute évidence, de l'affaire qu'évoque Jacques dans son dit Protévangile : Marie (colonie galiléenne installée à Jérusalem pour participer à la construction du temple), ayant été prévenue, enveloppa l'enfant (les enfants des jeunes Galiléens mis à mort par Hérode ? Ceux qui ont pu s'échapper ?) et le cacha dans la crèche (à Nazareth/Séphoris), tandis qu'Elisabeth (population cousine de Judée), qui avait elle aussi enfanté de Jean (les enfants des maîtres de la Parole, prêtres Zacharie, eux aussi mis à mort ou en fuite), partit vers la montagne de Dieu (Massada) qui s'ouvrit par le milieu pour la recevoir... Hérode fit rechercher Jean. Ses serviteurs se rendirent chez Zacharie et lui demandèrent : « Où est ton fils ? » et Zacharie répondit : « Je me tiens en permanence dans le temple du Seigneur, et mon fils, je ne sais pas où il est. » ... A l'aube, Zacharie fut tué. Lorsqu'au matin, les prêtres s'approchèrent du temple, ils virent près de l'autel du sang coagulé, et ils entendirent une voix qui disait : « Zacharie a été tué, et son sang restera figé dans la pierre tant que son vengeur ne sera pas venu. » (5)... Ce vengeur, ce sera la descendance "Jésus". Il sera annoncé et précédé de la descendance "Jean"... Jean-Baptiste.
L'autre volet du livre de Jacques est de toute évidence le dit "épître de Jacques", texte écrit en clair, non codé, bien avant la rédaction des quatre évangiles. « Frères, vous qui vivez dans les épreuves, (victimes que vous êtes des exactions d'Hérode et de la terrible répression qui a suivi l'affaire de l'aigle d'or du temple), vous qui avez fait vos preuves (dans les manifestations populaires contre le régime honni), réjouissez-vous dans votre exil ; car celui qui supportera les difficultés et les tourments recevra en récompense de sa foi la couronne de vie.(6)
Or, dans cette épître, véritable évangile avant les quatre évangiles canoniques, Jacques évoque un Jésus, Christ, qui est dans le ciel... un Jésus, Christ, qui s'y trouve de tout temps... Yahvé, oui, mais "Yahvé qui vient".
Jésus, Christ, une conscience projetée dans le ciel ?
Nos pères avaient la foi, du latin "fides". Ils avaient une conscience intuitive d'agir dans la bonne direction, conscience intuitive du bien et du mal. Pour la plupart, ils ne se posaient pas les questions que nous nous posons. Or, qu'est-ce que cette "montée de conscience" que je crois voir dans les textes bibliques, Ancien et Nouveau Testament ? Qu'est-ce que la conscience, question philosophique ? Faut-il se la poser à l'état pur en excluant de notre réflexion les représentations sculptées ou peintes qui sont dans l'héritage du Cléopas de Gourdon ou en les incluant ? J'ai adressé mes deux "Histoire du Christ", au Vatican, au plus haut sommet de l'État, aux philosophes les plus médiatisés, mais je n'ai pas eu la réponse ou le début de réponse que j'aurais souhaité, ni dans mes lectures sommaires de Spinoza, Nietzsche et autres célèbres penseurs.
Les quatre évangiles ne s'inscrivent-ils pas dans une montée de conscience à un tournant de notre Histoire ?
Simon Pierre à Césarée, la conversion du centurion Corneille et de sa maisonnée.
Actes des Apôtres, chapitre 10 : ... Lorsque Pierre entra, Corneille, qui était allé au-devant de lui, tomba à ses pieds et se prosterna. Mais Pierre le releva, en disant : Lève-toi ; moi aussi, je suis un homme... Et conversant avec lui, il entra, et trouva beaucoup de personnes réunies... Vous savez, dit-il, ce qui est arrivé dans toute la Judée, après avoir commencé en Galilée...etc...
