L’illusion d’une politique nationale bis
Je partage largement l’appréciation de Laurent Muchielli à propos de la multiplication du nombre de postes de policiers municipaux « substitut » d’une police nationale absente.
Ce choix opéré par de nombreux élus permet d’abord à l’Etat de ne pas doter les communes de commissariats et de ne pas augmenter le nombre de policiers.
C’est un choix anti-républicain, ces fonctionnaires territoriaux dépendent directement des édiles municipaux et du Maire.
Voici d’abord ce que dit le sociologue, propos rapportés par la Gazette des communes :
« Laurent Mucchielli pointe « l’illusion d’une police nationale bis »
mercredi 14 juin 2017[]
Dans une interview à la Gazette des communes, le sociologue revient sur son analyse de l’évolution des police municipales en France. Analyse qu’il a développée dans la revue "Déviance et société".
Les polices municipales font un retour remarqué sur la scène policière, dans l’organisation des municipalités et dans le débat public en France depuis les années 1980. Les effectifs cumulés des différentes catégories d’agents municipaux de sécurité dépassent désormais 30 000 personnes, réparties dans environ 3500 communes.
Si cette évolution a correspondu à partir des années 1970 à une forte demande de police de proximité de la part des élus locaux, elle se poursuit de nos jours dans une dynamique souvent différente.
Derrière un modèle « complémentariste » par rapport aux forces d’État, se profile dans de nombreuses villes un modèle « substitutif ». Ce dernier a été encouragé d’abord par certains maires ayant fortement politisé la question de la sécurité locale.
Depuis le tournant sécuritaire des années 2000, amplifié encore par les attentats ayant frappé la France en 2015 et 2016, ce modèle substitutif est désormais encouragé à certains égards par l’État lui-même.
Après avoir détaillé cette évolution, l’auteur examine le cas de la ville de Marseille, qui a opéré en 2012 une profonde réforme de sa police municipale, l’engageant volontairement dans le modèle substitutif. Il en propose un bilan montrant les limites de cette stratégie pour les municipalités.
Une histoire qui est survenue à Melun me fait douter du professionnalisme de policiers municipaux.
Au début de l’année, alors que je me rendais à la permanence du DAL pour recevoir des familles, j’ai assisté à une opération de police avec perquisition.
Les « policiers » municipaux de Melun étaient dans les parages, assurant, semble-t-il une mission ( !?)
Alors qu’une bénévole était bloquée par une « policière » municipale, l’empêchant d’avancer, y compris de rejoindre les autres bénévoles qui étaient devant le local du DAL, je me suis permis de contester cette décision et de demander si le Maire avait signé un arrêté d’interdiction de bouger.
Mon interlocutrice m’a sommé de rester moi aussi sur place.
J’ai refusé l’ordre donné et malgré le renfort d’un policier armé, je suis allé devant notre local.
Tout a été pour le mieux puisque un officier m’a laissé passer et d’ailleurs j’ai assisté comme témoin à une perquisition qui s’est bien déroulée dans le respect du prévenu.
Je n’en veux pas à cette femme ni à son collègue qui lui a donné raison, ils répondent à des réflexes pas toujours réfléchis….
L’action dévolue à un policier exige une solide formation et une maîtrise que n’ont pas la plupart les policiers municipaux qui font pour le mieux avec les moyens qu’on leur donne.
Certains se cantonnent dans des missions bien définies par la loi, d’autres font du zèle comme celui qui consiste à « intimider » les distributeurs de tracts en les enjoignant de quitter tel espace public alors qu’ils ne détiennent pas le moindre arrêté municipal.
Des municipalités arrivent à armer leurs « policiers » municipaux n’hésitant pas à jouer avec le feu.
En cette période de « haute sécurité » et d’état d’urgence permanent, il y a un risque pour nos libertés civiles avec la multiplication de postes de supplétifs.
Jean-François Chalot
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