Actes des Apôtres, chapitre 11 : Au retour de Simon Pierre auprès des Apôtres, la question qui s'est posée est de savoir si Jésus, qui est dans le ciel, a parlé par sa voix. La réponse est dans l'évangile de Matthieu, chapitre 8. Ce n'est plus Simon Pierre, animé par l'esprit de Jésus, qui convertit le centurion, c'est Jésus lui-même. Mais avec les corrections théologiques obligées suivantes : non pas à Césarée mais à Capharnaüm (le centurion vient auprès de Jésus et non le contraire. En outre, comme ce centurion est toujours tenu par son serment envers Rome, Jésus ne peut guérir que son serviteur).
La première épître de Jean confirme mon interprétation d'un Christ qui ne se manifeste que depuis le ciel : avant la révélation espérée du Christ en gloire, il appelle les fidèles à veiller à ses "manifestations" (7). Selon une autre épître, celle adressée aux Hébreux, ce Christ du ciel ne serait descendu sur terre que pour y "goûter" la mort au travers des membres saints de la communauté crucifiés... avant de retourner au ciel. (8)
Tout s'explique. De même que Jésus du ciel inspire Simon Pierre, de même inspire-t-il les autres apôtres en faisant descendre sur eux une langue de feu. De même, il inspire le conseil de Galilée qui s'oppose au Sanhédrin de Jérusalem. Pourquoi donc encombrer le récit évangélique d'intermédiaires ? Les quatre évangiles, mais c'est l'histoire brute d'un Jésus du ciel qui inspire les saints (Esséniens), leurs communautés, le conseil révolutionnaire de Galilée, et qui agit. Quand l'évangile fait parler et agir Jésus, c'est en réalité un conseil galiléen inspiré, plus ou moins clandestin, qui parle et qui oeuvre.
Retour à Mahomet.
De même que pour Jésus, la date de naissance de Mahomet diverge. Si c'est l'année de l'éléphant, c'est 550. S'il est mort en 632 à l'âge de 63 ans, c'est 570. Mais si Mahomet sont les sept dormants d'Éphèse ressuscités, c'est 250, date de l'enfermement, + 300 ans d'endormissement selon la sourate 18 = 550.
Rendons hommage, en passant, aux auteurs du texte coranique qui, dans cette sourate 18, disent clairement que Mahomet était sept, il est vrai d'une façon un peu détournée que seuls les intelligents pouvaient comprendre. Quant aux autres, qu'importe pourvu qu'ils suivent.
Cette histoire de Mahomet s'inscrit dans un VI-VII ème siècle où une société ne trouve son unité et sa force que dans la croyance sans partage en une religion unique qui lui est propre. En fondant un islam tolérant au départ où les différents courants religieux du pays, juif, chrétien, nazaréen, etc... étaient invités à entrer, il est clair que les fondateurs ont voulu réaliser l'unité de l'Arabie sur la base d'une seule religion. La prédication à la Mecque d'un premier Mahomet pacifique, dans la suite des textes bibliques parfois remaniés, le prouve. Son échec explique le deuxième Mahomet, celui de Médine, qui, changeant de stratégie, se résout à l'imposer par la force des armes.
Emile Mourey, le 12 juin 2017.
Renvois
1. Joseph Ratzinger : Jésus de Nazareth : l’Enfance de Jésus, Paris, Flammarion, 2012
2. Les paroles secrètes de Jésus écrites par Thomas (Évangile dit apocryphe de Thomas, en réalité antérieur aux quatre évangiles). Extrait de mon "Histoire du Christ, tome II", page 251.
3. Tabari, Mohammed, sceau des Prophètes, traduction Hermann Zotenberg, préface Jacques Berque, édition Sindbad 1980, pages 30 et 31.
4. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, 118. Histoire du Christ, tome I, le livre de Jacques, page 220.
5. Histoire du Christ, tome I, Le livre de Jacques, page 230.
6. page 247.
7. 1Jn 2, 28, 1Jn 3, 2.
8. He 2, 9
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